Histoire la psychiatrie

Histoire la psychiatrie

Au cours des premiers siècles de l’ère chrétienne et même du moyen âge, les préceptes légués par la médecine antique ont été oubliés. La pathologie mentale tombe dans un profond discrédit [62]. Les soins dispensés aux personnes atteintes de troubles mentaux et du comportement ont toujours reflété les valeurs sociales qui influent sur la perception de la maladie mentale dans la société. La manière dont les personnes atteintes d’un trouble mental ou du comportement sont traitées varie selon l’époque et le lieu. Tantôt on leur a témoigné le plus grand respect dans certaines sociétés, tantôt encore, on les a enfermées dans de vastes institutions ou elles étaient examinées comme des objets de curiosité scientifique et enfin, on les a soignées en les intégrant dans la communauté .

La tradition Hippocratique : 460-375 avant Jésus Christ

A partir d’Hippocrate, l’intérêt pour une nouvelle entité « le malade », est apparu. Contemporain de Socrate et de Platon, issu d’une famille de prêtres, Hippocrate a pratiqué la médecine notamment à Athènes [22]. Il est l’un des premiers à établir une classification des troubles mentaux, convaincu que la maladie mentale a une cause organique et non surnaturelle [36]. Il est le premier à insister sur le bien fait de l’interrogatoire et l’examen du malade [4]. Pour lui, la maladie mentale résulte d’un déséquilibre entre les quatre humeurs qui sont le sang, le phlegme, la bile jaune et la bile noire ; accompagné des qualités physiques qui sont le chaud, le froid, le sec et l’humide. Il la justifie de manière scientifique selon les principes suivants :

• le phrénitis : dans la pensée Hippocratique, il était corrélé à la folie aigüe C’est un tableau qui est fait d’un délire aigu associé à une fièvre intense et continue ;
• la manie : à la différence du phrénitis qui est une maladie aigue, la manie est une affection chronique. C’est un délire sans fièvre avec une forte agitation ;
• la mélancolie : « Que la crainte ou la tristesse persistent longtemps c’est un état mélancolique ». disait Hippocrate. Elle est due selon lui à la sécrétion de la bile noire par la rate et est responsable des passions tristes ;
• l’épilepsie : elle était connue aussi sous le nom de maladie sacrée. Maladie la plus décrite par Hippocrate. Maladie du phlegme. Elle n’est plus de nos jours considérée comme une maladie mentale ;
• l’hystérie : connue déjà dans l’Égypte pharaonique, l’hystérie est mentionnée dans la tradition hippocratique où est reprise la théorie déjà connue de la matrice et des manifestations nerveuses qui accompagnent ses déplacements .

Évolution des concepts

Les théories hippocratiques ont connu un succès qui s’est prolongé jusque fort loin dans le XIXe siècle. La longue période gréco-romaine a été totalement imprégnée de cette tradition dont sont issues cependant plusieurs écoles. [22] Il s’agit des écoles dogmatique, empirique, méthodiste, et pneumatiste.

L’école dogmatique 

Il s’agit de l’école la plus fidèle à l’enseignement hippocratique. Elle recommande l’étude de l’anatomie et recherche par le raisonnement l’essence des maladies et leurs causes occultes. Elle propose une théorie humorale de la santé : une bonne santé n’est acquise que dans l’équilibre des humeurs (sang, bile noire et jaune, phlegme) et pour autant que soient en harmonie leurs caractéristiques (température, humidité, consistance). Pour cette raison, cette école est aussi dénommée école humorale. Toutes les maladies, en particulier psychiques, naissent du déséquilibre entre les humeurs et leurs caractéristiques. Les maladies de l’âme, sont dans la représentation hippocratique, liées au cerveau, dont l’altération se fait par le « phlegme et la bile » ; le cerveau ne crée pas les troubles mentaux, mais rend expressifs les troubles humoraux qui les sous-tendent .

L’école empirique

Elle s’oppose à la théorie hippocratique en bornant la médecine aux faits observés et à l’expérience. L’école empirique considère que l’important en médecine n’est pas la recherche des causes, mais beaucoup plus l’expérience clinique : expérience personnelle acquise dans la pratique par le médecin, ou expérience transmise par les écrits.

L’école méthodiste

Fondée par Asclépiade de Bithynie au 1er siècle avant Jésus Christ, elle explique toutes les maladies par le resserrement et le relâchement des pores [90]. Dans sa représentation, le corps est un assemblage de particules en mouvement que parcourent des conduits dans lesquels circulent des fluides [82]. Il pense que tous les tissus sont constitués de minuscules particules mouvantes séparées par des pores. Les maladies mentales sont dues à l’obturation des pores par le cerveau. [90] Il est en outre le premier avec Celse à employer le terme « d ’Alienatio mentis » pour désigner la folie qu’il divise en trois catégories, qui sont la phrenitis, la manie, et la mélancolie.

L’école pneumatiste

De Ruphus d’Ephese qui s’appuie dans son traité sur l’étude du pouls. [82] Elle rapporte l’origine des maladies à l’action du pneuma, esprit aérien modifiant les liquides et les solides. Chez les pneumatistes, Arrêtée de Cappadoce, soutient que c’est l’altération de la « force motrice » qui est à l’origine de tous les actes morbides. Ainsi en tournant sur lui-même, le pneuma produit l’épilepsie. Lorsqu’il est subtil et sec, il produit la phrénitis et les vertiges. Lorsqu’il est sec et chaud, il provoque la manie et la mélancolie. Si le pneuma est froid, il produit alors la démence sénile.

L’école éclectique 

De Galien (130 après JC), restaurateur de la théorie humorale, qui estime que les maladies de l’âme sont, au sens médical des lésions de l’intelligence, soit par atteinte primitive du cerveau, soit par sympathie après atteinte d’un autre organe[28]. Galien développe la théorie des tempéraments qui oppose, le « Sanguin » et le « Colérique », le « Flegmatique » et le « Mélancolique » .

Le XIXe siècle : la naissance de la psychiatrie

Pendant longtemps, les personnes malades sont prises en charge par leurs proches, ou accueillies au sein d’institutions généralistes, au même titre que les pauvres, vieillards, vagabonds et orphelins. En 1656, Louis XIV décrète la création des hôpitaux généraux, dans le but d’y enfermer toute personne en dehors des cadres de la société de l’époque, c’est le début de l’enfermement. Les personnes atteintes de maladie mentale sont considérées comme possédées, elles pouvaient risquer le bûcher, pour sorcellerie [20]. Le métier de psychiatre est la pratique d’un médecin qui se consacre à l’étude de la pathologie des comportements et aux soins requis par celle-ci [41]. Le mot psychiatrie est une création de l’aliéniste allemand Reil, appartenant au courant dit de la psychiatrie romantique. Celui-ci introduit en 1808 le terme « psychiaterie » qu’il abrège plus tard en « psychiatrie » [77]. La psychiatrie émerge lentement à partir du moment où se définit un projet de connaissance ordonnée du monde de la pathologie mentale, la folie, par l’observation clinique. Le premier objectif des aliénistes est d’en constituer un savoir. Le projet thérapeutique était implicite : isoler, rassembler, définir, soigner. Le métier créait le savoir qui à son tour inventait les soins .

La loi du 30 juin 1838 

Une loi sur l’aliéné est promulguée, son article premier énonçant « chaque département est tenu d’avoir un établissement public, spécialement destiné à recevoir et soigner les aliénés, ou de traiter, à cet effet, avec un établissement public ou privé, soit de ce département, soit d’un autre département ». [21] La loi de 1838 en France devient un modèle qui inspire partiellement celle de 1845 au Royaume Uni ou celle de 1850 en Belgique. L’asile d’aliénés se diffuse massivement à l’échelle européenne. En 1878, on dénombre 104 établissements pour aliénés en France [15]. Dès la fin du XIXe siècle, la psychiatrie prend donc une autre dimension: plusieurs théories sont formulées pour décrire la maladie mentale [19]. Bayle décrit la paralysie générale. La paranoïa sera décrite par Heinroth puis Seglas et Serieux. Ballet décrira en 1911 la psychose hallucinatoire chronique. La clinique de la schizophrénie se mettra en place progressivement depuis Kahlbaum en 1863, Hecker en 1871 puis Kraepelin en 1899, et Bleuler en 1911[82]. C’est l’effet du développement de la psychanalyse par Freud à la fin du XIXème siècle après la description de l’hystérie par Pierre Briquet en 1880 et les travaux de Jean-Martin Charcot, neurologue à la Salpetrière. Le concept de psychogenèse d’une manifestation de conversion est confirmé par les tous premiers travaux de Freud. En effet, pour la première fois, un trouble mental et un symptôme organique peuvent être rattachés à un événement traumatique appartenant à l’histoire des relations précoces du patient [24]. La psychiatrie devient une spécialité médicale et des moyens lui sont donnés, permettant ainsi d’envisager les pathologies auxquelles elle se rapporte sous l’angle de la thérapie .

C’est ainsi que la loi du 30 juin 1838 fut remplacée par celle du 27 juin 1990 relative aux droits et à la protection des personnes hospitalisées en raison de troubles mentaux et à leurs conditions d’hospitalisation. Cette nouvelle loi a pour but de protéger, avant tout, les libertés individuelles. Elle précise les droits généraux des malades mentaux, quel que soit le mode d’hospitalisation. Les modes d’hospitalisation sont les suivants  :

• l’hospitalisation libre : la personne est hospitalisée avec son consentement, elle est considérée comme un malade ordinaire et dispose des mêmes droits que tout un chacun en rapport avec les libertés individuelles ;

• l’hospitalisation sur demande d’un tiers : elle est demandée par un membre de la famille ou d’une personne agissant en faveur du malade. Il n’y a plus de consentement. Cependant la demande doit être manuscrite, signée par la personne qui la formule et être accompagnée de deux certificats médicaux de moins de quinze jours qui permettent de constater l’état mental du malade, motivant l’hospitalisation, afin d’éviter les abus ;

• et l’hospitalisation d’office : prononcée par arrêté préfectoral, si les troubles mentaux de la personne compromettent la sécurité des personnes ou s’ils portent atteinte de façon grave à l’ordre public, ou encore si elle nécessite des soins. Le préfet prend sa décision au vu d’un certificat médical d’un psychiatre ou l’on retrouve les circonstances qui rendent l’hospitalisation nécessaire.

Le XXe siècle, La psychiatrie contemporaine 

Après un long XIXe siècle rempli de certitudes, de foi dans le progrès et dans l’avenir, succède un XXe siècle rempli de doutes et des remises en cause de toutes sortes. Les bouleversements radicaux des deux guerres mondiales, ainsi que la révolution bolchévique, influencent le mouvement des idées et les psychologies collectives. La psychiatrie, en tant que concept global, s’impose dans les années 1920 tandis que l’aliénisme s’efface. La neurologie, la psychologie clinique, et la nouvelle théorie des constitutions y apportent des modifications. [9] La position dominante d’Henri Ey qui l’a fait souvent qualifier de « Pape de la psychiatrie » est attribuable à trois aspects prédominants de son action. Il est, d’une part, l’auteur d’une théorie ambitieuse, unificatrice, qui donne à la psychiatrie sa place à l’intérieur de la médecine en dialogue avec la neurologie et la phénoménologie, tout en lui conservant sa spécificité : l’organodynamisme. C’est une théorie qui explique comment le manque d’une fonction organique ou psychique peut engendrer le développement excessif d’une autre jusqu’à la pathologie, question de déséquilibre. Formulée très tôt, dès les années 1930, sa fortune est cependant dissipée par le succès de la psychanalyse et du structuralisme à partir du milieu des années 1950.

Par ailleurs Henry Ey est un très grand acteur institutionnel qui arrive à fédérer les psychiatres autour de projets ambitieux, tels que :
• la mise en place du syndicat des médecins des hôpitaux psychiatriques dès 1945 ;
• l’organisation du premier congrès mondial de psychiatrie en 1950 ;
• l’ambition de séparer la neurologie et la psychiatrie ;
• la réorganisation de l’enseignement de la psychiatrie avec la coordination du livre Blanc (1965-1967) ;
• et des projets éditoriaux, .

Les traitements biologiques se mettent progressivement en place : le choc insulinique provoquant des hypoglycémies répétées utilisées par Sackel dans les schizophrénies en 1933, le choc au Cardiazol introduit par Von Meduna en 1937, puis le choc électrique mis au point en 1938 par Bini et Cerletti, précurseur de l’électro-convulsivo-thérapie (ECT) actuelle. [82] En dehors du chloral utilisé à partir de 1869, et du gardénal synthétisé en 1912, les chimiothérapies actuelles se sont développées depuis les années 1950 : la chlorpromazine (Largactil), est découverte par Henri Laborit et utilisée dans les cas de psychoses comme neuroleptique par Jean Delay et pierre Deniker en 1952 ; la même année, N. Kline et J. Delay sont à l’origine des premiers IMAO et R.Kuhn affirmera en 1957 l’activité antidépressive de l’imipramine (Tofranil). Les premiers tranquillisants se développent très vite dans les années 1960 avec les carbamates et surtout les benzodiazépines. En 1960, le psychiatre disposait donc des neuroleptiques, des antidépresseurs, des tranquillisants et hypnotiques et d’un thymorégulateur [24]. Dans le même temps, les autorités publiques commencent à s’intéresser au problème. Ainsi, le 15 mars 1960 parait une circulaire révolutionnaire qui marque l’avènement d’une nouvelle politique pour la psychiatrie, c’est la sectorisation psychiatrique. Il existe une nouvelle manière de penser le rôle des professionnels. Le secteur réorganise la psychiatrie, non plus à partir de l’institution, mais autour du travail d’une équipe engagée dans une diversité de dispositifs au plus près des populations. Dès lors les succès s’enchainent.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela clepfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE
I. Histoire la psychiatrie
1. La tradition Hippocratique : 460-375 avant Jésus Christ
2.Évolution des concepts
2.1. L’école dogmatique
2.2. L’école empirique
2.3. L’école méthodiste
2.4. L’école pneumatiste
2.5. L’école éclectique
3. Le XIXe siècle : la naissance de la psychiatrie
4. La loi du 30 juin 1838
5. Le XXe siècle, La psychiatrie contemporaine
II. Conception de la maladie mentale en Afrique
2.1. En Afrique Noire
2.1.1 Le cas du Gabon
2.1.2 Le cas du Sénégal
2.2 En Afrique blanche : le Maghreb
DEUXIEME PARTIE : NOTRE TRAVAIL
I. Méthodologie
1. Objectifs
1.1. Objectif général
2. Matériel et méthodes
2.1. Cadre d’étude
2.2. Type et période d’étude
2.3. Population d’étude
2.3.1. Critères d’inclusion
2.3.2 Critères de non-inclusion
2.4 Méthode
2.5 Considérations éthiques
2.6 Analyse statistique des données
I. Données épidémiologiques
1. Répartition des patients selon l’âge
2. Répartition selon le sexe
3. Répartition selon la profession
4. Répartition des patients selon le lieu de résidence
5. Répartition des patients selon la région de provenance
6. Proportion des patients accompagnés par un proche
II. Répartition selon les antécédents de maladie mentale
1 Répartition selon les antécédents personnels
2 Répartition selon les antécédents familiaux
III. Répartition selon les symptômes
IV. Répartition selon le délai de consultation
1. Délai de consultation en psychiatrie en fonction des symptômes
2. Délai de consultation en fonction du sexe
3. Délai de consultation en fonction de la profession
V. Itinéraire thérapeutique
1.Proportion de patients ayant bénéficié d’une ou de plusieurs consultations antérieures
2.Influence des caractéristiques sociodémographiques sur l’itinéraire thérapeutique antérieur à la consultation psychiatrique
3 Motifs de recours à un psychiatre
4 Répartition selon le motif de retard de consultation en psychiatrie
5. Influence des caractéristiques sociodémographiques sur le manque d’informations
6. Influence des caractéristiques sociodémographiques sur l’accessibilité des soins
7. Influence des facteurs sociodémographiques sur le coût du traitement
III. Discussion
1. Données épidémiologiques
1.1. L’âge
1.2 Sexe
1.3 Profession
1.4 Lieu de résidence et la région de provenance
2. Les antécédents
2.1 Antécédents personnels et familiaux
3. Motif de consultation
4. Patients accompagnés par un proche
5. Itinéraire thérapeutique
5.1 Patients ayant bénéficié d’une consultation antérieure
5.2 Délai de consultation et les facteurs influençant
5.3 Motifs de recours à un psychiatre
5.4. Motif de retard de consultation en psychiatrie et ses facteurs influençant
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES BILBIOGRAPHIQUES
ANNEXES

Lire le rapport complet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *