Jusqu’à la moitié du 20ème siècle, les pays tempérés avaient perdu la plus grande partie de leur forêt. Mais au cours des 30 dernières années la déforestation est devenue un phénomène tropical où son ampleur s’accroît de façon exorbitante et dont les conséquences restent dramatiques (désertification, dégradation des sols, réduction de la biodiversité, glissement de terrain…). Au niveau mondial 15 millions d’hectares auraient disparu en 1990 dont 7 millions en Amérique Latine, 4 millions en Afrique et 4 millions en Asie. (htt://www.malango.net). A Madagascar 150 000 à 250 000ha de forêts disparaissent chaque année (ONE, 1997). Ceci concerne à la fois les forêts humides et les forêts sèches. Elle a pour causes essentielles les activités économiques et industrielles, la pauvreté et la croissance démographique.
Les Comores n’échappent pas à ce fléau planétaire. Malgré sa faible superficie 1/300 de celle de Madagascar, 1277ha de forêts sont défrichées par an (PFN, 2007). Or les forêts comoriennes constituent des écosystèmes ayant une très grande importance biologique, scientifique, écologique et économique pour la survie de l’archipel. Elles protègent les sols, les stabilisent et limitent l’envasement des côtes. Elles constituent de puissants régulateurs des climats locaux et du débit des cours d’eau. Ce sont des zones particulièrement riches en espèces végétales et sont les habitats d’une grande diversité d’espèces animales.
MILIEU ABIOTIQUE
D’origine volcanique, l’archipel des Comores est constitué de quatre îles principales : Grande Comore (Ngazidja), Anjouan (Ndzouani), Mohéli (Mwali) forment l’Union des Comores et Mayotte (Maore) reste une collectivité territoriale française. Ces îles sont situées dans l’hémisphère sud entre 11°20’ et 13°40’de latitude sud et entre 43°11’ et 45°20’ de longitude Est, au nord du canal de Mozambique et entre la côte nord ouest de Madagascar et la côte orientale de Mozambique. Ces îles sont distantes entre elles d’environ 30 à 40 km (UNEP, 2002), isolées les unes des autres par des profondes fosses sous marines de 2000m (MOULAERT, 1998). L’île de Mohéli est la plus petite et la plus méridionale de l’union des Comores avec 211 km2 de superficie, Ngazidja 1025 km2 , Ndzouani 424 km2 et Maore 374 km2 (Verrin, 1984). Elle se localise entre 12°00’ et 12°30’ de latitude sud et entre 43°30’ et 44°00’ de longitude Est .
Le massif montagneux de Mzékukulé se trouve dans la partie centrale et occidentale de Mohéli à une altitude comprise entre 400 à 790m. Il est situé entre 12°16’ et 12°20’de latitude sud et entre 43°38’ (Hawabouchi) et 43°45’ de longitude Est (col de Mlédjélé Nkowani) et excelle le plus haut sommet.
GEOLOGIE ET GEOMORPHOLOGIE
La formation géologique de l’archipel date de la fin du tertiaire. La séparation de Madagascar de l’Afrique suite aux mouvements tectoniques des plaques avait provoqué des fissures dans la croûte terrestre à partir des volcans au fond du Canal de Mozambique. L’accumulation des coulées de lave les unes sur les autres est à l’origine du premier volcan émergé constituant l’île de Mayotte. Progressivement les autres îles se sont constituées. Mohéli est apparu il y a 1,4 à 3,4 millions d’années. L’île se subdivise géomorphologiquement en deux parties distinctes : la chaîne centrale et le plateau de Djandro. La partie centrale correspond à une charpente volcanique d’orientation nord-ouest sud-est et recouverte par les végétations forestières de l’île. Les versants sont très abrupts et dissymétriques. Le versant nord–est est plus large ; ses pentes sont escarpées mais relativement moins élevées par rapport à celles du versant sud. Le versant sud-ouest est dominé par des pentes plus fortes à vallées profondes mais régulières, prolongées par une étroite plaine côtière. Le sol de Mohéli est constitué actuellement par des andosols brunifiés ou en cours de ferrallisation. Ces sols ferralitiques recouvrent les zones d’affleurement ou les matériaux détritiques issus de la morphogenèse. Ces sols sont sablo-limoneux et fertiles.
CLIMAT ET HYDROGRAPHIE
CLIMAT
Comme tout l’archipel, l’île de Mohéli bénéficie d’un climat de type tropical humide caractérisé par la succession de deux principales saisons. Une saison chaude et pluvieuse (été austral) et une saison fraîche et sèche (hiver austral). Cependant il existe d’importantes variations locales qui sont à l’origine d’une multitude de microclimats en fonction de l’altitude, du relief et de l’exposition. Ces facteurs influencent la durée de la saison des pluies, de l’insolation, le régime de la température et de l’hygrométrie.
* Vents
Durant l’été austral de novembre à avril, les vents de mousson nommés localement « kashkazi » soufflent du secteur nord/nord ouest à nord-est. Pendant l’hiver austral de mai à octobre, les vents d’alizé appelés « kussi » soufflent dans le secteur Est /sud-est.
* Précipitations
Les données climatiques ont été prélevées dans la station météorologique de Mirigoni (proche des sites d’étude). Les précipitations et températures moyennes retenues ont été évaluées durant une décennie (de 1971 à 1980). Ces données sont anciennes mais les données récentes manquent à cause de la défaillance et l’endommagement des appareils des différentes stations météorologiques de Mohéli .
Les précipitations varient en fonction de la saison, de l’altitude et des versants « au vent » qui sont les côtes nord, nord-ouest ou des versants « sous le vent » les côtes orientales de l’île. Pendant la période de «kashkazi », les précipitations sont abondantes. La pluviométrie varie entre 1119,5mm à 4354,4mm d’eau à Mirigoni (service météorologique Moroni, 1971- 1980) En période de « kussi », les pluies sont rares sauf dans les hautes altitudes et les versants aux vents.
* Températures
Pendant la saison chaude et humide, les températures sont élevées. La température maximale est de 27° à 31°C et la moyenne est de 25,6°C. En saison sèche et fraîche, les températures moyennes varient entre 23,2° et 27,9°C. Les températures restent presque constantes sur les zones côtières, mais varient sous l’effet de l’altitude.
* Cyclones
Les perturbations cycloniques au niveau de l’archipel des Comores sont fréquentes durant la saison des pluies « kashkazi ». Elles se caractérisent par des vents violents pouvant atteindre 200km/h, des pluies abondantes, une houle et des marées fortes. Mohéli est particulièrement affectée (Battistini, 1984).
HYDROGRAPHIE
Le réseau hydrographique de Mohéli est très dense sauf dans la partie orientale et sur le plateau de Djando. Les rivières prennent leurs sources au dessous des lignes des crêtes à plus de 400m d’altitude et forment des vallées profondes (3 à 400m de dénivelé). L’île renferme une dizaine de cours d’eau à écoulement permanent localisés sur la partie occidentale en particulier sur le versant sud : Wabushi, Shikoni, Wabueni, Mlembeni, Dewa, Nyombeni, Mlédjélé, Ndrodroni, Mihonkoni, Walla. Elle possède également deux lacs :
– Lac Djiani bundruni avec 30 ha de superficie, est la principale étendue d’eau douce et le seul site Ramsar des Comores.
– Lac Dziani Mlabandra avec 2,2 ha de superficie et 1,80 m de profondeur (PNUE, 2000).
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE MILIEU D’ETUDE
I. MILIEU ABIOTIQUE
I.1. Géologie et géomorphologie
I.2. Climat et hydrographie
I.2.1. Climat
I.2.2. Hydrographie
II. MILIEU BIOTIQUE
II.1. Végétation et flore
II.1.1. Végétation
II.1.2. Flore
II.2. Faune
III. MILIEU SOCIO-ECONOMIQUE ET CULTUREL
III.1. Historique du peuplement
III.2. Cadre sociodémographique
III.3. Cadre socioéconomique
III.4. Activités principales de la population
III.4.1. Agriculture
III.4.2. Pêche
III.4.3. Elevage
DEUXIEME PARTIE : METHODOLOGIE
I. ETUDES PRELIMINAIRES
I.1. Recherches bibliographiques
I.2. Enquêtes ethnobotaniques
I.3. Choix et localisation des sites d’étude
II. CARACTERISATION DE L’HABITAT
II.1. Etude Floristique
II.2. Etude de la végétation
II.2.1. Méthode d’échantillonnage
II.2.2. Paramètres relevés sur terrain
II.2.3. Etude de la structure de la végétation
II.2.3.1. Structure verticale
II.2.3.2. Structure horizontale
II.2.3.3. Analyse factorielle des correspondances (AFC) et Analyse en composante principale ACP)
II.3. Etude des espèces cibles
II.3.1. Etude de la flore associée
II.3.2. Etude de la régénération
II.3.3. Evaluation de l’abondance numérique
II. 4. Etude de la répartition des espèces cibles
TROISIÈME PARTIE : RESULTATS ET INTERPRETATION
I. RESULTATS DES ENQUETES ETHNOBOTANIQUES
I.1. Bilan des enquêtes
I.2. Utilisations et menaces
I.2.1. Principales utilisations
I.2.2. Menaces et pressions
II. DESCRIPTION DES ESPECES CIBLES
II.1. Nuxia pseudodentata. A.J.M.LEEUWENBERG (photo 1/ P.Ph n°1)
II.2. Grisollea myrianthea. Baillon (photo 3 / P.Ph n°1)
II.3. Ocotea comorensis. Kosternm (photo 4 / P.Ph n°1)
II.4. Chrysophyllum boivinianum. L (photo 5/P.Ph n°2)
II. 5. Syzygium sakalavarum. H. Perr. (Photo 7 et 8 / P.Ph n°2)
II.6. Breonia chinensis. (Lam.) Capuron (Photo 9 / P.Ph n°2)
II.7. Weinmannia comorensis. Tul (photo 11 et 12 / P.Ph n°3)
II. 8. Brachylaena ramiflora var. comorensis. Back. (Photo 10 / P. Ph n°2)
II.9. Albizia glaberrima. (Schumach & Thonn.) (Photo 13 et 14 / P.Ph n°3)
II.10. Callophylum comorense. H. Perr (photo 15 et 16 / P.Ph n°3)
III. CARACTERES GÉNÉRAUX DE LA VEGETATION ET DE LA FLORE DES SITES ETUDIES
III.1. Relations entre les formations végétales et la composition floristique
III.1.1. Analyse spécifique par l’AFC
III.1.2. Caractérisation du milieu
III.2. Description des formations végétales
III.2.1. Forêt dense humide semi sempervirente (FDHSS) (Site I : Serandrengue bas versant)
III.2.1.1. Caractéristiques stationelles
III.2.1.2. Caractères physionomiques
III.2.1.3. Caractéristiques floristiques
III.2.1.4. Spectre biologique
III.2.1.5. Régénération naturelle
III.2.2. Forêt dense humide des versants (FDHSV) «siteII Ongovouleni »
III.2.2.1. Caractéristiques stationelles
III.2.2.2. Caractéristiques physionomiques
III.2.2.3. Caractéristiques floristiques
III.2.2.4. Spectre biologique
III.2.2.5. Regeneration naturelle
III.2.3. Forêt dense humide sempervirente de crête (FDHSC) «Site III Serandrengue haut versant»
III.2.3.1. Caractéristiques stationelles
III.2.3.2. Caractéristiques physionomiques
III.2.3.3. Caractéristiques floristiques
III.2.3.4. Spectre biologique
III.2.3.5. Régénération naturelle
III.2.4. Forêt dense humide sempervirente de crête (FDHSC) « SITE IV sommet Mzékukulé »
III.2.4.1. Caractéristiques stationelles
III. 2.4.2. Caractéristiques physionomiques
III. 2.4.3. Caractéristiques floristiques
III. 2.4.4. Spectre biologique
III. 2.4.5. Régénération naturelle
IV. STRUCTURE DEMOGRAPHIQUE DES POPULATIONS ET DES ESPECES CIBLES
IV.1. Structure des populations
IV.2. structures démographiques des espèces cibles
V. ETUDE DE LA REGENERATION NATURELLE DES ESPECES CIBLES
V.1. Pollinisation
V.2. Dispersion des diaspores
V.3. Taux et mode de régénération
VI. FLORE ASSOCIEE AUX ESPECES CIBLES
VII. DISTRIBUTION DES ESPECES CIBLES
VIII. ANALYSE DES RISQUES D’EXTINCTION
IX. SCHEMA D’AMENAGEMENT
IX.1. Proposition d’une délimitation du versant en zone de conservation
IX.1.1. Noyau dur
IX.1.2. Zone périphérique ou ZOC
QUATRIEME PARTIE DISCUSSIONS ET SUGGESTIONS
I. CONTRAINTES METHODOLOGIQUES
I.1. Enquêtes ethnobotaniques
I.2 Structure des formations végétales
I.3 Régénération
I.4. Etude pédologique
II. RESULTATS
III. SUGGESTIONS
CONCLUSION GENERALE
