Les migrations de populations ont toujours jalonné l’histoire de l’humanité. On peut ainsi comprendre mieux cela à la suite de Gérard qui disait que « La question de la migration n’est pas propre à l’histoire contemporaine. On l’évoque pour expliquer que, dés l’apparition des « préhomiens » dans le rift africain, il ya quelques trois millions d’années, les descendants de nos premiers ancêtres ont commencé progressivement à se répandre sur toutes les terres émergées » (Gérard, 1995 :9) .
Ces déplacements massifs de populations, qui ne sont donc pas un phénomène nouveau, se sont ainsi faits pour diverses raisons. Les causes de cette mobilité peuvent être économiques, sociales et politiques. . Il y’a donc toujours au départ la pression d’une certaine contrainte pour expliquer ces changements d’horizons.
Les hommes migrent donc pour gagner des « prairies plus clémentes » à la recherche d’un meilleur équilibre et d’agréables conditions de vie. On a ainsi remarqué d’importantes vagues de migrations de populations dans l’histoire de l’humanité qui sont soit forcées ou volontaires. L’histoire nous a ainsi montré que ce type de phénomènes se pratique depuis longtemps. La traite Négriere a amené des milliers de noirs d’Afrique vers l’Europe et l’Amérique, les persécutions religieuses au moyen âge et à l’époque contemporaine ont entraîné des mouvements importants entre les continents cités plus haut. De nos jours, les migrations sont liées à des instabilités politiques comme les guerres ethniques ou tribales, les guerres civiles ou les soulèvements populaires mais aussi les catastrophes naturelles. Les déplacements forcés ont donc toujours existé dans le monde et ont causé des drames humanitaires dans toutes les parties du globe.
« Les principaux responsables et/ou complices des déplacements de populations à grande échelle sont souvent les Etats ou groupes para étatiques et dans certains cas des acteurs non étatiques ou des groupes d’opposition armée » (Ozden, 2007 :11) Ces personnes, forcées de quitter leur milieu de vie, sont victimes de toutes sortes de violation de leurs droits et doivent faire face à de nombreuses difficultés, malgré que ce phénomène soit prohibé par le droit humanitaire. Elles sont souvent marginalisées et déracinées dans leur propre pays. Ozden le dit très bien lorsqu’il affirme que – « bien qu’interdits par le droit international humanitaire et qualifiés par le statut de Rome comme un crime contre l’humanité, les déplacements forcés sont encore largement pratiqués de nos jours lors des conflits et dans diverses autres circonstances » (Op cite: 6) On relève actuellement dans le monde des millions de déplacés répartis dans tous les continents. En 1993, on estimait à 25 millions dont 15 millions en Afrique le nombre de déplacés dans leur propre pays qui dépassent celui des réfugiés qui est estimé à 18 millions (Deug, 1993 :11) .
PRESENTATION DE LA VILLE DE ZIGUINCHOR ET DES ARRONDISSEMENTS DE NYASSIA ET NIAGUIS
SITUATION GEOGRAPHIQUE DE ZIGUINCHOR, NYASSIA ET NIAGUIS
ZIGUINCHOR
La région de Ziguinchor se trouve au sud ouest du Sénégal sur les bords de la Casamance à environ 70 Km de l’océan atlantique. Elle se situe entre la latitude 12°33’N et la longitude 16°16’Ouest. La région a une altitude assez faible de 19,30 m environ et s’étend sur 7339 km² soit 3,9% du territoire national pour une population de 468.897 habitants(2007). Elle est limitée au nord par la république de Gambie, au sud par la Guinée Bissau, à l’est par la région de Kolda et à l’ouest par l’océan atlantique. Le département de Ziguinchor qui compte 206.568 habitants en 2005(197.962 en 2007)) et qui s’étend sur une superficie de 1153 Km², est limité à l’est par l’arrondissement de Niaguis, à l’ouest par celui de Nyassia, au nord par le département de Bignona et sud par la Guinée Bissau. Et toujours selon les statistiques de l’Agence Nationale de la Démographie et de la Statistique, datant de 2005, la commune compte pour sa part 173.523 habitants.
LES ARRONDISSEMENTS DE NYASSIA ET NIAGUIS
L’arrondissement de Nyassia se trouve à l’ouest de Ziguinchor et couvre une superficie de 461 km² pour une population de 8246 habitants. Il est composé de deux communautés rurales à savoir celles d’Enampor au nord et de Nyassia qui comportent respectivement 14 et 25 villages. L’arrondissement de Niaguis pour sa part se trouve à l’est de la commune de Ziguinchor. Sa superficie est de 692 km² pour une population de 24.795 habitants. Il dispose de trois communautés rurales à savoir Adéane à l’est, Boutoupa au sud et Niaguis qui ont dans l’ordre 9, 24 et 13 villages. La localité de Niaguis borde le fleuve Casamance qui recèle d’immenses potentialités allant des huitres aux poissons en passant par les crevettes et crabes.
La pêche est donc une activité très importante à Niaguis mais ces dernières années, une forte pression est exercée par les populations du fait du manque de terres cultivables, inaccessibles à cause des mines (Sambou, 2005). Cela a d’ailleurs contraint bon nombre d’habitants de la zone à fuir et s’installer à Ziguinchor .
L’HISTORIQUE DE LA VILLE DE ZIGUINCHOR AINSI QUE LES DONNEES DEMOGRAPHIQUES ET ECONOMIQUES DE LA REGION
HISTORIQUE DE LA VILLE
Après avoir été fondée par les portugais en 1645, Ziguinchor fut vendue à la France qui en fit un important comptoir commercial. Si la ville a été créée par les européens, la racine étymologique de Ziguinchor semble bien locale. En effet c’est sur le territoire des Iziguichos, sous groupe des bainoucks, que le premier capitaine général du comptoir de cacheu, crée sur les bords de la Casamance, le long de la piste allant de Gambie à Cacheu, un poste et un dépôt de vivres. Iziguichos a donné Ezéguichor, le suffixe or signifiant la terre, déformé par la suite en Siguitior puis en Ziguinchor.
Mais peut être plus significative que la véritable origine étymologique est l’explication habituelle plus ou moins légendaire que l’on donne du nom, qui s’est transmise à la population jusqu’à nos jours : « la ville des larmes ». Selon cette version locale, Ziguinchor tire son nom d’une expression portugaise : « cheguei choram » qui signifie approximativement : « je suis arrivé ils pleurent ». Il serait fait allusion à l’arrivée des bateaux portugais qui venaient mouiller sur les quais de la ville pour embarquer des esclaves.
Ziguinchor est ainsi née comme une étape sur la route intérieure Nord-Sud, et non comme une escale desservant la navigation sur la Casamance. Une autre version de l’origine de la ville de Ziguinchor est à chercher chez les mandingues qui voudraient faire dériver Ziguinchor des expressions « Sigi »qui signifie assieds toi et « Thior » qui signifie pleure.
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Table des matières
INTODUCTION GENERALE
Problématique
Justification
Objectifs
Hypothèses
Méthodologie
Discussion conceptuelle
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
CHAPITRE 1 : PRESENTATION DE LA VILLE DE ZIGUINCHOR ET DES ARRONDISSEMENTS DE NYASSIA ET NIAGUIS
A- Situation géographique de Ziguinchor, Nyassia et Niaguis
B- L’historique de la ville de Ziguinchor et les données démographiques et économiques de la région
CHAPITRE 2 : LE CONFLIT CASAMANCAIS
A- La Naissance du conflit et son déroulement
B- Les Conséquences et les dernières manifestations de la crise
CHAPITRE 3 : LE ROLE DES ONG
A- Apran/sdp et Kabonketoor
B- Anrac/parc et Ajac Lukkal
Conclusion partielle
DEUXIEME PARTIE : LES PERSONNES DEPLACEES DE NYASSIA ET NIAGUIS
CHAPITRE 4 : LES PERSONNES DEPLACEES EN CASAMANCE
A- Droits et protection des personnes déplacées
B- Les déplacés en Casamance
CHAPITRE 5 : LES DEPLACES DE NYASSIA ET NIAGUIS
A- Situation des déplacés dans leur terroir d’origine
B- Situation dans la localité d’accueil
CHAPITRE 6 : LA PROBLEMATIQUE DU RETOUR
A- Le retour en question
B- Le déminage
Conclusion partielle
TROISIEME PARTIE : IMPACTS DE CES MIGRATIONS DE POPULATIONS SUR LA VILLE DE ZIGUINCHOR
CHAPITRE 7 : IMPACTS SUR LA STRUCTURE URBAINE
A- L’urbanisme et le lotissement de Ziguinchor
B- Le choix des déplacés pour les quartiers périphériques non lotis
CHAPITRE 8 : CONSEQUENCES DEMOGRAPHIQUES
A- Une population sans cesse croissante
B- Une demande sociale plus forte
CHAPITRE 9 : LES REPERCUSSIONS ECONOMIQUES
A- Une baisse de la production agricole
B- Une accentuation de la pauvreté
CONCLUSION PARTIELLE
CONCLUSION GENERALE
