Déforestation
La déforestation est une des conséquences inévitables de l’exploitation minière. Elle est causée par la construction de voies d’accès et par l’installation des infrastructures. Dans le cas des exploitations de Mangarano, les méthodes d’extractions sont artisanales. Les travailleurs procèdent à des pratiques archaïques : favorisant la déforestation en masse et l’arrachement des couvertures végétales. Selon les ouvriers, l’ouverture d’une carrière souterraine nécessite la coupe de plus d’une dizaine d’arbres (transformé en bois rond et planches pour soutenir les parois des galeries souterraines de la mine). Quant à une mine à ciel ouvert, au fur et à mesure du creusement, la couverture végétale est arrachée. La commune de Mangarano compte au moins trois mines à ciel ouvert et plus d’une dizaine de carrières souterraines. De ce fait, une déduction peut être tirée qu’outre la construction des voies de communication l’ouverture des mines dans la commune de Mangarano a conduit à l’abatage de plus d’une centaine d’arbres et l’arrachement de plus d’une dizaine d’hectare de couvertures végétales. La végétation de la commune de Mangarano est essentiellement constituée de Mimosa, de pin en enfin des herbes de tous genres. Tous ces types de plantes sont concernés par des abatages massifs. Le tableau 3 illustre le pourcentage d’abatage de chaque strate dans la zone d’étude depuis l’ouverture des carrières. Ainsi, il donne un aperçu sur l’ampleur de la déforestation. Il est difficile d’obtenir un taux exact du volume d’herbe enlevé puisque la densité de fourrage n’est pas précise et varie suivant les parcelles, L’évaluation est alors basée sur la superficie défraichie. Le maire a précisé qu’une déforestation massive a été effectuée sur la colline d’Ambatonapetraka en 2006 suite aux explorations faites par les Chinois. Ainsi, la colline a complètement été rasée. Non loin de là, une autre carrière a été ouverte en 2016 et toute la couverture végétale y a été arrachée, et la colline est aussi devenue déserte. À elles seules, les deux collines comportaient une cinquantaine d’arbres et font plus d’un hectare de superficie. (cf. photo.5). Le phénomène est encore plus important au niveau de la mine d’Amborondolo, selon les ouvriers, une dizaine d’arbres par semaine sont coupés pour l’extension de la mine. Pour illustrer ces faits, une comparaison d’images satellites a été réalisée. Sur ces images, un changement important du paysage est observé. Une importante régression de la forêt est constatée au niveau des mines d’Ambatonapetraka et d’Amborondolo. Les zones boisées d’autrefois se sont même transformées en désert. Sur ces images, on peut constater que la déforestation a pris de plus de l’ampleur. Cela a entraîné des conséquences catastrophiques au bout de dix ans surtout au niveau du site d’Amborondolo et ses environs. En 2006, les zones d’exploitations étaient encore verdoyantes avec une surface totale de zone déboisée qui s’est limité à 2,5 ha. Puis, en 2011, l’extension des travaux miniers a conduit à un élargissement de la surface dépourvue de couverture végétale Ainsi, une grande partie de la zone boisée a disparu. La superficie dépourvue de couverture végétale s’est étendue jusqu’à 3 ha. Au fil des années, de plus en plus d’arbres ont été coupés et les espaces verdoyants ont laissé place à des endroits arides. En 2016, la surface déboisée a augmenté de façon exponentielle avec une totale de 15,62 ha. Cependant, la végétation commence à regagner du terrain à certains endroits, notamment au niveau des mines abandonnées.
Dégradation des carrières
Une exploitation minière implique des changements au niveau du paysage. Qu’elle soit à ciel ouvert ou souterrain, cette pratique impacte considérablement la forme originelle du relief. Par ailleurs, une dégradation très avancée est observée au niveau de quelques collines qui correspondent à l’emplacement des carrières. Les zones les plus touchés se trouvent au niveau de la colline d’Ambatonapetraka (longitude : 19°58’50.94’’S-latitude : 46°57’04.56’’E), de la colline d’Amborondolo (longitude : 19°59’01.85’’S- latitude : 46°57’.26’’E) et la mine abandonnée d’Antanety (longitude : 19°57’29.37’’S latitude : 46°57’26.05’’E). Sur ces sites, une tonne et demie de terre par jour sont extraites de la colline et déposée autour du trou entrainant ces changements. Sur les images satellites, plusieurs formes d’altérations sont perçues notamment des cratères béants et des successions de petits trous accompagnés d’accumulation de sédiments. De plus importantes dégradations sont également repérées comme les ablations de flancs collines sont visibles sur les images. D’autres troubles secondaires sont également présents sur la photo. Des formations de lavaka, des ravinements et des rigoles sont aussi perceptibles. Au niveau de la mine d’Ambatonapetraka, on distingue deux formes d’altérations. D’un côté, il y a le trou de la mine à ciel ouvert conduisant à une réduction considérable de l’altitude de la colline et d’un autre côté il y a les mines souterraines qui forment des mini cratères accompagnés d’accumulation de sédiments. D’après le maire de Mangarano, pendant ses travaux d’explorations, l’entreprise chinoise a arraché le versant Sud de la colline d’Ambatonapetraka. Les exploitations se sont étendues sur plus de deux hectares. Après cette exploration, la mine a été abandonnée en 2014 et n’a plus jamais été reconstruite. De ce fait, un trou béant a été laissé par les exploitants et les résidus stériles sont dispersés aux alentours de la mine. Depuis l’ouverture des carrières, de nombreuses collines ont été creusées conduisant à de nombreuses modifications morphologiques telles que la formation de lavaka sur les versants des collines ainsi que la disposition des résidus de carrières, entrainant une sédimentation sur la couche préexistante et la contamination du sol par les composants sulfureux des minéraux exploités. La série de photo 8 représente une mine à ciel ouvert. Elle est constituée d’un unique et grand trou bordé par des mottes de terre. Les exploitants procèdent à un creusement progressif de la colline conduisant à une réduction importante de son altitude. Dans ce cas-ci, la colline d’Ambatonapetraka a perdu plus d’une dizaine de mètres de hauteur. Quant à la photo 9, elle présente une mine souterraine. Cette mine comporte cinq trous de plus d’une cinquantaine de mettre de profondeurs. La hauteur de la colline n’en est pas troublée cependant, cette pratique fragilise l’équilibre du système géomorphologique de la zone. De plus, les dépôts de mottes terres représentent des risques d’ensevelissement pour les champs voisins. Au niveau de la mine d’Amborondolo, un creusement plus important est observable. Plus de la moitié de la montagne est également arrachée. Si le rythme d’exploitation de cette colline est maintenu, il n’en restera plus rien dans vingt ans. Actuellement, plus de la moitié du massif a été arraché. Étant à la fois mine de granite et de pegmatites à terres rares, le site est massivement exploité entrainant le décapage de plusieurs centimètres de couche de roche par jours. Dans le même contexte, un autre site d’exploitation a été ouvert en 2016 pour extraire des béryls et des tourmalines. L’exploitant a utilisé une tractopelle pour décaper la couche. N’ayant pas obtenu un rendement satisfaisant, il a abandonné la carrière laissant la montagne en un piteux état. Le trou laissé évolue actuellement en Lavaka.
Évaluation des risques encourus par la population de Mangarano
La partie occidentale de la région du Vakinankaratra est très riche en minéraux radioactifs. Dans différents secteurs de cet emplacement, des centaines de sites d’exploitations ont été ouverts depuis l’année 1994. Il s’agit essentiellement des mines d’uranothorianite de Tongafeno, des mines de Betafite et de Monazite qui se situent entre Betafo et Faratsio, des mines de colombite et de betafite entre Belazao et Tritriva et enfin des mines de Colombites, de thorium et de pegmatites à terres rares de Mangarano. À noter que ce ne sont pas les seuls minéraux radioactifs exploités dans cette zone. Plusieurs travaux de mesures ont été effectués à l’aide d’un compteur Geiger afin de mettre en évidence la présence de radioactivité et les dangers qu’encourt la population de Mangarano. L’évaluation des dangers sera basée sur les seuils de tolérances fixés par la commission internationale de la radioactivité (CIR). Généralement, la nature émet une radiation de 0,27 mSv/an au niveau de la mer et de 2,4 mSv/an dans les zones montagnardes. La CIR a alors défini le seuil de tolérance de la radioactivité à 1mSv/an au-dessus de cette radioactivité naturelle. Celle-ci est alors fixée à 3,8 mSv/an. Cependant, pour les expositions à court terme, l’exposition est considérée comme dangereuse à partir de 2mSv/h. Cette petite dose accumulée pendant des mois voire des années peut s’avérer fatale pour l’organisme. Par ailleurs, selon ce même organisme, 1 mSv/h correspond à 9Sv/an ; une dose qui dépasse largement le seuil de tolérance des tissus organiques.
CONCLUSION
La dégradation de l’environnement est une préoccupation majeure dans le monde actuel. Source de développement durable, la protection de l’environnement est une affaire qui concerne tous les êtres humains. L’exploitation minière est l’une des activités qui menacent le plus l’environnement. Elle est actuellement en pleine croissance dans la région du Vakinankaratra. Outre les pierres précieuses, les minéraux radioactifs sont aussi très exploités dans cette zone et notamment dans sa partie occidentale. À chaque étape de son développement, une activité minière créée des problèmes sur la zone d’exploitation. Chaque phase cause des dégâts plus ou moins importants sur l’environnement. Dans la commune de Mangarano, de nombreux dommages ont été constatés. La destruction touche presque tous les composants de l’environnement à savoir la végétation, la géomorphologie, le sol, l’eau et l’air. Plusieurs zones correspondant aux sites d’exploitations sont concernées par des déforestations importantes. Plus de 300 arbres ont été coupés et plus de cinq hectares d’herbes ont été arrachés. En matière de dégradation géomorphologique, les exploitations minières fragilisent les reliefs et entraîne l’apparition de l’érosion. Plusieurs formes d’érosion à différents stades sont d’ailleurs observables dans le paysage de Mangarano. En outre, la pédologie est également touchée par les impacts des travaux miniers. Quant au système hydrographique, les mottes de terre disposées autour des carrières ainsi que les sédiments érodés sont charriées vers les cours d’eau. Ce phénomène est à l’origine de l’ensablement des rivières et du recouvrement des canaux d’irrigation des rizières. La nature radioactive des minerais exploités augmente les risques de dégradation et de contamination des éléments de la nature. Les minerais ont un indice de radioactivité variant de moyen à élevé. Ils représentent des risques non seulement pour la faune, mais aussi pour la santé publique. Avec un taux variant entre 0,50 et 39mSv/h ces matières sont responsables de la disparition de certaines espèces animales, mais aussi des mutations génétiques de ces derniers. Concernant la santé publique, les risques de cancer, de cataractes sont élevés dans les sites d’exploitations et ses alentours. Plusieurs cas de cancer ont été recensés dans la partie occidentale de la région du vakinankaratra, selon le CHRR d’Antsirabe ; et notamment à Betafo. Le taux de cataracte répertorié dans cette zone est également alarmant. L’augmentation des statistiques vers l’année 2016 peut être expliquée par une exposition prolongée aux matières radioactives qui sont exploitées depuis 1994. Sur le plan économique, ces exploitations n’apportent, cependant, pas les apports économiques escomptés par les autorités. Outre les taxes versées par les groupements d’exploitants, les activités minières ne constituent pas une source de revenue pour la commune et pour la région. De plus, la majorité des exploitations minières sont illégales et n’apportent donc aucun avantage pour la commune où se déroule l’exploitation. Les seuls avantages économiques se limitent au niveau des ménages. En outre, aucune exploitation faite dans la commune de Mangarano n’est légale et n’est déclarée au niveau de l’administration. En bref, les exploitations de minéraux radioactifs dans la commune de Mangarano représentent de réels risques pour l’environnement et la santé publique dans cette zone. Elle n’est en rien source d’un développement durable puisqu’elles sont illicites et n’apportent aucune redevance pour les autorités compétentes. Ce problème touche toute la partie occidentale de la région du Vakinankaratra. Cependant, l’étude s’est limitée au niveau de la commune de Mangarano pour cause d’inaccessibilité de certaines zones. Mais vu l’analyse des pierres au cercle mess, la menace concerne aussi d’autres contrés. Les exploitants et les habitants ne sont pas conscients des risques que représente la manipulation de ces substances. De plus, les autorités ne sont pas au courant de la présence de la radioactivité dans leur commune. C’est le cas du Maire et des autorités médicales de Mangarano qui n’ont été au courant que lors des travaux de terrain. Il serait alors nécessaire de faire des analyses approfondies dans d’autres zones.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE CADRE THÉORIQUE DU SUJET ET PROBLÉMATIQUE DE RECHERCHE
Chapitre. I . .Contexte de la recherche et fondements des analyses d’impacts géographiques
I.1. Contexte de la recherche
I.2. Fondement des analyses d’impacts géographiques
Chapitre. II . Choix du sujet, problématiques et démarche de recherche
II.1. Choix du sujet
II.2. Problématique et objectifs de recherche
II.3. DÉMARCHE DE RECHERCHE
Chapitre. III . Travaux de terrain
III.1. Phase de reconnaissance
III.2. Équipements et analyses sur terrain
III.3. Paramètres humains : enquêtes
III.4. Interprétation des résultats et problèmes rencontrés
DEUXIEME PARTIE IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES EXPLOITATIONS MINIERES
Chapitre. IV . Déforestation
Chapitre. V . Dégradation morphologique et contamination du sol
V.1. Dégradation des carrières
V.2. Dégradations secondaires
Chapitre. VI . Impacts sur les autres éléments de l’environnement
TROISIEME PARTIE IMPACTS DES EXPLOITATIONS DE MINERAUX RADIOACTIFS SUR LE PLAN HUMAIN
Chapitre. VII . Impacts socio-économiques des exploitations minières
Chapitre VIII. Impacts sanitaires des exploitations de minéraux radioactifs
VII.1. Évaluation des risques encourus par la population de Mangarano
VII.2. Impacts sanitaires de la radioactivité dans la commune de Mangarano
CONCLUSION
BIBILIOGRAPHIE
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