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Origine des argiles
Les argiles minéralogiques proviennent de la décomposition lente des minéraux primitifs, tels que Feldspaths, Micas, Amphiboles, Pyroxènes et constituent donc l’essentiel du «complexe d’altération». Ce sont des silicates d’alumine, plus ou moins hydratés, de formule générale n SiO2 Al2O3 m H2O, à structure en feuillets douées de propriétés particulières par leurs charges négatives, elles retiennent des cations sous la forme échangeable, certaines ont la capacité d’absorber de l’eau entre les feuillets (argiles gonflantes). Selon la quantité de silice par rapport à l’alumine on peut déterminer le rapport moléculaire R=SiO2/Al2O3 qui permet de caractériser le type d’argile; ce rapport varie entre 2 et 5 (Erhart, 1967 ; Duchaufour, 1983 ; Musy et Soutter, 1991).
Familles d’argiles
On peut distinguer quatre grandes familles d’argile (figure 1) caractérisées par des propriétés différentes (Duchaufour, 1983 ; Caillère et al., 1982 ; Meunier, 2005):
* La kaolinite : de formule de base: 2SiO2.Al2O3.2H2O, la plus pauvre en silice et les feuillets sont à peu prés fixes les uns par rapport aux autres et ne peuvent fixer ni eau ni cations dans leurs intervalles; les possibilités de gonflement, le pouvoir absorbant des bases sont donc réduits.
* Les montmorillonites : de formule de base: 4SiO2.Al2O3.2H2O, plus riche en silice que la kaolinite; l’absorption d’eau et fixation de cations sont donc très marquées. Les feuillets étant plus espacés ils peuvent s’écarter plus ou moins.
* Les illites : ce groupe comprend plusieurs types d’argiles, également riche en silice et à propriétés intermédiaires entre celles des deux familles précédentes.
* Les attapulgites : sont caractérisées par une structure fibreuse ou en feuillets rubanés; elles sont souvent magnésiennes.
Hydrophilie
Les argiles ont des possibilités d’écartement des feuillets qui leur permettent d’absorber des molécules d’eau et divers ions entre ces feuillets; elles peuvent ainsi gonfler lorsqu’elles sont hydratées (Caillère et al., 1982 ; Fouclaut et Raoult, 1984). L’hydrophilie de la kaolinite, illites, montmorillonite est mentionnée dans les paragraphes (I.2 et I.3).
Echange d’ions
Certains solides naturels ou de synthèse, peuvent mettre en jeu les processus d’échange d’ions. Le réseau fixé comporte des groupes ionisables, accessibles à des ions circulant avec l’eau à travers une structure poreuse plus ou moins rigide (rigide dans une zéolite, semi-rigide dans une argile, souple dans un échangeur organique).
Les ions polyvalents sont plus énergiquement fixés. On peut formaliser l’équilibre selon, par exemple : 2(Na+R-) + Ca2+ (Ca2++ R22-) + 2Na+ (1)
La distribution de Ca2+ et K+ a été étudiée pour diverses argiles et diverses concentrations de solutions, les concentrations équivalentes de Ca2+ et K+ étant égales. Le tableau 1 suivant présente les rapports Ca2+/ K+ fixés sur l’argile. Cette distribution permet de comparer les argiles entre elles, les variations de sélectivité sont liées à celles des espaces disponibles et de vérifier que la dilution accroît considérablement la sélectivité. La préférence des argiles et de la plupart des autres échangeurs d’ions naturels pour K+ par rapport à Na+ permet de comprendre pourquoi le rapport Na+/K+ dans les eaux est élevé alors que les abondances dans les roches primaires sont presque équivalentes (Duchaufour, 1983 ; Duchaufour, 1997 ; Meunier, 2005).
Réactions chimiques et électrochimiques
Les réactions chimiques
Un grand nombre de réactions chimiques peuvent éventuellement se produire lors de la dépollution d’un milieu poreux, suivant la nature de la phase solide, les espèces chimiques en présence dans la phase liquide, et les conditions physico-chimiques du système telles que le pH ou la température. Il peut s’agir de réactions de précipitation/dissolution, de complexation, ou encore de réactions d’oxydoréduction par exemple. Ces réactions peuvent être classées en deux grandes catégories: les réactions homogènes et les réactions hétérogènes. Les réactions homogènes sont des réactions chimiques dont les réactifs appartiennent à la même phase. Ces réactions chimiques sont considérées, dans la phase liquide, comme étant en équilibre car les cinétiques de réactions chimiques sont souvent rapides. Ainsi la quantité de matière qui réagit peut souvent se décrire par une loi simple. Au cours d’une électrodécontamination, des réactions homogènes dans la solution interstitielle peuvent occasionner un retard des espèces à la migration. Par conséquent, lors de l’établissement des équations de conservation de la matière dans le système, un facteur de retard, tenant compte des constantes d’équilibre des réactions, devra alors être considéré. Cependant si la cinétique de la réaction est très lente, la réaction chimique peut constituer dans ce cas une étape limitante à la migration des espèces dans la solution.
Les réactions hétérogènes sont des réactions chimiques dont les réactifs appartiennent à des phases différentes et de ce fait l’accomplissement de la réaction implique différentes étapes en série. Il peut y avoir plusieurs étapes de transferts de matière (interne et externe par rapport à la phase solide) des réactifs et/ou des produits, et une étape de réaction chimique proprement dite (Villermaux, 1993). La réaction chimique est généralement supposée comme l’étape la plus rapide par rapport aux étapes de transfert, elle est alors considérée comme étant à l’équilibre. Si les transferts de matière n’offrent pas de limitation par rapport à la réaction chimique, c’est-à-dire que la cinétique de la réaction chimique contrôle l’ensemble de la réaction hétérogène, l’hypothèse d’un équilibre local peut être avancée. Par conséquent, une réaction de ce type occasionnera seulement un retard à la migration électrocinétique des espèces dans le milieu qui devra être correctement pris en compte par un facteur de retard. Par contre si l’hypothèse d’un équilibre local ne peut être formulée, c’est-à-dire que les étapes de transfert sont limitantes par rapport à la réaction chimique, la réaction hétérogène peut devenir une réelle limitation au procédé d’électrodécontamination. En effet, les phénomènes électrocinétiques, qui seront détaillés par la suite, provoquent le mouvement des espèces chimiques mais n’agissent que sur des espèces en phase liquide. Ainsi, une espèce adsorbée sur la matrice solide du milieu par exemple, ne pourra migrer qu’après désorption.
La connaissance des cinétiques de réactions apparaît comme un paramètre important non seulement pour décrire l’équilibre chimique entre les espèces mais aussi pour le caractère limitant ou prépondérant des réactions entre elles et les autres phénomènes.
Les auteurs étudiant l’électrorémédiation considèrent généralement les réactions chimiques, homogènes ou hétérogènes, comme des étapes rapides du procédé par rapport aux autres mécanismes de migration des espèces ioniques dans le milieu. Cependant les temps caractéristiques donnés par Jacobs et col. (Jacobs et Probstein, 1996) et présentés dans le tableau 4 montrent qu’une réaction hétérogène, comme une dissolution/précipitation par exemple, peut être jusqu’à trois ordres de grandeur plus lente qu’un mécanisme de transport électrocinétique.
Le pour et le contre de la technologie électrocinétique sont principalement discutés en termes d’opération et d’efficacité. A partir des différentes expériences réalisées, plusieurs avantages et inconvénients de cette technique de remediation sont rapportés par différents auteurs (Acar et al., 1995 ; Virkutyte et al., 2002). Ils sont résumés dans les points suivants:
• Simplicité : facile à utiliser et exige un équipement simple.
• Sûreté : exposition minimale au personnel de fonctionnement et à l’environnement .
• Economique : peu de demande énergétique.
• Flexible: elle peut être employée in situ ou ex situ : système de remédiation, comme système de livraison et de rétention, ou comme combinaison de ces systèmes.
• Applicable pour une vaste gamme de médias: elle peut être employée pour des sols, des boues, des dépôts, et/ou des eaux souterraines.
• Applicable pour une variété de contaminants: elle peut être employée pour des métaux, composés organiques volatils ou semi-volatils, et/ou des radionucléides.
Bien que prometteuse, l’électroremédiation présente quelques inconvénients, les plus récurrents sont les suivants :
• Difficultés liées au changement d’échelle.
• Technique peu éprouvée à l’échelle industrielle.
• Connaissance des maîtrises des règles de dimensionnement sur site.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PARTIE THEORIQUE
CHAPITRE I : LES SOLS ARGILEUX
I.1- Bref aperçu sur les sols
I.2- Origine des argiles
I.3- Familles d’argiles
I.4- Classification minéralogique
I.4.1-Structure des feuillets
I.4.2- Epaisseur des feuillets
I.4.3- Substitution dans les couches, charges électriques
I.5- Quelques propriétés physico-chimiques des argiles
I.5.1- Aptitudes des argiles à l’expansion
I.5.2- Hydrophilie
I.5.3- Echange d’ions
I.5.4- Complexe absorbant et pH
I.5.4.1- Définition
I.5.4.2- Valeurs caractéristiques
I.5.4.3- L’acidité et le pH
I.6- Adsorption sur les argiles
CHAPITRE II : TRANSPORT ELECTROCINETIQUE DANS LES SOLS
II.1- Réactions chimiques et électrochimiques
II.1.1- Réactions chimiques
II.1.2- Réactions électrochimiques
II.2- Phénomènes de transport indépendants du champ électrique
II.2.1- Convection
II.2.2- Diffusion
II.3- Phénomènes de transport induits par le champ électrique
II.3.1- Electrolyse de l’eau et pH aux électrodes
II.3.2- Electromigration
II.3.4- Electrophorèse
II.4- Facteurs influençant le transport électrocinétique
II.4.1- Influence de la composition chimique et minéralogique du sol
II.4.2- Echange d’ions, CEC
II.4.3- Influence du liquide interstitiel
II.4.4- Influence du changement du pH
II.4.5- Adsorption/désorption
II.4.6- Précipitation/dissolution
II.5- Avantages et inconvénients du traitement électrocinétique
CHAPITRE III : BIBLIOGRAPHIE SUR LES NITRATES ET LES PHOSPHATES : POLLUTION ET TRANSPORT ELECTROCINETIQUE DANS LES SOLS
III.1- Pollution par les nitrates et les phosphates
III.1.1- Pollution par les nitrates
III.1.1.1- Les nitrates dans le sol
III.1.1.2- Pollution et lessivage des ions nitrate
III.1.1.3- Limites tolérées en nitrates et toxicité
III.1.2- Pollution par les phosphates
III.1.2.1- Le phosphore dans le sol
III.1.2.2- Transfert du phosphore
III.1.2.3- La pollution par le phosphore et incidences sur l’environnement
III.2- Transport électrocinétique
III.2.1- Transport électrocinétique des nitrates
III.2.2- Transport électrocinétique des phosphates
PARTIE EXPERIMENTALE
CHAPITRE IV : CARACTERISATION DU SOL ETUDIE
IV.1- Echantillonnage
IV.2- Paramètres analysés
IV.3- Résultats d’analyses et discussion
IV.4- Essais d’adsorption et de lixiviation des ions nitrate et phosphate
CHAPITRE V : TRANSPORT ELECTROCINETIQUE DES NITRATES ET DES PHOSPHATES
V.1- Équipement et conditions opératoires
V.1.1 – Équipement
V.1.2 – Conditions opératoires
V.1.2.1- Préparation du sol dans la cellule
V.1.2.2- Compartiments électrolytiques, anodique et cathodique
V.1.2.3- Choix des débits d’alimentation
V.1.2.4- Circuit électrique du dispositif électrocinétique
V.1.2.5- Vérification du transport par convection dans le sol naturel
V.1.2.6- Paramètres suivis
V.2- Transport électrocinétique des nitrates
V.2.1- Evolution du potentiel électrique
V.2.2- Évolution du pH
V.2.3- Mesure du débit électro-osmotique
V.2.4- Transport des nitrates dans le sol
V.3- Transport électrocinétique des phosphates
V.3.1- Évolution du potentiel électrique
V.3.2- Évolution du pH
V.3.3- Mesure du débit électro-osmotique
V.3.4- Transport des ions phosphate dans le sol
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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