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Procédés d’extraction
Propriétés des supports solides
Du minerai d’uranium au combustible nucléaire
Pour obtenir un MOF bien organisé il est important de contrôler la cinétique de nucléation qui est reliée à la croissance des cristaux. Pour cela plusieurs paramètres peuvent être variés, comme par exemple la température ou la concentration en réactifs. D’un autre côté, il est possible d’ajouter un modulateur permettant de ralentir la cinétique de nucléation et donc favoriser la croissance des cristaux, comme représenté en Figure 16.
Le modulateur est un acide organique ou minéral qui agit comme un compétiteur avec le ligand formant des complexes intermédiaires avec le centre métallique. Ainsi, la formation du MOF procédera par des échanges entre le modulateur et le ligand autour du centre métallique, non plus par la simple coordination du ligand au cluster. Plus le complexe SBU-modulateur sera stable, plus la cinétique de formation du MOF sera lente et donc plus les cristaux auront la possibilité de croitre.81 Les modulateurs sont principalement utilisés en synthèse solvothermale et par voie électrochimique (décrit plus bas).
Les synthèses solvothermales sont généralement les plus étudiées, permettant de parfaitement solubiliser l’ensemble des réactifs et de former des matériaux très cristallins. Les solvants possédant une température d’ébullition élevée sont privilégiés, comme le DMF, l’éthanol, l’eau ou même des mélanges éthanol/eau.70,82
Les micro-ondes sont des radiations électromagnétiques d’une fréquence comprise entre 300 MHz et 300 000 MHz. L’énergie maximale émise par ces ondes ne permet pas la rupture des liaisons covalentes d’une molécule organique. Les micro-ondes interagissent avec les molécules polaires en solution, ou avec les ions et les électrons dans un solide. Dans le cas d’un solide, un courant électrique sera formé, induisant un chauffage important associé à la résistance électrique du solide. En solution, les molécules polaires vont s’aligner avec le champ électromagnétique oscillatoire, provoquant des changements de directions permanents et donc l’augmentation de la température dans la solution.83
Il a été démontré dans le domaine de la synthèse organique que les micro-ondes permettaient d’accélérer fortement les cinétiques de formation des produits. Ce phénomène n’est pas seulement associé au chauffage rapide de la solution, mais surtout au déséquilibre qu’apportent les micro-ondes au système, permettant de passer plus rapidement les barrières énergétiques entre les intermédiaires réactionnels. Il est nécessaire que le solvant de réaction absorbe l’énergie fournie par les micro-ondes pour la convertir en chaleur. Enfin, il est observé que les températures d’ébullition des solvants augmentent lorsqu’ils sont chauffés par micro-ondes, permettant ainsi de travailler à des températures plus élevées qu’en synthèse par voie classique.
La première synthèse de MOF par micro-ondes a été réalisée en 2005 pour obtenir le MOF MIL-100(Cr) composé de chrome et de ligand BTC (acide benzène-1,3,5-tricarboxylique).84 Ensuite, plusieurs dizaines de matériaux à partir de divers métaux (fer, aluminium, vanadium, cérium) avec différents types de ligands (acides carboxyliques, pyridines, imidazole) ont été synthétisés sur des temps de contact plus courts qu’en synthèse classique et avec des rendements équivalents.80 Dans certain cas, il a été observé la synthèse de cristaux presque deux fois plus grands par micro-onde que par synthèse solvothermale.85
Synthèse par sonochimie
Dans le cadre de la synthèse des MOFs, les ultrasons sont employés pour diminuer les temps de réactions tout en proposant une voie de synthèse écologique (à faible consommation d’énergie). Les ultrasons sont des ondes développées pour des fréquences de 20 kHz à 10 MHz, provoquant des phénomènes de cavitation en solution.86 La cavitation est un phénomène physique associé à l’explosion de micro bulles d’air créées par les ultrasons et provoquant des hausses de température et de pression localement élevées, comme représenté en Figure 17.
Les synthèses sous ultrasons sont généralement réalisées dans des solvants non volatils, ce qui correspond parfaitement aux solvants communément utilisés pour la synthèse de MOFs (DMF, eau…). Une dizaine de MOFs ont été synthétisés par sonochimie mais les publications manquent de comparaisons entre les synthèses en conditions solvothermales optimisées et celles par ultrasons.
Néanmoins, plusieurs publications ont démontré que les synthèses sous ultrasons permettaient de diminuer significativement les temps de réactions et que les ultrasons entrainaient des modifications conséquentes de la taille et de la morphologie des cristaux. Un cas très intéressant est celui du Zn(BTC) synthétisé en 2008 sous une puissance de 40 kHz, où il a été observé des changements de morphologie drastiques en fonction du temps de réaction. Les auteurs ont démontré que la morphologie des cristaux évoluait de particules sphériques de petites tailles à des aiguilles cinq fois plus grandes en fonction du temps de réaction, tout en conservant le même diffractogramme de rayons X sur poudre (Figure 18).87
Dans certains cas, les ultrasons améliorent les propriétés structurales des MOFs, comme pour le MOF Tb(BTC) dont la surface spécifique est plus élevée pour une synthèse sous ultrasons par rapport au MOF synthétisé par voie classique.88 En revanche, pour l’HKUST-1 (Cu-BTC) les surfaces spécifiques des matériaux synthétisés par ultrasons sont plus faibles et la population de cristaux est très hétérogène.89
L’intérêt principal de cette méthode de synthèse est d’ordre écologique, puisque les réactions sont généralement réalisées à température ambiante et sans solvant. Le risque chimique est également moins important et les temps de réactions sont fortement diminués pour obtenir des rendements équivalents aux synthèses solvothermales. Enfin, dans certain cas, il est possible d’utiliser des oxydes comme sources métalliques permettant d’obtenir uniquement de l’eau comme sous-produit de réaction, comme pour la synthèse du ZIF-8 (Zn-imidazole).92 Il a été démontré que les synthèses de MOFs par broyage induisaient souvent la formation d’acides organiques et de solvants, nécessitant généralement une activation thermique après synthèse pour les éliminer.80 Une publication démontre la faisabilité de la synthèse de MOF par mécanochimie en réalisant la synthèse de 38 composés cristallins, à partir de 60 mélanges de sels et de ligands organiques.93
Cependant, il est rare que les MOFs soient synthétisés par voie mécanochimique sèche. Une technique de synthèse par mécanochimie assistée par un faible volume de solvant a été développée (LAG : Liquid-assisted grinding) permettant d’accélérer fortement les cinétiques de réactions. A partir de cette technique, de nombreux MOFs à base de différents métaux et principalement de ligands organiques de petites tailles ont été obtenus.
La synthèse par mécanochimie peut permettre d’améliorer la cinétique de réaction par rapport aux conditions solvothermales de matériaux connus. Cette méthode permet également d’utiliser des sources métalliques moins onéreuses comme les oxydes et de limiter la quantité de solvant utilisée ouvrant les possibilités d’un scale-up industrielle plus économique et écologique. Cependant, elle n’est pas adaptée pour le développement de nouveaux matériaux.
L’objectif de cette méthode est de ne pas utiliser de sels métalliques, alors le métal sera introduit en continu dans le milieu réactionnel par la dissolution anodique de l’électrode. Le milieu réactionnel est constitué d’un solvant organique protique, du ligand, parfois d’un modulateur et surtout d’un sel conducteur comme électrolyte. Une fois le cation métallique libéré en solution il pourra réagir avec le ligand et le modulateur pour former le MOF qui finira par se déposer sur l’anode principalement.
Ce type de synthèse est délicat et nécessite une optimisation de nombreux paramètres et surtout d’utiliser des solvants protiques pour limiter la déposition du MOF à la cathode. Cependant, le développement de la synthèse par voie électrochimique ouvre l’opportunité de réaliser des procédés de synthèses de MOFs à grande échelle et en continu.96 Plusieurs MOFs ont été synthétisés par cette méthode, dont principalement des matériaux à base de zinc (ZIF-8), de cuivre (HKUST-1) et d’aluminium (MIL-100).97
Synthèse solvothermale Électrochimie
La synthèse du MOF Zn-ZIF à base d’imidazole par voie électrochimique a également été brevetée en 2007.99 Pour résumer, plusieurs synthèses industrielles de MOFs à l’échelle du kilogramme sont présentés dans le Tableau 5.98 Le procédé de synthèse est évalué par le rendement STY (space-time-yield) correspondant à la masse de matériau synthétisé, par mètre cube de solution et par jour. Actuellement, le procédé de synthèse de MOF le plus performant est réalisé par voie solvothermale (Basolite M050).
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Table des matières
Résumé
Remerciements
Table des matières
Liste des figures
Liste des tableaux
Sigles et abréviations
Introduction générale
I. Bibliographie générale
Du minerai d’uranium au combustible nucléaire
1. Minerais d’uranium
2. Extraction liquide-liquide
3. Extraction solide-liquide
Metal-Organic Framework
1. Généralités
2. Synthèse des MOFs
3. Extraction de l’uranium avec des MOFs
II. Evaluation et amélioration de la stabilité des MOFs
MOFs à base de zirconium
1. Introduction sur les MOFs à base de Zirconium
2. Matériaux à base d’acides carboxyliques
3. Matériaux à base de ligands sulfoniques
4. Matériaux à base de ligands phosphoniques
MOFs à base de terres rares
1. Introduction sur les LnMOFs
2. Synthèse des MOFs Ln-BTC
3. Synthèse des MOFs LnBDC
Tests de stabilité
1. Introduction sur la stabilité des MOFs
2. Stabilité de UiO-66
3. Matériaux à base de terre rares
Conclusion générale sur l’évaluation et l’amélioration de la stabilité des MOFs dans les conditions d’extraction des mines
1. Matériaux à base de Zirconium
2. Matériaux à base de terres rares
III.Synthèse et caractérisation des MOFs fonctionnalisés
Introduction
1. Géométrie et taille des pores de la famille des UiO
2. Fonctionnalisation d’un MOF de type UiO
Synthèse et caractérisation des matériaux fonctionnalisés par une amine
1. Synthèse des ligands organiques
2. Synthèse des MOFs fonctionnalisés par une amine
3. Caractérisation des MOFs fonctionnalisés par une amine
Synthèse et caractérisation des matériaux fonctionnalisés par un amidophosphonate
1. Synthèse des MOFs UiO-68-amidophosphonate par voie direct
2. Synthèse des MOFs UiO-68-amidophosphonate par post-fonctionnalisation
3. Caractérisation des matériaux UiO-68-DEAP et UiO-68-EAP
D. Conclusion générale sur la synthèse et la caractérisation de matériaux de type UiO fonctionnalisés
IV.Extraction de l’uranium (VI) avec des MOFs fonctionnalisés
Notions introductives et protocole d’extraction
1. Evaluation de la capacité d’extraction en uranium(VI)
2. Mise en place et optimisation du protocole d’extraction
Acquisition de données d’extraction en fonction de la cinétique et de la concentration en uranium
1. Cinétique d’extraction
2. Isothermes d’adsorption
3. Bilan sur les mécanismes d’adsorption à partir de la cinétique d’extraction et de l’isotherme d’adsorption
Influence de la force ionique et du pH sur l’extraction de l’uranium
1. Influence de la concentration en ions sulfates
2. Influence du pH sur l’extraction de l’uranium
3. Influence du pH et de la force ionique sur l’extraction en milieu chlorure et nitrate
Sélectivité et désextraction
1. Sélectivité de l’extraction de l’uranium vis-à-vis du fer et du molybdène
2. Désextraction de l’uranium et analyses post-extraction
Conclusion sur les tests d’extraction et les mécanismes
Conclusion générale et perspectives
Méthode et Partie expérimentale
A. Synthèse des ligands organiques
B. Synthèse des MOFs
C. Tests de stabilité et tests d’extraction
D. Analyses
Bibliographie
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