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Idéologie, langue nationale et identité : croyances et limites
Insertion, intégration11 et langue française
Retour sur une notion
Depuis, l’analphabétisme est considéré comme une entrave au développement personnel et professionnel. Au cours de cette période, la perspective émancipatrice, déjà énoncée dans les rapports de Condorcet, a été repensée dans les actions d’alphabétisation destinées aux adultes. Cette perspective transforme ce que serait l’alphabétisation, elle s’inspire notamment de travaux menés dans des sociétés dans lesquelles ces questions étaient cruciales pour tous au quotidien. Pour le pédagogue brésilien P. Freire, dont les travaux visent à émanciper les plus pauvres dans un pays particulièrement fragilisé par les inégalités sociales, l’alphabétisation ne se réduit pas à outiller les personnes pour qu’elles puissent lire et écrire : l’éducation des adultes doit se concevoir comme une « pratique de la liberté » (Freire, 1964). Il s’agit de revendiquer l’alphabétisation comme un instrument libérateur. Le concept essentiel de l’approche défendue par P. Freire est la conscientisation. À la différence d’une approche traditionnelle, il s’agit de comprendre ce qui est lu et d’écrire ce qui est compris. Une des ambivalences de l’alphabétisation étant de savoir s’il s’agit de lire pour lire (déchiffrer) ou de lire pour comprendre (Sayad, 1995). Selon P. Freire, la conscientisation consiste à amener les adultes analphabètes à se rendre compte de leur situation, des injustices qu’ils subissent en tant qu’opprimés-dominés. Partir de leur vécu, de leurs expériences vise à pallier un manque de confiance en soi et à regagner leur pouvoir d’expression. Un des intérêts de la conception défendue par ce pédagogue est qu’il reconnait et affirme l’existence de connaissances chez les personnes analphabètes. Dès lors, la pédagogie de P. Freire exclut les outils pédagogiques clés en main qui visent à empiler des connaissances. Ces méthodes seraient dotées d’une conception bancaire » (1974 : 51) de l’éducation où les oppresseurs ont toujours une emprise sur les opprimés. Selon le pédagogue, la personne en situation d’analphabétisme doit être l’acteur du processus d’alphabétisation en développant un regard critique sur les objets d’apprentissage : Le savoir ne s’acquiert que dans l’invention, la réinvention, dans la recherche tendue impatiente, permanente que les hommes font dans le monde, avec le monde et avec les autres hommes »
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE INTERROGER DES EVIDENCES
Chapitre 1 L’apprentissage du français par des adultes migrants en France
Chapitre 2 Les publics migrants : de qui parle-t-on ?
Chapitre 3 Une recherche dans les formations linguistiques de l’agglomération rouennaise
DEUXIEME PARTIE CONFRONTER LES PERCEPTIONS
Chapitre 4 Produire des observables
Chapitre 5 Être en formation linguistique pour « apprendre bien le bon français »
Chapitre 6 Expérimentation et réflexivité
TROISIEME PARTIE PROPOSER DES ORIENTATIONS
Chapitre 7 Détourner ou se confronter à l’incontournable
Chapitre 8 Repenser l’urgence et l’essentiel
Chapitre 9 Laisser les adultes migrants s’approprier le français
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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