Implantation physique des festivals, choix stratégiques et conséquences

Implantation physique des festivals, choix stratégiques et conséquences

Animai

Le festival Animai est né en 1982, principalement sorti de l’esprit du premier animateur de rue engagé par la ville, monsieur Mike Ingle. Ce dernier « influencé par l’esprit de mai 68 » (Ingle, entretien, 24.10.2017) était profondément travaillé par l’envie « d’offrir quelque chose à cette communauté pour laquelle il n’y avait presque rien » (Ingle, entretien, 24.10.2017). De cette envie est donc né un festival centré sur l’expression artistique qui, lors des premières éditions, affichait déjà son esprit militant. En témoigne cette citation extraite du document présentant le programme cadre du festival et sa démarche qui consistait alors : « à catalyser les forces vives de la Cité et spécialement la jeunesse, en proposant un objectif commun à toutes les organisations de jeunesse existantes, les groupes spontanés et les individus, touchant les domaines sociaux et artistiques et d’une manière  » la qualité de la vie  » sous le thème  » HARMONIE  » (…) L’esprit de la Fête sera souhaité ; harmonie donc entre les gens, harmonie des coeurs, harmonie entre les âges, harmonie malgré les différences » (Ingle, Buts et esprit de l’animation de Mai 1983, 1983, p.1).

Dès le début, il s’agissait donc d’utiliser le vecteur culturel pour faire la promotion d’expériences communautaires et sociales. À ce sujet, le titre accompagnant la liste des activités mises en place pour l’édition de 1992 n’était autre que « listes des animations, spectacles et actes sociaux » (Groupe de soutien Animation de mai, lettre adressée à la municipalité, annexes, 1982, p.1). L’originalité du festival résidait dans la manière qu’il avait de conjuguer des objectifs sociaux avec des actions artistiques et culturelles. Toutefois, son esprit visionnaire et novateur ne s’arrêtait pas à ça. Effectivement, Animai, lors de ses premières éditions, se déroulait sur un mois entier, plus spécifiquement « pendant 22 jours » (Comité d’organisation Animation de Mai, Programme cadre de l’Animation de Mai par la jeunesse de Vevey, 1982, p.1-­‐5) et mettait un point d’honneur à animer l’ensemble de la ville et de ces espaces publics. Dès lors, l’édition de 1983 a découpé son programme en fonction des quartiers investis couvrant ainsi l’ensemble de Vevey. Actuellement, Animai existe toujours et va vivre en 2018 sa 36ème édition. Le festival est aujourd’hui identifié au service jeunesse de la ville et est donc considéré comme une « prestation offerte à la population » (Rossier, entretien, 17.10.2017). Il ne se déroule plus que sur 5 jours et uniquement au Jardin du Rivage. Si l’espace public investi a été fortement réduit, la volonté du festival d’utiliser les arts et la culture à des fins sociales perdure, les objectifs du festival actuels sont ;

Images

La première édition du festival Images date de 1995. Il était entièrement réalisé en intérieur et fortement centré sur la photographie avec notamment « la présentation des lauréats du concours européens de la photographie » (www.images.ch, archives 1995, consulté le 10.11.2017) également mis sur pied par le festival. Le titre-­‐même donné au concours affiche les ambitions élevées d’Images, dès la première édition. En effet, le festival est né avec pour objectif l’envie de redonner une nouvelle identité à la ville de Vevey. La stratégie choisie était alors de miser sur l’industrie culturelle, afin de pallier à l’affaiblissement de l’industrie classique, marquée par « la double fermeture des ateliers mécaniques de Vevey et de l’usine de tabac Rinsoz et Ormond » (Yersin, entretien, 31.10.2017). Cette idée visionnaire de miser sur le terreau culturel Veveysan pour l’utiliser comme « outil de redéploiement économique de la ville » (Yersin, entretien, 31.10.2017) vient du syndic de l’époque, monsieur Yves Christen, qui va alors solliciter Jean-­‐Marc Yersin et sa femme, directeurs du Musée Suisse de l’Appareil Photographique de Vevey.

Ces derniers vont ensuite réussir à fédérer plusieurs acteurs culturels régionaux, principalement des directeurs de musées, des représentants des écoles d’art ou encore des entreprises de design. Tous ayant comme point commun un lien plus ou moins fort avec l’image. (Groupe de réflexion IMAGES’95, Images’ 95, Forum de la photographie et des arts visuels, prix de la ville de Vevey, juin-­‐juillet 1995, Avant-­‐Projet, 1993, p.4). C’est donc à la suite des discussions de ce groupe de réflexion qu’est né le festival Images ainsi que le concours européen de la photographie. Les objectifs fixés concernaient les trois domaines que sont la culture, le tourisme et l’économie. Il s’agissait donc de conjuguer l’envie d’exploiter ce terreau culturel avec des objectifs de développement local, afin de permettre à la ville de rayonner et de retrouver une vitalité. (Groupe de réflexion IMAGES’95, Images’ 95, Forum de la photographie et des arts visuels, pris de la ville de Vevey, juin-­‐juillet 1995, Avant-­‐Projet, 1993, p.8-­‐9). Le concept mis en avant se résumait de la manière suivante ;

Espace public, une définition singulière et plurielle L’espace public est un concept théorique abordé et développé par de nombreuses disciplines scientifiques comme la sociologie, l’urbanisme, les sciences politiques, l’architecture ou encore l’anthropologie etc. Dès lors, il existe autant de manières de définir ce concept qu’il y en a de l’aborder. Toutefois, dans ce travail ont été retenus et synthétisés les éléments théoriques jugés comme étant les plus pertinents vis à vis du terrain choisi et des objectifs de la recherche. Malgré une certaine opacité théorique entourant le concept d’espace public, plusieurs auteurs défendent l’idée selon laquelle « L’espace public est un singulier dont le pluriel – les espaces publics – ne lui correspond pas » (Paquot, 2009, p.1). Ainsi, il existerait deux définitions, ou plutôt deux sens, habituellement donnés à l’expression. « Espace public » et « espaces publics » ont donc chacun droit à leur définition.

Le singulier de l’expression renvoie aux théories développées par Habermas définissant l’espace public comme étant l’espace se situant entre la sphère privée et l’Etat, là où nait le débat et l’expression des idées. Il ne s’agit donc pas d’un espace physique architecturalement définit mais d’un espace mental et virtuel caractérisé par le débat d’idées. L’expression « espace public » évoque donc avant tout le débat politique et fait appel à des notions telles que la démocratie et la délibération (Mongin, 2012, p.73). Une manifestation, un débat dans un café ou même une collection d’articles dans un journal correspondent à cette définition de l’espace public au sens singulier du terme. Le pluriel de l’expression est quant à lui directement inspiré du vocabulaire des ingénieurs, des urbanistes ou des architectes et il fait référence à des lieux physiques, délimités architecturalement telles que des rues, des places, des cafés, des centres commerciaux, des espaces verts etc. Il s’agit donc de véritables lieux parcourus et fréquentés par un public (Paquot, 2009, p.1). Toutefois, une distinction doit être faite entre les expressions « lieux publics » et « espaces publics ». En effet, les premiers « relèvent de règles de fonctionnement et d’usages garantis par l’Etat » et correspondent à des établissements tels que les écoles, les hôpitaux ou encore les bâtiments officiels (Béja, 2012, p.71). Les deuxièmes, quant à eux, bien qu’organisés par les pouvoirs en place, ont vocation d’être habités et parcourus par un public « composé de consommateurs et d’usagers, mais aussi de flâneurs, d’erranfoules plus ou moins soumises aux itinéraires balisés par l’autorité » (Béja, 2012, p.71).

Ces espaces correspondent donc aux rues, aux places, aux jardins etc. et peuvent alors être qualifiés de « bien commun par excellence » (Béja, 2012, p.71). Toutefois, à la lecture de cette double définition, il est légitime de penser qu’ « espace public » et « espaces publics » se trouvent parfois réunis en un seul lieu, comme par exemple lorsqu’une manifestation investi les rues d’une ville, lors d’évènements culturels ou lorsqu’un groupe de citoyens débat de ses idées dans un café. Dans ces exemples, le concept permettant de lier le pluriel et le singulier de l’expression n’est autre que celui de la « communication » (Paquot, 2009, p.4). « Espace public » et « espaces publics » ont donc en commun « l’idée du partage, de la liaison, de la relation, de l’échange, de la circulation » (Paquot, 2009, p.4) au sens figuré pour le singulier de l’expression et davantage au sens propre pour le pluriel. Communiquer vient de l’expression latine « communicare » signifiant «être en relation avec » et cette relation communicative induit toujours un échange, un déplacement ainsi qu’ « un transport réel ou symbolique » (Paquot, 2009, p.4). Il est alors possible de tracer ici un parallèle avec la notion d’information et de rétroaction identifiées comme l’un des neufs principes fondamentaux de la théorie des systèmes. En effet, si l’espace urbain est pensé comme un ensemble de systèmes, ces derniers doivent pouvoir interagir les uns avec les autres pour que l’ensemble continue de fonctionner. Cela est alors possible uniquement grâce à la circulation de l’information entre les systèmes. Effectivement, « l’information est l’élément vital de tout système à composante humaine. Elle circule entre les éléments et les met en relation.

L’information ne se contente pas de s’additionner à l’information déjà en stock, elle est facteur de changement » (Amiguet et Julier, 2014, p.40). L’importance de la circulation de l’information telle que présentée ci-­‐dessus semble faire écho à celle de la communication évoquée plus haut. Ainsi, les espaces publics au sens pluriel du terme, sont avant tout des espaces qui permettent aux différents systèmes composant la ville de communiquer entre eux, de fonctionner. Cette communication contribue à la transformation de la ville. Après avoir exposé ci-­‐dessus les deux définitions relatives au concept d’espace public, il est utile de mentionner que c’est plus souvent au pluriel de l’expression qu’il sera fait référence dans ce travail. En effet, cette recherche concentre une importante partie de son analyse sur les transformations, formelles et informelles que l’espace public visible et identifiable d’une ville connaît lorsqu’il entre en interaction avec des projets culturels.ts, de

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Table des matières

1. Introduction
2. Objectifs
2.1 Objectifs de recherche
2.2 Objectifs personnels et objectifs de formation
3. Mise en contexte
3.1 Animai
3.2 Images
4. Cadre théorique
4.1 Espace public
4.1.1 Espace public, une définition singulière et plurielle
4.1.2 Espace public et espace privé
4.1.3 Espace public et théories urbaines
4.1.4 Dynamique des espaces publics
4.2 Médiation culturelle
4.2.1 Définition plurielle et ouverte
4.2.2 Médiation culturelle, la réponse à une triple crise
4.2.3 Logiques démocratiques et participation
4.2.4 Développement culturel et développement local
4.2.5 Les festivals, instruments de développement local
5. Hypothèses
6. Méthodologie
6.1 Terrains de recherche
6.2 Méthode de récolte des données
6.3 Personnes interviewées
6.4 Ethique
6.5 Méthode de traitement des données
7. Analyse des données
7.1 Implantation physique des festivals, choix stratégiques et conséquences
7.1.1 Implanter un festival, acte militant et pouvoir de représentation
7.1.2 Des besoins communs qui demandent une réponse commune
7.1.3 Transformations physiques de l’espace public, une expérience sensorielle
7.2 Les festivals, des outils de renouveau pour la ville
7.2.1 Les festivals, de l’idéal militant à la gouvernance politique
7.2.2 Les festivals, des expériences collectives pour prévenir les risques sociaux
7.2.3 Les festivals, l’intelligence créative pour repenser l’espace urbain
7.3 Les festivals et la ville, questions de gouvernance et enjeux de pouvoir
7.3.1 Les festivals, négociations politiques et financières
7.3.2 Les festivals et la nécessité de garder un sens au niveau local
7.3.3 Les festivals dans une ville en mutation architecturale
8. Synthèse
9. Conclusion
10. Bibliographie
10.1 Ouvrage méthodologique
10.2 Livres et ouvrages
10.3 Revues, articles et périodiques
10.4 Documents institutionnels Animai (archives)
4 10.5 Documents institutionnels Images (archives)
10.6 Sites internet
11. Annexes
11.1 Canevas d’entretien pour les acteurs à l’origine des projets
11.2 Canevas d’entretien pour les acteurs actuels des projets
11.3 Canevas d’entretien pour les acteurs politiques
11.4 Dépliant, programme d’Animai 2017

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