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o composé : reine-des-prés
Des termes de base accompagnés d’un ou plusieurs déterminants : chêne + vert ou carotte rouge + longue + de Croissy.
Il n’y a pas nécessairement de correspondance entre la nomenclature scientifique et populaire. Ainsi, plusieurs cas existent. Pour plusieurs espèces phylogénétiques proches, différents termes de base ou un même nom de base avec des déterminants différents peuvent être employés. Par exemple, dans nos données, plusieurs espèces de Laminaires, des grandes algues brunes, ont comme même nom de base « tali » : Laminaria hyperborea est nommée « tali penn » et Laminaria digitata « tali du ». Dans ce dernier cas, il y a un rapprochement avec la nomenclature naturaliste : genre + espèce. Mais, un même terme de base seul comme « tali » peut regrouper un ensemble botanique très divers, par exemple « tali piko » désigne une petite algue rouge Chondrus crispus, bien différente des Laminaires. Enfin, il existe des cas particuliers, par exemple les plantes du genre Viola sont désignées sous le nom de violettes, mais Viola tricolor est appelée la « pensée sauvage ». L’attribution d’un même terme de base peut se fonder sur un rapprochement ou des distinctions concernant des caractéristiques morphologiques, biologiques, écologiques ou comportementales ou culturelles.
Nous allons retracer l’histoire de cet objet naturel, au travers de la littérature scientifique sur la biologie et l’écologie des algues et nous appuyer sur des entretiens réalisés avec des phycologues. Ces données seront mises en regard, discutées, croisées, dans les chapitres suivants avec les propos des collecteurs d’algues. Nous souhaitons montrer que la représentation des scientifiques sur cet objet naturel a évolué parallèlement à l’accroissement des connaissances et de l’intérêt qui lui a été porté : d’un objet naturel ignoré à une ressource à exploiter puis à une biodiversité à conserver, à gérer
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Table des matières
Introduction
Chapitre. 1 De la théorie au terrain : l’ethnoécologie pour appréhender une activité de collecte en milieu marin
1. Regard historique et théorique sur l’ethnoécologie
1.1. Genèse et évolution des « ethno-X »
1.2. Aux marges de l’anthropologie de la nature
1.3. L’ethnoécologie et les savoirs locaux pour un renouvellement
2. L’ethnoécologie comme cadre d’analyse de la récolte des algues en Bretagne aujourd’hui19
2.1. Posture de recherche
2.2. Les travaux de Claudine Friedberg pour appréhender les classifications vernaculaires
3. Méthodologie générale
3.1. Vivre sur place et observer
3.2. Entretien et enquête ethnobiologique au cœur du corpus
Chapitre. 2 De l’objet naturel à la ressource algale : construction scientifique de la catégorie algue
1. Objet naturel, objet des naturalistes
1.1. Histoire de la construction d’une catégorie scientifique
1.2. Quelle définition pour les algues ?
1.3. Diversité et facteurs écologiques
2. De l’algue à la forêt sous-marine : biologie et écologie des algues de Bretagne
2.1. Les Fucales : des premières ceintures au plus profond
2.2. Les algues vertes : peu de diversité mais en grande quantité
2.3. Les algues rouges : entre diversité et rareté
2.4. La grande forêt sous-marine des Laminaires
2.5. Espèces introduites
3. L’algue une ressource à valoriser et à conserver
3.1. Quand la nature devient une ressource
3.2. Des ressources à la gestion
3.3. Connaître, gérer, piloter les algues en Bretagne
Conclusion du chapitre 2
Chapitre. 3 L’histoire de la récolte des algues en Bretagne
1. Relier le passé et le présent par les dénominations et les catégorisations
2. Et tout commença par le goémon
2.1. Goémon, varech et sart
2.2. Le « bezhin » : l’autre nom breton de la littérature et ses déclinaisons
3. De la mer vers la terre : usages agricoles et domestiques du goémon
3.1. Le « goémon épave » et le « goémon noir »…
3.2. … indispensables à l’activité agricole
3.3. Goémons divers et autres usages domestiques
4. Le « tali » et le « liken » : récolte intensive et usages industriels
4.1. Le « tali » pour appréhender l’usage industriel du goémon
4.2. Prémisse d’un renouvellement : production de gélifiants à partir du « liken »
Conclusion du chapitre 3
Chapitre. 4 Sortir du passé pour dessiner le contemporain
1. Du paysan-goémonier…
1.1. Un mode de vie à la croisée des mondes terrestre et maritime
1.2. De paysan à exploitant agricole : transformation du mode vie terrestre
2. … aux professionnels des algues
2.1. Évolution de la récolte embarquée en deux étapes
2.2. La récolte des algues de rive, longtemps dans l’ombre des bateaux
3. Renouvellement du tissu social et rupture avec le passé
4. Une pratique qui s’organise : cadre légal et administratif
4.1. Construction de la profession et de ses institutions
4.2. Deux filières différentes
Conclusion du chapitre 4
Chapitre. 5 Collecteurs d’algues, des identités ?
1. Le « statut administratif », un mode de catégorisation
2. Construction de profils au sein des collecteurs d’algues
3. Goémonier embarqué, marin-pêcheur d’algues
3.1. Cercle d’interrelation
3.2. Apprendre et transmettre
3.3. Outils et activités du goémonier
4. Récoltant-occasionnel, l’algue comme revenu complémentaire
5. Récoltant-héritier, continuité et passion familiale
6. Récoltant-entrepreneur, une opportunité économique
7. Récoltant-alternatif, faire de la récolte un acte engagé
8. Des profils à compléter qui évoluent avec le temps
Conclusion du chapitre 5
Chapitre. 6 Pratiques manuelles ou mécanisées : la part de la main dans les perceptions sensorielles et dans les savoirs écologiques
1. Typologie des collecteurs, typologie des touchers
2. La main artisanale du récoltant : pluralités des modalités tactiles et savoirs écologiques
2.1. Chez le récoltant à pied, la vue et le toucher, assises du modèle sensoriel et du lexique
2.2. Connaître l’algue, son milieu et sa qualité : des perceptions sensorielles aux savoirs écologiques
3. La main mécanisée du goémonier : incorporation de l’outil et distanciation à l’algue
3.1. De la main commandant l’outil à la prothèse sensorielle
3.2. Le chant du moteur et la vue superlative pour une conjugaison sensorielle
Conclusion du chapitre 6
Chapitre. 7 Ordonner la diversité algale : savoirs et rapports au monde des collecteurs
1. Comment les collecteurs nomment et classent les algues ?
1.1. Résultats du travail d’enquête
1.2. Quatre registres de noms et une multitude de catégories
1.3. Base commune et évolutions temporelles
2. Différencier, repérer et reconnaître : les noms et les catégories reflet d’un savoir indispensable et précis
2.1. Plante et algue, des différences biologiques entre des niveaux de base
2.2. Où sont les algues ? En épave et sur l’estran
2.3. Jeu de formes et de couleurs pour reconnaître et nommer les algues
2.4. Empreinte du scientifique et savoirs naturalistes
3. Une classification à l’image des filières et des enjeux
3.1. Diversité des algues, diversité des usages et diversité des enjeux
3.2. Des nouveaux noms pour consommer des algues
3.3. L’influence des industriels sur les pratiques et les représentations
Conclusion du chapitre 7
Chapitre. 8 Nommer l’espace, comprendre les pratiques et les enjeux de gestion
1. Le coin, le potager et le jardin : hétérogénéité des rapports à la grève par les récoltants d’algues de rive
1.1. Des éléments structurels et fonctionnels du milieu côtier partagés
1.2. De la cueillette à l’horticulture intensive
1.3. Modes d’appropriations et tensions
2. Le caillou, le champ et la forêt : représentations et appropriations des espaces par les goémoniers embarqués
2.1. Deux journées en mer
2.2. Là où poussent les algues
2.3. Du caillou au champ
2.4. Travailler chaque lieu
2.5. Du « champ » exploité…
2.6. … à la « forêt », espace naturel récolté
Conclusion du chapitre 8
Chapitre. 9 La durabilité : aléa, jeux d’acteurs et cogestion
1. Un hiver 2013-2014 sans précédent
2. Les formes d’engagements des collecteurs à l’épreuve
2.1. Calme relatif sur l’estran
2.2. Panique à bord des goémoniers
3. L’émergence de savoirs hybrides ?
3.1. L’influence des industriels dans les engagements
3.2. Prévoir le futur : hybridation des savoirs locaux et des savoirs scientifiques
3.3. Des engagements composites et hybrides
4. L’intégration des savoirs : premier pas vers une cogestion
5. Jeux d’acteurs et mise en place de la cogestion
5.1. En 2014, les industriels mènent la barque
5.2. Une écologisation ou une adaptation des engagements ?
Conclusion du chapitre 9
Épilogue
Hyperborea : comprendre un conflit et faire émerger des enjeux
Un nouveau statut administratif pour une identité commune
Transmettre et apprendre le métier
Cultiver la mer
Conclusion générale
Bibliographie
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