La prise en charge de l’arthose par la médecine traditionnelle

L’expression médecine traditionnelle se rapporte aux pratiques, méthodes, savoirs et croyances en matière de santé qui impliquent l’usage à des fins médicales de plantes, de parties d’animaux et de minéraux, de thérapies spirituelles, de techniques et d’exercices manuels Ŕ séparément ou en association Ŕ pour soigner, diagnostiquer et prévenir les maladies ou préserver la santé [1]. En Afrique, jusqu’à 80% de la population utilise la médecine traditionnelle pour répondre à ses besoins de soins de santé [2]. Précisément, dans certains pays d’Afrique, les plantes médicinales représentent la seule source de médicaments pour près de 90% de la population [3]. De même, dans de nombreux pays asiatiques la médecine traditionnelle continue d’être largement utilisée, même si l’allopathie est facilement disponible. En Chine, l’utilisation des remèdes traditionnels représente 40% de tous les soins de santé. En même temps, pour certains pays de l’Amérique Latine, il a été rapporté que 71% de la population de Chili et 40% de la population de Colombie ont utilisé la médecine traditionnelle. La médecine traditionnelle est également très populaire dans de nombreux pays développés parce qu’elle est fermement intégrée à des systèmes de croyance plus globaux [2]. A partir de ces chiffres, on peut conclure que le recours à la médecine traditionnelle s’est répandu partout dans le monde et a gagné en popularité. Elle est seulement utilisée pour les soins de santé primaires des pays en développement, mais aussi dans les pays où la médecine conventionnelle ou biomédecine occupe une place prépondérante dans leur système de soins de santé national. La médecine traditionnelle est utilisée dans diverses pathologies, nous allons particulièrement nous intéresser à la prise en charge de l’arthrose par cette dernière.

L’arthrose est considérée comme la maladie articulaire la plus répandue et la plus fréquente des arthropathies dégénératives chroniques [4]. C’est une maladie dégénérative du cartilage, souvent douloureuse avec des poussées inflammatoires, et aboutissant à un handicap fonctionnel ayant des conséquences importantes sur la qualité de vie des patients. Ce qui fait de cette maladie un réel problème de santé publique. La médecine traditionnelle a une place très importante dans le domaine de la rhumatologie. Les plantes et les huiles essentielles ainsi que les différentes cures traditionnelles peuvent se substituer aux traitements chimiques dans l’arthrose. Elles les complètent afin d’en réduire l’usage et les effets indésirables parfois graves des médicaments. Elles peuvent améliorer leur tolérance. L’origine de la douleur déterminera quel type de plante ou d’huile essentielle seront les plus appropriées : antalgiques, anti-inflammatoires, et/ou reminéralisantes [5].

L’ARTHROSE

DEFINITION

Une réunion de l’OMS et de l’American Academy of Orthopaedic Surgeons (1994) a proposé une ébauche de définition qui englobe les principales facettes de la maladie. Elle en est un bon résumé, mais n’offre que peu d’intérêt pour la recherche clinique : « L’arthrose est la résultante des phénomènes mécaniques et biologiques qui déstabilisent l’équilibre entre la synthèse et la dégradation du cartilage et de l’os sous-chondral. Ce déséquilibre peut être initié par de multiples facteurs : génétiques, de développements, métaboliques et traumatiques. L’arthrose touche tous les tissus de l’articulation diarthrodiale et se manifeste par des modifications morphologiques, biochimiques, moléculaires et biomécaniques des cellules et de la matrice cartilagineuses conduisant à un ramollissement, une fissuration, une ulcération et une perte du cartilage articulaire, une sclérose de l’os sous-chondral avec production d’ostéophytes et de kystes sous-chondraux. Quand elle devient symptomatique, l’arthrose entraîne douleur et raideur articulaires, un éventuel épanchement articulaire avec des degrés variables d’inflammation locale» [6]. L’opinion qui prévaut est que l’arthrose n’est pas une maladie univoque mais un groupe d’affections dégénératives articulaires. En d’autres termes, elle n’est pas une maladie mais un syndrome ou encore elle est l’aboutissement ultime de diverses maladies touchant l’articulation. Cette complexité nosologique se double d’une grande diversité évolutive : selon leur localisation, toutes les arthroses n’ont ni la même fréquence, ni la même évolution, autrement disent elles n’ont pas la même gravité et ne nécessitent pas la même attitude pratique.

ANATOMIE-HISTOLOGIE

Macroscopiquement, à l’ouverture d’une articulation, le cartilage articulaire apparaît blanc nacré, lisse à l’œil nu, ferme mais légèrement dépressible à la palpation. Avec l’âge, il devient blanc jaunâtre. A la périphérie de l’articulation, il se poursuit par une zone de transition avec la couche fibreuse de la capsule synoviale et avec le périoste épiphysaire. Son épaisseur est variable selon l’articulation ; elle est plus importante aux articulations des membres inférieurs, plus chargées. Elle est maximale sur la rotule où il atteint jusqu’à 7 mm. Dans une articulation donnée, l’épaisseur est maximale dans les zones supportant le maximum de charge. Les cartilages articulaires sont un peu plus épais chez l’homme que chez la femme, ils ne s’amincissent pas avec l’âge.

Microscopiquement, le cartilage est un tissu sans vaisseau et sans nerf. Sous le microscope, sous une surface acellulaire, on observe une plage faite d’un tissu homogène dans lequel sont disposées, plus ou moins en colonnettes, dont l’axe principal est perpendiculaire à la surface, des cellules (les chondrocytes) enchassées dans des logettes (les chondroplastes). A l’opposé de la surface, le cartilage est posé sur l’os sous-chondral dont on distingue bien la structure (figure 2). Ces cellules représentent 3 % du volume du cartilage. Elles vivent en milieu anaérobie.

La surface du cartilage joue un rôle important dans la physiologie de ce tissu puisque c’est elle qui reçoit en premier les pressions, c’est elle qui est soumise aux forces de cisaillement. Elle est le filtre sélectif à travers lequel passe les substances nutritives venant du liquide synovial, seule source d’alimentation des chondrocytes, dans des conditions physiologiques. Elle joue enfin un rôle majeur, avec le fin film du liquide synovial qui la recouvre, dans la lubrification de l’articulation. C’est à son niveau qu’apparaissent les premiers signes histologiques de la désorganisation structurale de l’arthrose [7].

EPIDEMIOLOGIE DESCRIPTIVE 

L’arthrose est de loin la plus fréquente des affections articulaires, l’une des maladies chroniques les plus courantes chez le sujet âgé et une cause majeure de handicap.

Prévalence
Sa prévalence générale relevée par des dépistages radiologiques systématiques est de 52 % des adultes pour une seule localisation [8]. Cette prévalence augmente considérablement avec l’âge, et atteint les 85% dans les tranches d’âge les plus élevées [8-10].

Age
Bien qu’elle ne soit pas au sens strict la conséquence du vieillissement, la fréquence de l’arthrose augmente lorsque le cartilage n’a plus ses qualités originelles de souplesse, d’élasticité et de glissement : les adultes d’âge moyen (40 ans) et plus sont les plus atteints [11].

Sexe
Avant 55 ans, la distribution des articulations arthrosiques est semblable dans les deux sexes ; au-delà, la fréquence augmente beaucoup plus chez la femme. Chez les sujets âgés, la coxarthrose est beaucoup plus fréquente chez l’homme alors que l’arthrose des mains, pieds et genoux est plus fréquente chez la femme [9].

Profession
L’utilisation de certaines articulations liée au mode de vie ou à la profession augmente leur risque d’arthrose [9]. Les travailleurs du coton et du textile souffrent plus d’arthrose de la main et des doigts. Les mineurs ont plus d’arthrose des genoux et du rachis, et les utilisateurs de marteau-piqueurs plutôt du coude et des poignets [12].

Ethnie et race
L’incidence de la gonarthrose est plus faible chez les Chinois de Hong-Kong que chez les blancs. Elle est plus élevée chez les afro-américaines que chez les femmes leucodermes [13]. En Afrique du Sud, l’arthrose interphalangienne, et surtout la coxarthrose, est beaucoup moins fréquente chez les noirs que chez les blancs [14].

Facteurs étiologiques
On distingue deux types d’arthroses [14] : L’arthrose primitive ou idiopathique et l’arthrose secondaire. L’arthrose primitive est la plus répandue. Elle est lente et évolutive. Habituellement tardive, localisée ou diffuse, elle est sans cause précise. L’arthrose secondaire quant à elle est plus précoce et plus sévère. Elle est causée par un certain nombre de facteurs, on peut citer : les facteurs systémiques comme l’âge, le sexe, l’ethnie, la race et la génétique et des facteurs locaux et biomécanique tel que l’obésité, la dysplasie osseuses et les traumatismes.

Facteurs systémiques 

Age
L’augmentation de l’incidence de l’arthrose avec l’âge peut s’expliquer par le changement de la composition de la matrice, la réduction des fonctions du chondrocyte et la diminution de réponse aux stimuli [15]. Ces modifications peuvent interférer avec le remodelage interne continu.

Ethnie et race
Les afro-américains avec l’arthrose du genou ou de la hanche ont des signes radiographiques plus sévères et l’atteinte est souvent bilatérale, et une mobilité articulaire plus réduite que chez les blancs. Cette différence s’expliquerait en partie par un indice de masse corporelle (IMC) plus élevé chez les noirs. Le rôle de l’obésité sera envisagé plus loin.

Génétique
Des défauts génétiques de fabrication sont susceptibles de favoriser l’arthrose. Les facteurs génétiques sont incriminés dans au moins 50 % des cas d’arthrose des mains et des hanches, et dans un faible pourcentage de l’arthrose des genoux [9]. Les gènes proposés sont le gène du récepteur de la vitamine D, le gène de l’IGF-1 (insulin like growth factor 1) et le gène de la protéine oligomérique du cartilage.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE 1 : L’ARTHROSE
I. DEFINITION
II. ANATOMIE-HISTOLOGIE
III. EPIDEMIOLOGIE DESCRIPTIVE
III.1. Prévalence
III.2. Age
III.3. Sexe
III.4. Profession
III.5. Ethnie et race
III.6. Facteurs étiologiques
III.6.1. Facteurs systémiques
III.6.1.1. Age
III.6.1.2. Ethnie et race
III.6.1.3. Génétique
III.6.2.Facteurs locaux et biomécaniques
III.6.2.1. Obésité
III.6.2.2. Dysplasies osseuses
III.6.2.3. Traumatismes
IV. RETENTISSEMENT SOCIO-ECONOMIQUE
V. PHYSIOPATHOLOGIE DE L’ARTHROSE
V.1. La conception « mécaniste »
V.2. La conception « biologique »
VI. MANIFESTATIONS CLINIQUES
VII. LOCALISATIONS SPECIFIQUES DE L’ARTHROSE
VII.1. L’arthrose du genou
VII.2. L’arthrose de la hanche
VII.3. L’arthrose de la main
VII.3.1. L’arthrose des doigts
VII.3.2. La rhizarthrose ou arthrose du pouce
VII.4. L’arthrose de la colonne vertébrale
VII.5. L’arthrose cervicale
VII.6. L’arthrose dorsale et lombaire
VII.7. L’arthrose des autres articulations
VII.7.1. L’épaule
VII.7.2. Les coudes
VII.7.3. Les chevilles
VIII. DIAGNOSTIC
VIII.1. L’examen clinique
VIII.2. La radiographie
VIII.3. Echographie
VIII.4. Imagerie par résonnance magnétique (IRM)
VIII.5. Le bilan sanguin
VIII.6. Diagnostics différentiels
IX. Traitement médicamenteux de l’arthrose
IX.1. Traitement symptomatique
IX.1.1. Les antalgiques de niveau I
IX.1.1.1. Paracétamol
IX.1.1.2. Les anti-inflammatoire non stéroïdiens (AINS)
IX.1.2. Les antalgiques de niveau II
IX.1.2.1. Codéine
IX.1.2.2. Dextropropoxyphène
IX1.2.3. Tramadol
IX.2. Traitement de fond
IX.2.1. Diacerhérine
IX.2.2. Sulfate de chondroïtine
IX.2.3. La glucosamine
IX.3. Traitement local
IX.3.1. Corticoïdes
IX.3.2. Acide hyaluronique
IX.4.Traitement chirurgical
IX.5.Traitement non pharmacologique
PARTIE 2 : LA MEDECINE TRADITIONNELLE ET ARTHROSE
CHAPITRE I : LA MEDECINE TRADITIONNELLE
I. DEFINITION SELON L’ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTE (OMS)
II. SITUATION DANS LE MONDE
III. LES ENJEUX
IV. LA STRATEGIE DE L’ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTE (OMS) POUR LA MEDECINE TRADITIONNELLE
V. LES OBJECTIFS ET LES DEFIS DE LA MEDECINE TRADITIONNELLE
VI. LES ORIGINES DU SAVOIR MEDICAL TRADITIONNEL
VII. CLASSIFICATION DE LA MEDECINE TRADITIONNELLE
VII.1. Selon l’âge d’apparition
VII.2. Selon l’organisation mondiale de la santé OMS
VIII. LA MEDECINE TRADITIONNELLE DANS LE MONDE
CHAPITRE II : LA PRISE EN CHARGE DE L’ARTHROSE PAR LA MEDECINE TRADITIONNELLE
I. LA PHYTOTHERAPIE
I.1. Millet noir
I.2. Gingembre Zingiber officinale Roscoe L.
I.3. Curcum : C. domestica
I.4. Insaponifiable de soja et d’avocat
I.5. APPLICATION DE TOPIQUES
I.5.1. Huile d’olive
I.5.2. Brocoli
I.6. Aromathérapie
II. LE THERMALISME OU CRENOTHERAPIE
III. L’ACUPUNCTURE
IV. LA CUPPING THERAPIE : CUPPING
V. LES BAINS DE SABLES
VI. L’APITHERAPIE
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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