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La force électrostatique
Bases physiques de l’actionnement électrostatique
Limites de l’actionnement électrostatique
Actuellement, quatre types de switches RF commerciaux sont utilisés :
– Les diodes PiN
– Les transistors à effet de champ communément appelés FET (Field Effect Transistor)
– Les commutateurs coaxiaux et les commutateurs électromécaniques
– Les MEMS RF
Les principaux avantages des diodes PiN et transistors FET sont une petite taille associée à une intégration relativement aisée sur puce, un temps de commutation très court, une très bonne fiabilité (virtuellement nombre de cycle infini), et en plus des bas coûts de fabrication. En revanche, les performances de ces composants sont limitées à hautes fréquences (pertes d’insertion, isolation notamment), et il y a une inhomogénéité de ces performances lorsque l’on travaille sur une large bande de fréquences. Les diodes PiN et transistors FET sont donc de très bon composants pour des applications à relativement basses fréquences (~ 10 Ghz). Certains ayant des performances acceptables jusqu’à 30 GHz sont actuellement sur le marché, mais sont relativement coûteux.
Les relais coaxiaux ou relais électromécaniques (EMRs) ont des propriétés radicalement différentes des diodes et transistors. En effet, pour ces composants, les pertes d’insertion restent inférieures à 1 dB et l’isolation supérieure à 50 dB pour des fréquences de travail s’étendant des signaux continus (DC) jusqu’à des fréquences de 40 GHz. Par ailleurs, la puissance transmise peut être supérieure à plusieurs Watt. Les principaux inconvénients de ces relais sont inhérents à leur méthode de fabrication et leur mode de fonctionnement : ce sont des relais macroscopiques à déclanchement mécanique. Ils ont donc une taille importante, une durée de vie limitée (dégradation mécanique par frottements), une faible vitesse de réaction, un prix élevé, et pas de co-intégration possible avec des circuits électroniques puisqu’ils sont vendus en composants discrets seulement. Les relais sont donc bien adaptés pour les systèmes qui nécessitent de très hautes performances (pertes d’insertion, isolation et linéarité), et où la taille, le prix et la vitesse ne sont pas importants. L’engouement pour les switches MEMS a notamment été suscité par leur potentiel pour une faible consommation, leurs faibles pertes d’insertion, leur bonne linéarité, leur gamme de fréquence de travail large, leur faible taille, et enfin leur excellent potentiel d’intégration sur Silicium. Cependant, comme cela est présenté dans le Tableau 3, pour ce qui concerne certaines caractéristiques, les autres composants RF sont nettement meilleurs que les MEMS. Ce sont donc plutôt les compromis entre les différentes caractéristiques qui font la force des MEMS.
Certaines applications innovantes exigent à la fois les qualités électriques élevées des relais mécaniques et la taille, le coût des diodes PiN ou transistor FET. Les composants MEMS sont les seuls à apporter ces compromis.
Il est vraisemblable que les commutateurs MEMS, si les défis qui subsistent encore sur les technologies de fabrications sont relevés, remplaceront les trois autres types de commutateurs employés actuellement pour certaines applications.
Dans le secteur des terminaux mobiles par exemple, les MEMS RF (micro-switches et BAW) semblent permettre l’intégration de nouvelles fonctions comme de la video, des jeux, l’Internet, et l’acceptation de plusieurs standards. En effets, les autres technologies employées actuellement pour traiter les signaux RF (diodes PiN et transistors FET) ne sont pas assez performantes en terme d’isolation, de linéarité et de pertes d’insertion.
Comme cela a été présenté auparavant, les switches MEMS à actionnement électrostatique ne nécessitent virtuellement aucune dépense d’énergie pour le maintien en position du commutateur. De même, les switches à actionnement magnétique et les composants mécaniquement bistables ne consomment qu’au cours de leur phase d’actionnement, le maintien se faisant ensuite respectivement grâce aux propriétés des matériaux ou propriétés mécaniques de la structure. Ces composants sont donc a priori aussi d’excellents candidats pour exercer la fonction de routeur, c’est-à-dire pour diriger un signal électrique.
Nous avons vu dans le paragraphe précédent que les micro-commutateurs MEMS avaient des applications dans le domaine de l’électronique radio-fréquences. Leurs qualités intrinsèques de faible taille, faible consommation font aussi de ces composants des candidats appréciés dans le domaine du biomédical, et notamment pour les systèmes implantés où l’autonomie est un gage de confort pour le patient et parfois aussi de diminution de coût pour les systèmes d’assurance maladie.
Le CEA-LETI développe actuellement un nouveau système de stimulation cérébrale profonde en collaboration avec le CHU de Grenoble pour améliorer l’opérabilité des personnes touchées par la maladie de Parkinson. Ce type de stimulation est aussi à l’étude pour soigner les symptômes de pathologies telles que l’épilepsie et l’obésité. La méthode thérapeutique appliquée depuis plus de 10 ans consiste à implanter des électrodes de stimulation, localisées de manière précise autour du noyau sous-thalamique, et à induire un courant électrique à des fréquences de l’ordre de 100-200 Hz [BEN 05], comme c’est illustré sur la Figure 10.
L’objectif du nouveau système est de permettre l’implantation d’un plus grand nombre d’électrodes de stimulation [BOU 03], et leur sélection post-opératoire. Ce système permettrait de réduire le temps, et donc le coût, de l’opération. En effet, la méthode actuelle nécessite la participation active du malade au cours de l’opération, de manière à ce que le chirurgien puisse évaluer si la position des électrodes est bonne. La zone à stimuler ayant une taille de l’ordre d’un gros grain de riz, l’implantation d’un plus grand nombre d’électrodes, permet d’une part d’atteindre plus facilement la zone à exciter, et d’autre part de stimuler une zone volumique plus importante, ce qui peut dans certains cas apporter une amélioration thérapeutique.
Le micro-commutateur bistable développé dans le cadre de ce travail pourra être intégré au sein du nouveau système est ainsi permettre d’améliorer l’autonomie du système et sa taille. En effet, les matrices de commutation sont actuellement réalisées en technologie CMOS, ce qui entraîne une consommation faible mais continuelle, alors qu’un composant bistable mécaniquement ne consommera que lors de sa phase d’actionnement. Par ailleurs, lorsque les technologies MEMS seront un peu plus matures, il est raisonnable de penser que des composants MEMS pourront être intégrés directement au-dessus de circuits ASIC (« MEMS above IC »). Plutôt que de réaliser du report sur substrat des différentes puces et composants discrets, une intégration « above IC » sur substrat souple permet de gagner en taille et confort pour l’utilisateur final.
Par ailleurs, une des causes importantes de défaillance des switches est le collage provoqué par le chargement des diélectriques. Il existe notamment deux leviers pour éviter ce collage : travailler sur le matériau diélectrique afin de limiter au maximum la densité de pièges à électrons (défauts au sein du diélectrique ou à l’interface) ; ou encore avoir une structure suffisamment rigide afin que la force de rappel soit assez élevée pour équilibrer la force électrostatique associée au chargement du diélectrique. Dans cette partie, nous présenterons tout d’abord des structures qui sont monostables, c’est-à-dire qui nécessitent l’application permanente d’une tension électrique pour le maintien en position. Nous présenterons ensuite les géométries qui sont mécaniquement bistable, c’est-à-dire que le maintien dans chacune des deux positions (ON et OFF) se fait sans alimentation extérieure. Cette bistabilité pouvant aussi être atteinte par l’intégration de matériaux magnétiques, seront enfin détaillés des exemples de prototypes utilisant des matériaux magnétiques.
Un composant fabriqué par Motorola, qui consistait en une poutre encastrée-libre, a aussi démontré des performances remarquables et comporte une architecture semblable [MER 04].
Le gros avantage des commutateurs de type encastré-libre est leur faible rigidité. Cela leur permet d’avoir, du moins théoriquement, une faible tension d’actionnement. Dans le cas du switch développé par le laboratoire Lincoln, cet avantage est renforcé par un effet de « zipping », qui contribue à diminuer la tension d’actionnement. Par ailleurs, la conception de ce composant est particulièrement intéressante car c’est l’un des premiers switches MEMS à intégrer les contraintes résiduelles. En effet, la plupart des concepteurs se contentent d’essayer de diminuer l’impact des contraintes résiduelles sur le fonctionnement du composant. Ici, comme pour le prototype développé dans ce travail, le concepteur utilise les contraintes résiduelles afin d’obtenir le composant désiré.
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Table des matières
Remerciements
Table des matières
Introduction générale
Partie 1 : architectures et applications des switches MEMS
Introduction
I. Mouvement dans les MEMS : la physique des actionneurs
A. La force électrostatique
B. Alternatives à l’actionnement électrostatique
II. Utilisation des switches MEMS RF
A. Les différentes technologies de réalisation des switches RF
B. Fonctions électroniques intégrant les switches MEMS RF
III. Les différentes architectures de commutateurs MEMS
A. Switches mono stables : les principales architectures
B. Switches MEMS bistables : quelques architectures
IV. Architecture proposée
A. Réalisation d’un contact électrique de type plan
B. Obtention d’un contact plan dans un switch bistable
C. Actionnements thermiques
Conclusion
Partie 2 : conception mécanique
Introduction
I. Modélisation analytique d’un commutateur parfaitement symétrique
A. Modèle initial [SAI 00]
B. Poutre encastrée-encastrée sous contraintes résiduelles
C. Exploitation du modèle analytique pour la conception d’un switch
D. Application au cas d’un MEMS Bistable
II. Modélisation thermomécanique par éléments finis du composant
A. Description de la géométrie et des conditions limites
B. Dimensions du composant
C. Contraintes résiduelles et mise en œuvre du calcul
D. Les résultats de l’analyse par éléments finis
Conclusion
Partie 3 : Fabrication et caractérisation des composants
Introduction
I. Technique et stratégie de réalisation des masques
A. Principe de fabrication des microsystèmes
B. Les différentes variantes à géométrie symétrique et dissymétrique
C. Les différents prototypes et motifs de test
II. Fabrication des prototypes
A. Filière de fabrication initiale des prototypes à actionneurs en inconel
B. Améliorations de la filière initiale
C. Caractérisation mécanique d’une structure améliorée
V. Futurs axes de travail
A. Architecture
B. Matériaux
Conclusion
Conclusion générale
Références bibliographiques
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