Depuis une vingtaine d’années la société africaine connaît de profonds bouleversement secouée par des mutations politiques, économiques et sociales renforcées par un rythme d’accroissement démographique important du à une fécondité élevée et soutenue. Par ailleurs, les progrès accélérés de la technologie auxquels il faut ajouter l’interdépendance du système économique ont d’avantage contribué a bouleversé la société africaine. Face à ces bouleversements il y avait une urgence de protéger certaines valeurs surtout celles liées aux activités financières.
Le diagnostic financier et ses outils
Selon HENRIET (1995 : 140), « Le diagnostic financier comporte d’abord une phase d’analyse des informations économiques et financières à la disposition du diagnostiqueur puis une phase de formulation d’un jugement sur la situation financière et les performances de l’entreprise (éventuellement suivi de propositions de décisions en fonction des objectifs affichés).
Ce diagnostic s’appuie sur les performances réalisées par l’entreprise. Il permet d’envisager son avenir ainsi que les mesures à prendre pour assurer sa survie, son redressement et son Développement par une nouvelle stratégie ».
Objectifs du diagnostic financier
Les objectifs visés par la mise en œuvre d’un diagnostic financier sont différents selon que les dits objectifs sont à moyen, long terme ou à court terme.
Objectif à long et moyen terme
A long et moyen terme, l’entreprise devra s’assigner des objectifs de :
– Croissance : la croissance de l’entreprise est évaluée à travers l’évolution des activités de l’entreprise, les moyens mis en œuvre, les résultats obtenus ;
– La rentabilité : mesure de la performance et de l’efficacité de l’entreprise, la rentabilité est le rapport d’un résultat aux capitaux propres mis en œuvre pour l’obtenir. Nous distinguerons les rentabilités commerciale, économique, financière et social ;
– L’équilibre financier : c’est le problème de la comparaison de la liquidité de son actif à l’exigibilité de son passif. Il s’agit là de la couverture de l’actif immobilisé par les capitaux permanents et l’existence d’un fonds de roulement suffisant pour couvrir le besoin en fonds de roulement. Il se matérialise par une trésorerie positive ;
– L’indépendance : le but principal ici est d’amener l’entreprise à une véritable autonomie financière (GOFFIN, 2001 : 156).
Objectifs à court terme
A court terme, l’entreprise devra s’assurer de sa solvabilité et limiter les risques d’exploitation :
– La solvabilité : la solvabilité dépend de la valeur liquidative des actifs et de l’importance des dettes.
– Les risques d’exploitation: la nature de la croissance enregistrée, le niveau de rentabilité observe, l’ampleur des déséquilibres accumulés font naître un ensemble de risques dont certains sont annonciateurs de défaillance ; d’autres de fragilité partielle. Ainsi, toute gestion d’entreprise compte un degré de risque dont il faut mesurer l’importance.
En définitive, l’objectif ultime du diagnostic financier est de déceler à partir d’un certain nombre de documents, si l’entreprise est financièrement viable, si des mesures sont à entreprendre et si les moyens complémentaires sont à envisager, compte tenu des prévisions établies par la direction générale (BREALEY, 2006 : 63).
Démarche du diagnostic financier
L’analyse financière constitue un volet important du diagnostic financier de l’entreprise. Dans le sens où il permet de comprendre l’évolution de la situation financière passée de l’entreprise et de juger de son potentiel pour son développement futur. Ainsi l’analyse financière portera-t-elle, soit sur l’étude de l’équilibre financier et de la solvabilité de l’entreprise sur la base de son bilan et de son tableau de financement, soit sur l’analyse des performances, eu égard aux flux d’activités ou aux moyens mis en œuvre par l’entreprise.
L’équilibre financier statique
L’équilibre financier est un impératif absolu, dont l’entreprise ne peut s’affranchir. Des difficultés de règlement occasionnelles contribueront dans un premier temps à détériorer l’image de l’entreprise et elles se traduiront le plus souvent par des conditions de crédit moins avantageuses. La persistance du déséquilibre financier compromettra à terme les conditions de fonctionnement et, dans les cas les plus graves, la pérennité de l’entreprise.
On distingue ainsi trois (3) niveaux d’analyse qui sont :
• Le fonds de roulement
Le fonds de roulement constitue une marge de sécurité financière pour l’entreprise. L’orthodoxie financière impose le financement des emplois longs au moyen de ressources longues. Le dogme est bien respecté pour les entreprises qui disposent d’un fonds de roulement positif : les emplois sont effectivement financés par des ressources longues, et, de surcroit, une partie de l’actif circulant est financé par les ressources stables que constitue le fonds de roulement qui se dégage des ressources stables.
• Le besoin en fonds de roulement
Selon RIVET (2003 : 249), « la définition du fonds de roulement est apparemment contradictoire puisque l’on peut se demander pourquoi financer des actifs circulants, dont le degré de liquidité est élevé, par des capitaux longs.
La réponse est fournie par l’observation du cycle d’exploitation de l’entreprise. En effet, de part son activité, une entreprise engendre des besoins de financement qui, à cause de leur reproduction périodique, doivent être considérés comme permanents. Selon une approche dite traditionnelle, le rôle du fonds de roulement est de financer ces besoins, dits besoins en fonds de roulement ».
• La trésorerie
Selon VERNIMMEN (2002 : 349), « la trésorerie est le cash dont dispose l’entreprise quoi qu’il arrive (même si la banque décidait de ne plus lui prêter à court terme), et quasi immédiatement (il lui faut juste le temps de débloquer ses placements à court terme), ce qu’elle peut faire à tout moment ».
Le terme de trésorerie recouvre différentes notions liées à gestion et à l’analyse financière.
La solvabilité
Selon HENRIET (1995 : 140), la solvabilité est l’aptitude à assumer le règlement :
• Des dettes d’exploitation et financière et financières lorsqu’elles viennent à échéance ;
• Des dépenses qui conditionnent la continuité de l’activité, qu’elles résultent d’une obligation juridique antérieurement contractée (contrat de location, contrat de travail, contrat d’assurance…) ou d’une nécessité économique (renouvellement des stocks…).
La solvabilité est une contrainte permanente puisque sa remise en cause peut conduire l’entreprise à la cessation de paiement et donc à sa disparition au terme d’une procédure de liquidation.
Les soldes intermédiaires de gestion (SIG)
Le découpage des charges et des produits adopté par le système comptable OHADA permet, sans aucun retraitement, l’obtention directe, à partir des renseignements comptables, des soldes de gestions qui fournissent aux utilisateurs des états financiers des informations de synthèse capitales pour l’étude de la structure et des performances de l’entreprise.
Les soldes significatifs de gestion permettent d’approfondir l’analyse de la formation du résultat net, de mesurer l’évolution des postes et des performances et de situer l’entreprise par rapport à son passé et par rapport à ses concurrents.
On distingue ainsi neuf niveaux d’analyse retenus par le Système Comptable OHADA.
La marge brute sur marchandises
La marge brute sur marchandises se définit comme la différence entre le montant des ventes de marchandises et leur coût d’achat. (MANCHON, 1988 : 68) .
De cette définition, on peut retenir que la marge brute sur marchandises ne concerne que les entreprises commerciales c’est-à-dire celles qui ont pour activité principale ou accessoire d’acheter et de revendre des marchandises. Cet indicateur permet de donner une opinion sur la politique commerciale de l’entreprise. Il est déterminé par la différence entre les ventes de marchandises et les achats des marchandises à corriger de la variation des stocks de marchandises.
La marge brute sur matières
Mesurée par la différence entre production (nette des variations de stocks) de biens et de services et le coût d’achat des matières premières et fournitures intégrées au cycle productif, la marge brute sur matières permet d’obtenir un aperçu des performances de l’entreprise industrielle ou de services. (GOUADAIN & al, 2002 : 217) .
La valeur ajoutée
La valeur ajoutée mesure la création de valeur par l’entreprise, sa contribution productive. Il s’agit de valeur ajoutée produite, et non pas nécessairement vendue, dans la mesure où si une partie de la valeur ajoutée est bien incorporée aux produits vendus, une autre l’est aux produits stockés et aux produits immobilisés.
La valeur ajoutée se calcule par la différence entre les produits d’exploitation (hors reprises et transfert de charges) et les charges d’exploitation (hors personnel et amortissement). (KHOURY, 1999 : 47).
La valeur ajoutée représente aussi la somme des revenus que l’entreprise distribue aux facteurs ayant concouru à cette production :
• Au travail sous forme de charges de personnel ;
• Au capital sous forme d’intérêts et de dividende ;
• A l’Etat sous forme d’impôts et taxes ;
• A l’entreprise par l’autofinancement.
La valeur ajoutée est brute dans la mesure où les amortissements n’en sont pas déduits. (AMELON, 2002 : 58).
L’excédent brut d’exploitation (EBE)
L’EBE mesure la performance de l’exploitation de l’entreprise indépendamment de la politique financière puisqu’il est calculé avant la prise en compte des frais financiers et des amortissements.
Pour PARIENE (2006 : 19), « l’excédent brut d’exploitation est le solde représentatif de la capacité d’autofinancement d’exploitation, puisque c’est une différence entre les flux encaissables et décaissables relatifs à l’exploitation » .
L’excédent de trésorerie dégagé par l’exploitation est appréhendé au moyen de l’excédent de trésorerie d’exploitation.
Deux soldes utilisés par Anglo-saxons sont d’un usage de plus en plus fréquent :
• L’EBIT (Earnings Before Interest and taxes) qui correspond sensiblement au résultat d’exploitation.
• L’EBITDA (Earnings Before Interest, taxes, Depreciation and Amortization) notion proche de l’EBE. (AMELON, 2002 : 61) .
Le résultat d’exploitation (RE)
Le résultat d’exploitation est égal à la différence entre les produits d’exploitation générés par l’activité normale et habituelle de l’entreprise et les charges d’exploitation nécessaires à cette activité. Il mesure les performances industrielles et commerciales de l’entreprise. Le Résultat d’exploitation représente la ressource nette dégagée par les opérations de gestion courante. Il est obtenu après avoir retiré de l’EBE, les dotations aux amortissements et provisions d’exploitation et ajouté les reprises de provisions et transferts de charges d’exploitation.
Le résultat financier
Le résultat financier résulte de la balance des produits et des charges financière. Il mesure les performances de l’activité financière de l’entreprise.
Le Résultat des Activités Ordinaires (RAO)
Le résultat des activités ordinaires traduit le résultat de l’activité fondamentale de l’entreprise. Pour RAMAGE, « le résultat des activités ordinaires représente le résultat d’exploitation provenant des opérations normales et habituelles de l’entreprise ». De ces deux définitions, on peut retenir que RAO représente les flux normaux résultant de l’activité de l’entreprise après la prise en compte de la politique de financement de l’entreprise. Il est obtenu par cumul du résultat d’exploitation et du résultat financier.
Le Résultat hors Activités Ordinaire (RHAO)
Selon EDI « Il est déterminé à partir des opérations non récurrentes effectuées par l’entreprise. Ce solde significatif de gestion est utilisé pour analyser les changements de structure ou de stratégie de l’entreprise ».
Le Résultat net comptable
Pour SOLNIK (2001 : 30), « le résultat net comptable traduit la variation de valeur de l’entreprise telle qu’elle est mesurée par l’administration fiscale. Il est sensible aux manipulation opérées dans un objectif fiscal, notamment au niveau des dotation aux amortissements et provisions ».
Le résultat net comptable représente la mesure comptable du résultat qui figurera au passif du bilan. Il s’obtient par le cumul du résultat des activités ordinaires et du résultat exceptionnel.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE
Introduction de la première partie
Chapitre 1 : Le diagnostic financier et ses outils
1.1. Objectifs du diagnostic financier
1.1.1. Objectif à long et moyen terme
1.1.2. Objectifs à court terme
1.2. Démarche du diagnostic financier
1.2.1. L’équilibre financier statique
1.2.2. La solvabilité
1.3. Les outils du diagnostic
1.3.1. Les indicateurs du bilan fonctionnel
1.3.1.1. Le fonds de roulement net global (FRNG)
1.3.1.2. Le besoin en fonds de roulement (BFR)
1.3.1.3. La trésorerie nette (TN)
1.3.1.4. L’équilibre fonctionnel fondamental
1.3.2. Les soldes intermédiaires de gestion (SIG)
1.3.2.1. La marge brute sur marchandises
1.3.2.2. La marge brute sur matières
1.3.2.3. La valeur ajoutée
1.3.2.4. L’excédent brut d’exploitation (EBE)
1.3.2.5. Le résultat d’exploitation (RE)
1.3.2.6. Le résultat financier
1.3.2.7. Le Résultat des Activités Ordinaires (RAO)
1.3.2.8. Le Résultat hors Activités Ordinaire (RHAO)
1.3.2.9. Le Résultat net comptable
1.3.3. Les ratios
1.3.3.1. Les ratios de structure ou de situation
1.3.3.2. Les ratios de synthèse ou d’équilibre financier
1.3.3.3. Les ratios de gestion
1.3.3.4. Les ratios de rentabilité
1.3.3.5. Les limites de l’analyse par les ratios
1.3.4. L’analyse de la dynamique des flux financiers
1.3.4.1. La détermination des soldes financiers de l’exercice
1.3.4.2. Le tableau de contrôles du TAFIRE
1.3.5. Les tableaux de financement et de flux
1.3.5.1. La Capacité d’Autofinancement (CAF)
1.3.5.2. L’autofinancement
1.3.5.3. Le tableau des emplois et des ressources
1.3.5.4. Le tableau des flux de trésorerie
1.4. Les attentes du diagnostic financier
Conclusion chapitre 1
Chapitre 2 : La politique financière
2.1. Le coût du capital
2.1.1. Le coût des ressources d’endettement
2.1.2. Le coût des capitaux propres
2.1.3. Le coût de l’autofinancement
2.2. La structure de financement
2.2.1 L’effet de levier
2.2.2 Les théories de Modigliani et Miller
2.3. La politique de financement
2.3.1. Financement interne
2.3.2. Financement externe
2.4. La politique des investissements
2.4.1. Les caractéristiques générales de l’investissement
2.4.1.1. La typologie de l’investissement
2.4.1.2. Les critères de sélection des investissements
2.4.1.3. Appréciation du critère
2.5. La politique de dividendes
2.5.1 Dividende : variable passive
2.5.2. Dividende : variable active
2.5.3. Les modalités de la politique de dividendes
2.5.3.1. Dividende en numéraire
2.5.3.2. Distribution d’actions gratuites
Conclusion du chapitre 2
Chapitre 3 : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
3.1. Le modèle d’analyse
3.1.1. Les différentes phases du modèle
3.1.1.1. Phase préparatoire
3.1.1.2. Traitement des données
3.1.1.3. Analyse des données traitées
3.1.2. Le schéma du modèle d’analyse
3.2. Les outils de collecte de données
3.2.1. Les interviews
3.2.2. L’observation
3.2.3. L’analyse documentaire
Conclusion du chapitre 3
Conclusion de la 1ere partie
DEUXIEME PARTIE : CADRE PRATIQUE
Introduction deuxième partie
Chapitre 4 : Présentation de la SENELEC
4.1. Historique de la SENELEC
4.2. Cadre institutionnel
4.3. Activités
4.4. Cadre organisationnel
4.4.1. La Direction Général (DG)
4.4.2. La Direction Financière et Comptable (DFC)
4.4.2.1 Le département des finances
Conclusion du chapitre 4
Chapitre 5 : DESCRIPTION DE LA GESTION FINANCIERE DE SENELEC
5.1. Description des procédures financières
5.1.1. Les financements
5.1.1.1 Les financements des banques commerciales
5.1.1.2 Les financements des bailleurs de fonds institutionnels
5.1.2. Gestion des emprunts
5.1.2.1 Contrôle des emprunts
5.1.2.2. Comptabilisation des remboursements
5.1.3. Gestion courante de la trésorerie
5.1.3.1. Gestion des caisses
5.1.4. Gestion des comptes bancaires
5.1.5. Gestion prévisionnelle de la trésorerie
5.1.5.1. Les prévisions à court terme
5.1.5.2. Les prévisions à long terme
5.1.6. Les placements
5.1.6.1. Critères de choix des placements
5.1.6.2. Nature des placements
5.2. Description des procédures de recouvrements
5.2.1. Le service chargé du recouvrement
5.2.1.1. Organisation du recouvrement
Conclusion chapitre 5
Chapitre 6 : DIAGNOSTIC DE LA GESTION FINANCIERE DE SENELEC
6.1. Analyse financière de SENELEC
6.1.1. La structure financière
6.1.1.1. L’équilibre financier
6.1.1.2. La solvabilité
6.1.2. La rentabilité
6.1.2.1. Le chiffre d’affaires
6.1.2.2. Les charges
6.1.2.3. Les soldes intermédiaires de gestion
6.2. Analyse des forces, faiblesses et recommandations
6.2.1. Les force
6.2.2. Les faiblesses
6.2.3. Les recommandations
Conclusion chapitre 6
Conclusion deuxième partie
Conclusion générale
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
