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L’évolution du transistor MOSFET
Principe de fonctionnement des transistors MOSFET
Effets de canaux courts
Le Si et les matériaux III-V présentent des propriétés physiques intrinsèques différentes ce qui rend difficile l’épitaxie de III-V sur Si. Ces matériaux possèdent trois différences majeures :
(1) La différence de coefficient de dilatation thermique : le coefficient de dilatation thermique de l’InGaAs est environ 2,2 fois supérieur à celui du Si. L’épitaxie de l’InGaAs sur Si se faisant à haute température (~600°C), des fissures peuvent apparaitre dans l’InGaAs, dans le cas de couches épaisses (~2-3µm).
(2) La différence de paramètre de maille : l’InGaAs présente une différence de paramètre de maille avec le Si allant de 8 à 10% selon la composition (de 50 à 75% d’In). Pour une hétéroépitaxie à faible différence de paramètre de maille, la croissance est dite pseudomorphique. La couche épitaxiée est contrainte pour adopter le paramètre de maille du substrat as dans le plan de l’interface, comme schématisé sur la Figure 1-12 (a).
Dans le plan perpendiculaire, la couche est contrainte. A mesure que l’épaisseur de la couche croît, la contrainte augmente dans le matériau. A partir d’une épaisseur critique, il devient énergétiquement plus favorable de créer des dislocations pour relaxer une partie des contraintes (Figure 1-12-b). Ces dislocations créent des états dans la bande interdite du III-V, qui augmentent le courant de fuite et réduisent la durée de vie des porteurs du transistor.
Le minimum de densité de dislocations émergentes de GaAs sur substrat Si reportée est de l’ordre de 106cm-2 en utilisant une couche tampon de Ge/GeSi [BOLKHOVITYANOV09]. La densité de dislocation peut atteindre 109-1010cm-2 pour une croissance directe de GaAs sur Si sans couche tampon.
(3) La différence de polarité : le matériau III-V est constitué d’éléments de groupe III (Ga, In, Al) et V (As) il est donc polaire. Le Si est, quant à lui, constitué uniquement d’élément IV, il est apolaire. La croissance d’un matériau polaire sur un matériau apolaire peut conduire à la formation de domaines d’antiphase. Le Si cristallise selon la structure de type diamant, formée par deux sous-réseaux cubiques faces centrées (cfc) décalés d’un vecteur (14 , 14 , 14). Le GaAs et l’InGaAs ont une structure type zinc blende, identique à celle du Si sauf que les deux sous-réseaux sont occupés par des atomes différents. Les structures cristallines sont représentées sur la Figure 1-13. Deux orientations possibles du GaAs sont représentées où une rotation de 90° est simplement effectuée autour de la direction [001]. Dans le cas de l’InGaAs, les atomes d’In remplacent les atomes de Ga dans son sous-réseau. L’épitaxie de l’(In)GaAs commence toujours par la saturation de la surface de Si en atomes d’As. Au niveau d’une marche monoatomique, comme illustré sur la Figure 1-14-a. les atomes d’As passent d’un sous-réseau à un autre. A l’intersection de ces domaines, de mauvaises liaisons As-As et Ga-Ga se créent et forment une paroi d’antiphase. Ce défaut cristallin nait au niveau des marches du substrat et peut émerger jusqu’à la surface du matériau et diminuer la mobilité des porteurs. En effet, les parois d’antiphase agissent comme des centres de recombinaisons non-radiatives pour les porteurs. Deux parois d’antiphase peuvent se rencontrer et s’auto-annihiler. Pour éliminer les parois d’antiphase émergentes, un substrat Si désorienté (4-6°) est souvent utilisé. La désorientation du substrat implique une longueur de marche plus petite que pour un substrat non désorienté.
A haute température, une reconstruction de la surface favorise la formation de marches biatomiques sur lesquelles ne naissent pas de paroi d’antiphase. En effet, sur une marche biatomique, la première couche d’As appartient toujours au même sous-réseau (cf. Figure 1-14-b). Par contre, les substrats standards de la microélectronique ne présentent qu’une légère désorientation (0,1-0,3°).
Afin d’éliminer les parois d’antiphase et de réduire la densité de dislocations, plusieurs stratégies d’intégration sont possibles.
– la croissance directe sur substrat Si: les deux principales méthodes que nous décrirons ici sont la croissance en deux étapes et les cycles de recuit
– la croissance via l’insertion de couches tampons (dites «buffer ») de compositions différentes, Ge et Si1-xGex, étant les plus courantes.
Une autre solution élaborée pour réduire la densité de dislocations émergentes est la technique DFL (Dislocation Filter Layers), soit l’introduction de couches filtrantes. Dans l’étude de I. George et al., l’introduction de filtre GaAs/InxGa1-xAs réduit de 90% la densité de dislocation à la surface [GEORGE15], comme montré sur la Figure 1-18. La densité de dislocations émergentes atteint 108cm-² pour une croissance totale de plus de 4µm.
Une méthode basée sur des cycles de recuit pendant la croissance de GaAs (TCA thermal cycling anneal) a aussi montré son efficacité pour réduire la densité de dislocations à 106cm-3 avec une couche de GaAs de 4µm d’épaisseur [UEN06].
Une méthode pour faire croitre le GaAs directement sur le Si est de déposer en premier une fine couche de GaAs à plus basse température (400-450°C) avant de continuer la croissance à la température standard (~700°C) [AKIYAMA84]. La température joue sur le mode de nucléation du GaAs sur le Si. La nucléation du GaAs se fait toujours sous forme d’îlots sur Si. A basse température, les îlots sont plus nombreux, ce qui diminue la densité de dislocations créées à l’interface [BOLKHOVITYANOV08]. Le mécanisme sera détaillé dans le chapitre 3, partie 6.1.
Dans l’objectif d’intégrer le matériau III-V sur Si à l’échelle industrielle, en plus de la qualité cristalline, d’autres critères rentrent en jeu. Il s’avère notamment nécessaire de réaliser l’épitaxie sur des substrats de Si standards pour la microélectronique, c’est-à-dire d’orientation cristalline (100), sans forte désorientation et de diamètre 200 voire 300mm. Or dans la plupart des études, la croissance est réalisée sur un substrat désorienté (4-6°) afin d’éliminer les parois d’antiphase. Les substrats de Si standards ne présentent pas de désorientation, ou bien une désorientation très faible (<1°). Il est donc nécessaire de s’affranchir de cette désorientation pour adapter l’épitaxie dans un environnement Si.
Au LTM, la croissance par MOCVD de GaAs et d’InGaAs a été optimisée sur substrat Si 300mm standard (100). La couche GaAs réalisée directement sur Si ne présente aucune paroi d’antiphase, pour une épaisseur de 150nm seulement [ALCOTTE16], alors que le substrat montre seulement une légère désorientation de 0,15°. Les détails de la croissance, réalisée en deux étapes, seront donnés dans le chapitre 3. La mobilité des électrons dans le GaAs est de 2000 cm²V-1s-1 pour une concentration d’électrons de 7×1017cm-3. La densité de dislocation de 3×109cm-2 peut encore être réduite afin d’améliorer la mobilité des porteurs. Pour la croissance de la couche d’InGaAs, une couche buffer d’InP est insérée entre le GaAs et l’InGaAs. La croissance sera détaillée dans le chapitre 3, partie 6.1.
La technique de collage a l’avantage de pouvoir réaliser un canal fin sur oxyde comme les substrats Silicon-on-insulator (SOI), utilisés pour la technologie FD-SOI développée au CEA et à STMicroelectronics. Dans cette technologie, un fin canal de Si repose sur un isolant afin d’améliorer le contrôle électrostatique. De la même manière, la structure III-V-OI désigne une couche de III-V sur un oxyde. La configuration canal sur oxyde permet d’utiliser l’oxyde comme deuxième grille sur la face arrière. L’application d’une tension sur la face arrière du transistor permet d’adapter la consommation du circuit en fonction des opérations réalisées. De la même manière que pour le FD-SOI, il a déjà été récemment montré que les caractéristiques d’un transistor InGaAs peuvent être modulées par l’application d’un tension en face arrière [LINJ16].
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Table des matières
Introduction générale
Intérêts et applications des semi-conducteurs III-V sur substrat de silicium
INTRODUCTION DU CHAPITRE 1
1. L’EVOLUTION DU TRANSISTOR MOSFET
Principe de fonctionnement des transistors MOSFET
1.1.1. Effets de canaux courts
1.1.2. Vers une architecture non planaire
1.1.3. Intégration de « boosters » de mobilité
2. PLACE DES MATERIAUX III-V DANS L’INDUSTRIE DES SEMI-CONDUCTEURS
Propriétés remarquables des III-V et leurs applications
2.1.1. Energie de bande interdite
2.1.2. Mobilité des porteurs et réponse en fréquence
Pourquoi le III-V sur Si peut faire la différence ?
Défauts cristallins induits dans le III-V par une épitaxie sur Silicium
3. SOLUTIONS D’INTEGRATION D’UNE COUCHE III-V SUR UN SUBSTRAT DE SILICIUM
Epitaxie en couche complète
3.1.1. Hétéroépitaxie via des couches tampons
3.1.2. Croissance directe de III-V sur Si
3.1.3. Collage
Epitaxie localisée
3.2.1. Aspect ratio trapping (ART)
3.2.2. Confined lateral selective epitaxial growth (CLSEG)
Comparaison des techniques d’intégration de III-V sur Si
Performances des MOSFET III-V actuels
3.4.1. Performances sur substrat III-V
3.4.2. Performances des transistors III-V sur substrat Si
Verrous technologiques à surmonter
3.5.1. Interface III-V/diélectrique de grille
3.5.2. Résistance de contacts
4. OBJECTIFS DE CETTE THESE
CONCLUSION DU CHAPITRE 1
Fabrication du transistor III-V sur substrat de silicium
INTRODUCTION DU CHAPITRE 2
1. GESTION DE LA CONTAMINATION III-V SUR UNE PLATEFORME SI
Tenue en température
Traitement en solution chimique par immersion
1.2.1. Cas des solutions peu gravantes
1.2.2. Cas des solutions fortement gravantes
1.2.3. Décontamination de la face arrière
2. PRESENTATION DE LA FILIERE TRANSISTOR INGAAS-OI SUR LA PLATEFORME SI-CMOS
2.1.1. Problème d’adhérence du SiN sur l’InGaAs
2.1.2. Evolution du collage
2.1.3. Vers un collage 300mm/300mm
Elaboration de la zone active et de la grille
2.2.1. Stratégie d’intégration
2.2.2. Choix de la chimie de gravure de l’InGaAs
Réalisation des zones source-drain
2.3.1. Nettoyage de l’InGaAs avant dépôt
2.3.2. Formation de l’intermétallique
2.3.3. Intégration de l’alliage
3. FILIERE ALTERNATIVE PSEUDO-OI INGAAS-INALAS
Epitaxie d’InGaAs sur substrat Si 200mm
Définition de la zone active et dépôt de la grille
3.2.1. Définition de la zone active
3.2.2. Définition de la grille
Réalisation des zones source-drain
CONCLUSION DU CHAPITRE 2
Etude de l’interface III-V/diélectrique de grille
INTRODUCTION DU CHAPITRE 3
1. PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT DES CAPACITES
Régimes de fonctionnement d’une capacité
Principe de la mesure C(V)
Paramètres caractéristiques de la capacité
1.3.1. Capacité de l’oxyde
1.3.2. Tension de bandes plates
1.3.3. Densité d’états d’interface
2. REALISATION DES CAPACITES SUR ECHANTILLON ET CARACTERISATION
Elaboration des capacités sur échantillon
Caractérisation XPS de l’interface III-V/diélectrique
2.2.1. Principe de l’XPS
2.2.2. Analyse angulaire par XPS
3. IMPACT DU TRAITEMENT DE SURFACE SUR LES CAPACITES INGAAS/AL2O3
Effet du dépôt ALD et du traitement chimique sur les oxydes de III-V
Effet des traitements de surface sur les caractéristiques C(V)
Analyses DLTS
3.3.1. Principe de la mesure DLTS
3.3.2. Mesures préliminaires
3.3.3. Résultats DLTS
4. EVOLUTION DU DIELECTRIQUE AL2O3 VERS UN BICOUCHE
Choix du diélectrique
Dépôt d’un bicouche Al2O3/HfO2
5. NITRURATION DE L’INTERFACE INGAAS/AL2O3
Première évaluation de l’implantation d’azote sur Si/Al2O3
Implantation d’azote par plasma N2 sur InGaAs
Implantation d’azote par plasma NH3 sur InGaAs
6. ETUDE DE CAPACITES III-V SUR SUBSTRAT SI 300MM
Etapes de croissance du GaAs sur Si
Epitaxie d’InGaAs sur Si
Elaboration des capacités sur substrat Si 300mm
Comparaison des capacités sur InGaAs et GaAs
Comparaison des capacités InGaAs/Si élaborées en 300mm et sur échantillon
6.5.1. Conséquence de la remise à l’air après désoxydation
6.5.2. Comparaison des diélectriques
6.5.3. Uniformité des capacités sur substrat 300mm
CONCLUSION DU CHAPITRE 3
Conclusion générale & perspectives
RÉFÉRENCES
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