Les effets du co-developpement sur les facteurs repulsifs en milieux de peche

L’instabilité du secteur de la pêche notamment artisanale de même que la crise du secteur agricole résultant entre autres, des périodes consécutives de sécheresse, ont fortement bouleversé les systèmes de production aussi bien en zones littorales qu’en zones continentales à tel point que les populations des zones touchées optent pour la migration interne et/ou internationale.

La migration des lébous entreprise tardivement dans les années 1980 comparée à celle des halpular et soninkés, est essentiellement liée à la crise économique due au recul des activités traditionnelles de pêche et de maraîchage qui touchent le milieu engendrant des déséquilibres au sein des familles de pêcheurs. La persistance de ces déséquilibres a abouti à un départ massif de jeunes vers l’eldorado laissant le secteur de la pêche orphelin de ses hommes. Ce qui affecta encore plus les systèmes de production notamment halieutique. En effet, la volonté politique de l’Etat octroyant des licences de pêche à des firmes étrangères qui ont pillé énormément les ressources halieutiques, constitue l’un des facteurs qui a provoqué le déséquilibre des systèmes de production dans les milieux spécialisés de pêche au point que l’émigration vers l’Europe est devenue pour ces populations côtières une alternative à la sortie de crise. Egalement aux traditionnels pêcheurs qui habitent ces milieux de pêche se sont joints à cette activité, d’autres migrants venus de l’intérieur du pays et de la sous région et qui se sont transformés en pêcheurs ou mareyeurs, ce qui a comme conséquence une concurrence fatale avec ces pêcheurs autochtones.

Face à cette situation, les pays européens, les Etats africains notamment les pays de transit et de débarquement, les institutions internationales et les ONG entre autres se sont ligués dans le cadre du co-développement pour une gestion restrictive des flux migratoires. Comme toute étude géographique s’insère dans un espace géographique, nous avons choisi de porter notre réflexion sur la zone de Thiaroye sur mer. Plusieurs études ont été menées sur Thiaroye sur mer mais les effets du co développement sur le développement local de Thiaroye sur mer n’avait toujours pas fait l’objet de recherche. D’où l’intérêt pour nous de se pencher sur cette question afin de mesurer leurs incidences sur le développement local de Thiaroye sur mer.

CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL 

CADRE THEORIQUE

Les phénomènes migratoires de par leur ampleur, ont suscité la réflexion de plusieurs auteurs qui ont cherché à développer des théories différentes. Toutefois, l’étude de quelques unes, nous paraît nécessaire pour avoir une connaissance plus poussée de ces déplacements de population afin de mieux cerner notre étude. La relation ressources/population constitue un indicateur pour expliquer l’émigration irrégulière des populations des zones de pêche vers l’Europe. La présence infinie de ressources dans un espace donné, exerce une certaine attractivité sur les zones déshéritées. Le déséquilibre du système de production réduit une portion de la population à la pauvreté et au chômage. Ce qui engendre des déplacements en direction de l’Europe considéré comme un eldorado.

La « théorie micro-économique des migrations » développée par les néoclassiques Harris et Todaro, 1970 . Selon leur approche, les disparités de salaire, générées par des différences dans le rapport entre main d’œuvre et capital, poussent la main d’œuvre (peu qualifiée) à se déplacer des pays à bas salaire vers des pays à salaires élevés, et le capital dans la direction inverse. Ce qui veut dire que la décision de migrer peut être analysée comme le résultat d’un calcul coût-avantage en termes d’écarts de revenu observés et anticipés entre les pays, d’écarts de taux de chômage, de degré de générosité des systèmes d’indemnisation et d’un ensemble de coûts liés à la migration (coûts d’information, de transport et d’installation, coûts psychologiques liés au départ de la terre natale). Ainsi, chez les néoclassiques, les motivations de la mobilité résident uniquement dans l’écart des prix des facteurs : travail (salaire) et capital (taux de profit et d’intérêt). Cependant, il faut noter que cette théorie micro-économique présente des limites. Elle sous-estime les facteurs non économiques et traitent les migrants et les sociétés comme homogènes.

Dans la « nouvelle économie des migrations », les migrations résultent de décisions collectives prises dans des situations d’incertitude et d’imperfections des marchés. Ainsi, dans les milieux spécialisés de pêche, la surexploitation et la rareté des ressources peuvent entraîner une baisse des revenus. Afin de minimiser les risques, une famille peut décider de faire migrer un membre de la famille ; les revenus de ce dernier pouvant être une sorte d’assurance. Ce ne sont donc pas seulement les écarts de revenus qui sont déterminants mais aussi les préoccupations d’assurance contre l’incertitude. La politique de pêche initiée par l’Etat qui consiste à se désengager de la subvention des matériels de pêche, a fragilisé bon de pêcheurs qui n’arrivent pas à avoir les moyens financiers pour s’équiper et augmenter leurs sources de revenus. De ce fait, la migration demeure donc une stratégie collective déployée par les familles face à l’incertitude des productions halieutiques.  L’analyse keynésienne quant à elle, considère le chômage comme facteur déterminant de la migration internationale. Chez les keynésiens, le chômage et l’écart des revenus constituent des facteurs explicatifs de la migration internationale de la main-d’œuvre. La recherche d’un travail rémunérateur par les chômeurs ne se limite pas à leur espace national, la main-d’œuvre dépourvue de travail est prête à émigrer si elle espère obtenir un emploi à l’étranger. La faiblesse des revenus constitue aussi un puissant facteur d’émigration. Cette analyse suppose de manière tacite que les mouvements de main-d’œuvre s’effectuent dans un sens unique, des pays dits pauvres vers les pays dits riches. Alors que, tel n’est pas le cas.

L’analyse de toutes ces théories permet de mieux expliquer l’émigration irrégulière des jeunes issus des milieux spécialisés de pêche. En effet, l’agriculture et la pêche demeuraient les activités principales de presque toutes les familles du village traditionnel de Thiaroye sur mer. Et les années répétées de sécheresse au Sénégal causant la dégradation des terres arables, ont conduit les familles à se limiter à la pêche. Hors, cette activité de pêche qui constituait la principale source de revenu des familles du village, connaît des difficultés (surexploitation des ressources, la raréfaction des poissons, etc.). Il ressort de cette situation, une baisse des revenus et un appauvrissement continu des familles de pêcheurs. Cette situation fragilise le système de production et incite les jeunes à migrer en direction de l’Espagne où la différence de monnaie est importante par rapport au Sénégal et où l’activité de cueillette des fruits permet de récolter plus de 50.000 F CFA par jour, ce qui n’est pas le cas du Sénégal. Ainsi, l’Europe notamment l’Espagne exerce une certaine attraction sur les populations désœuvrées n’ayant plus espoir de trouver du travail et de satisfaire convenablement leurs besoins.

Les eaux marines de Thiaroye sur mer, une situation défavorable

Les eaux côtières de Thiaroye sur mer sont très polluées jusqu’à favoriser la diminution voire la disparition de certaines espèces de poissons. D’après un agent du CRODT, ces réductions sévères sont liées à la dégradation des écosystèmes par l’effet de la pollution marine d’une part et d’autre part par des pratiques humaines (la surexploitation des ressources, la pêche destructive etc). Toujours, selon l’agent, la réduction des débarquements observée à Thiaroye est due à la présence dans l’eau des produits chimiques qui favorisent la dégradation des ressources halieutiques en même temps que le développement de maladies infectieuses. Selon la responsable du quai de pêche de Thiaroye sur mer Madame Yacine MBODJ, la pêche artisanale à Thiaroye sur mer connaît une régression de stocks de poissons débarqués ; la sardinelle, la fausse mérou (Thiof) et la dorade grise (wersun) ont connu une diminution spectaculaire dans la baie de Thiaroye. Ceux qui sont débarqués proviennent d’autres zones de pêches du littoral à l’image de Gorée, Joal, Ngor, etc. Certains pêcheurs rencontrés, disent que le poisson devient rare à Thiaroye sur mer, ceux pêchés sont de qualité médiocre (taille réduite, couleur anormale…) et parfois ont des odeurs des produits chimiques et cela rend la commercialisation de ce produit ardue.

Ainsi, la baisse de prise, la diminution de la taille du poisson et la disparition des certaines espèces, constituent autant de facteurs qui ne facilitent guère les pêcheurs, eux qui sont obligés d’abandonner la pêche sur la côte et de parcourir désormais des centaines voires des milliers de Kilomètres à la recherche de poissons pour vendre et subvenir aux besoins de la famille.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMATIQUE
METHODOLOGIE
PREMIERE PARTIE : THIAROYE SUR MER, VILLAGE TRADITIONNEL DE PECHEURS EN RECESSION
CHAPITRE 1 : Les Caractéristiques physiques et humaines
CHAPITRE 2 : Les systèmes de production
DEUXIEME PARTIE : LE CO-DEVELOPPEMENT FACE AUX FACTEURS REPULSIFS A THIAROYE SUR MER
CHAPITRE 1 : Situation socio-économique des familles des pêcheurs
CHAPITRE 2 : Les effets du co-développement sur les facteurs répulsifs déclenchant l’émigration irrégulière
CONCLUSION GENERALE

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