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Les surcharges atmosphériques
L’atmosphère constitue le deuxième réservoir d’eau après l’océan. La surcharge atmosphérique est causée par les variations de la pression atmosphérique. La redistribution des masses d’air dues à la circulation atmosphérique peut causer une déformation de surcharge sur la croûte terrestre. Celle-ci peut atteindre 20 mm pour la composante verticale et 3 mm pour la composante horizontale (PETROV et BOY, 2004). Les périodes principales associées au modèle atmosphérique sont diurnes, hebdomadaires, semi-annuelles et annuelles. Les déplacements sont plus importants dans les zones de latitude élevée et pendant l’hiver. La zone qui est la plus impactée par cette surcharge se trouve en Russie d’après DACH et al. (2011). Les régions plus proches des pôles subissent plus de changements de pression et de température et sont beaucoup plus impactées par la surcharge atmosphérique, contrairement aux régions équatoriales, où la température reste constante toute l’année. En ce qui concerne notre zone d’étude, nous nous attendons à visualiser des différences vis-à-vis de cette déformation compte tenu de l’amplitude des latitudes et des différences d’altitudes en Amérique du Sud.
Les surcharges hydrologiques
Les eaux continentales, troisième réservoir d’eau, se composent essentiellement des eaux de surfaces (rivières, lacs, humidité du sol), des nappes phréatiques, de la neige et des glaciers. Au cours du temps, en fonction des saisons et de l’action du soleil sur le sol, les masses d’eaux présentes sur terre se redistribuent. Il y a une variation du bilan entre les précipitations (pluie, neige), le ruissellement et l’évapotranspiration. Cela a pour conséquence de créer une flexion de la croûte plus ou moins grande en fonction des régions du monde (COLLILLIEUX, 2008). Le déplacement de ces eaux continentales provoque des déformations annuelles (VAN DAM et al, 2001) avec des dispersions sur la position pouvant aller jusqu’à 8 mm. La période du cycle hydrologique est généralement d’un an, puisque liée principalement à l’énergie solaire. Cependant, d’autres facteurs peuvent modifier les variations hydrologiques. Les événements épisodiques comme les tempêtes, vont créer des variations de masses qui se répercutent sur les signaux GPS ou GRACE. Les différents régimes climatiques sont aussi une des causes des différences de masses. La présence d’une chaîne de montagne, d’importants bassins fluviaux ou de réserves d’eau douce va entraîner une différenciation des effets de surcharge d’une zone à l’autre. Ces réservoirs d’eau vont être plus ou moins importants selon la région, le climat ou la topographie des lieux. En influant sur les hauteurs d’eau des rivières, les précipitations vont jouer un rôle important sur les surcharges (CORBEAU, 2015). Dans les zones où le phénomène hydrologique est moindre, lorsque l’on ne prend pas en compte les effets des eaux de surfaces et de leur circulation, nous observons une meilleure corrélation des données et des modèles (ex : Brasilia, Brésil) (CORBEAU,2015). Ainsi, il est nécessaire d’avoir des modèles hydrologiques qui prennent en compte les données des fleuves et des lacs. La Figure 4 montre la comparaison entre le signal GPS et la somme de différents modèles de surcharge sans la contribution des rivières et des lacs (ATMMO + GLDAS)1 pour la station POVE. La totalité du signal GPS n’est pas expliquée par les modèles classiques des effets de surcharge, il manque une partie du signal qui n’est pas comprise dans ces derniers.
Les séries temporelles utilisées
Les séries GPS
Nous utilisons des séries temporelles journalières de positionnement à trois composantes East, North et Up, calculées grâce à la méthode PPP (Précise Point Positioning) par (BLEWITT et al., 2018) et disponibles sur le site du NGL2. Ces séries sont exprimées dans le repère tridimensionnel de référence ITRF2014 (International Terrestrial Référence Frame 2014) (ALTAMIMI et al., 2016). L’incertitude sur le positionnement s’élève respectivement à 1 mm pour les composantes planimétriques et de 3 mm pour la composante verticale.
Avant d’utiliser ces séries temporelles, quelques précautions sont nécessaires. En effet, les séries peuvent comporter des sauts ou des trous. Les sauts peuvent être causés par des phénomènes ponctuels, comme les séismes ou les phénomènes climatiques tels que les inondations ou les tempêtes ou par un changement de matériel (antenne, récepteur). Un trou est une absence de mesure dans un certain laps de temps. L’outil MSSA développé avant cette étude, comporte une partie permettant de combler les trous de mesures. Cependant, la correction des sauts dans les séries temporelles n’est pas réalisée. Or, il s’avère que cette étape est essentielle puisqu’un saut peut fausser l’estimation des termes périodiques ou de la pente et donc l’accord ou non avec les modèles.
Les séries GRACE
Les missions de gravimétrie spatiale GRACE et GRACE-FO donnent accès à des mesures complémentaires à grande échelle spatiale. Ces missions permettent de disposer de séries temporelles du champ de gravité de la Terre avec une résolution spatiale de quelques centaines de kilomètres et une résolution temporelle mensuelle. Elles peuvent être converties en termes de hauteur équivalente d’eau à la surface de la Terre et en déformations de la croûte terrestre en 3D (Figure 5). Les analyses gravimétriques des séries temporelles issues de GRACE permettent de mettre en évidence les déformations causées par les variations de pression des masses d’eau (FU et al., 2013). Une des plus grandes contributions à la variabilité gravimétrique observée avec GRACE est directement liée au stock d’eau continentale (PREVOST, 2019). Très intéressante pour notre étude, cette contribution permet de connaître la variation du stock d’eau continentale et l’échelle des données permettra de mettre en évidence des phénomènes de surcharge sur de grandes zones comme les différents bassins hydrologiques d’Amérique du Sud.
Les données issues de GRACE permettront ainsi de compléter les données des séries GPS. Elles seront particulièrement intéressantes lorsqu’elles seront comparées à des modèles hydrologiques de surface comme le modèle GLDAS/Noah. Dans notre étude nous utilisons les solutions « mascons » de surface 1°x1°, développées par la NASA Goddard Space Flight Center (GSFC) de Janvier 2003 à Juillet 20163 (LUTHCKE et al, 2013 ; LOOMIS & LUTHCKE, 2017). Un mascon (mass concentration) représente un excès ou un manque de masse surfacique par rapport au champ de gravité moyen a priori dans une région prédéfinie, directement inversé d’après les mesures GRACE (CARABAJAL et BOY, 2020).
Les modèles géodynamiques de surcharge
Nous disposons de différents modèles géodynamiques pour calculer les déformations induites par ces effets de surcharge. Les modèles géophysiques de déplacement tridimensionnel utilisés ici ont été créés en utilisant les données globales géophysiques de fluides convoluées avec les fonctions de Green (FARELL, 1972). Les différents modèles cités ci-après sont calculés et fournis par J.-P. BOY et sont disponibles sur le site de l’EOST – loading service4. Pour mon étude nous utiliserons plusieurs modèles de surcharge adaptés à celle-ci décrits ci-après :
• ATMMO : Représente les modèles atmosphérique et océanique (Figure 6, gauche). Il est issu de la combinaison de la contribution de l’atmosphère et de l’océan hors-marée. La surcharge liée à l’atmosphère est déterminée en utilisant le modèle ECMWF (European Centre for Medium Range Weather Forecasts). L’effet de l’océan est basé sur la réponse barotrope de la pression du vent utilisant le modèle TUGO-m (CARABAJAL et BOY, 2020) ;
• GLDAS/Noah : Le modèle Global Land Data Assimilation System Noah concerne la surcharge hydrologique (Figure 6, droite). Il prend en compte l’état des eaux de surfaces terrestres qui contient : les précipitations (pluie, neige) et l’humidité du sol ;
• MERRA/land : Modern-Era Retrospective Analysis for Research and Applications – land. Représente le modèle hydrologique (hors-rivière et lac) mais avec différentes données environnementales.
Dans le cadre de notre étude, nous utilisons également les contributions des rivières calculées par Jean-Paul BOY :
• MERRA/river : Représente l’effet de surcharge hydrologique de trois rivières principales d’Amérique du Sud (Amazone, Orénoque, Rio Paraná) ;
• GLDAS/river : Représente le même effet que le modèle MERRA/river mais ne provenant pas de la même base de données environnementale (HAN et al., 2010).
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Table des matières
Introduction
I PRESENTATION DES DONNEES ET DE LA ZONE D’ETUDE
I.1 LA ZONE D’ETUDE
I.2 LES DONNEES
I.2.1 Les effets de surcharge
I.2.1.1 Les surcharges océaniques
I.2.1.2 Les surcharges atmosphériques
I.2.1.3 Les surcharges hydrologiques
I.2.2 Les séries temporelles utilisées
I.2.2.1 Les séries GPS
I.2.2.2 Les séries GRACE
I.2.3 Les modèles géodynamiques de surcharge
II METHODE ET OUTILS D’ANALYSE DES SERIES TEMPORELLES
II.1 L’OUTIL SSA
II.2 LA MSSA
II.3 LE DIAGRAMME DE TAYLOR : APPLICATION A LA GEODESIE SPATIALE
II.3.1 Principe du diagramme
II.3.2 Interprétation du diagramme
II.4 OUTIL D’ANALYSE SPECTRALE
II.4.1 Périodogramme de Welch
II.4.2 Périodogramme de Lomb-Scargle
III VALIDATION DES OUTILS
III.1 CHOIX DE M
III.2 CORRECTION DES TROUS DE SERIES TEMPORELLES GPS
III.3 CORRECTION DES SAUTS DE SERIES TEMPORELLES GPS
III.3.1 Détermination des sauts
III.3.2 Correction des sauts avec HECTOR
III.4 SEPARABILITE DES SIGNAUX
III.4.1 Détection des fréquences proches
III.4.2 Détection des composantes en fonction des amplitudes
IV APPLICATION DE L’OUTIL MSSA EN AMERIQUE DU SUD
IV.1 CHOIX ET VALIDATION DES STATIONS
IV.2 LES COMPARAISONS DE MODELES
IV.3 APPLICATION DES OUTILS
V ANALYSE DES SURCHARGES HYDROLOGIQUES
V.1 ANALYSE GLOBALE
V.1.1 La contribution des modèles hydrologiques river
V.1.2 La corrélation entre modèles et les séries GPS
V.1.3 Exemple de validation des modèles : Station ROJI
V.1.4 Exemple de non validation des modèles : Station MA02
V.2 ANALYSE PAR BASSIN VERSANT
V.2.1 Bassin Amazonien
V.2.2 Bassin du Rio Paraná
V.2.3 Comparaison des deux bassins versants
V.3 SURESTIMATION DES MODELES HYDROLOGIQUES
Conclusion
Bibliographie
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