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Défauts d’empilement
Empilement atomique dans les structures cfc, hcp et cc
Les structures cfc et hcp sont étroitement liées. Elles sont toutes les deux formées de plans atomiques compacts. En fait, il existe deux manières d’empiler les atomes de forme sphérique en un arrangement régulier et de volume interstitiel minimal. L’une conduit à la structure cubique compacte (cfc) et l’autre à une symétrie hexagonale compacte (hcp). Le taux de compacité de la maille est égal à 0.74 pour chacune de ces deux structures. Aucune structure, régulière ou non, ne peut être plus dense.
Les sphères peuvent être disposées en couches compactes en plaçant chacune d’elles au contact de six autres (Fig. 1.1a). Cette couche A peut être aussi bien le plan basal (0001) de la structure hcp que le plan (111) de la structure cfc. Une seconde couche B, identique à la précédente, est empilée sur la première de telle manière que chaque sphère de la couche B soit au contact de trois sphères de la couche inférieure (Fig. 1.1b). Une troisième couche peut être ajoutée de deux façons : dans la structure cfc, les sphères de la troisième couche sont à l’aplomb des trous de la première couche non occupés par les sphères de la deuxième couche (Fig. 1.1c) ; dans la structure hcp, les sphères de la troisième couche sont à l’aplomb direct des sphères de la première couche. De cette façon, les structures cfc et hcp adoptent des séquences d’empilement ABCABCAB… et ABABAB… respectivement.
En revanche, les structures cc possèdent une géométrie plus compliquée parce qu’elles ne présentent pas un empilement atomique compact comme dans le cas des structures cfc et hcp. Les plans (110) sont empilés selon la séquence ABABAB…, de manière similaire à celle de la structure hcp, mais pour les plans (112) l’empilement atomique est ABCDEFAB…
Dans plusieurs matériaux, il existe des empilements irréguliers des couches atomiques appelées fautes d’empilement. Ces dernières peuvent se produire par application d’une contrainte de déformation et, dans certains métaux, par transformations martensitiques (Christian 2002). Ces défauts forment une importante classe de défauts plans de basse énergie dans les structures réelles. Ils sont différents des joints de grains qui sont des défauts plans séparant deux cristaux d’orientation différente.
Il existe deux types de défauts d’empilement : (i) les défauts de déformation et (ii) les défauts de macle.
Défauts de déformation
On distingue les défauts intrinsèques et extrinsèques. Un défaut intrinsèque se produit lorsqu’un plan atomique manque à la séquence d’empilement. Dans la structure hcp de séquence d’empilement ABABAB, par exemple, la séquence d’empilement devient, en présence d’un défaut de déformation intrinsèque, ABAB↑BABA… où ↑ est le plan manquant à la séquence d’empilement. Un défaut extrinsèque se produit lorsque un plan atomique additionnel s’insert dans la séquence d’empilement, qui devient alors ABAB C BABA… (Fig. 1.2). La figure 1.3 montre une image réelle prise au microscope électronique en transmission (MET), en champ clair, de défauts d’empilement dans un échantillon d’InP.
Défauts de macle
Les défauts de macle, appelés aussi défauts de croissance, se produisent lorsque la séquence se renverse dans un plan miroir. Pour la structure cfc d’empilement atomique ABCABC…, la séquence d’empilement devient, en présence d’un défaut de macle, ABCA B ACBA… où B est le plan miroir ou plan de maclage et ACB la séquence inverse de BCA, c’est la macle (Fig. 1.4). Le plan de maclage correspond à un plan de symétrie et les grains possèdent une symétrie de part et d’autre de ce plan. Le tableau 1.1 résume les plans et les directions de maclage des structures cfc, hcp et cc. La figure 1.5 montre une image réelle prise au MET de défauts de macles d’un alliage nanocristallin (He et al. 2003).
L’activité des dislocations est intimement liée à la nucléation et croissance des défauts de macles (Kapoor et al. 2005). Ces défauts peuvent avoir deux effets sur l’évolution des déformations plastiques : (i) ils subdivisent les grains et augmentent ainsi les obstacles de déplacement des dislocations et, par conséquent, la vitesse de durcissement du matériau ; (ii) ils contribuent aux déformations plastiques par effet de cisaillement.
Energie des défauts d’empilement
L’énergie des défauts d’empilement SFE2 est l’énergie par unité de surface nécessaire pour produire des fautes d’empilement dans la région entre deux dislocations partielles. Elle dépend, d’une part, des propriétés mécaniques du matériau tel que le module de cisaillement et, d’autre part, des caractéristiques structurales tels que, entre autres, les paramètres de maille. La largeur de la bande où siègent les défauts d’empilement est inversement proportionnelle à SFE. Lorsque SFE est faible, les fautes d’empilement se produisent fréquemment et leur aire est étendue. Dans le cas où la valeur de SFE est élevée, la formation de fautes d’empilement est difficile et les dislocations parfaites ne se dissocient pas facilement. Ainsi, le cobalt massif subit une transformation allotropique avec une valeur de SFE considérée faible (≈ 25 mJ/m2). Cependant, pour certains métaux de structure hcp tels que Zn, Cd, Mg, Ti, Be, etc., SFE est élevée (≈ 250-300 mJ/m2). Ces métaux se déforment seulement par glissement des dislocations (Smallman and Bishop 1999).
L’énergie des défauts d’empilement a une grande importance sur le comportement mécanique des métaux et alliages. Beaucoup de recherches, tant expérimentales que théoriques, ont été consacrées à la mesure de ce paramètre et à l’étude de l’effet des éléments d’alliages et de la température sur ce paramètre. Il a été montré que, dans le cas du cobalt massif, l’énergie des défauts d’empilement de la phase hcp diminue avec la température tandis que celle de la phase cfc augmente (Fig. 1.8), donnant lieu ainsi à la transition de phase hcp → cfc. A la température d’équilibre, SFE = 15 mJ/m2 pour les deux phases hcp et cfc. L’influence de la température sur SFE est corrélée à la stabilité de la phase cfc par rapport à la phase hcp.
Par ailleurs, la haute réactivité des surfaces fraîches créées lors du broyage rend la poudre très sensible à la contamination par l’oxygène et l’azote. La présence de ces gaz, combinée à l’élévation de la température peut entraîner des réactions d’oxydation ou de nitruration. Dans le but de réduire ces effets, les broyages sont généralement effectués sous une atmosphère d’argon ou sous vide secondaire. Toutefois, certains broyages sont réalisés sous atmosphère gazeuse (O2, N2, H2, etc…) afin de faire réagir le matériau avec celle-ci pour former des oxydes, des nitrures ou des hydrures.
Le mécanisme invoqué pour l’amorphisation par broyage haute énergie est l’accumulation d’énergie dans le matériau qui déstabilise le cristal par rapport à l’amorphe. Cette énergie est stockée essentiellement dans les joints de cristallites et au cœur des cristallites sous forme de désordre chimique (Koch 1991).
Des transformations désordre-ordre ont aussi été obtenues par broyage mécanique. Tel est le cas des alliages Co-Al et Co-Al-Fe (Djebbari et al. 2010, Di et al. 1992), Fe-Al (Wang et al. 1990, Morris et al. 1991)…
Le cobalt est un métal de transition qui se cristallise en deux structures : (i) hcp de paramètres cristallins a = 0.2507 nm et c = 0.407 nm et stable en dessous de 450°C ; (ii) cfc de paramètre cristallin a = 0.354 nm et stable à haute température jusqu’à la température de fusion.
Les alliages à base de cobalt présentent de bonnes propriétés à haute température comme la résistance au fluage, la haute contrainte à la rupture et la bonne résistance aux chocs thermiques. Ces propriétés sont attribuables à la transformation martensitique de la structure hcp vers la structure cfc à haute température. Ainsi, les superalliages à base de cobalt font partie des alliages utilisés pour la fabrication de turbines fonctionnant aux hautes températures. Le cobalt est aussi un élément important dans les superalliages de nickel et les alliages d’aciers.
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Table des matières
Introduction générale
Chapitre 1 Généralités
1.1 Les nanomatériaux
1.1.1 Défauts d’empilement
1.1.1.1 Empilement atomique dans les structures cfc, hcp et cc
1.1.1.2 Défauts de déformation
1.1.1.3 Défauts de macle
1.1.1.4 Mécanismes de formation de défauts d’empilement
1.1.1.5 Energie des défauts d’empilement
1.1.1.6 Caractérisation des défauts d’empilement
1.1.2 Propriétés des nanomatériaux
1.1.3 Stabilité thermique des nanomatériaux
1.2 Broyage mécanique haute énergie
1.2.1 Définition
1.2.2 Formation de nanomatériaux par broyage mécanique
1.2.3 Processus de diffusion lors du broyage mécanique
1.2.4 Paramètres de contrôle du broyage
1.2.4.1 Nature des poudres
1.2.4.2 Type de broyeur
1.2.4.3 Cinétique de broyage
1.2.4.4 Contamination de la poudre
1.2.5 Application du broyage mécanique haute énergie
1.2.5.1 Mise en solution solide
1.2.5.2 Amorphisation par broyage mécanique .
1.2.5.3 Mise en désordre des intermétalliques
1.2.5.4 Transformations allotropiques
1.2.5.5 Dépôt par broyage mécanique
1.3 Système Cr-Co
1.3.1 Les éléments purs
1.3.2 Diagramme d’équilibre du système Cr-Co
Chapitre 2 Procédure expérimentale
2.1 Elaboration des échantillons
2.2 Techniques de caractérisation
2.2.1 Microscopie électronique à balayage
2.2.2 Diffraction de rayons X
2.2.3 Analyse calorimétrique différentielle à balayage
2.3 Méthodologie d’analyse des spectres de diffraction de rayons X
2.3.1 Profil instrumental
2.3.2 Profil de l’échantillon
Chapitre 3 Etude morphologique et structurale
3.1 Etude morphologique
3.2 Etude par diffraction de rayons X
3.2.1 Poudres de chrome et de cobalt purs
3.2.2 Mélange Cr90Co10
3.2.3 Mélanges Cr80Co20 et Cr20Co80
3.2.4 Mélange équatomique Cr50Co50
3.3 Conclusion
Chapitre 4 Etude microstructurale
4.1 Paramètre cristallin
4.2 Taille des cristallites et taux de microdéformations
4.3 Densité de dislocations
4.4 Défauts d’empilement
4.5 Conclusion
Chapitre 5 Etude cinétique et stabilité thermique
5.1 Cinétique de formation des alliages Cr80Co20 et Cr20Co80
5.2 Stabilité thermique
5.2.1 Stabilité thermique des poudres de Cr et de Co purs
5.2.2 Stabilité thermique des mélanges Cr100-xCox (x= 10, 20, 50, 80)
5.3 Conclusion
Conclusion générale
Références
Annexe
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