En France, la vaccination fait l’objet d’un véritable enjeu dans la société. La couverture vaccinale est encore trop faible pour certaines maladies. Une des explication est la méfiance se répandant chez les jeunes. Ce public est indispensable à mobiliser afin de réduire la propagation de certaines maladies. Malgré le renforcement de la promotion de la vaccination dans le pays, elle reste cependant trop discrète dans les établissements scolaires. Effectivement, l’adolescence est une période caractérisée par la curiosité et par la découverte de nouvelles expériences. Néanmoins, ce thème est rarement abordé par les jeunes qui ne se sentent pas forcément concernés. De plus, ils ont des difficultés à s’exprimer sur ce sujet à leurs proches qui peuvent être à l’encontre de la vaccination. L’influence du milieu social peut donc constituer un frein pour les adolescents. C’est pourquoi, dans les établissements scolaires, il doit y avoir des temps de parole des élèves avec les parents et des professionnels sous forme d’ateliers, de discussion. De plus, l’enseignant peut avoir un rôle essentiel en mettant en place des dispositifs d’apprentissage comme un débat en classe. Or, si les élèves sont fermés sur ce domaine avec leur entourage, ils le seront peut-être également en classe. Cependant, le débat peut éventuellement aider les élèves à développer leur esprit critique en échangeant. Ceci est un des principal enjeu de l’éducation à la citoyenneté et aux choix.
La vaccination, une question socialement vive ?
Les questions socialement vives correspondent à des « questions à propos desquelles les opinions divergent et qui ont des implications dans un ou plus des domaines suivants : biologique, social, éthique, politique, économique, environnemental,… ». Elles « font l’objet de controverses, notamment à propos des risques qui y sont attachés » comme les effets de la vaccination par exemple (Simonneaux.L, 2005, p.2) . Je vais donc démontrer dans cette partie en quoi le thème de la vaccination est une question socialement vive.
La vaccination, une réticence chez les jeunes ?
La vaccination est un sujet sensible au sein de la population française. Les jeunes constituent un public important en matière de vaccination. Cependant, « la couverture vaccinale des adolescents est faible dans tous les pays et plus particulièrement en France. » Ils sont dans une étape de leur vie où « ils se sentent en bonne santé et ne sont pas préoccupés par la prévention, ils ne consultent jamais » (Reinert Ph, 2015, p.1) . Pourtant cela est primordiale car c’est aussi une période où ils font des voyages scolaires à l’étranger, des stages, des échanges scolaires. Ils sont amenés à côtoyer plus de personnes. Il est donc important de se protéger. Une enquête a été réalisée dans la région Pays de la Loire par l’agence Santé Public France. Deux points clés sont dégagés de cette enquête : le manque de vaccination concernant le méningocoque C dans la population entre 1 et 24 ans. Ceci a pour conséquence « une couverture vaccinale insuffisante en particulier chez les adolescents et les jeunes adultes (< 33%) » (Loury. P, 2014, p.1). En France, « entre 2011 et 2018, le nombre de cas chez les 1-24 ans est resté globalement stable. » Cependant, « la grande majorité de ces cas auraient pu être évités par la vaccination » (Loury. P, 2014, p. 11). Dans la région Pays de la Loire, la couverture vaccinale a diminué avec l’âge en 2018, « passant de 76% chez les 2-4 ans à 33% chez les 15-19 ans ». Malgré une augmentation des vaccinations chez les 15-19 ans entre 2016 et 2018 « (allant de +5 points en Loire-Atlantique à +8 points en Mayenne ) », la couverture vaccinale reste trop faible. Elle ne permet pas de protéger « les personnes les plus vulnérables » car elle ne garantit pas « une immunité de groupe » ( Loury. P, 2014, p.13).
Le 2ème point concerne « les couvertures vaccinales du papillomavirus humain qui restent très insuffisantes » également « avec seulement trois adolescentes sur dix protégées à 16 ans» (Loury. P, 2014, p.1). Comme vu précédemment, malgré une augmentation de la couverture vaccinale départementale, elle reste trop faible pour le reste de la population à risque (Loury. P, 2014, p.14). D’après une enquête datant de 2012, « il est prouvé que la vaccination est efficace avant les premiers rapports sexuels et que la réponse immunitaire est maximale quand elle est effectuée avant l’âge de 12 ans ». On peut constater que malgré cela, ceci reste mal accepté par la population (Reinert.Ph, 2015, p.2 ). De plus, « un peu moins de la moitié de la population cible a bénéficié du vaccin contre le grippe » (Loury. P, 2014, p.1). Durant l’hiver 2020-2021, les français ont changé de regard sur le vaccin contre la grippe suite à l’émergence de la COVID-19 et se sont précipités dessus. Le nombre de doses est donc insuffisant suite au manque d’anticipation, toute la population n’a donc pas pu bénéficié de ce vaccin. La vaccination est un sujet mal connu par la plupart des adolescents, ce qui engendre des conséquences sur la couverture vaccinale. En effet, « 88,8 % des adolescents de 15 ans ont reçu les deux doses recommandées de vaccination rougeole-oreillons-rubéole. 76,8 % sont à jour de la vaccination DT Polio». (Reinert.Ph, 2015, p.1). Cependant, seulement « 46,8 % ont reçu les cinq doses contre la coqueluche» et « 34 % ont eu un schéma complet de vaccination contre l’hépatite B ». Ceci peut démontrer une couverture vaccinale insuffisante. Concernant le méningocoque C, uniquement « 27,9 % sont vaccinés » ce qui explique que c’est « une des causes majeures d’infections invasives à cet âge ». A propos de la vaccination contre le papillomavirus , « 23,6 % des jeunes filles de 15 ans ont reçu une vaccination complète ». Néanmoins, en 2013 le taux a chuté à « 10,7% », ce qui n’améliore pas la protection de la population. De plus, de manière générale, « seul un adolescent sur 10 est à jour de ses vaccinations en 2014 ». C’est pourquoi les adolescents sont caractérisés comme « des victimes et des vecteurs de ces maladies évitables » (Reinert.Ph, 2015, p.1).
Une étude sur la rougeole a démontré que « même si 88 % des adolescents sont vaccinés, seule une couverture supérieur à 95% met à l’abri des épidémies ». En plus, « les formes graves de rougeole sont souvent observées chez les adolescents ». En ce qui concerne le méningocoque, celui-ci touche surtout les adolescents. L’article affirme que « la couverture vaccinale devrait être de 85 %. Or, elle n’atteint « actuellement que 30 % ». C’est donc un « échec total en France alors qu’elle est un succès chez nos voisins ». Pour l’hépatite B, seulement « un adolescent sur 4 est vacciné ». De plus, « 2500 à 3000 formes aiguës de l’infection surviennent chaque année en France, parmi lesquelles 7 % sont observées chez l’adolescent âgé de 11 à 15 ans. » L’importance de l’éducation à la sexualité est accentuée par la prévention contre les MST (maladies sexuellement transmissibles) qui semble indispensable pour les adolescents (Reinert.Ph, 2015, p.2).
La vaccination, un sujet d’actualité
La pandémie du COVID-19 a bouleversé notre quotidien depuis le mois de mars 2020 que ce soit d’un point de vue médical, économique, sociale, culturel, mais également au niveau de l’éducation. Celle-ci a dû se réinventer pour faire face aux différents enjeux dont le confinement et l’éducation à distance. Aujourd’hui, les élèves reviennent progressivement dans les établissements scolaires, et le rôle du professeur de SVT est primordial en particulier pour l’éducation à la santé. En effet, depuis le mois de janvier 2021, les élèves se posent de plus en plus de questions à propos de la campagne de vaccination contre la COVID-19. Celle-ci a ravivé un vif débat. Pour certains, l’arrivée des vaccins fut vécu comme un « signe d’espoir de sortie de cette crise sanitaire, pour d’autres des interrogations sur sa fiabilité suite à sa production en un temps record ». Ces réactions suscitent un positionnement de la population « souvent polarisées entre pro et anti-vaccins » (Martin.M, 2021) . Il est donc important de prendre en compte ces enjeux. On peut donc se demander comment aborder cette thématique ?, sans que ce sujet ne soit trop « oppressant » pour eux car déjà avec le port du masque, les protocoles stricts mis en place dans les classes, les médias qui évoquent tous les jours ce thème, ils souhaitent sans doute « se changer les idées » à l’école. Cela rend donc le traitement du sujet complexe.
D’après les chercheurs Olivier Morin et Baptiste Baylac-Paouly, on peut donc se questionner sur « Comment alors, dans un contexte « d’urgence sanitaire », organiser des espaces de débat autour de la vaccination pour en comprendre les enjeux, donner une information juste et permettre à chacun de peser le pour et le contre pour se positionner ? » (Martin.M, 2021). Ces chercheurs considèrent l’école comme une solution de contribuer à une éducation scientifique, citoyenne et politique en s’appuyant des questions socialement vives (QSV). Ceci pourrait donc lutter contre « les relais traditionnels de l’information sanitaire qui disparaissent progressivement » et contre « l’hésitation vaccinale qui révèle une crise de confiance dans le système de santé français » (Martin.M, 2021). Lors de la réouverture des établissements scolaires en mai 2020, des dispositifs d’aide ont été mis à disposition des enseignants par exemple sous forme de fiche sur eduscol . Cette fiche présente différents éléments de santé publique face au COVID-19. Des conseils de conduite à tenir sont mentionnés comme : « L’enseignant pourra répondre aux questions des élèves dans le cadre d’un atelier, d’un débat ou d’une séance de cours ». Des notions sont à aborder comme par exemple : « Expliquer le rôle de la vaccination pour prévenir le développement des maladies infectieuses (histoire de la vaccination, la politique vaccinale en France, les objectifs) ; la notion de responsabilité individuelle et collective dans un état de droit, en tant que citoyen, expliquer le rôle des mesures visant à limiter l’action humaine et les libertés publiques aux seules fins de garantir la santé d’une population ; sensibiliser les élèves aux dialectiques dangerosité / contagiosité et pathogénicité / transmissibilité du virus qui interviennent dans l’évolution des mesures de prévention prises par les pouvoirs publics ; attirer l’attention des élèves sur la notion de pandémie et sur les moyens mis en œuvre à l’échelle mondiale pour garantir la sécurité sanitaire (le rôle de l’organisation mondiale de la santé et du règlement sanitaire international) »(eduscol, 2020, p.2). Tout ceci s’intègre dans une démarche réflexive, de santé et de citoyenneté.
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Table des matières
Introduction
1. Cadre théorique
1.1. La vaccination, une question socialement vive ?
1.2. Le débat scientifique, vecteur de communication
1.3. La vaccination dans l’enseignement
1.4. Le débat dans l’enseignement
2. Méthodologie
2.1. Rappel des objectifs de recherche
2.2. Choix du type de recherche
2.3. Participants dans la préparation du débat et de sa réalisation en classe
2.4. Collecte de données
3. Résultats
3.1. Bilan et analyse des données du questionnaire avant le débat
3.2. Bilan et analyse des données de la phase de débat
3.3. Bilan et analyse des données du questionnaire après le débat
4. Discussion
4.1. Les points forts de la recherche
4.2. Les limites de la recherche
5. Conclusion
Bibliographie
Annexe
Quatrième de couverture
