Recueil des données
Toutes les données ayant servi pour cette étude étaient stockées dans la base de données du service avec le consentement écrit des patients. Les informations utiles à l’étude ont alors été extraites de chaque dossier de patient. Les données épidémiologiques enregistrées étaient le sexe du patient, son âge, son Indice de Masse Corporelle (IMC), ses antécédents médicaux et sa médication. Les antécédents ont permis de mettre en évidence l’existence de maladies chroniques ou de récidives de paralysie faciale tandis que la médication a permis de supposer la présence d’anxiété ou de dépression. Les caractéristiques de la paralysie faciale, c’est-à-dire l’étiologie de la paralysie, sa durée, le côté atteint et la présence de complications oculaires ont été également collectées. La sévérité de la paralysie faciale, quant à elle, a été déterminée par deux outils d’évaluation clinique : la classification de HouseBrackmann (27) et l’échelle de Sunnybrook (28). La classification de House-Brackmann (HouseBrackmann Grading System – HBGS) permet de catégoriser la fonction faciale du grade I (fonction faciale normale) au grade VI (paralysie faciale totale). Elle a été reconnue comme étant l’outil standard universel pour évaluer les paralysies faciales par le Facial Nerve Disorders Committee of the American Academy of Otolaryngology-Head and Neck-Surgery (AAO-HNS, comité des troubles du nerf facial de l’académie américaine de chirurgie ORL) (29). L’échelle de Sunnybrook (Sunnybrook Grading System – SBGS), elle, est un outil d’évaluation internationalement utilisé pour mesurer la fonction faciale. Elle est composée de trois parties : la symétrie du visage au repos, la symétrie des mouvements volontaires lors la réalisation de cinq mouvements faciaux (élévation des sourcils, fermeture des yeux, sourire avec les dents, grimace en montrant les dents supérieures et protraction des lèvres) et les syncinésies associées. Les scores sont répartis de 0 à 100, un score de 100 indiquant une fonction faciale normale. La répétabilité de ces deux outils a été établie (30). C’est donc à l’aide de ces deux instruments d’évaluation qu’un comité expert dans le domaine de la paralysie faciale a déterminé le grade de sévérité et le score Sunnybrook à partir de vidéos des visages des patients. Les modalités de traitement ont également été recueillies : pour chaque patient, nous avons relevé s’il avait bénéficié d’une réhabilitation faciale avec un orthophoniste et/ou un kinésithérapeute, s’il était suivi par un psychothérapeute et s’il avait eu recours à des injections de toxine botulique et/ou à une chirurgie faciale. Les trois auto-questionnaires remplis par les patients lors de leur consultation ont finalement été analysés : ainsi, un recueil des réponses et un calcul des scores ont été réalisés pour l’Echelle Instrumentale d’Evaluation Clinique de la Face (FaCE), l’Indice de Handicap Facial (IHF) et le questionnaire Short-Form 36 (SF36).
Questionnaires de qualité de vie
Le score total moyen du questionnaire FaCE était de 51,0. Pour les scores moyens du questionnaire IHF, le score de fonction physique était de 65,7, le score de fonction sociale de 64,5 et le score total de 0,7. Les scores des sous-domaines de chaque questionnaire sont présentés dans le Tableau 2 (cf. Annexe 1). En ce qui concerne les corrélations entre les trois questionnaires, les analyses statistiques ont révélé des corrélations hautement significatives (toutes P <0,001) : le score total FaCE avec les scores social et physique IHF (r=0,56 ; r=0,56) et avec les scores mental et physique SF36 (r=0,5 ; r=0,46) et également les scores social et physique IHF avec le score mental SF36 (r=0,69 ; r=0,39) et le score physique SF36 (r=0,6 ; r=0,43).
CONCLUSION
Finalement, la sévérité de la paralysie faciale, la prise d’un traitement anxiolytique et/ou antidépresseur et la présence d’antécédents médicaux étaient des facteurs prédictifs d’une moins bonne qualité de vie. A l’inverse, l’étiologie de la paralysie faciale, le sexe et l’âge du patient ne se sont pas révélés comme étant prédictifs de la qualité de vie. Deux éléments, quant à eux, se sont montrés positifs pour améliorer la qualité de vie des patients : le suivi psychologique et l’intervention d’un orthophoniste. Notre étude est l’une des premières à rapporter un résultat quantitatif concernant l’orthophonie. Notre travail a été soumis pour publication dans la revue anglophone Otology & Neurotology le 4 juin 2020, notre souhait étant de rappeler à un niveau international l’expertise des orthophonistes dans le domaine de la paralysie faciale et de souligner l’importance de leur intervention dans le parcours de soin des patients paralysés faciaux. Les scores de qualité de vie ne dépendent certainement pas que des facteurs que nous avons étudiés. D’autres facteurs pourraient jouer un rôle dans la manière dont le patient accepte et vit avec sa paralysie faciale, comme l’éducation, les compétences en interaction sociale, l’estime de soi, les attentes, l’image du corps ou encore le soutien de l’entourage. De futures études incluant ces facteurs seraient donc intéressantes pour élargir les connaissances dans le domaine de la paralysie faciale.
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Table des matières
Remerciements
I. INTRODUCTION
II. MATERIELS ET METHODES
A. Considérations éthiques
B. Critères d’inclusion
C. Recueil des données
D. Questionnaires de qualité de vie
E. Analyses statistiques
III. RESULTATS
A. Résultats descriptifs
B. Questionnaires de qualité de vie
C. Facteurs associés à la qualité de vie
IV. DISCUSSION
V. CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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