Les rongeurs constituent de grands ravageurs de cultures. Leur régime alimentaire est essentiellement granivore. Ils sont dotés d’une grande capacité d’adaptation. Les dégâts qu’ils provoquent sont très importants dans les pays en développement notamment en Afrique soudanosahélienne (Hubert, 1980 ; Poulet & Duplantier, 1983; Gauthier et al., 2001). Ils sont, pour la plupart, très prolifiques (Hubert, 1980 ; Delattre et al., 1998). Outre les nuisances agricoles qu’ils provoquent, les rongeurs sont des réservoirs de nombreuses maladies transmissibles à l’homme et aux animaux (Gratz, 1997 ; Sicard et al., 1994). De plus, ils sont des hôtes définitifs ou intermédiaires de nombreux parasites intestinaux dont les cestodes (Echinococcus multilocularis Leuckart, 1963 ; Hymenolepis nana Von Siebold, 1852 ; Inermicapsifer madagascariensis Davaine, 1870) (Fain, 1950 ; Baer & Tenora, 1970 ; Delattre et al., 1991 ; Frean & Dini, 2004). Certaines de ces espèces de cestodes ont été retrouvées chez l’homme (Inermicapsifer madagascariensis et Hymenolepis nana en Asie, en Afrique et en Amérique) (Fain, 1950 ; Euzeby, 1966 ; Baer & Tenora, 1970 ; Chunge et al., 1987 ; Frean & Dini, 2004).
CARACTÉRISTIQUES BIOCLIMATIQUES DES MILIEUX ETUDIÉS
L’Afrique constitue une région où la diversité spécifique des rongeurs est à la fois importante et source de problèmes variés pour l’agriculture et la santé humaine et animale. Les peuplements de rongeurs suivent les modifications du milieu : ils sont en effet, très directement liés au couvert végétal où ils se déplacent, se nourrissent et parfois même habitent, ainsi qu’à la structure et la nature du sol, où la plupart des espèces creusent leurs terriers (ils sont donc très sensibles à la granulométrie, à l’humidité, à la consistance de ces sols, etc.). Les rongeurs, très intimement liés aux facteurs du milieu, caractérisent parfois très bien ce dernier, surtout à la limite de leurs aires de répartition qui correspondent en fait, le plus souvent, aux vastes zones biogéographiques qui se succèdent en latitude et qui caractérisent le climat et la végétation de l’Afrique de l’Ouest (Hubert et al., 1973).
LES PAYS CONCERNES
Suivant la répartition des rongeurs des genres Mastomys et Arvicanthis dans les différents domaines biogéographiques de l’Afrique de l’ouest, six pays ont été prospectés. Il s’agit du Bénin, du Burkina Faso, de la Guinée , du Mali , du Niger et du Sénégal . Dans ces pays, quatre espèces de rongeurs ont été capturées dans différentes localités . Au Sénégal, un suivi bimestriel des cestodes de rongeurs a été réalisé dans la zone des Niayes plus précisément aux alentours du Lac Retba qui s’aligne le long de la Côte Nord du Sénégal .
LES DOMAINES BIOGEOGRAPHIQUES
Sur la base essentiellement des moyennes annuelles de précipitations, l’Afrique de l’Ouest est subdivisée en quatre principaux domaines bioclimatiques (saharien, sahélien, soudanien et guinéen) (Figure 1). Les zones de transition entre ces domaines ont pu être identifiées au Sénégal (Cornier et al., 2000). Il s’agit des domaines sahélo-soudanien et soudano-guinéen (Figure 2). Ces domaines sont disposés en bandes latitudinales. Chacun d’eux est caractérisé par un climat, une faune et une type de végétation (White, 1986 ; FAO , 1995 ; L’Hôte & Mahé, 1996 ; Roux & Sagna, 2000 ; Arbonnier, 2000 ; GRAIN2 , 2002 ; CILSS3 , 2005 ; Encarta, 2006).
Domaine saharien
Elle est caractérisée par des précipitations moyennes annuelles inférieures à 200 millimètres. Les températures sont maximales dans les régions les plus chaudes dépassent 50°C, les minimales moyennes sont notées en janvier variant de 4°C à 13°C. C’est une zone hyper aride.. La végétation est rare dans la région saharienne, c’est le domaine de la steppe à épineux. On y rencontre surtout des acacias, des gommiers, des palmiers dattiers et de la cram cram. Dans les ergs et le Ténéré, la végétation est totalement absente, mais des spécimens résiduels de flore méditerranéenne sont présents dans l’Aïr (olivier, laperrine, cyprès). La faune, par contre, est très diversifiée mais les animaux les plus représentatifs sont : les chameaux, les dromadaires, le scorpion jaune, le varan gris, la vipère des sables, le fennec ou renard des sables, le daman de rocher, l’autruche (devenue rare car elle est chassée), l’addax (grande antilope blanche), les gazelles dorcas, les guépards sahariens, les fourmis moissonneuses et les gangas (oiseau).
Domaine sahélien
Il est caractérisé par un climat presque désertique, avec des précipitations moyennes annuelles variant de 200 à 500 mm. Il se caractérise par une longue saison sèche (novembre à juin) et une saison humide (juillet à octobre). Les températures moyennes annuelles varient entre 23,3°C et 29,4 °C. Le domaine sahélien est une zone aride où s’opère la transition entre le désert et les savanes plus humides. Dans cette région, la savane arborée qui dominait autrefois, laisse de plus en plus place à une savane arbustive, voire à une steppe à épineux avec des Acacia sp, Eragrostis sp et Cenchrus sp, sous l’effet de la désertification. Il ne subsiste que quelques îlots de forêt résiduelle et des baobabs. La faune est très diversifiée avec des bovins, des petits ruminants. Dans l’écosystème sahélien les espèces animales en présence sont : l’autruche, la gazelle dama, la gazelle à front roux, le guépard, l’hyène rayée, l’hyène tachetée, le chacal commun, le renard pâle, le chat de Libye, la ratel, le phacochère, l’éléphant (périodique), les patas, l’oryctérope, le galago du Sénégal, le daman de rocher, la civette, la genette, la mangouste Ichneumon, la mangouste rouge.
Domaine soudanien
Il est compris entre les isohyètes 500 et 1100 mm, caractérisé par: une saison sèche bien marquée qui dure 5 à 6 mois, une saison des pluies unique qui dure 3 mois. La température moyenne annuelle oscille autour de 28°C. Roux & Sagna (2000) ont identifié l’existence de deux types de climats dans le domaine soudanien du Sénégal: le climat du Saloum dans la région de Kaolack influencé par l’alizé maritime constamment humide et le climat du Boundou, aux environs de Tambacounda, influencé par l’harmattan et caractérisé par une grande sécheresse. La flore du domaine soudanien est caractérisée par une végétation de type forêt claire avec de grands arbres comme Khaya senegalensis, Pterocarpus et Parkia. Les herbacées sont de grands Andropogon sp abondants dans les sous-bois. L’arachide, le mil, le sorgho et le coton y constituent les principales cultures. La faune est très diversifiée avec de grands serpents (Python sebae) et le lamantin (Trichechus senegalensis).
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I : CARACTERISTIQUES BIOCLIMATIQUES DES MILIEUX ETUDIES
INTRODUCTION
I. LES PAYS CONCERNES
II. LES DOMAINES BIOGEOGRAPHIQUES
II. 1. Domaine saharien
II. 2. Domaine sahélien
II. 3. Domaine soudanien
II. 4. Domaine guinéen
II. 5. Zones de transition entre les principaux domaines biogéographiques au Sénégal
II. 5. 1. Domaine sahélo-soudanien
II. 5. 2. Domaine soudano-guinéen
III. CAS PARTICULIER DES NIAYES
IV. LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES EN AFRIQUE DE L’OUEST
CONCLUSION
CHAPITRE II : SYSTEMATIQUE ET DESCRIPTION DES RONGEURS CAPTURES
INTRODUCTION
I. MATERIELS ET METHODE D’ETUDE DES RONGEURS
I. 1. Sites de piégeages
I. 2. Piégeage et capture des rongeurs
I. 3. Classification par âge
II. RESULTATS ET DISCUSSIONS
II. 1. Genre Mastomys ou « rat à mamelles multiples »
II. 1. 1. Mastomys erythroleucus Temminck, 1853
II. 1. 2. Mastomys huberti Wroughton, 1908
II. 1. 3. Mastomys natalensis Smith, 1834
II. 2. Genre Arvicanthis
II. 2. 1. Arvicanthis niloticus Desmarest, 1822
CONCLUSION
CHAPITRE III : ETUDE MORPHO-ANATOMIQUE DES CESTODES RECOLTES
INTRODUCTION
I. MATERIEL ET METHODES
I. 1. Recherche et dénombrement des cestodes
I. 2. Identification des cestodes collectés par l’étude de leurs caractéristiques morpho-anotomiques
I. 2. 1. Etude par la microscopie photonique
I. 2. 2. Etude par la microscopie électronique à balayage
II. RESULTATS
II. 1. Famille des Anoplocephalidae
II. 1. 1. Skrjabinotaenia occidentalis occidentalis Hunkeler, 1972
II. 1. 2. Sudarikovina monodi Hunkeler, 1972
II. 1. 3. Inermicapsifer madagascariensis Davaine, 1870
II. 2. Famille des Hymenolepididae
II. 2. 1. Hymenolepis uranomidis Hunkeler, 1972
II. 2. 2. Hymenolepis nana Von Siebold, 1852
II. 2. 3. Hymenolepis straminea Goeze, 1782
II. 3. Famille des Davaineidae
II. 3. 1. Raillietina baeri Meggitt et Subramanian, 1927
II. 3. 2. Raillietina trapezoïdes Janicki, 1904
III. DISCUSSION
CONCLUSION
CHAPITRE IV : ECOLOGIE DES CESTODES PARASITES DES RONGEURS DES GENRES MASTOMYS ET ARVICANTHIS
INTRODUCTION
II. MATERIEL ET METHODES
II. 1. Analyses statistiques
III. RESULTATS
III. 1. Biogéographie et structure des communautés de cestodes parasites des genres Mastomys et Arvicanthis en Afrique occidentale
III. 2. Communauté de cestodes chez Arvicanthis niloticus, Mastomys erythroleucus, Mastomys natalensis et Mastomys huberti (Rongeurs, Muridae) au Sénégal
III. 3. Suivi bimestriel des cestodes parasites des genres Mastomys et Arvicanthis dans la région des Niayes au Sénégal
IV. DISCUSSION
IV. 1. Spécificité hôte-parasite et compétition interspécique chez les cestodes
IV. 2. Répartition biogéographique des cestodes : relations hôte-climat sur le parasitisme
IV. 3. Effet des facteurs externes sur la distribution biogéographique des parasites
IV. 4. Effet de l’habitat de l’hôte et de son alimentation sur le parasitisme
IV. 5. Effet du mode de vie, de la densité et de l’abondance de l’hôte sur la richesse spécifique et la charge en cestode
IV. 6. Effet sexe de l’hôte sur le parasitisme
IV. 7. Effet âge de l’hôte sur le parasitisme
IV. 8. Agrégation : Distribution des cestodes chez l’hôte
IV. 9. Saisonnalité du parasitisme
CONCLUSION
CONCLUSIONS
