Les infections nosocomiales (IN) constituent un problème majeur de santé publique par leur coût ainsi que par la morbidité et la mortalité qu’elles engendrent. L’activité principale pour la prévention des infections nosocomiales est la surveillance, notamment dans les unités de réanimation et de soins intensifs, services les plus exposés (01). Dans les pays développés, leur surveillance a montré une efficacité dans la réduction du taux des infections. L’étude d’incidence et de prévalence sont les moyens qui restent les plus simples à choisir dans ce cadre de surveillance pour déterminer l’ampleur des infections nosocomiales lorsque les ressources sont réduites.
En raison de la diminution des défenses du patient et de la multiplication des procédures invasives, les infections acquises sont particulièrement fréquentes dans les services de réanimation. En pédiatrie, les facteurs de risque de survenue des IN sont l’âge du patient lui-même, les coomorbidités, la fréquence des actes invasifs. Les nouveaux nés constituent un des groupes les plus vulnérables .
REVUE DE LA LITTERATURE SUR LES INFECTIONS NOSOCOMIALES BACTERIENNES EN NEONATALOGIE
Définition
En se référant à la définition du Center for Disease Control ou CDC: une infection est considérée nosocomiale si elle apparaît au cours ou à la suite d’une hospitalisation et si elle était absente à l’admission à l’hôpital. Lorsque la situation précise à l’admission n’était pas connue, un délai d’au moins 48 heures après l’admission (ou un délai supérieur à la période d’incubation lorsque celle-ci est connue) a été retenu pour distinguer une infection 0.nosocomiale d’une infection communautaire .
La définition d’une infection nosocomiale bactérienne néonatale est difficile à établir devant la fréquence des infections materno-fœtales .
Actuellement la définition de l’infection nosocomiale néonatale a évolué dans les pays en développement où l’application des règles d’hygiène est souvent défectueuse. Ainsi dans ces conditions toute infection néonatale survenue dans un centre d’accouchement est considérée comme infection néonatale nosocomiale .
Le moment de l’infection n’est pas un critère absolu même s’il peut orienter le personnel soignant.
Epidémiologie
Dans le monde
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le décès lié aux IN est estimé à 1 622 400 décès par an, répartis en infections systémiques : 300 000 cas, méningites : 50 400 cas, tétanos : 372 000 cas, infections respiratoires : 750 000 cas et diarrhée : 150 000 cas.
Dans les pays développés
La mortalité liée aux infections néonatales précoces est de 6 à 10 % chez les nouveaux-Pnés à terme et de 26 % chez les prématurés de moins de 1 500g. Concernant les infections nosocomiales, ce taux de mortalité est de 17,1% chez le prématuré. Une étude faite en France dans les services de réanimation néonatale en 2004 a constaté un taux de mortalité de 9,3% des admissions.
En Afrique
Dans le Service de réanimation pédiatrique polyvalente de Tunisie, sur un total de 340 patients comprenant 249 (73 %) nouveau-nés, l’incidence des infections bactériennes nosocomiales était de 6,5 % .
A Madagascar
A Madagascar, le taux de mortalité due à l’infection nosocomiale dans le service de néonatalogie de CENHOSOA est de 27,8% .
Physiopathologie
Les micro-organismes responsables des infections nosocomiales en période néonatale proviennent de la flore endogène ou de la flore exogène du nouveau né. La contamination bactérienne passe par trois stades précédant l’infection : la colonisation, la pullulation et l’invasion.
La colonisation
Normalement axénique (non parasité par aucun microorganisme) in utero, l’enfant est soumis très rapidement après la naissance à une colonisation bactérienne physiologique.
Les germes de colonisation sont d’origine maternelle (flore vaginale), alimentaire (lait) et environnementale par l’intermédiaire de contacts manuels directs avec les soignants et les parents. L’écosystème digestif est constitué de bactéries anaérobies strictes et de la flore lactique. La flore cutanée est essentiellement constituée de corynébactéries et de staphylocoque à coagulase négative. La flore pharyngée est constituée essentiellement de streptocoque alphahémolytique. En milieu hospitalier, staphylocoque à coagulase négative est présent dans le tube digestif au quatrième jour de vie. I1 prédomine aussi sur le revêtement cutané et les muqueuses. Staphylococcus aureus est associé à cette flore dans 10 % des cas. Les microflores endogènes de la peau et des muqueuses jouent un ro1e essentiel dans la défense contre les bactéries pathogènes de l’environnement hospitalier. La fréquence de la colonisation par ces dernières augmente avec la durée d’hospitalisation.
La pullulation
La pullulation microbienne intestinale est très fréquente chez le prématuré, en raison de la stase digestive, de la pauvreté du péristaltisme, du jeûne et de l’alimentation entérale par sonde. L’antibiothérapie orale ou parentérale administrée à l’enfant ou à la mère en fin de grossesse peut modifier l’écosystème en supprimant la flore sensible. L’environnement chaud et humide des incubateurs favorise la multiplication microbienne au niveau de la peau, particulièrement sous les pansements occlusifs. La surface des incubateurs peut être facilement contaminée par des micro-organismes qui vont coloniser ou infecter le nouveau-né. La présence de bactéries inhabituelles dans l’oropharynx du nouveau-né peut être due à une contamination directe par les mains du personnel ou par voie aérienne à partir des systèmes de ventilation, mais surtout par contamination par les bactéries du tube digestif.
La colonisation du tractus digestif constitue le réservoir des germes à Gram négatif responsables d’infection nosocomiale.
L’invasion
Une infection locale ou systémique peut se faire selon plusieurs voies. Les agressions cutanées sont multiples : cathétérisme artériel ou veineux, percutané ou ombilical mais également ponction au talon pour microprélèvement, pansement adhésif, électrodes, érodant la couche cornée particulièrement fine chez le nouveau né.
Les lésions muqueuses du tube digestif favorisent les bactériémies par translocation. Les lésions muqueuses des voies aériennes provoquées par l’intubation et/ou l’inhalation endotrachéale de sécrétions contaminées favorisent les infections pulmonaires.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE SUR LES INFECTIONS NOSOCOMIALES BACTERIENNES EN NEONATALOGIE
I.1- Définition
I.2- Epidémiologie
I.2.1- Dans le monde
I.2.2- Dans les pays développés
I.2.3- En Afrique
I.2.4- A Madagascar
I.3- Physiopathologie
I.3.1- La colonisation
I.3.2- La pullulation
I.3.3- L’invasion
I.4 – Les signes d’une infection bactérienne nosocomiale du nouveau né
I.4.1 – Type de description : la septicémie
I.4.1.1- Arguments cliniques
I.4.1.2- Arguments biologiques
I.4.2- Formes cliniques d’une infection nosocomiale bactérienne selon la localisation anatomique
I.4.2.1- l’entérocolite nécrosante
I.4.2.2- Méningites bactériennes
I.4.2.3- Les pneumopathies
I.4.2.4- Infection de l’appareil urinaire
I.4.2.5- Infections ostéo-articulaires
I.4.2.6- Infections oculaires
I.4.2.7- Infection oto rhino laryngologique
I.5- Diagnostic
I.5.1- Le diagnostic positif
I.5.2- Diagnostic différentiel
I.5.2.1- Infections materno-fœtales bactériennes
I.5.2.2- Autres causes d’infections nosocomiales
I.5.2.2.1- Infections virales
I.5.2.2.2- Infections fongiques
I.5.3- Diagnostic étiologique
I.5.3.1- Facteurs de risques
I.5.3.1.1- Les facteurs de risques liés à l’hôte
I.5.3.1.2- Facteurs liés aux soins
I.5.3.1.2.1Les prothèses et les procédures invasives
I.5.3.1.2.2- Les médicaments
I.5.3.1.3- L’environnement : Locaux et personnel
I.5.3.1.4- Facteurs de risques liés à l’accouchement
I.5.3.2- Les agents pathogènes
I.5.3.2.3- Acinetobacter baumanii multiresistant
I.5.3.2.4- Pseudomonas aeruginosa multi résistant
I.5.3.2.5- Les entérobactéries résistantes aux bétalactamines
I.5.3.2.6- les Staphylocoques à coagulase négative
I.6- Traitement
I.6.1- Le traitement curatif
I.6.1.1- But
I.6.1.2- Les moyens et les indications
I.6.2- Le traitement préventif
I.6.2.1- Formation du personnel soignant
I.6.2.2- La décontamination des réservoirs
I.6.2.3- L’antibioprophylaxie
I.6.2.4 Préventions de l’infection nosocomiale proposée par l’OMS
I.6.2.4 .1- Mise à disposition des moyens
I.6.2.4.2- Education et sensibilisation
I.6.2.4.3- Notification et recensement
I.6.2.4.4- Réorganisation des soins et des pratiques
I.6.2.4.5- Recherche sur les infections nosocomiales
DEUXIEME PARTIE : PATIENTS ET METHODE ET RESULTATS
II.1- Patients et méthode
II.1.1- Type d’étude
II.1.2- Cadre de l’étude
II.1.2.1- Mission du service dans l’hôpital
II.1.2.2- Effectifs du personnel
II.1.2.3- Logistiques
II.1.2.4- Indicateurs d’utilisation du service
II.1.2.4.1- Néonatalogie
II.1.2.4.2- Pour tout le bâtiment
II.1.3- Populations étudiées
II.1.3.1- Enfants hospitalisés inclus
II.1.4- Déroulement de l’étude
II.1.4.1- Infections nosocomiales incluses
II.1.4.2- Étude de l’environnement
II.1.5- Enquête bactériologique
II.1.5.1- Hémoculture
II.1.5.2- Coproculture
II.1.5.3- Prélèvements de l’environnement
II.1.6- Analyse statistique
II.2- Résultats
II.2.1- Caractéristiques des patients inclus
II.2.2- Les espèces bactériennes isolées
II.2.2.1- Résultats hémocultures
II.2.2.2- Résultats coprocultures
II.2.2.3- Résultats de l’antibiogramme
II.2.3- Analyse des facteurs de risques
II.2.3.1- Environnement
II.2.3.2- Analyse des facteurs de risques à la naissance
II.2.3.3- Analyse des facteurs de risque d’acquisition d’infection nosocomiale au cours de l’hospitalisation
II.2.3.4- Analyse des manifestations cliniques faisant suspecter une infection bactérienne néonatale
TROISIEME PARTIE COMMENTAIRES ET DISCUSSION
III.1- Définition de l’infection nosocomiale chez le nouveau-né
III.2- Epidémiologie
III.3- Sites de l’infection nosocomiale et manifestations cliniques
III.4- Les facteurs de risque
III.5.L’évolution
III.6- Espèces bactériennes responsables d’infection nosocomiale
III.6.1- Les staphylocoques
III.6.2- Les streptocoques
III.6.3- Les bacilles gram négatif
III.7- Limites et points forts de notre étude
III.7.1- Les limites de notre étude
III.7.2- Les points forts de notre étude
IV- Suggestions
IV.1-Respect des moyens de préventions de l’infection nosocomiale proposée par l’OMS
IV.1.1- Mise à disposition des moyens
IV.1.2- Education et sensibilisation
IV.1.3- Notification et recensement
IV.1.4- Réorganisation des soins et des pratiques
IV.1.5- Recherche sur les infections nosocomiales
IV.2- Autres mesures spécifiques pour le service de néonatalogie
IV.2.1- L’isolement protecteur en secteur de néonatalogie
IV.2.1.1- Le lavage des mains
IV.2.1.2- Tenue vestimentaire de base
IV.2.2- Visiteurs et familles
IV.2.3- Gestes spécifiques
IV.2.4- Le linge
CONCLUSION
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
