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Aléa
L’aléa et le danger sont les deux équivalents français du terme anglais hazard. Dans les usages qui nous intéressent ici, ils semblent avoir été débarrassés de leurs nuances sémantiques 8 pour désigner simplement la source, la composante à l’origine du risque. Il existe une tendance, mais qui n’est pas unanime, à préférer l’usage d’aléa pour les risques naturels, et à réserver le terme danger aux applications sanitaires et industrielles.
Les aléas naturels sont classés en deux grandes catégories. Les aléas d’origine climatique re-groupent les inondations, les tempêtes, les avalanches, la sécheresse, les feux, voire les vagues de chaleur ou de froid. Les dangers d’origine géophysique comprennent les tremblements de terre, les raz de marée (tsunamis), les éruptions volcaniques et les glissements de terrain 9. La plupart de ces classes sont très hétérogènes. Les inondations ne sont pas de même nature selon qu’elles résultent de remontées de nappe ou de crues torrentielles. La classe des tempêtes inclut les cyclones, les tornades, ou encore les dépressions de latitude moyenne, qui sont des phénomènes très disparates en termes d’intensité et de fréquence. Les tremblements de terre peuvent survenir dans des zones de subduction (de chevauchement de plaques tectoniques), le long de failles de décrochement (à l’intérieur de ces plaques), voire suite à des éruptions volcaniques.
La compréhension de ces phénomènes et de leurs effets suppose qu’ils soient décomposés en une succession d’événements liés par des relations de cause à effet. Or le choix de l’élément de cette chaîne qui doit être qualifié d’aléa ne s’impose pas naturellement. Si l’on veut privilégier la proximité de l’aléa avec les conséquences du phénomène pour l’environnement humain, alors il peut rarement être considéré comme une variable exogène dans la représentation du risque. Dans le cas d’un séisme, par exemple, la variable qui détermine les dommages aux structures de la façon la plus fiable est l’accélération au sol ; toutefois, pour être en mesure d’estimer la probabilité de réalisation de ce aléa », il est nécessaire de reconstituer, à partir d’un événement initial, la propagation des ondes sismiques dans le sous-sol. Si l’on veut, en revanche, que l’aléa soit un événement situé en amont des mécanismes causaux étudiés, par exemple de manière à échapper à tout contrôle 10, alors il faut admettre l’existence d’étapes supplémentaires, et donc de sources additionnelles d’incertitude, avant la détermination de ses effets. Ainsi, l’endiguement d’une rivière ne permet plus de considérer sa crue comme indépendante de l’action de l’homme. Pour définir un aléa exogène, il faut s’orienter vers les causes d’une crue qui déborderait la digue, telles que les précipitations. La crue devient, pour sa part, un événement intermédiaire dans la représentation du risque ; entre l’aléa et lui, d’autres facteurs tels que le ruissellement des sols entrent en jeu.
Conséquences
Par ailleurs, même une fois décomposé en autant de parties, le concept de conséquences dépend fortement de facteurs extérieurs, de sorte qu’il ne peut être employé à des usages prospectifs de mesure du risque ou d’identification d’actions susceptibles de le réduire. Il y aurait peu de sens, à titre d’exemple, de prévoir l’impact d’un séisme sur l’habitat dans un lieu à partir des dommages observés dans un autre lieu. Il est ainsi apparu nécessaire de représenter les dommages causés par un aléa comme la résultante de deux variables : l’exposition et la vulnérabilité (UNDRO, 1979).
Épidémiologie : facteurs de risque et fréquence des maladies
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Table des matières
Remerciements
Organisation générale
Introduction générale
I Une problématique du risque social
1 Examen du concept de risque social
1.1 Introduction
1.2 Survol des domaines concernés
1.3 Proposition de synthèse
1.4 Conclusion
2 L’action publique face au risque social
2.1 Introduction
2.2 La société de la réglementation du risque ?
2.3 Décisions publiques ou collectives ? L’exemple des inondations
2.4 Le point de vue normatif
2.5 Conclusion : la nécessité d’un cadre d’analyse
II Risques et sûreté nucléaires
3 L’analyse de la sûreté des centrales nucléaires
3.1 Introduction
3.2 Préliminaires : risques et sûreté dans une centrale nucléaire
3.3 L’approche déterministe de la sûreté
3.4 L’approche probabiliste de la sûreté
3.5 Caractérisation des deux approches
3.6 Conclusion
4 Les politiques de sûreté nucléaire
4.1 Les décisions initiales (1945-1967)
4.2 La politique de la sûreté nucléaire aux États-Unis
4.3 La politique de la sûreté nucléaire en France
4.4 Conclusion
III Une approche causale du risque
5 Une représentation par les réseaux bayésiens causaux
5.1 Introduction
5.2 Les réseaux bayésiens causaux
5.3 Une application à la sûreté
5.4 Conclusion
6 Les leçons de Fukushima
6.1 Introduction
6.2 Chronique des événements
6.3 Les causes d’une catastrophe
6.4 Après Fukushima
6.5 Conclusion
IV Une approche causale de la décision en incertitude
7 Introduction aux réseaux décisionnels : un cas d’école
7.1 Introduction
7.2 Un problème de gestion du risque et son traitement causal
7.3 Analyse de quelques problèmes traditionnels
7.4 Conclusion
8 Réseaux décisionnels : cadre et résultats théoriques
8.1 Introduction
8.2 Un modèle de décision causale
8.3 Articulation avec la théorie de la décision
8.4 Décision dans l’ambigüité
8.5 Conclusion
Conclusion générale
Bibliographie
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