L’aide au développement à l’étranger est une des missions essentielles de la France dans le cadre de son action extérieure . Elle intervient dans différents domaines, que ce soit la santé, l’éducation, l’économie ou l’urbanisme. L’implication peut se traduire sous diverses formes, directes, indirectes, financières, matérielle ou humaines. Lorsque des équipes françaises interviennent dans ce cadre en pays étranger, elles sont parfois amenées à utiliser des outils utilisés en France, et ainsi à les “transposer” dans de nouveaux contextes. L ‘exportation de ces savoir-faire et de la pratique de politiques peuvent poser question sur leur viabilité. Cette intervention sous-entends effectivement:
I – l’avis d’acteurs extérieurs au territoire concerné par l’action: se posent alors les questions de décalage culturel, d’intérêts potentiels annexes à ceux viser habituellement par la pratique d’aménagement en situation nationale, et de la réalité d’appropriation du projet par le local.
2- une action / intervention transposée dans un contexte radicalement différent: on peut se demander alors que devient l’efficacité de la politique qui conçue, expérimentée, et adaptée en situation française, devient une tout autre réalité dans un contexte étranger; la question se pose autant pour la situation de départ dans laquelle se met en place la politique française d’aménagement qu’a posteriori avec l’évolution observée de tel ou tel outil et donc son efficacité finale.
Ces questionnements apparaissent de façon immédiate face au concept même d’intervention de la Rance é l’étranger. En outre certains param&res tel que par exemple le contexte sociétal différent de celui de la France, voient leur impact s’amplifier lorsque le pays concerné par l’intervention française est un pays non occidental; les questions précédentes se posent d’autant plus que l’environnement institutionnel, la pratique d’aménagement ou les dynamiques de développement différent.
Si ces observations sont valables pour l’esser,tielles des politiques d’aménagement et d’urbanisme que la Rance exporte, elles se vérifient plus particulièrement dans le domaine de la sauvegarde du patrimoine, secteur dans lequel l’expérience française se prévaut d’une qualité pionnière dans le monde. Constatons dans une première partie ce qu’il en est de la politique patrimoniale française la façon dont elle s’exporte; comme dans toute recherche une observation I constat est nécessaire avant de véritablement s’attacher au raisonnement qui fait suite â la définition d’une problématique ; celle-ci apparaîtra â la fin de cette partie introductive.
Avènement et fondements historiques de la gestion du patrimoine en France
Riche de son histoire ancienne, la France possède un héritage culturel bâti, immobilier et immatériel particulièrement riche et diversifié. Dans le domaine de l’urbanisme et de l’architecture, elle s’attache à le préserver au travers de politiques de sauvegarde et de mise en valeur qui sont à ce jour considérées de références sur le plan international.
Un avènement progressif et évolutif de la notion de patrimoine et de politique patrimoniale
L’avènement de ces politiques patrimoniales fut le résultat d’évènements historiques qui poussèrent les autorités à envisager très tât des mesures de sauvegarde et de préservation. Les intérêts se portèrent tout d’abord sur le patrimoine monumental historique, en tant qu’élément symbolique portant la mémoire de la communauté française. En réaction aux actions de vandalisme post-révolutionnaire de la fin du XVlllième siècle contre les symboles du pouvoir royal, de la noblesse et de l’Eglise, une prise de conscience collective de la nécessité de préserver ces monuments issus de l’Ancien Régime en tant que porteur de l’identité nationale, fit émerger le concept même de « patrimoine. Ce dernier concerne à l’époque I’ exceptionnel et le précieux qui se doit d’être protégé afin de maintenir la signification historique du monument, repère de l’identité collective.
En 1794, l’Abbé Grégoire, remit trois rapports décisifs sur les rt Destructions opérées par le Vandalisme et sur le moyen de le répnmer» afin de rt dévoiler les manoeuvres contrerévolutionnaires par lesquelles les ennemis de la République tentaient de déshonorer la Nation, de ramener le peuple à l’ignorance, en détruisant les monuments des arts».
Il est intéressant de noter que la considération du patrimoine en France se fit en réaction à la mise en danger véritable de ce bagage culturel, alors même que la France fut jusqu’alors considérée comme négligente vis-à-vis de ses richesses passées.
Face à l’indigence de présentation des arènes de Nîmes, Jean-Jacques Rousseau déclarait en 1737: « Les français n’ont besoin de rien, et ne respectent aucun monument. Ils sont tout feu pour entreprendre et ne savent rien finir ni entretenir, » De même Thomas Jefferson, ambassadeur des Etats-iinis à la Cour de Versailles, s’offusqua en 1787 au sujet des arènes d’Orange, qu’ en ce XVlll siècle, en France, sous le règne de Louis XVI, on soit en train d’abattre le mur circulaire de cette superbe ruine pour paver une route. »
Au delà des quelques arrêtés en faveur de la sauvegarde des monuments jugés exceptionnels de la France, cette considération du patrimoine se traduisit politiquement en 183(1 avec la création du premier poste d’Inspecteur Général des Monuments Historiques et en 1837 de la Commission Supérieure des Monuments Historiques qui permit l’établissement d’une première liste de monuments à protéger. Ces étapes institutionnelles marquent le passage à une reconnaissance de responsabilité nationale quant à la préservation du patrimoine français et l’Etat apparaît comme le garant de cette dernière, notamment par le travail de recensement des monuments culturels à préserver, le financement et le contrôle de leur restauration au travers de la désignation d’architectes sélectionnés pour leurs compétences.
La politique patrimoniale française aujourd’hui
La notion de patrimoine en France s’est donc progressivement enrichie et recouvre une diversité de réalités. Ainsi on parle aujourd’hui,
– de patrimoine monumental, soit environ 14000 monuments classés et 21000 inscrits; l’Etat en détient 4% (cathédrales, palais nationaux,,..), les communes 44% (notamment les églises construites avant 1905), les propriétaires privés 46% et les autres collectivités taritoriales, 6%,
– de patrimoine naturel jardins, parcs historiques, sites naturels, paysages culturels, parcs naturels nationaux et régionaux, réserves naturelles),
– de patrimoine archéologique,
– de patrimoine industriel, scientifique et technique (bâtiments et sites industriels, anciennes mines),
– de patrimoine maritime et fluvial (navires à voile, phares, ensembles portuaires, fortifications, écluses, berges, ponts anciens),
– de patrimoine ethnologique ou immatériel, depuis la Déclaration Unesco adoptée à Istanbul en Septembre 2002 (traditions orales, coutumes, langues, musique, danses, rituels, festivités, médecine et pharmacopée traditionnelles, arts de la table et des savoir-faire).
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Table des matières
Introduction
Partie introductive: Pose de la problématique et annonce du plan de recherche Avènement et fondements de la gestion du patrimoine en France
II. Contexte mondial de la sauvegarde du patrimoine
III. L’exportation du savoir-faire français dans les pays en développement
Première partie : La politique du patrimoine en France
I. Les principaux outils
II. Etudes de cas
III. Synthèse des principes inhérents à la mise en pratique de la politique patrimoniale française
Deuxième partie : La politique française du patrimoine en pays non occidental Formulation des propositions hypothétiques applicables aux principes identifiés en premiére partie
II. Des opérations patrimoniales en pays non occidentaux I Etudes de cas
III. Conclusion sur la vérification des principes français dans les cas étudiés en pays non occidental
Conclusion
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