STATUT DE LA CARIE DENTAIRE, HYGIENE BUCCALE ET HABITUDES ALIMENTAIRES

Classification diagnostique ICDAS

         Le système de détection des lésions carieuses ICDAS a été proposé pour la première fois lors de la conférence de consensus sur ‘’le diagnostic et la gestion des caries tout au long de la vie ‘’ qui s’est tenu à Bethesda (USA), mais il n’a été amendé que lors de la conférence de Baltimore (USA) en 2005. Le système ICDAS est fondé uniquement sur des critères visuels, mais pour le praticien l’intérêt du système pris isolement est limité car il n’évalue pas les besoins en traitements préventifs et restaurateurs correspondant à chaque code

Nature de processus carieux

        L’initiation du processus carieux au niveau d’une surface dentaire est souvent expliquée par une succession de phénomènes physico-chimiques mettant en jeu une série de phases de dissolution-précipitation dans lesquelles les acides produits par la plaque bactérienne induisent une déminéralisation des tissus calcifiés de la dent à la suite d’une chute du pH du milieu (49). Il se produit alors une dissolution des phosphates de calcium qui constituent la phase minérale des tissus durs de la dent : émail, dentine et cément. Dans un premier temps, les tampons salivaires tels que les bicarbonates vont neutraliser les acides présents et arrêter la fuite des phosphates de calcium. Une précipitation des ions présents dans le milieu ou apportés par des applications topiques (fluor du dentifrice) est possible conduisant à la reminéralisation de la partie dissoute. Lorsque le pH continue de baisser, les phénomènes de déminéralisation s’amplifient aux dépens de ceux de reminéralisation. Il se produit alors :
– une dislocation des cristaux superficiels d’hydroxyapatite,
– un élargissement des espaces intercristallins.
Il en résulte une augmentation de la porosité de l’émail qui facilite la diffusion en profondeur des acides aboutissant à la formation de microchenaux qui s’insinuent progressivement dans l’émail. Dans un premier temps, les remaniements histologiques et les échanges ioniques dus aux variations du pH ne permettent pas encore la détection des lésions carieuses par les moyens classiques de diagnostic (examen visuel, sondage et radiographie). On parle alors de lésion infra-clinique ou sub-clinique. Secondairement, les baisses répétitives du pH font apparaître des chenaux par dissolution des minéraux sous l’émail de surface. La lésion devient alors cliniquement décelable et l’émail accuse un déficit minéral de 10 % par rapport à un émail sain (41). L’altération des surfaces cristallines modifie les indices de réfraction lumineuse de la surface amélaire, la lésion de sub-surface prend l’aspect d’une tâche blanche plus ou moins discontinue encore appelée  » White spot « . Cette dernière est cliniquement détectable. La tâche blanche peut se reminéraliser donnant naissance à la tâche brune ou  » Brown spot « . Cette couleur est due à l’incorporation de pigments lors de la remontée du pH qui favorise la reprécipitation des phosphates de calcium. Par ailleurs, en l’absence de maîtrise des facteurs acidogènes, les porosités de l’émail progressent le long des stries de Retzius formant une cavitation amélaire et la zone de surface fragilisée peut alors s’effondrer à plus ou moins court terme (7, 92, 41).

Rôle de l’alimentation dans la carie dentaire

        Le développement de la carie dentaire est en rapport avec certains constituants de l’alimentation. Ceux-ci sont essentiellement constitués par divers glucides assimilables qui ont des potentialités cariogènes variables du fait de leur teneur en sucres mais aussi selon leur forme de présentation ou le moment où ils sont consommés. (28, 33, 35) Le saccharose considéré comme le plus cariogène des sucres assimilables est présent en grande quantité dans les friandises, les gâteaux, les desserts, les fruits secs, les sodas. On le retrouve en quantité non négligeable dans les céréales du petit déjeuner, les assaisonnements, et en sucre ajouté de certaines denrées industrielles. De nombreuses études montrent que le glucose (fruits secs, miel), le fructose et l’amidon sont également cariogènes (33). Le lactose a le potentiel cariogène le plus bas de ces sucres. Le lait contient du calcium, des phosphates et de la caséine qui protège contre la déminéralisation de l’émail. Mais, compte tenu de leurs teneurs en lactose, le lait de vache (4,8g/100g) et le lait de femme (7g/100g) sont considérés comme potentiellement cariogènes, selon le mode de consommation, en particulier pendant la nuit, avec un biberon, avant l’âge de 3 ans (33). Des études signalent un effet protecteur du fromage (79). Les fruits et légumes frais ont un faible pouvoir cariogène (55). La forme, la consistance et le temps de rétention de l’aliment sur la dent constituent également des facteurs de cariogénicité. Les aliments de nature collante influencent le temps de rétention et augmentent l’exposition de l’émail aux hydrates de carbone. Les aliments à grosses particules sont préférables à ceux constitués de fines particules qui se logent facilement dans les puits et fissures de l’émail.

Les méthodes endoscopiques

         Cette technique fait appel à l’endoscope et une source de lumière blanche qui peut être connectée à l’appareil par un câble de fibre optique. Cependant, c’est une méthode lente, qui nécessite un séchage rigoureux et une isolation des dents (77, 75). Les études initiales sur le bénéfice de l’examen endoscopique soit en lumière blanche soit en fluorescence montrent une légère augmentation de la sensibilité pour la détection des lésions occlusales de l’émail par rapport à l’inspection visuelle (49).

Les habitudes d’hygiène orale

         Si l’alimentation à une grande influence sur l’état des dents, l’hygiène bucco-dentaire elle aussi est un facteur important dans la lutte contre la carie. Lorsque l’hygiène bucco-dentaire est défaillante, la plaque dentaire s’accumule sur l’ensemble des surfaces dentaires. L’émail dentaire est ainsi fragilisé et favorise par conséquent l’apparition de caries. Le brossage des dents joue un double rôle : il permet d’une part d’éliminer la plaque dentaire qui se dépose à la surface des dents, d’autre part de fournir du fluor par l’intermédiaire d’un dentifrice fluoré adapté à l’âge de l’enfant. Le fluor est un élément essentiel pour la prévention de la carie dentaire (3, 4, 64, 80, 85, 97). Ainsi l’OMS (15) et la Fédération Dentaire Internationale (FDI) (32) recommandent le brossage trois fois par jour (au minimum 2 fois après le petit déjeuner et le dîner). Dans notre étude l’association méthode d’hygiène orale et présence de carie montre que la carie dentaire était plus fréquente chez les élèves qui n’utilisent pas la brosse à dent comparés à ceux qui l’utilisent. L’étude menée par Séne dans les écoles coraniques (84) montre un taux de prévalence de la carie de 83% avec 51,9% qui utilisaient juste leur doigt et de l’eau pour l’hygiène bucco-dentaire, 40% des enfants qui utilisaient le bâtonnet frotte dents et 1,3% la brosse à dents. La non utilisation de la brosse à dents pourrait s’expliquer par le poids de la tradition et la religion qui recommande l’utilisation du bâtonnet frotte dents d’une part et d’autre part par le fait que le bâtonnet frotte dents est bon marché comparé à la brosse à dent et est plus accessible pour les enfants talibés. La relation entre une hygiène incorrecte et un plus mauvais état de santé bucco-dentaire a déjà été mise en évidence en France par Charland R et coll. en 2002 (14) et le guide clinique sur la prévention de la carie dentaire édité par SIGN en 2000 (82). L’utilisation de la brosse à dents était le moyen le plus utilisé dans notre étude atteignant un taux de 96%. Ce taux s’approche des 96,7 % trouvés par KANE et col. (50) dans une enquête menée auprès de 150 étudiants en résidence universitaire à Dakar – Sénégal. Malgré ce taux, la prévalence de la carie est encore élevée dans notre étude (41,8%). Ceci pourrait être expliqué par une mauvaise utilisation de la brosse à dents. En effet dans notre étude 30% des élèves se brossaient les dents avant les repas. Ceci s’explique par la méconnaissance de l’utilité du brossage après le repas ou l’ignorance des règles d’hygiène dentaire par les parents. Nous ignorons également la teneur en fluor des pâtes dentifrices utilisées par ces élèves. Quand on sait qu’au Sénégal les pates de dentifrices commercialisés sont sous dosées en fluor comme l’a montré l’étude de Touré et coll (91).

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: GENERALITES
I. Présentation de la région de Dakar
1.1-situation géographique
1.2- Découpage administratif
1.3 -Situation pédagogique
1.4 –Situation médicale
1.4.1 Les infrastructures du ministère de la santé et de la prévention
1.4.2 Les infrastructures de l’armée
1.4.3 Les infrastructures de la municipalité
1.4.4 Les infrastructures du ministère de l’éducation nationale
1.4.5 L’état de santé dentaire de la population
II-La Carie dentaire
2.1- Définition
2.2-Épidémiologie
2.3- Classifications cliniques de la carie dentaire
2.3.1-Classifications historiques
2.3.1.1-Classification de Black
2.3.1.2-Classification par degrés
2.3.1.3-La classification de l’OMS
2.3.2- Classifications cliniques d’auteurs
2.3.2.1 Classification de Pitts
2.3.2.2-la classification d’Axelsson
2.3.2.3-la classification spécifique aux lésions proximales
2.3.2.4-La classification spécifique aux caries radiculaires
2.3.3-Classification modernes
2.3.3.1-Classification diagnostique ICDAS
2.2.3.1 -Classification Si /STA ou de Mount et Hume
2.4-Etiopathogénie de la carie
2.4.1-Nature de processus carieux
2.4.2-Rôle du biofilm dans la carie dentaire
2.4.3-Rôle de l’alimentation dans la carie dentaire
2.4.4-Rôle de l’hôte dans la carie dentaire
2.5-Moyens de diagnostic
2.5.1-Inspection clinique
2.5.2- Sondage
2.5.3- Examen radiographique rétro-coronaire ou Bite-Wing
2.5.4- La radiographie numérique
2.5.5- Les élastiques séparateurs
2.5.6- La Fluorescence laser
2.5.7- Les Colorants révélateurs de caries
2.5.8- La Transillumination
2.5.9- Les méthodes électriques
2.5.10- Les méthodes endoscopiques
2.5.11- L’air abrasion
2.5.11- L’ultrason
2.6 -Aspects cliniques de la carie dentaire
2-6-1. La carie de l’émail
2.6.2-La carie de la dentine
2.6.3-Carie du cément
2.6.3.1-Atteinte du cément
2.6.3.2-Atteinte dentinaire sans destruction de la dentine intercanalaire
2.6.3.3-Atteinte dentinaire avec destruction de la dentine intercanalaire
2.6.3.4-Atteinte pulpaire
2.8- Conséquences et complications
2.9- Approche thérapeutique de la carie : deux lignes directrices
2.9.1-Prévention
2.9.2-Préservation
DEUXIEME PARTIE : ENQUETE EPIDEMIOLOGIQUE
I. Problématique
II. Objectifs de l’étude
III. Matériel et méthode
3.1. Cadre d’étude
3.2. Type d’étude
3.3. Population d’étude
3.4. Echantillonnage
3.5. Critères de sélection
3.5.1. Critères d’inclusion
3.5.2. Critères de non inclusion
3.5.2. Critères d’exclusion
3.6. Variables et indicateurs utilisés
3.6.1. Variables de l’étude
3.6.2. Indicateurs de l’état dentaire
3.6.2.1. Les indicateurs de l’état dentaire: l’indice CAO
3.6.2.2. La prévalence
3.7. Organisation de l’enquête
3.7.1. Procédure administrative
3.7.2. Collecte de données
3.7.2.1. Fiche d’enquête
3.7.2.2. Procédure de collecte
3.7.2.3. Matériel
3.7.2.4. Période de collecte
3.7.2.5. Contraintes
3.8. Analyse statistique
IV Résultats de l’enquête
4.1. Profil sociodémographique
4.1.1. Le sexe
4.1.2. La répartition de l’échantillon selon l’ethnie
4.1.3. Répartition de l’échantillon selon la région d’origine
4.2. L’état dentaire
4.2.1. Prévalence générale de la carie
4.2.2. L’indice C.A.O
4.2.4. Association sexe et carie
4.3. L’alimentation
4.3.1. Répartition de l’échantillon selon le type d’alimentation
4.3.2. Le grignotage
4.3.3. La prise de boisson
4.3.4. Association grignotage et carie
4.3.5. Association prise de boisson et carie
4.3.6. Association type d’alimentation et carie
4.4. Les moyens d’hygiène buccale
4.4.1. Le brossage
4.4.2. La fréquence du brossage
4.4.3. Autres moyens d’hygiène buccale
4.4.4. Association méthodes d’hygiène orale et présence de carie dentaire
4.4.5. Association moments du brossage et présence de carie dentaire
4.4.5. Association fréquence du brossage et présence de carie dentaire
4 .4.6 . Modèle prédictif de la survenue de la carie dentaire : régression logistique
V. discussion
5.1. Limites de l’étude
5.2. L’état dentaire
5.3. L’alimentation
5.4. Les habitudes d’hygiène orale
VI. recommandations
CONCLUSION
BIBILOGRAPHIE
ANNEXES

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