La Réserve de Biosphère du Niokolo Koba est la plus grande aire protégée du Sénégal. Elle présente plusieurs types de végétation allant de la savane herbeuse à la forêt dense sèche (Adam 1968, Traoré 1997). Elle constitue un site de haute biodiversité. Une de ses vocations est d’expérimenter une approche intégrée pour un développement durable des populations de sa périphérie (UNESCO, 1996). Les principaux objectifs visés sont :
– la conservation de la biodiversité ;
– l’utilisation durable des ressources naturelles.
Pour ce faire, la Réserve de Biosphère du Niokolo Koba est structurée en trois zones complémentaires :
– une aire centrale qui représente une zone témoin inaliénable ; c’est la zone de conservation par excellence ;
– une zone tampon qui entoure l’aire centrale dans laquelle toute activité doit correspondre à une pratique écologiquement viable et qui peut abriter des écosystèmes modifiés par l’homme ;
– une zone périphérique ou de transition qui fait suite à la zone tampon, destinée au développement socio-économique à caractère durable. Cette zone compte de nombreux villages dont certains sont établis depuis des générations et d’autres récemment après les périodes d’agrandissement du Parc. Elle relève de la compétence des collectivités locales mais la gestion intéresse les autorités du parc .
Aujourd’hui, la croissance démographique au niveau de la zone périphérique entraîne une pression accrue sur les ressources forestières (Mbow 1995, Mbengue 1997, Diane 2000). Les espèces ligneuses subissent une forte pression du fait de l’extension des champs de culture (Diallo 2003), des activités d’élevage et de l’exploitation du bois (bois de chauffe, bois d’œuvre et de service). Ils s’y ajoutent les mauvaises pratiques relatives à l’exploitation des produits non ligneux (Djiba 2000) et l’effet néfaste des feux de brousse tardifs ou précoces (Mbow 2000, Sonko 2000). Plusieurs espèces sont menacées de disparition dans certains terroirs villageois. Des incursions de la population à l’intérieur du parc à la recherche de certaines espèces ligneuses sont notées dans certaines localités comme Diénoundiala (Adam 1962, PROGEDE 1998). Les ressources sont en épuisement rapide dans la zone périphérique (Thiaw 1995) alors que celles qui sont à l’intérieur du parc sont convoitées (terre, eau, produits végétaux, pâturages). Ces différentes pressions et particulièrement les mauvaises pratiques d’exploitation ont considérablement réduit les ressources forestières dans la zone périphérique (Kane 2005) ; ce qui, à la longue causeraient de réelles menaces sur la conservation des ressources naturelles de la Réserve de Biosphère. Dès lors, il demeure indispensable de mieux connaître l’impact des activités de prélèvement sur les espèces ligneuses de la zone périphérique afin de promouvoir une utilisation durable de ces espèces et de l’écosystème.
Recherche documentaire
Elle consistait à rassembler des informations portant sur la zone d’étude, les espèces ligneuses exploitées dans la zone d’étude, les méthodes de collecte et de traitement des données. Cette recherche documentaire a été faite à plusieurs endroits :
– Institut des Sciences de l’Environnement ;
– Programme Sénégal Oriental du département de Géographie de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines ;
– Direction des Eaux, Forêts, Chasse et de la Conservation des Sols ;
– Direction des Parcs Nationaux ;
– Agence Régional pour le Développement de Tambacounda (ARD).
Choix du site d’étude
Le choix du terroir villageois de Dialacoto a été fait de façon raisonnée sur la base de visites de terrain, d’entretiens avec des personnes ressources intervenant dans la zone périphérique mais également sur la base de données bibliographiques. Il ressort de la consultation de ces différentes sources que les activités de prélèvement sur les espèces ligneuses constituent un problème au niveau du terroir villageois de Dialacoto pour les raisons suivantes :
– la position géographique du village lui confère un manque d’espace due à une forte emprise du Parc et de la Forêt classée de Diambour sur le terroir du village. Ceci pousse les populations à développer leurs activités agricoles, d’élevage ou d’exploitation forestière aux alentours ou au niveau de ces aires protégées ;
– la population grandissante du village dont la majorité utilise les espèces végétales ligneuses pour satisfaire leurs besoins en bois d’énergie et en bois de service ;
– le problème récurrent de cohabitation entre les habitants du village et les autorités du Parc National, dont la principale cause est liée à l’exploitation des ressources naturelles ;
-le constat de dégradation des ressources végétales surtout ligneuses imputable aux populations elles mêmes. Par ailleurs, le choix du terroir du village de Dialacoto est renforcé par le fait qu’il a été l’objet de nombreuses études socio-économiques et de peu d’études sur l’état des ressources naturelles.
Cadre biophysique
Situation de la Réserve de Biosphère du Niokolo Koba
La Réserve de Biosphère du Niokolo Koba (RBNK) se situe au Sud-Est du Sénégal, à cheval sur les régions administratives de Tambacounda et Kolda.
Le climat
La Réserve de Biosphère du Niokolo Koba est située dans les domaines bioclimatiques soudanien (Nord) et soudano-guinéen (au Sud). Le climat a été apprécié au niveau des stations de Tambacounda et Kédougou à travers les paramètres suivants : la température, les vents, la pluviométrie, l’insolation, l’humidité relative et l’évaporation.
• La température
Elle permet de distinguer deux périodes dans la zone d’étude (Figure 4).
– une période (mars à juin) où les moyennes mensuelles des températures sont supérieures à 30 °C;
– une période ou les moyennes mensuelles des températures sont inférieures à 30°C (juillet à février).
Toutefois, il faut noter que la moyenne mensuelle des températures présente un contraste avec des maxima variant entre 40° et 35° et des minima variant entre 20°C et 25°C pour une même période .
• Les vents
La RBNK est soumise à trois types de vents qui sont :
– l’alizé maritime de secteur Nord qui provient de l’Anticyclone des Acores ;
– l’alizé continental ou Harmattan qui provient de l’Anticyclone du Sahara. C’est un vent chaud et sec de direction Nord-Est qui circule pendant la saison sèche au niveau de la RBNK ;
– la mousson qui provient de l’Anticyclone de Saint Hélène. Ce vent circule pendant la saison des pluies au niveau de la RBNK.
• La pluviométrie
La pluviométrie dans la zone d’étude est caractérisée par une variation dans le temps et dans l’espace. L’essentiel des quantités de pluies enregistrées pendant l’année se situe entre le mois de juin et octobre, atteignant un maximum au mois d’août pour une période de 1922 2005 .
Les précipitations varient du Nord au Sud, donnant ainsi une partie Nord de la Réserve de Biosphère moins arrosée que la partie Sud pour la période de 1922-2006. Les quantités de pluies enregistrées pendant plusieurs années montrent une variation interannuelle reflétant ainsi la tendance d’une évolution régressive , consécutive aux périodes de sécheresse au Sénégal.
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Table des matières
Introduction
CHAPITRE 1 : DEMARCHE METHODOLOGIQUE
CHAPITRE 2 : CADRE BIOPHYSIQUE ET SOCIO-ECONOMIQUE DE LA RESERVE DE BIOSPHERE DU NIOKOLO KOBA
I. Cadre biophysique
I.1. Situation de la Réserve de Biosphère du Niokolo Koba
I.2. Le climat
I.3. Le relief
I.4. Les sols
I.5. Le système hydrographique
I.6. La flore et la végétation
I.7. La faune sauvage
II. Cadre socio-économique
II.1. Historique de la Réserve de Biosphère du Niokolo Koba et présentation du terroir villageois de Dialacoto
II.2. Démographie
II.3. Groupes ethniques au niveau de la zone périphérique
II.4. Les activités socio-économiques
II.4.1. Agriculture
II.4.2. Elevage
II.4.3. Exploitation des produits forestiers
II.4.4. Apiculture
II.4.5. Pêche continentale
II.4.6. Chasse
II.4.7. Artisanat
II.4.8. Tourisme
CHAPITRE 3 : RESULTATS ET DISCUSSION
I. RESULTATS
I.1. Principales espèces utilisées au niveau du terroir villageois de Dialacoto
I.2. Etat des populations des principales espèces utilisées au niveau du terroir villageois de Dialacoto
I.2.1. Abondance des espèces au niveau des différentes zones
I.2.2. Distribution spatiale des espèces au niveau des différentes zones
I.2.3. Structure des populations des espèces au niveau des différentes zones
I.2.4. Abondance de la régénération naturelle au niveau des différentes zones
I.2.5. Abondance des souches au niveau des différentes zones
I.3. Facteurs anthropiques structurant les populations des espèces les plus utilisées au niveau du terroir villageois de Dialacoto
I.3.1. Les activités agricoles
I.3.2. Les feux de brousse
I.3.3. L’exploitation du bois
I.3.4. L’exploitation de fruits sauvages
I.3.5. Les activités d’élevage
II. DISCUSSIONS
II.1. Sur les principales espèces utilisées dans le terroir villageois de Dialacoto
II.2. Sur la caractérisation de l’état des populations des espèces
III.3. Sur les facteurs anthropiques déterminant l’état des populations des espèces
CONCLUSION GENERALE
