La ville éphémère pour expérimenter le déchet événementiel et urbain

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Le déchet dans le système

Apparition des déchets non organiques

La fin du XIXème et le début du XXème siècle signent l’entrée dans la production de déchets non organiques et solides qui accompagnent la révolution industrielle. Remplacés peu à peu par des déchets minéraux, métalliques et en bois, les chiffons, os et boues disparaissent lentement de la circulation. Les « nouveaux » déchets ne trouvent pas de deuxième vie et sont systématiquement abandonnés, stockés sans avenir. Notamment à cause de l’augmentation démographique et du besoin croissant en énergie des villes, la « minéralisation de l’énergie et de l’économie » engendre par exemple l’utilisation prolongée et en grande quantité du charbon, générant un nouveau trou noir sur des déchets qu’on décide de détruire ou de stocker pout une durée indéterminée.
Autour de Paris quatre usines de traitement des déchets voient le jour : Saint-Ouen, Issy-les-Moulineaux, Romainville et Vitry-sur- Seine. À l’aube du XXème siècle, on assiste déjà à la périphérisation des déchets urbains. Leur présence répugnante et dangereuse fait qu’on les repousse aux limites de la ville pour ne plus les voir, et pour les détruire par différentes techniques alors inventées comme l’incinération, le broyage ou la trituration.
Après l’interdiction ferme du chiffonnage en 1946 qui se systématise dans toute la France quelques années plus tard, les travailleurs du déchet qui constituaient déjà une population marginalisée tendent à disparaître, remplacés par l’industrie naissante du traitement des déchets portée par les collectivités et reléguée en périphérie au même titre que les travailleurs du déchet qui tentent de se rapprocher de cette ressource.

L’économie du déchet

Les déchets produits pendant les Trente Glorieuses et leur gestion reflètent l’état d’esprit général de ceux qui composent et dirigent alors la société dans son irrépressible croissance économique Après la seconde guerre mondiale, la « jetabilité » est synonyme de pouvoir d’achat, un moyen de simplifier le quotidien des ménages et devient un argument de vente jamais égalé. On est fier de jeter, la mise au rebut devient un « art de vivre », un « geste libératoire » dans le quotidien des foyers.
Mais cette croissance, qui pousse la consommation, qui elle-même pousse la production, semble à un certain moment ne plus pouvoir accélérer, tant les décharges sont saturées et les restes ne trouvent plus de place où attendre leur décomposition peu certaine.

Anthropologie, droit et acteurs du déchet urbain et événementiel

En effet, là où auparavant la gestion des déchets relevait d’échanges multiples entre plusieurs acteurs, d’un circuit productif interne au territoire et vertueux, elle se fonde désormais sur un modèle constitué de deux acteurs : le producteur-payeur (foyers et municipalités), et le gestionnaire-prestataire (municipalités et entrepreneurs). En basculant sur ce modèle, la boucle économique devient beaucoup plus simple et rapide. Les prestataires en concurrence proposent des prix plus avantageux les uns que les autres, et la mise en décharge étant la solution la moins coûteuse et donc rentable, elle reste pendant de nombreuses années la plus répandue. Le traitement des déchets en France est au soin des municipalités qui instaurent le concept de « décharge contrôlée », institutionnalisant ainsi le principe d’abandon, laissant la porte ouverte à l’acceptation de la mise au rebut.
Mais en 1975, les décharges sauvages et brutes sont majoritaires et pour tout projet de décharge contrôlée on parle de syndrome NIMBY9, de résistances des locaux qui s’opposent très fortement à ce genre d’installation près de chez eux. Jusqu’au milieu des années 1970, les solutions « terrestres » à la prolifération détritique ne sont pas suffisantes et la mise en décharge en mer ou milieu océanique est courante, et même autorisée, repoussant toujours plus loin de l’humain les déchets qu’il produit. On accepte d’abandonner ses déchets, mais loin d’ici, s’il vous plaît.
Source de revenus de plus en plus importants, la collecte, le tri et le traitement des déchets constituent, à partir des années 1970, une industrie particulièrement lucrative et à l’emprise géographique de plus en plus grande.
« D’une organisation essentiellement locale et dévolue aux collectivités publiques, la gestion du déchet semble désormais être l’affaire d’un pouvoir concentré, internationalisé et profondément rattaché à l’activité industrielle et commerciale de quelques groupes multinationaux10. »
On assiste alors à ce qu’on appelle communément greenwashing ou « verdissement stratégique », politique économique dans laquelle, pour atteindre ses objectifs environnementaux, la rentabilité de
la gestion des déchets est un critère principal.
Ainsi en France, des grands groupes tels que Veolia prennent le relai des collectivités sur la gestion du déchet, incluant celle-ci dans une « offre globale » qui comprend aussi la gestion des eaux et de l’énergie, destinée aux mêmes clients, collectivités locales et industriels. Se forme alors une boucle économique dont le monopole est tenu par des entreprises multinationales, rendant dépendants de ce modèle globalisé les usagers et autres collectivités.

Portrait anthropologique d’un événement depuis ses poubelles

Du côté événementiel, les déchets ne connaissent pas tout à fait le même parcours.
Si on observe les premières formes festivalières au XVIIIème siècle au Royaume- Uni notamment en lien étroit avec la religion et dans le nord de la France, comme par exemple avec le mouvement orphéonique rassemblant des milliers de musiciens et chanteurs, le festival comme on le connaît aujourd’hui est un « phénomène contemporain du XXème et XXIème siècle ».
« On a assisté à une éclosion de festivals un peu partout dans le monde qui a conduit à penser qu’on avait affaire à un phénomène de “festivalisation” généralisée, de “festivisation” généralisée11. »
A l’heure où les festivals gagnent en popularité, pendant l’entre-deux guerres mais surtout après la fin de la seconde guerre mondiale, on aperçoit une augmentation importante de leur nombre sur la « scène occidentale », mais aussi une « extension catégorielle significative » : le festival de musique pop et rock anglo-saxon se voit accompagné par le festival de cinéma de Cannes en France, la Mostra de Venise, et par d’autres manifestations le plus souvent liées à l’art.
« En théorie, le festival est un événement singulier associant un lieu, une programmation, des rituels et l’ambition d’acquérir une renommée. En cela, les publics des festivals constituent une micro-société qui se forme et se déforme suivant un calendrier bien précis. En outre, chaque festival possède un dispositif original qui s’inscrit dans un contexte historique, territorial, institutionnel et culturel singulier12. »
Un événement est un espace périphérique dans l’agenda de l’urbain. Il l’est donc aussi dans la perception des citoyens, des participants. C’est une exception dans l’emploi du temps, une bulle temporelle dans la longueur de l’année.
Comme expliqué dans la chronologie de nos déchets urbains précédemment, ces derniers sont, de manière générale depuis de nombreuses années, relégués au rang périphérique : ils attendent dans les sous-sols des immeubles d’être emmenés par les camions-poubelle qui passent tôt le matin avant que la ville ne se réveille, jusqu’aux déchetteries et usines de traitement qui sont situées à l’extérieur des villes.
Que dire alors des déchets d’un événement si ce n’est qu’ils sont, malgré eux, ultrapériphériques ? Dans la dimension temporelle comme dans la dimension territoriale, ce sont des rebuts qui n’ont pas leur place, ni dans l’agenda des personnes qui doivent les gérer in fine, ni dans celui de ceux qui les produisent sur place, et difficilement par ceux en gestion à la source.

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Table des matières

Introduction
Partie 01 — Anthropologie, droit et acteurs du déchet urbain et événementiel
1.1. Chronologie anthropologique de nos déchets
Apparition et évolutions du déchet urbain
Le déchet dans le système
Portrait anthropologique d’un événement depuis ses poubelles
1.2. L’itinéraire législatif de nos poubelles
Prise de conscience environnementale
Inflation législative du XXIème siècle
Des lois pour le déchet événementiel
1.3. Acteurs du déchet contemporain, urbain et événementiel
Institutions
Acteurs locaux
Acteurs de la ville éphémère
Partie 02 — La ville éphémère pour expérimenter le déchet événementiel et urbain
2.1. Le temps pour concevoir
Création de connaissances structurantes
Mise en place d’une logistique générale, de mécanismes de gestion et d’outils à expérimenter in situ
Préparer un scénario, un rythme, une programmation
2.2. Le temps pour construire
Des acteurs réceptifs et concernés
La construction collective de connaissances
Expérimenter la matière
2.3. Le temps pour habiter
Expérimenter des outils, sociologie du déchet événementiel
Des espaces d’échanges informels signes d’approp riation
Matière à vivre et à déconstruire, récit de la célébration de la matière
Partie 03 — Les réseaux urbains du déchet
3.1. Mise en réseau des acteurs de terrain
Monter un réseau et accompagner les acteurs
Créer des outils à partager
3.2. Les logistiques urbaines du déchet événementiel
Un réseau qui quadrille le territoire
Un urbanisme de la ressource
Logistiques urbaines et circuits courts
3.3. Architectures de réseaux : toutes les villes seraient-elles éphémères ?
Matérialité du déchet événementiel
Les paysages et les rythmes de la ressource urbaine
Toutes les villes seraient-elles éphémères ?
Conclusion
Médiagraphie

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