Madagascar, la grande île de l’Océan Indien est reconnue au niveau mondial par la richesse de sa biodiversité. La forte endémicité aussi bien floristique que faunistique, de l’ordre de 90% et 80%, a conduit de nombreuses institutions de conservation à le qualifier de « pays à méga biodiversité » (ANGAP, 1996). Le genre Adansonia, du nom commun « baobab » en fait partie. Des huit espèces présentes dans le monde, sept existent à Madagascar dont six sont endémiques (A. grandidieri, A. rubrostipa, A. za, A. madagascariensis, A. perrieri, A. suarezensis).
Malgré de nombreuses recherches entreprises sur les baobabs à Madagascar, notamment sur leurs vertus médicinales, leurs valeurs touristiques et culturelles (Adesanya, 1988 ; Sidibe, 1998; www.ilerouge.org ; www.futurasciences.com), les données sur l’utilisation alimentaire demeurent insuffisante et n’a pas fait l’objet d’une étude approfondie. Pourtant, les pulpes sont très riches en vitamine C et dotées d’une capacité antioxydante (Diop et al., 2006, www.agoji.com). La valorisation des fruits d’A. grandidieri et d’A. za a été effectuée pour la première fois par Rakotonindrainy (Rakotonindrainy, 2008), dans la région de Menabe.
Les résultats rapportés sur l’utilisation des pulpes restent à étoffer. La présente étude s’insère dans cet axe et a comme objectif général de comprendre l’utilisation des différentes parties de baobabs existants dans trois régions de Madagascar (Menabe, Atsimo Andrefana et Diana) afin de promouvoir leur utilisation alimentaire. Particulièrement, avec l’appui financier et matériel du projet ECOBAO, il nous a été attribué le thème de recherche intitulé « potentialités antioxydantes et nutritionnelles des baobabs malgaches ».
HISTORIQUE
Le baobab est originaire d’Afrique tropicale et fut décrit pour la première fois par un européen en 1592 dans le Livre des plantes d’Egypte. C’est également dans ce même livre que le nom de baobab a été employé pour la première fois sous la graphie « ba hobab » qui est devenue au XVIIe siècle « baobab ». Il semble bien que « ba hobab » provienne du terme arabe « bu hibab » qui signifie « fruit aux nombreuses graines ». (Wickens, 2007) En 1750, Michel Adanson donna la première description détaillée, avec illustration de la plante qu’il découvrit dans les îles du Cap Vert et au Sénégal et en rapporta des échantillons à Paris. « L’arbre aux calebasses » prit alors le nom de « baobab » (mybaobab.fr). C’était Carl Von Linné et Bernard de Jussieu qui ont choisi le nom du genre Adansonia en hommage au Botaniste Michel Adanson (www.refer.mg).
A Madagascar, les premières planches de description de baobab sont publiées en 1605 ; elles présentaient la variété Adansonia rubrostipa. Baillon, en 1890, a décrit dans le Bulletin de la Société Linnéenne de Paris trois espèces d’Adansonia, qu’il avait dénommé Adansonia madagascarensis, Adansonia za et Adansonia fony sans donner de diagnose (Razanameharizaka, 2002). En 1952, Perrier de la Bathie a proposé une nomenclature assez complète se rapprochant aux 8 espèces actuellement mentionnées. Aujourd’hui, le document de référence sur la systématique du genre Adansonia est une révision publiée en 1995 par David Baum.
ORIGINE PHYTOGEOGRAPHIQUE
Les baobabs se concentrent surtout dans les régions à climat tropical. On compte au niveau mondial huit espèces du genre Adansonia, sept sont présentes à Madagascar dont six sont endémiques. Cependant, l’une d’entre elle, A. madagascariensis vient d’être récemment identifiée à Mayotte (Barthelat et Danthu com. pers). L’A. digitata, la septième espèce, est originaire d’Afrique et existe aussi à Madagascar (Aubreville, 1950; Perrier de la Bathie et Hochreutiner, 1955; Baum, 1995a) et la huitième endémique du Nord Ouest d’Australie (A. gregorii Muell).
La répartition des baobabs dans le continent Africain (dont Madagascar) et Australie a attisé la curiosité de nombreux auteurs. Deux hypothèses ont été avancées pour expliquer cette disjonction spécifique :
– Au départ, la tectonique des plaques menant à la séparation du continent de Gondwana, qui unissait l’Afrique, Madagascar, l’Inde et l’Australie a été avancée (Aubreville, 1975). Ainsi, le genre Adansonia est considéré comme une relique de la flore du Gondwana (Smith, 1974; Miège, 1974 ; Armstrong, 1977, 1983 et Bowman, 1997).
– Plus tard, certains auteurs ont suggéré un parcours à longue distance des diaspores d’Adansonia par l’intermédiaire de l’Océan Indien pour expliquer la présence de ces espèces dans ces régions du monde (Wickens, 1983 et Baum, 1995).
Les connaissances concernant les origines phytogéographiques ne sont pas encore définitives.
CONSIDERATIONS SYSTEMATIQUES
La classification des espèces d’Adansonia est basée sur des études systématiques, écologiques, morphologiques, phénologiques et certains aspects génétiques, effectués par Baum (1991, 1995, 1996 et 1998). Le genre Adansonia comprend huit espèces dans le monde qui sont réparties dans trois sections:
➤ la section des BREVITUBAE qui comprend deux espèces endémiques malgaches : Adansonia grandidieri Baillon et Adansonia suarezensis H.Perrier
➤ la section des LONGITUBAE avec cinq espèces dont quatre espèces endémiques malgaches et une espèce endémique d’Australie : Adansonia rubrostipa Jum. & H. Perrier, Adansonia za Baillon., Adansonia madagascariensis Baillon et Adansonia perrieri Capuron, Adansonia gregorii F. Muel. est la seule espèce endémique représentant le genre en Australie.
➤ la section ADANSONIA qui ne comprend qu’une seule espèce commune en Afrique, à Madagascar et aux îles Comores : Adansonia digitata Linné.
Description et principales caractéristiques du genre Adansonia
Le genre Adansonia correspond à des arbres longévifs à cime compacte, de petite à grande taille (5 à 30 m de haut), avec un tronc renflé massif s’effilant du bas vers le haut ou en forme de bouteille (2 à 10 m de diamètre).
L’écorce est lisse ou foliacée, brun rougeâtre à grise, présentant une couche photosynthétique verdâtre juste sur la surface. Elle est très fibreuse dans sa partie interne.
Le bois mou est gorgé d’eau et possède une structure stratifiée.
Les feuilles sont alternes, composées palmées, caduques. Les folioles sont entières ou dentées, penninerves, dont le nombre varie suivant les espèces et permet de les distinguer.
Les fleurs sont hermaphrodites et de type pentamères, axillaires, solitaires, régulières, grandes. Le calice est vert ou marron, soudé, enfermant la fleur dans le bouton.
L’ovaire est supère et pubescent. Le fruit est une baie polysperme, ovoïde, indéhiscente, à épicarpe lignifié, mesure entre 20 et 50 centimètres dans leur plus grand axe. Les graines réniformes sont nombreuses et enfouies dans une pulpe spongieuse blanche généralement sèche. (Baum, 1995), de Schatz (Schatz, 2001), et de Diop et al. (Diop, 2006) .
AIRE DE DISTRIBUTION
Au niveau mondial
Selon divers auteurs le genre Adansonia est originaire de Madagascar (six espèces endémiques), du Nord-ouest australien (Adansonia gibbosa), et des savanes africaines (Adansonia digitata) (Lucas, 1971 ; Miège, 1974 ; Wickens, 1983).
La répartition mondiale actuelle est la suivante :
– A. digitata se trouve en Afrique, à Madagascar en Asie tropicale (Sud et Sudest), aux Iles Comores et a l’Ile Maurice ;
– A. grandidieri, A. suarezensis, A. rubrostipa, A. madagascarensis, A. perrieri et A. za sont seulement a Madagascar ;
– A. gregorii est uniquement en Australie (anciennement dénommée A. gibbosa) .
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I.1.HISTORIQUE
I.2 ORIGINE PHYTOGEOGRAPHIQUE
I.3 CONSIDERATIONS SYSTEMATIQUES
I.3.1 Position systématique
I.3.2 Description et principales caractéristiques du genre Adansonia
I.4 AIRE DE DISTRIBUTION
I.4.1 Au niveau mondial
I.4.2 A Madagascar
I.5 UTILISATIONS ET PERCEPTIONS DES BAOBABS
I.6 CHIMIE DES BAOBABS
I.7 OXYDATION ET ANTIOXYDANTS
I.7.1 Oxydation
I.7.1.1 Définition
I.7.1.2 Les radicaux libres
I.7.1.3 Le stress oxydatif
I.7.2 Les antioxydants
I.7.2.1 Définition
I.7.2.2 Différents types
I.7.2.3 Mode d’action
I.7.2.4 Effets des antioxydants sur la santé
I.8 VITAMINE C
I.8.1 Les formes de vitamine C
I.8.2 Caractéristiques
I.8.3 Propriétés
I.8.4 Rôles et actions de la vitamine C
I.8.5 Causes et conséquences de carences ou d’excès
I.8.6 Les apports journaliers conseillés en vitamine C
I.8.7 Sources alimentaires de vitamine C
PARTIE II : MATERIELS ET METHODES
II.1 ZONE D’ETUDE
II.2 TYPES D’ENQUETE
II.2.1 Discussion ou focus de groupe
II.2.1.1 Objectif
II.2.1.2 Cible
II.2.1.4 Déroulement de l’enquête
II.2.1.5 Outil de collecte d’information : guide de discussion ou GDD
II.2.2 Enquête auprès des ménages
II.2.2.1 Objectif de l’enquête
II.2.2.2 Identification de la cible
II.2.2.3 Déroulement de l’enquête
II.2.2.4 Questionnaire
II.2.2.5 Saisie et traitement des données
II.3 MATERIEL VEGETAL D’ETUDE
II.4 DESCRIPTION DES ECHANTILLONS
II.4.1 Section Brevitubae
II.4.2 Section Longitubae
II.5 PREPARATION DES ECHANTILLONS AVANT LES ANALYSES
II.6 DETERMINATION DE LA PARTIE PULPE DES BAOBABS
II.6.1 Portion en pulpe
II.7 ANALYSES NUTRITIONNELLES
II.7.1 Détermination de la teneur en eau et de la matière sèche
II.7.1.1 Principe
II.7.1.2 Mode opératoire
II.7.1.3 Mode de calcul
II.8 MESURE DE LA CAPACITE ANTIOXYDANTE
II.8.1 Principe
II.8.2 Mode opératoire
II.8.3 Mode de calcul
II.9 DOSAGE DE LA VITAMINE C OU ACIDE ASCORBIQUE
II.9.1 Principe
II.9.2 Mode opératoire
II.9.3 Mode de calcul
PARTIE III : RESULTATS ET DISCUSSION
III.1 DONNEES DU FOCUS GROUPE
III.2 DONNEES D’ENQUETE AUPRES DES MENAGES
III.2.1 Caractéristiques socioprofessionnelles des ménages
III.2.2 Caractéristiques socioéconomiques des ménages
III.2.3 Modalités et fréquences d’utilisation des produits du Baobab
II.2.3.1 Utilisation en alimentation
II.2.3.2 Utilisation comme plante médicinale
II.2.3.3 Utilisation comme produits cosmétiques
III.2.4 Modalités d’approvisionnement et de préparation des produits issus du baobab
III.2.5 Appréciation et perception gustative
III.3 POTENTIALITES ANTIOXYDANTES DES PULPES DE BAOBAB
III.3.1 Portion en pulpe des baobabs
III.3.2 Teneur en eau et en matière sèche des échantillons
III.3.3 Capacité antioxydante des pulpes de baobabs
III.3.4 Teneurs en Vitamine C
III.4 DISCUSSION
III.4.1 Sur l’utilisation des baobabs
III.4.2 Sur les analyses biochimiques
CONCLUSION GENERALE
Références bibliographique
Annexes
