La médecine traditionnelle est l’ensemble des connaissances et pratiques utilisées pour le diagnostic, la prévention et l’élimination des symptômes physiques et/ou mentaux en se basant exclusivement sur l’expérience et l’observation et transmise de génération en génération oralement ou par écrit [ Elsa-Teixeira Gomes : Plantas medicinais da Guiné-Bissau] Selon l’OMS, la médecine traditionnelle est l’ensemble des connaissances, compétences et pratiques qui reposent sur les théories, croyances et expériences propres à une culture et qui sont utilisées pour maintenir les êtres humains en bonne santé ainsi que pour prévenir, diagnostiquer, traiter et guérir des maladies physiques et mentales. [www.who.int/topics/traditional medecine/fr] En Afrique, avant l’ère coloniale, cet ensemble de connaissances était conservé exclusivement par transmission orale bien qu’il y ait dans certaines régions africaines des preuves de l’usage des produits naturels dans le traitement des maladies depuis la préhistoire. Selon Maurice Iwu [Iwu 1993] : »..pour la plupart des communautés africaines, chaque objet ou forme reflète dans son existence le dualisme de la vie, la reconnaissance et la traduction de la réalité dans les différentes parties qui la composent : la partie physique et la partie psychique, pas comme des entités séparées mais comme des sections d’un ensemble indivisible. Vivre est un acte religieux, l’art de soigner la communauté outre l’utilisation des médicaments, détermine les rituels qui traitent le corps et l’esprit malade. Habituellement l’un des enfants ou un membre proche de la famille est choisi dés l’enfance pour subir cet apprentissage durant toute sa vie Les tradipraticiens utilisent pour le traitement des maladies outre les plantes, des minéraux et des produits d’origine animale, des récitations et incantations, des danses ou de la musique et peuvent aussi faire des sacrifices et rituels de purification d’ordre religieux. On estime aujourd’hui dans les pays en développement que plus de 80% de la population utilisent presque exclusivement des méthodes thérapeutiques traditionnels.
CADRE PHYSIQUE
SITUATION GEOGRAPHIQUE
La République de la Guinée-Bissau (RGB) située sur la côte occidentale de l’Afrique entre les parallèles 10°59’ et 12°20’ Nord et les méridiens de 13°40’ Ouest, elle est limitée au Nord par le Sénégal, à l’Est et au Sud par la Guinée Conakry et à l’Ouest par l’Océan Atlantique. Le territoire avec une surface totale de 36125 Km2 se compose de deux parties, une continentale de 34625 Km2 et une autre insulaire de1500 Km2 , constituée par l’archipel de Bijagos, qui s’élargit à la partie continentale. La partie continentale est profondément pénétrée par les eaux marines grâce à de nombreux estuaires qui, avec leurs multiples affluents, découpent de nombreuses îles côtières couvertes de mangroves. La superficie de la terre ferme est évaluée à environ 28000Km2 .
RELIEF ET RESEAU HYDROGRAPHIQUE
La Guinée-Bissau possède des ressources importantes en eaux de surface et souterraines. Elle est coupée par plusieurs fleuves pour la plupart profondément pénétrés par les eaux de la mer faisant sentir les marées bien loin à l’intérieur du pays. Du Nord au Sud les principaux fleuves sont : fleuve Cacheu, fleuve Geba, fleuve Corubal, fleuve Tombali, fleuve Cumbija, et fleuve Cacine. Le relief est très peu accentué. On distingue deux régions avec une topographie différente : une plaine côtière dans laquelle les grands fleuves décrivent de nombreux et vastes méandres et, à l’Est de cette plaine, des plateaux (Bafata, Gabu) de faible altitude. [www.didinho.org; (PNSA) (2008 -2013) Vol1, Ministère de l’Agriculture et du développement rural, FAO].
CLIMAT- VEGETATION-SOLS
Les caractéristiques climatiques de la Guinée-Bissau résultent de la position géographique du pays. La Guinée-Bissau est située à égale distance entre l’équateur et le tropique du cancer, aux côtes de l’océan Atlantique entre la vaste masse maritime de l’Atlantique sud et le grand bloc continental du Sahara. Avec un climat tropical la température moyenne annuelle est de 26ºC. On distingue deux saisons : la saison humide qui va de Mai à Novembre, et la saison sèche allant de Décembre à Avril. Le climat varie beaucoup de la côte (2600mm de pluies par an au sud) vers l’intérieur, avec 1200mm de pluies par an (Tableau I). [www.didinho.org/climat] La Guinée-Bissau dispose en outre de 2 millions d’hectares de forêts, avec un grand potentiel écologique riche et diversifié, et des réserves de bois estimées à 48 millions de mètres cube (m3 ). La forêt est composée de différents types de végétation naturelle, modifiée en partie ou en totalité par l’action humaine, avec proéminence pour la forêt riche, la forêt sèche et la savane arborée et arbustive, distribués dans tout le pays. Les sols sont de fertilité moyenne. Plus de 65% de ces sols ferralitiques et ferrugineux, estimés à 1.410000ha de terres arables, sont suffisamment profonds pour le développement des cultures annuelles et pérennes. Par ailleurs, les sols hydro morphes marins, estimés à 106000ha arables, favorisent la monoculture du riz de mangrove. [Source : www.didinho.org/zones agro écologiques]. Les sols hydro morphes continentaux, estimés à 200000ha, offrent d’excellentes conditions pour le développement de l’agriculture mécanisée, irrigable de manière diversifiée tandis que les sols de mangrove doivent être bien exploités sur la base de critères techniques et scientifiques pour conserver leur fertilité naturelle, car il existe un risque d’acidification et de salinisation. [PNSA ; 2008 – 2011 Vol1p15].
CADRE HUMAIN
A la date de Juillet 2006 la population de la Guinée Bissau s’estimait à 1 548 159 habitants. Sa population est très jeune avec 41,4% d’enfants de 0 à 14 ans, 55,6% d’adultes de 15 à 64 ans et 3% de plus de 65 ans. Le taux d’accroissement est de 2,2%. La répartition de la population dans le territoire national n’est pas homogène, elle est surtout rurale 75% ; l’essentiel de la population urbaine est concentré dans la capitale(Bissau) et elle est estimée à 250.000 habitants.
La population de la Guinée Bissau se compose d’une mosaïque de groupes ethniques. Les principaux groupes ethniques sont : les Balantes (27,2%), les peuls (22,9%), les Malinkés (12,2%), les autres ethnies (Pepels, Manjaques, Mankagnes…) représentent 32,7%. Comme la plupart des pays d’Afrique, beaucoup de Bissau-guinéens sont animistes tout en suivant parallèlement une autre religion monothéiste. Les habitants sont Animistes à 65%, Musulmans à 30% (Peuls et Malinkés) et chrétiens à 5%.
ACTIVITES ECONOMIQUES
ACTIVITES AGRICOLES
L’agriculture constitue l’activité économique principale de la Guinée Bissau. Elle contribue pour plus de 50% du PIB, emploie 85% de la population active et fournit plus de 90% des recettes d’exportation du pays. A défaut d’autres ressources, le secteur de l’agriculture, en dépit d’être sous-développé, au sens large est perçu comme devant jouer un rôle moteur dans l’économie nationale, et permettre de relancer une dynamique de relance générale : accroissement de la production, sécurisation alimentaire, amélioration des revenus de la population et créations d’emploi. [PNSA (2008-2011 ; Vol 1)] La surface favorable aux activités agricoles est de 1.100.000 hectares soit le tiers de la superficie totale du pays. La surface valorisée est seulement de 400.000 ha, dont 220.000 sont occupés par les cultures de riz, d’arachide, de manioc, de mais, de sorgho, de patate douce, entre autres. Les 180.000 restants sont faits de cultures à caractère plus commercial, comme les marrons d’acajou, de cacahuètes de palmiers, de fruits tropicaux, entre autres [Plan d’Action de PMA, 2000].
LES CULTURES CEREALIERES
Selon le PNSA (2008-2011 Vol 1), les cultures céréalières sont largement dominées par la riziculture avec une production annuelle de 88.000 tonnes de riz paddy (2003), ce qui représente 58% de la production céréalière totale.
LA RIZICULTURE
En ce qui concerne le sous-secteur rizicole, il occupe une position centrale et stratégique dans l’économie de toute la population de la Guinée-Bissau. Malgré les conditions agro-écologiques favorables, la production céréalière brute totale (environ 138000 tonnes) ne suffit pas à couvrir les besoins du pays. Le déficit vivrier est comblé par des importations coûteuses de riz. Ce déficit correspond, d’une manière générale au volume annuel du riz importé évalué entre 50.000 à 65.000 tonnes. Trois principaux types de riziculture sont pratiqués en Guinée –Bissau, avec les caractéristiques suivantes : Le riz pluvial Pam Pam (environ 14.900 tonnes de paddy, soit 20% de la production nationale, correspondant à 33.000 hectares de terres cultivées) cultivé sur les plateaux selon la méthode traditionnelle itinérante sur défriche/brulis, avec risque de dégradation des sols, de perte progressive du couvert végétal et de la diversité biologique, perte de capacité productive du sol résultant des changements climatiques. Le riz de bas-fonds (environ 10.000 tonnes de paddy équivalent à 7.500 tonnes net, soit 7% de la production nationale, correspondant à 29.368ha) Le riz de mangrove avec un potentiel en terres arables estimé à 160.000ha. La production brute est estimée à 115.000 tonnes de riz paddy, soit 80% de la production totale. La compétitivité de ce système de production est affectée par: l’enclavement des zones de production ; la dégradation du système dû au problème de salinité et d’acidité ; l’insuffisance de l’entretien des ouvrages hydrauliques traditionnels ; l’exode rural des jeunes ; le manque de semences de qualité ; etc. [PNSA (2008-2011, Vol 1)] .
LES AUTRES CEREALES
Ce sont essentiellement le mil, le maïs, le sorgho, et le fonio avec des rendements allant de 0,5 à 1 tonne/ha, obtenus pendant la campagne agricole 2005/06. Selon le Service de Statistique Agricole, la production totale est estimée à 112.698 tonnes. Actuellement le taux de couverture des besoins céréaliers par la production nationale est d’environ 74%. La compétitivité de ce système de production céréalière est affectée par la dégradation du système dû au problème de l’agro technique traditionnelle et pauvre, la faible fertilité des sols du plateau, dérivée des effets successifs de leur dégradation au long de plusieurs années.
|
Table des matières
Introduction
Première partie : Présentation du cadre d’étude
I -Cadre physique
I.1- Situation géographique
I.1.1- Relief et réseau hydrographique
I.1.2- Climats, végétation, sols
I.1.3-Divisions administratives de la Guinée Bissau
I.2 -Cadre humain
I.3 -Activités économiques
I.3.1- Activités agricoles
I.3.2 -Activités pastorales
I.3.3 -Activités commerciales
I.3.4 -Ecotourisme
I.3.5 -La pêche
I.4 -Situation sanitaire
I.4.1- Situation endémique
I.4.2 -Couverture sanitaire
Deuxième partie : Enquête ethnobotanique
I -Méthodologie
I.1- Echantillonnage
I.1.1-La population étudiée
I.1.2-Critères de sélection des sites et des personnes
I.1.3-Critères de sélection des pathologies
I.2-Instruments de collecte de données
I.3-Identification botanique des plantes
I.4-Les difficultés rencontrées
II- Résultats et commentaires
II.1-Statut social des enquêtés
II.2-Importance et raisons de recours à la phytothérapie et à la médecine traditionnelle
II.3-Parties et formes utilisées dans les différentes pathologies
II.3.1-Les parties utilisées
II.3.2-Les formes « galéniques » rencontrées
II.4-Lieux d’approvisionnement
II.5-Précautions particulières de prise des plantes
II.6-Les plantes utilisées dans les différentes pathologies
II.6.1-Les plantes utilisées contre le paludisme
II.6.2-Les plantes utilisées contre le HTA
II.6.3-Les plantes utilisées contre les Infections Respiratoires Aigues
II.6.4-Les plantes utilisées contre la tuberculose pulmonaire
II.6.5-Les plantes utilisées contre les diarrhées infectieuses
III -Discussion
Conclusion
Références bibliographiques
