EFFETS DU RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE SUR L’ENVIRONNEMENT
A l’allure actuelle des choses, le climat va continuer à se dégrader au cours du XXIème siècle. Le réchauffement planétaire en cours, dû, en partie au moins, aux diverses pressions anthropiques entraînant l’effet de serre, va se poursuivre si des mesures ne sont pas prises. Il pourra s’accélérer pendant quelques décennies encore, même si une forte réduction des émissions de gaz à effet de serre, en particulier du gaz carbonique (dioxyde de carbone, CO2), sera réelle et rapide. Le réchauffement climatique n’affectera pas toutes les régions du globe de la même manière. Les perturbations du cycle de l’eau et les modifications des risques d’événements météorologiques extrêmes sont les plus à craindre. Elles peuvent avoir des conséquences significatives sur la biosphère et les sociétés humaines. En outre, la possibilité d’une mutation radicale et profonde du système climatique ne peut être totalement exclue. Notre zone d’étude ne fera pas l’exception.
Selon nos informateurs résidant à Belalanda, avant 1980, les pluies d’été étaient d’Octobre à Mai de l’année suivante. Ce régime pluviométrique réjouissait les paysans parce qu’ils pouvaient mettre en valeur leurs champs de cultures. Ils respectaient un calendrier cultural non perturbé. Cette période est propice à la culture du pois du cap, du maïs, de canne à sucre, de la patate douce, … Les villageois disposaient donc une source de revenu stable. La période de soudure alimentaire ne durait qu’environ pendant deux mois par an.
Aujourd’hui, la population qui est en majorité paysanne remarque la progression de la dégradation climatique. Les pluies deviennent de plus en plus rares, donc insuffisantes pour les cultures vivrières de subsistance. Elles sont également très mal réparties dans le temps et dans l’espace.
Selon les informations fournies par le tableau de la page suivante, les précipitations (1981- 2010) étaient très faibles. La moyenne annuelle des précipitations durant cette période était de 352,63 mm Elles varient d’une année à l’autre. C’est ainsi, par exemple, qu’en 2005, la station météorologique a enregistré 667,6 mm de pluies contre 196,2 mm en 2010. De telles variations (667,6 et 196,2 mm) dans notre zone d’étude ne sont pas bénéfiques pour la végétation. Elles alimentent plutôt les étangs et les nappes phréatiques.
Les variations pluviométriques au cours des mois sont également nombreuses. En janvier 2005, la station météorologique a enregistré 509,5mm ; presque près à la moyenne annuelle (667,6 mm) alors qu’en janvier de l’année suivante (2006), la station n’aura enregistré que 68,7mm, soit une différence de 440,8 mm Par ailleurs, le tableau nous montre aussi que durant toute cette période, Janvier est le mois le plus arrosé de la saison humide (moyenne = 116,4mm) alors que le mois d’Août est le plus sec (4,1033mm).Selon, Nourddine , l’année a deux saisons :
– une saison humide qui dure 3 mois, de décembre à février ;
– une saison sèche de 9 mois de mars à novembre.
Les précipitations se concentrent sur une très courte période de l’année. Notre zone d’étude reste moins arrosée à cause de la position de la côte qui est parallèle à la direction du vent dominant (le Tsiokatimo) de direction méridienne. Les précipitations sont, par ailleurs, mal réparties dans le temps et dans l’espace. C’est l’une des caractéristiques physiques du SudOuest malgache . Tout cela entraine des conséquences fâcheuses pour la végétation. Ainsi, les méfaits du déficit pluviométrique sur la forêt sèche sont énormes.
Méfaits du déficit pluviométrique sur la forêt sèche
Le changement climatique perturbe les saisons. Les périodes des pluies sont bouleversées. Elles ne commencent que très tardivement, c’est-à-dire vers la fin du mois de Décembre voire vers le début du mois de Janvier alors qu’auparavant elles débutaient au mois d’Octobre. Les pluies sont devenues de plus en plus tardives. La période de sécheresse s’allonge. La durée d’insolation à Toliara est de 3633 heures par an contre 2610 et 2447heures à Tananarive et Tamatave. Ceci provoque à son tour de fâcheuses conséquences sur les activités agricoles. La photosynthèse diminue. Ce qui provoque la réduction de la taille de la plante ainsi que la production agricole.
Le calendrier cultural est alors modifié. Il en est de même pour les périodes de récoltes. Les rendements s’amenuisent progressivement. La production agricole devient de plus en plus insuffisante pour une population à croissance rapide. Il en résulte une crise alimentaire aiguë dans toute la commune rurale de Belalanda. Suite à de très longues saisons sèches, le phénomène d’adaptation s’accentue. Certaines espèces floristiques n’arrivent pas à s’adapter aux conditions édaphiques de plus en plus dégradées ; elles disparaissent ou deviennent rabougries. Par contre, de nouvelles essences apportées par les grandes crues du fleuve Fiherenana depuis 1978 comme les Acacia, nommés localement « kasy » plus adaptées au climat aride apparaissent. Elles poussent facilement et se maintiennent malgré les conditions climatiques désastreuses de la zone d’étude. Par contre, l’Acacia rustique « tain’aondry » (une autre variété de l’Acacia) cède la place au « kasy ».Cette petite plante, auparavant très répandue dans la région Sud-Ouest, est actuellement en voie de disparition tandis que le « kasy », mieux adapté, gagne du terrain.
Vers l’intérieur, les sols sableux faiblement protégés par une couverture végétale clairsemée sont vite érodés par le vent ; ce qui ne permet pas le développement des plantes. Plusieurs plantes développent leurs racines pour chercher de l’eau profondément dans le sol. D’autres réduisent leurs feuilles pour limiter l’évapotranspiration. Les feuilles sont remplacées quelquefois par des écailles ou bien elles se transforment en épines (la spinescence) ou encore on ne peut voir que les tiges de la plante (aphylle). La faiblesse de la pluviométrie a aussi une répercussion sur les prairies inondées et sur les plantes des zones marécageuses.
Faiblesse pluviométrique : une source de dégradation de la flore et de la faune des zones inondées
Lors de la grande crue du fleuve en 1978, les eaux du Fiherenana sont parvenues à inonder la forêt de palétuvier. Les charges (sédiments et sables) transportées par le fleuve Fiherenana s’accumulent autour des troncs d’arbres en provoquant un entassement des débris des végétaux. L’augmentation du niveau des sédiments et d’ensablement empêchent les pneumatophores de jouer leur rôle ainsi que leur développement. Or, c’est justement ces pneumatophores qui permettent aux palétuviers de respirer. Cela a entraîné la mort de nombreux pieds de palétuviers. A cela, s’ajoute le fait que l’eau de mer apportée par le chenal à Ambotsibotsike n’est pas parvenue jusqu’à la partie Sud des mangroves au Nord du village de Belitsake Tanindraza à cause de la sédimentation. Ceux-ci n’ont supporté le retrait de l’eau. Ils ont disparu et n’ont laissé que des souches blanchies. Actuellement, une vaste superficie de terrain anciennement occupée par les mangroves est devenue une prairie (zone herbeuse). La vase asséchée est devenue une terre ferme.
Le déficit pluviométrique a aussi une répercussion sur les plantes des zones marécageuses. Ces dernières sont alimentées en eau douce par les grandes crues du Fiherenana d’après certains notables de la région. Or, le « vondro »ou Typha angustifoliaa besoin d’eau douce pour pouvoir se développer. Ces dix dernières années, l’eau du fleuve n’est pas remontée jusqu’à dans ces endroits marécageuses. En plus, les pluies étaient devenues très rares et très faibles ces dernières années.
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Table des matières
INTRODUCTION
MOTIVATIONS & METHODOLOGIE
Première partie LE DETERMINISME PHYSIQUE : FACTEUR DE DEGRADATION DU MILIEU NATUREL
Chapitre-I : – EFFETS DU RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE SUR L’ENVIRONNEMENT
I.1. – Méfaits du déficit pluviométrique sur la forêt sèche
I.2. – Faiblesse pluviométrique : une source de dégradation de la flore et de la faune des zones inondées
I.3.-Les grandes crues du Fiherenana, responsables de la dégradation des écosystèmes
1.4.- Impacts du réchauffement climatique sur le milieu marin : L’exemple des récifs coralliens
Chapitre-II : – LES EFFETS DE L’AVANCEE DES DUNES DE SABLES SUR L’ENVIRONNEMENT
II.1.- L’ensablement des infrastructures par l’avancée des dunes
II.2.- L’envahissement de chenal de marée par le déplacement des dunes
Chapitre-III : -IMPACTS DES CRUES DU FLEUVE FIHERENANA SUR L’ENVIRONNEMENT MARIN
III.1.-Les méfaits de la sédimentation sur l’environnement marin
III.2.-Les effets de l’accumulation de sables sur l’environnement côtier
III.3.- Le rôle de la marée sur la dégradation de l’environnement marin
Deuxième partie FACTEURS ANTHROPIQUES DE LA DEGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT
Chapitre-IV : -LES ACTEURS DE LA DEGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT
IV.1.-Distribution de la population par groupe ethnique
IV.2.- Répartition de la population par village
IV.3.- Les différentes catégories socioprofessionnelles
Chapitre-V : – LES DIFFERENTS TYPES D’EXPLOITATION DU MILIEU NATUREL
V.1.- L’état de la couverture floristique et faunistique de la Commune de Belalanda avant l’exploitation intense
V.2.- La déforestation : une des causes de la dégradation de l’environnement
V.3.- L’exploitation du « Vondro et du Boboke »
V.4.- L’exploitation des ressources d’origine marine
V.4.1.- La pêche au filet maillant
Chapitre -VI : – LESIMPACTS DE L’INTERVENTION DE L’HOMME SUR L’ENVIRONNEMENT NATUREL
VI.1.- Les conséquences de l’intervention de l’homme sur la forêt sèche
VI.2.- Les effets de l’exploitation de la forêt des marécages
VI.3.- Les méfaits de la surexploitation des ressources sur les activités halieutiques
Troisième partie LES MESURES PRISES POUR LA SAUVEGARDE DE L’ENVIRONNEMENT
Chapitre-VII : – LA RESTAURATION DE LA FORET DE PALETUVIERS
VII.1.- La mise en place des structures de base
VII.2.- La plantation des jeunes plants de palétuviers ou mangroves
VII.2.1.- Définition
VII.2.2.- Les avantages pouvant être tirés des mangroves
Chapitre-VIII : – LA PRESERVATION DE LA FAUNE ET LA FLORE DE LA FORET SECHE
VIII.1.- La gestion communautaire de la forêt sèche
VIII.2.- Les divers parcs dans la Commune rurale de Belalanda
VIII.2.1.- Le Parc « Zà »
VIII.2.2.- Le parc Reniala
VIII.2.3.- Le village des tortues
VIII.3.- Le Soakapila matotra (tortue araignée)
VIII.3.1.- Le Sokake (tortue radiée ou étoilée)
Chapitre-IX : – PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT MARIN ET COTIER
IX.1.- La mise en place des parcs marins
IX.2.- L’Association « FIMIHARA »
IX.3.- La protection de l’environnement marin et côtier
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
