Depuis l’antiquité les hommes ont toujours utilisé les plantes pour se soigner. En Afrique et en Asie le recours à la médecine et à la pharmacopée traditionnelle est des pratiques très courantes dans les différentes cultures et régions (Delaveau, 1982). Malgré les progrès réalisés dans le domaine de la médecine moderne, le recours à la médecine traditionnelle ne cesse de croître. Les structures de santé sont insuffisantes et sous équipées, par conséquent manifestent une faiblesse face à une démographie galopant. Le coût élevé des soins pour une population à majorité pauvre témoigne aussi de cette inadéquation. C’est l’une des raisons fondamentales qui justifient le recours avec insistance à la réhabilitation et à la rationalisation de nos pharmacopées traditionnelles.
Ces dernières trouvent leur avantage et leur succès dans son faible coût et son accessibilité aisée. Ainsi, les plantes médicinales occupent de nos jours une place importante dans la recherche scientifique. Cette dernière pourrait permettre de proposer des phytomédicaments et une collaboration avec les tradipraticiens qui devrait permettre de proposer une meilleure prise en charge. Par ailleurs, de nos jours, nous notons une recrudescence de certaines pathologies telles que le cancer, les maladies cardiaques, l’athérosclérose, la maladie d’Alzheimer (Sergeant et al., 1998). D’après les recherches scientifiques, ces maladies sont dues, entre autres, à la production en excès de radicaux libres endommageant de manière irréversible les principaux constituants des cellules de l’organisme tels que les protéines, l’ADN.
Parmi les moyens de lutte antioxydante, nous avons une alimentation équilibrée et de qualité et des suppléments nutritionnels riches en antioxydants.
Ce sont là autant de raisons qui nous poussent à rechercher des substances végétales à activité antioxydante. C’est dans ce contexte que s’inscrit notre travail qui porte sur l’étude des propriétés antioxydantes de l’extrait éthanolique et de ses différentes fractions (hexanique, d’acétate d’éthyle et aqueuse) des feuilles de Combretum aculeatum, un arbuste appartenant à la famille des Combretacées qui est bien connu dans la médecine traditionnelle africaine.
RAPPELS SUR COMBRETUM ACULEATUM
Systématique
Combretum aculeatum appartient à la classe des Dicotyledonae, à la sous classe des Rosidae, à l’ordre des Myrtales et à la famille des Combretaceae (Matcalfe et Chalk, 1950; Cronquist, 1988). Selon la classification de Engler et Diels (1899) Exell (1931) et Exell & Stace(1966), la famille des Combretaceae comporte deux sous familles : celle des Stephonematoideae et celle des Combretideae. Cette dernière est répartie en tribus et sous-tribus dont la sous-tribu des Combretinae avec le genre Combretum qui est le plus répandu. Au Sénégal la famille des Combretaceae est représentée par 7 genres (Berhaut, 1974) dont le genre Combretum qui est l’un des plus riches en espèces. Le genre Combretum comporte environ 19 espèces au Sénégal. Il comprend des ligneux qui sont des arbres, des arbustes et des lianes.
Description botanique
Dénomination vernaculaire et synonymes
Dénomination vernaculaire
Bambaras : volo koli, volo konti ; volo koni
Malinké : konti
Maure : ikir
Sérères : nélafum, ñalafum
Peuls: bulapal, laoñadi
Wolof: sawat (Eklu Natey et al., 2012).
Synonymes
Combretum etessei
Combretum passargei
Combretum gallabatense (Aubreville, 1950).
Description de l’espèce
Les feuilles sont opposées, subopposées ou alternes. Elles sont petites, ovées elliptiques, atteignant 4 cm de long et 3 cm de large, atténuées au sommet et arrondies à la base. Elles sont plus ou moins pubescentes sur les nervures en dessous. Les jeunes rameaux à sommet en fouet et les jeunes feuilles sont pubescentes et glanduleuses. La nervation est pennée avec 4 à 6paires de nervures latérales saillantes sur la face inférieure et un fin réseau de nervilles non saillantes. Après la chute du limbe, le pétiole de forme conique se lignifie à la base et se transforme en épine recourbée, parfois longue et épaisse. Les inflorescences sont en petits racèmes ombelliformes. Elles mesurent 1 à 2 cm avec toutes les parties plus ou moins pubescentes ou tomenteuses. Les bractées sont lancéolées, caduques et ressemblent à des feuilles. La fleur est blanche, pentamère et pubescente avec un pédicelle long de 1 à5mm. Le calice est densément pubescent, soudé à l’ovaire et sous forme de tube à constriction au dessus de celui-ci. Le réceptacle est rougeâtre. Le réceptacle inférieur est allongé, fusiforme et poilu. Le réceptacle supérieur est aussi allongé et communique avec le calice à 5 lobes courts et obtus. Les pétales au nombre de 5, blanc-crème sont elliptiques ou lancéolés. L’apex est obtus ou arrondi. Ils sont extérieurement pubescents sur les nervures et au bord et insérés entre les lobes du calice. Les dix (10) étamines sont insérées sur le tube réceptaculaire. Les filets longs de 5à 8 mm sont blanc-jaunâtres et portent des anthères brun-oranges. Le style dressé est glabre mesurant 5 mm environ et grêle. L’ovaire est uniloculaire et biovulé. Le fruit est une samare de 4 ou 5 ailes. Les fruits adultes ont une forme qui diffère de celle des jeunes fruits. Ils sont d’abord fusiformes, les ails continuant de s’agrandir jusqu’à leur plein développement.
Les fruits restent souvent longtemps sur les arbres s’ils ne sont pas détruits par un feu de brousse. Localement, leur aspect et leur couleur facilitent leur détermination.
Répartition géographique
Cette espèce se présente en buissons ou arbuste souvent sarmenteux depuis la Casamance maritime jusqu’au fleuve Sénégal. Elle est commune dans les domaines de transition soudano-sahéliens. Elle se rencontre souvent sur des sols caillouteux ou argileux. Elle est très commune dans tout le Sénégal (Kerharo, 1971 ; Berhaut, 1974). L’espèce est répandue dans beaucoup de pays : Sénégal, Cameroun, Soudan, Tanzanie, Mauritanie, Mali, Sahara, Côte d’ivoire, Ghana, Nigéria, Tchad, Ethiopie, Somalie, dans les savanes et les lisières forestières. Au Niger, elle est commune sur les affleurements latériques où elle fleurit en fin de saison sèche (Eklu Natey etal., 2012).
Travaux effectués sur la plante
Pharmacologie
Activité antibactérienne
L’activité antibactérienne des feuilles de Combretum aculeatum ont été évaluée sur deux bactéries gram positif (Bacillus subtilis et Staphylococcus aureus), et deux bactéries gram négatif (Escherichia coli et Pseudomonas aeruginosa). L’extrait d’éther de pétrole a été totalement inactif à l’égard des organismes testés, alors que les extraits méthanoliques et aqueux ont montré une forte activité sur les bactéries gram positif et gram négatif utilisés. En effet, selon Khalil et al. (2001) les concentrations minimales inhibitrices (CMI) de l’extrait méthanolique des feuilles de C. aculeatum sont de 5,99- 2,99- 11,98- 5,99 µg/ml respectivement pour Bacillus subtilis, Staphylococcus aureus, Eschericha coli et Pseudomonas aeruginosa. Avec l’extrait aqueux les CMI obtenues sont de 12,26- 25,13- 50,25- 50,25 µg/ml respectivement pour B. subtilis, S. aureus, E. coli et P. aeruginosa.
Usages empiriques
En médecine traditionnelle la plante est utilisée pour traiter la stérilité féminine et les troubles mentaux. Les racines sont purgatives et vermifuges. Elles sont utilisées contre les coliques, les gastrites, les catarrhes, la lèpre mais aussi les plaies. Les rameaux sont utilisées pour faciliter la dentition des enfants et les troubles oculaires. Les rameaux et les feuilles sont utilisés contre la dysenterie. Les feuilles sont employées comme diurétique, cholagogues, dépuratives et fébrifuge, sous forme de décocté ou d’infusé à raison de 5 feuilles pour un litre d’eau. Les feuilles sont aussi utilisées contre la blénnorragie et la gonnhorée. Elles permettraient de soigner le rétrécissement de l’urètre provoqué par une maladie vénérienne (candidose, siphilis…) (Eklu Natey etal., 2012). Les graines peuvent calmer le hoquet et la constipation. Les graines sont comestibles et parfois utilisées pour la consommation. Elles sont également consommées par des animaux sauvages et domestiques (Arbonnier, 2002). Les écorces de tige, de tronc et de racine sont utilisées comme anti-helmintiques et aphrodisiaques. Les bourgeons des feuilles sont pilés, mélangés à la bouillie de mil rouge puis administrés dans le traitement de la dysenterie le matin et le soir. La poudre d’écorce est utilisée dans les épigastralgies. Les fruits immatures séchés et pilés sont actifs sur les chancres syphilitiques.
|
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES
CHAPITRE I : RAPPELS SURCOMBRETUM ACULEATUM
I.1 SYSTEMATIQUE
I.2 DESCRIPTION BOTANIQUE
I.2.1 Dénominations vernaculaires et synonymes
I.2.1.1 Dénominations vernaculaires
I.2.1.2 Synonymes
I.2.2 Description de l’espèce
I.3 REPARTITION GEOGRAPHIQUE
I.4 TRAVAUX EFFECTUES SUR LA PLANTE
I.4.1 Pharmacologie
I.4.1.1 Activité antibactérienne
I.4.1.2 Usages empiriques
I.4.2 Chimie
I.4.3 Toxicité
CHAPITRE II : RAPPELS SUR LES RADICAUX LIBRES (RL)
II.1 GENERALITES
II.2 TOXICITE SUR LES RADICAUX LIBRES
II.2.1 Action sur les protéines
II.2.2 Action sur les acides nucléiques
II.2.3 Action sur les lipides
II.3 SYSTEME DE PROTECTION CONTRE LES RADICAUX LIBRES
II.3.1 Les moyens de défense endogènes
II.3.1.1 Les systèmes enzymatiques
II.3.1.2 Les systèmes non enzymatiques
II.3.2 Les moyens de défense exogènes
CHAPITRE III : METHODE D’ETUDE DE L’ACTIVITE ANTIOXYDANTE
III.1 TEST TEAC (Trolox Equivalent Antioxydant Capacity)
III.2 TEST DPPH (1,1 diphényl-2-picryl hydrazyl)
III.3 TEST ORAC (oxygen radical absorbance capacity)
DEUXIEME PARTIE: ETUDE EXPERIMENTALE
CHAPITRE I : MATERIEL ET METHODE
I.1 MATERIELS ET REACTIFS
I.1.1 Matériel végétal
I.1.2 Matériel de laboratoire
I.1.3 Principaux réactifs utilisés
I.2 METHODE D’ETUDE
I.2.1 Extraction et fractionnement
I.2.1.1 Obtention de l’extrait éthanolique
I.2.1.2 Fractionnement de l’extrait éthanolique
I.2.2Activité anti oxydante (test de DPPH)
I.2.2.1 Principe
I.2.2.2 Protocole expérimental
I.2.3 Expressions des résultats et analyses statistiques
CHAPITRE II : RESULTATS
II.1 EXTRACTION ET FRACTIONNEMENT
II.2 ACTIVITE ANTIOXYDANTE
II.2.1Pourcentage d’inhibition
II.2.2 Concentration inhibitrice à 50%
CHAPITRE III : DISCUSSION
III.1 EXTRACTION ET FRACTIONNEMENT
III.2 ACTIVITE ANTIOXYDANTE
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
