CHEPTEL BOVIN
En Afrique, le cheptel constitue encore une forme de sécurisation du capital. Par conséquent, peu orienté vers la spéculation laitière. Néanmoins, l’élevage bovin connait depuis quelques années un regain d’intérêt et une nouvelle dynamique dans divers pays d’Afrique. En effet, les effectifs bovins d’Afrique de l’Ouest et du Sahel sont estimés à plus de 60 millions de têtes en 2005 (Kamuanga et al., 2008). Par contre, selon Akakpo et Ndour (2013), ces effectifs sont en moyenne, de 47 500 000 têtes en 2002 dans les pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Ces différences observées pourraient être dues à l’évolution dans le temps et au fait que le cheptel soit très variable selon les pays (selon qu’on soit au sahel ou en Afrique central). Ainsi, ces effectifs vont de 50 000 têtes au Gabon à 8 737 000 têtes au Niger et 8 141 000 têtes au Mali. Ces derniers étant considérés comme les cheptels les plus importants d’Afrique de l’Ouest.
Le zébu Azawak
D’après Marichatou et al. (2005), le zébu Azawack est originaire du nord-ouest du Niger et tire son nom de la vallée de l’« Azawakou ». Cette vache se rencontre au Mali, au BurkinaFaso et au Niger, jusqu’au fleuve qui constitue sa limite d’extension à l’est. On en trouve aussi au nord- ouest du Nigeria. Ces zébus sont élevés par les Touaregs, les Arabes et les Peulhs. En outre, c’est une race bovine commune au Mali et au Niger de par la provenance de son nom (Azawak région éponyme du nord Mali et d’une région du Niger). Elle est issue de zébus introduits en Afrique de l’est et qui ont progressivement conquis l’Afrique subsaharienne à la faveur de l’assèchement du climat (Wikipédia, 2015). C’est un zébu à cornes courtes et de robe fauve ou rouge foncée avec un ventre de biche (Dao, 2005). Alors que, selon Sery (2003), la taille moyenne et la robe uniformément brune serait caractéristique de l’animal (Figure 8).
La race des lagunes
On parle de Lagunaire au Dahomey et au Togo alors qu’au Ghana, elle est appelé Lagooncattle ou Dwarf West africain shorthorn. C’est une race taurine de petite taille allant de 0 à 0,80m chez les veaux d’1 an à 0,95 m chez la vache adulte de 5 à 10 ans et pouvant exceptionnellement atteindre 1,05 m. La robe est souvent noire, généralement pie noire mais souvent pie rouge ou rouge. Le poids d’un adulte de 5 ans varie de 180 à 280 kg pour atteindre 320 kg chez les animaux plus âgés. Ce sont des animaux utilisés seulement pour la production de viande avec un rendement de 48 à 52 %. Le premier vêlage est de 3ans à 3ans et demi pour un intervalle de vêlage de 18 mois au début puis se réduit à 12 mois chez les vaches âgées. Elle est mauvaise laitière avec 1,5 à 2 litres par jour et par vache (Domingo, 1976).
La Montbéliarde
La Montbéliarde est une race qui a son berceau en France, dans la région Montagneuse du Doubs dans le Jura. C’est un animal bien conformé, le plus souvent exploité pour la production de lait que de viande L’adaptation de la Montbéliarde en Afrique du nord est remarquable, où des milliers de têtes importées chaque année par l’Algérie, la Tunisie et le Maroc donnent de bons résultats pour la production laitière (Sery, 2003). D’après (Wikipédia 2015), la Montbéliarde est une race de grande taille et de robe pie rouge avec des taches bien délimitées, à la tête blanche et aux oreilles rouges (ainsi que le ventre, les membres et la queue), et à muqueuses claires(Figure 17). Les cornes sont très courtes, en croissant. Réputée grande laitière en France, la Montbéliarde a une production comprise entre 12,3 l/jour pour la primipare et 21,38 l/jour pour les multipares alors que les femelles nées au Sénégal donnent entre 6,55 et 11,5 l/ jour pour une lactation de 305 jours avec un taux butyreux de 3,2% mais sa rusticité lui permet de s’acclimater facilement (Denis et al., 1986). En effet, la Montbéliarde est une excellente laitière et fromagère et les moyennes générales des paramètres de reproduction sont estimées à 276 jours pour la durée de gestation, 117 jours pour l’intervalle vêlage-vêlage (Diouf, 1995). Les vaches montbéliardes sont aussi appréciées pour leurs qualités d’élevage : fertilité, longévité, capacité à valoriser des fourrages grossiers et résistance aux maladies (particulièrement aux mammites). Vaches de montagne, elles supportent bien le plein air intégral et sont de bonnes marcheuses. Leurs onglons durs leur permettent de supporter la stabulation sur aire bétonnée en élevage intensif. C’est donc une race universelle (Wikipédia, 2015). Par ailleurs, d’après Ouologuem (2009), au Mali, l’introduction de la race a commencé depuis 1938 à la station de recherche de Missibougou (zone office du Niger) par trois géniteurs puis deux en 1962 et deux autres en 1979, qui sont tous morts de maladies. Cette situation a conduit à l’introduction de 2 000 doses de semences congelées en 1975. Plus tard, dans les années 1980, la coopérative laitière de Bamako (COLAIBA) a fait une autre tentative, mais sans succès car ces animaux ont aussi été perdus. Ainsi, la seule voie pour l’intensification de la production animale au Mali à travers cette race montbéliarde restait le croisement par insémination artificielle avec des semences congelées importées. Selon Diouf (1995), les Montbéliarde sont arrivées au Sénégal et ont connu une réussite depuis leur arrivée en décembre 1976. En effet, le premier lot se composait de 26 animaux dont 24 femelles et 2 mâles dans le cadre d’un projet de recherche. C’est ainsi qu’à Sangalkam, les moyennes générales des paramètres de reproduction sont estimées à 276 jours pour la durée de gestation, 117 jours pour l’intervalle insémination-fécondante, 478 jours pour l’intervalle vêlage-vêlage. La production laitière est donc variable selon que la vache soit primipare ou multipare et selon le pays (Tableau III).
Les acteurs de la deuxième catégorie
Les principaux services publics ou privés d’appui à la filière lait sont constitués des unités industrielles, fournisseurs d’intrants (Huicoma, GMM, Sukala, rizeries locales, et tout récemment une fabrique d’aliment bétail à Koutiala) ; les officines de pharmacies vétérinaires privées fournisseurs de produits vétérinaires et les établissements de crédits comme la BNDA et les réseaux de caisses d’épargne et de crédit (Kafo Jiginew, Kondo Jigima, Piyeli, Niesigiso, …). L’appui technique et financier est largement assuré par les projets de développement à travers les ONG. Depuis 1989, la Coopération Française et le Ministère du Développement Rural ont mis en place à travers trois projets successifs (PDPL : 1989-1990 ; OAEP : 1992-1994 ; puis PDAP : 1998-1999), un programme d’amélioration génétique du cheptel bovin périurbain par le biais de l’insémination artificielle. Cela constituait un accompagnement à la politique de développement laitier. Cependant, les projets de développement laitier sont aujourd’hui très rares ou peu existants. Les seuls acteurs dans ce domaine sont les promoteurs de centres de collecte ou de mini-laiteries et les chercheurs qui les accompagnent. Le constat est que les options techniques proposées jusque-là aux acteurs sont timidement appliquées du fait de leur forte consommation d’équipement et d’intrants extérieurs, des coûts élevés de transaction et le peu d’assurance technique et scientifique des faiseurs de politiques. Ainsi, le CIDR est une ONG française avec des actions au Mali et qui a pour vocation de promouvoir le développement de petites laiteries par une organisation de producteurs, la mise en place d’un système de collecte de lait et d’appui conseil. Il a été rejoint dans ces actions par VSF-France (Tombouctou), VSF-Belgique (Koumantou) et VSF-Suisse (périurbain de Bamako). Dans le cadre institutionnel de la gestion de la question du lait au Mali, quelques institutions sont chargées d’assurer, dans une optique plus intégrée , les politiques et stratégie de production, de la commercialisation, du contrôle et de la réglementation. Il s’agit de :
-la Direction des Productions et des Industries Animales (DNPIA) qui a pour mission d’élaborer les éléments de politique nationale dans les domaines des productions animales et de la valorisation des produits et sous-produits animaux et d’assurer la coordination et le contrôle de sa mise en œuvre. La DNPIA est une structure décentralisée jusqu’au niveau des communes en unités d’appui aux productions et industries animales ;
-la Direction Nationale des Services Vétérinaires (DNSV) qui a pour mission d’élaborer les éléments de politique nationale dans les domaines de la protection de la santé animale et de la santé publique, de suivre et coordonner la mise en en œuvre de ladite politique. La DNSV est une structure décentralisée jusqu’au niveau des communes ou groupes de communes en postes vétérinaires ;
-la Direction Nationale du Commerce et de la Concurrence (DNCC) qui est une structure rattachée au Ministère de l’Economie et des Finances. Elle est chargée de la mise en œuvre de la politique commerciale au Mali, du contrôle et de la réglementation (prix) ;
-l’institut d’Economie Rurale (IER) qui est une institution ayant pour mission de contribuer à la productivité agricole par des recherches mieux adaptées aux besoins du monde rural, de préserver les ressources naturelles, d’accroître la sécurité alimentaire et le revenu des agriculteurs et d’assurer un développement rural durable. L’IER comprend 16 programmes de recherche et 3 laboratoires centraux parmi lesquels 4 programmes et un laboratoire interviennent dans des domaines touchant la production laitière. Il s’agit notamment des programmes : bovin (amélioration génétique à travers le croisement et la sélection des races, l’alimentation) ; petits ruminants ; système de production et gestion des ressources naturelles ; économie des filières pour les aspects en amont et en aval de la production laitière (intrants, transformation, commercialisation et consommation) ; laboratoire de nutrition animale (LNA) pour l’analyse des aliments de bétail, la qualité lait et produits laitiers et le Laboratoire Central Vétérinaire (LCV), qui est une institution de production de vaccins, de recherche et de diagnostic en santé animale. Il intervient dans le contrôle des denrées d’origine animale, les boissons et les eaux. Il n’a pas de démembrement sur l’ensemble du pays mais intervient de façon ponctuelle sur le terrain pour des études et le diagnostic (Bonfoh, 2006).
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I : ELEVAGE BOVIN EN AFRIQUE SUB SAHARIENNE
I.1. CHEPTEL ET IMPORTANCE
I.1.1. CHEPTEL BOVIN
I.1.2. IMPORTANCE DE L’ELEVAGE BOVIN
I.2. SYSTEME D’ELEVAGE
I.2.1. SYSTEMES TRADITIONNELS
I.2.1.1. Systèmes pastoraux
I.2.1.1.1. Nomadisme
I.2.1.1.2. Transhumance
I.2.1.2. Système Agro-pastoral
I.2.2. SYSTEMES MODERNES
I.3. RACES BOVINES EXPLOITEES
I.3.1. RACES LOCALES
I.3.1.1. Les zébus
I.3.1.1.1. Les zébus à cornes courtes
I.3.1.1.1.1. Le zébu Gobra
I.3.1.1.1.2. Le zebu Maure
I.3.1.1.1.3. Le zébu Azawak
I.3.1.1.1.4. Le zébu foulbé de l’Adamaoua
I.3.1.1.1.5. Le zébu Touareg
I.3.1.1.1.6. Les zébus Peulhs du Mali
I.3.1.1.1.7. Le zébu Gudali ou Sokoto
I.3.1.1.1.8. Le zébu Djéli
I.3.1.1.2. Les zébus à cornes longues
I.3.1.1.2.1. Le zébu White Foulani
I.3.1..1.2.2. Le zébu Peulh Mbororo
I.3.1.2. Les taurins
I.3.1.2.1. Le Taurin N’dama
I.3.1.2.2. La race des lagunes
I.3.1.2.3. Le taurin Kouri
I.3.1.2.4. Le taurin Baoulé
I.3.1.3. Produits de croisement entre zébu et taurin ou race Sanga
I.3.1.3.1. Les races Borgous
I.3.1.3.2. La race Diakoré
I.3.1.3.3. La race Méré
I.3.2. RACES SPECIALISES ETRANGERES PURES
I.3.2.1. La pakistanaise
I.3.2.2. La Montbéliarde
I.3.2.3. La Jersiaise
I.3.2.4. La Holstein
I.3.3. PRODUITS DE CROISEMENTS ENTRE RACES SPECIALISEES ETRANGERES ET LOCALES
I.3.3.1. Les métisses montbéliarde
I.3.3.2. Les métisses Jersiais
CHAPITRE II : ANALYSE DE LA FILIERE LAITIERE AU MALI
II.1. NOTION DE LA FILIERE
II.2. ACTEURS ET CIRCUITS DE LA FILIERE LAIT
II.2.1. ACTEURS DE LA FILIERE
II.2.1.1. Les acteurs de la première catégorie
II.2.1.1.1. Producteurs
II.2.1.1.2. Acteurs de la collecte et de la commercialisation
II.2.1.1.3. Acteurs de la transformation et de la commercialisation
II.2.1.2. Les acteurs de la deuxième catégorie
II.2.2. CIRCUITS DE LA FILIERE
II.2.2.1. Circuits de distribution et de commercialisation du lait local
II.2.2.2. Circuits de distribution et de commercialisation du LPL importés
II.3. POLITIQUE LAITIERE AU MALI
II.3.1. INTERVENTIONS DE L’ETAT ET DES PRIVES
II.3.2. PLANS D’ACTION
II.3.3. STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT ET DE VALORISATION DU LAIT LOCAL
II.4. CONTRAINTES DE DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE
II.4.1. ALIMENTATION DU BETAIL
II.4.2. POTENTIEL GENETIQUE DES RACES EXPLOITEES
II.4.3. GESTION DES EXPLOITATIONS
II.4.4. SUIVI SANITAIRE DES ANIMAUX
II.4.5. ORGANISATION DES PRODUCTEURS
II.4.6. SYSTEMES DE COLLECTE, TRANSFORMATION ET DE COMMERCIALISATION DU LAIT LOCAL
II.4.7. CONTRAINTE DE FINANCEMENT
II.4.8. MISE EN ŒUVRE DES POLITIQUES LAITIERES
PARTIE II : ETUDE EXPERIMENTALE
CHAPITRE I : MATERIEL ET METHODES
I.1. ZONE ET PERIODE D’ETUDE
I. 2. ÉCHANTILLONNAGE
I. 3. COLLECTE DES DONNEES
I. 3.1. SUPPORTS DE L’ENQUETE
I. 3. 2. DEROULEMENT DE L’ENQUETE
I. 3. 2. 1. Phase préparatoire ou pré-enquête
1. 3. 2. 2. Enquête proprement dite
I.4. ANALYSES STATISTIQUES DES DONNEES
CHAPITRE II : RESULTATS ET DISCUSSION
II.1. RESULTATS
II.1.1. TYPOLOGIE DES SYSTEMES DE PRODUCTION LAITIERE
II.1.2. CARACTERISTIQUES SOCIOPROFESSIONNELLES DES ELEVEURS LAITIERS
II.1.3. CARACTERISTIQUES DU CHEPTEL LAITIER
II.1.3.1. Modes d’acquisition du cheptel
II.1.3.2. Composition et taille du troupeau
II.1.3.3. Production laitière
II.1.3.4. Conduite alimentaire
II.1.3.5. Conduite de la reproduction
II.1.3.6. Conduite sanitaire
II.1.4. STRATEGIES DE VALORISATION DE LA PRODUCTION LOCALE
II.1.5. LIMITES DE L’ENQUETE
II.2. DISCUSSION
II.2.1.TYPOLOGIE DES SYSTEMES DE PRODUCTION
II.2.2. CARACTERISTIQUES SOCIOPROFESSIONNELLES DES PRODUCTEURS LAITIERS ET DE LEURS ELEVAGES
II.2.3. CARACTERISTIQUES DES EXPLOITATIONS LAITIERS
II.2.2.1. Troupeau et reproductivité
II.2.2.2. Alimentation
II.2.2.3. Production laitière
II.2.4. COUVERTURE SANITAIRE
II.2.5. STRATEGIE DE VALORISATION DE LA PRODUCTION LAITIERE LOCALE
CHAPITRE III : RECOMMANDATIONS
III.1. ORGANISATION DE LA FILIERE
III.2. PRODUCTION LAITIERE
III.3. ALIMENTATION
III.4. CONDUITE DE LA SANTE ANIMALE
III.5. COMMERCIALISATION DU LAIT
III.6. ENCADREMENT DES ACTEURS
CONCLUSION.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
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