Dans les pays africains, notamment au Sénégal, les politiques d’aménagement naissent avec une volonté affichée de l’Etat ou des collectivités locales afin de répondre aux préoccupations des populations concernées. Les politiques d’aménagement ont longtemps existé et leurs marques diffèrent selon les différentes échelles spatiales telles que nationale, régionale ou sur des espaces particuliers (urbains ou ruraux). D’ailleurs, l’espace rural a toujours fait l’objet d’aménagement. Faisant référence à l’histoire de l’aménagement du territoire au Sénégal, on note qu’il a plutôt une « origine rurale ».
L’aménagement rural, écrivent P. Merlin et F. Chaoy, est l’ « ensemble des actions localisées visant à réaliser une utilisation optimale de l’espace rural ». Il est donc un aspect de l’aménagement du territoire qui veille à l’accroissement de la « productivité agricole », du développement « des activités non agricoles » et à la création d’ « un niveau d’équipement qui rend attractif le mode de vie en milieu rural ». Dans ce même sillage, les interrogations relatives à l’aménagement du territoire soulèvent les questions de disparités spatiales et la correction de celles-ci ou des déséquilibres. L’aménagement du territoire suppose donc l’élaboration du critère de l’équité et non de l’égalité. On admet par là la prise en charge des besoins essentiels de chaque localité.
L’aménagement du territoire vu comme une pratique, obéît à deux échelles : spatiale et temporelle. Spatiale, d’où l’intérêt de la problématique foncière qui relève en grande partie de l’aménagement du territoire. Il pose alors la question de l’occupation des sols, de l’habitat, du logement surtout en milieu rural ; « chaque société a une technologie du foncier » (J. Levy et M. Lussault, 2003). Il semble être donc une solution incontournable à la gestion des risques naturels dans la mesure où il permet de contrôler l’occupation des sols et donc l’exposition à l’aléa. (M. Reghezza, 2007).
Ainsi, on peut comprendre l’importance de la question foncière dans les actions de l’aménagement. Toutefois, « il importe alors, pour les acteurs, de maîtriser les problèmes de découpage foncier, de propriété, l’usage (propriété et usage pouvant être disjoint), de définition de la valeur et des conditions de possibilités d’échanges etc. ». La dimension temporelle se caractérise par une analyse plutôt prospective qui suppose une perception et une conception d’ensemble d’un territoire.
Au demeurant, l’aménagement du territoire peut être considéré comme « l’action et la pratique de disposer avec ordre à travers l’espace d’un pays et d’une vision prospective. Les hommes et leurs activités, les équipements et les moyens de communication qu’ils peuvent bien utilisés ou prenant en compte les contraintes naturelles, humaines et économiques voire stratégiques » afin « que les fonctions et réalités entre les hommes s’exercent de la façon la plus commode, la plus harmonieuse et la plus économique ».
L’aménagement du territoire plus particulièrement celui rural doit s’orienter vers des actions prioritaires de développement, c’est-à-dire vers une organisation et une sécurisation des terroirs, des « politiques d’équipements ruraux et l’élaboration de projets locaux de développement ». « De surcroît, l’aménagement du territoire revêt une importance capitale dans la mesure où il constitue une véritable stratégie d’organisation de l’espace et de rentabilisation de l’usage des atouts qu’offrent les territoires ».
Carte d’identité de la CR
Situation géographique
La communauté rurale de Mangagoulack est l’une des vingt cinq (25) communautés rurales de la région de Ziguinchor et en même temps l’une des cinq communautés rurales de l’arrondissement de Tendouck. Elle est située dans le département de Bignona, plus précisément au Sud de celui-ci et au Sud-est de l’arrondissement. La communauté rurale de Mangagoulack est une partie intégrante de l’arrondissement de Tendouck, et se trouve à 40, 3 km de la commune de Bignona et 70,3 km de Ziguinchor. Elle est positionnée entre 16°21’W et 12°42’N.
De part et d’autre de sa position géographique, la communauté rurale est limitée:
➤ à l’Est par la communauté rurale de Niamone,
➤ à l’Ouest par le littoral du fleuve Casamance et la communauté rurale de Mlomp,
➤ au Nord par la communauté rurale de Balingore,
➤ au Sud par le fleuve Casamance.
La CR a une superficie de 222 km² et une densité de 49 habitants/km².
La communauté rurale de Mangagoulack fait historiquement partie de l’ancien canton du Blouf et compte officieusement neuf (9) villages. Elle réunit les villages de: Affiniam, Bouteum, Bodé, Boutégol, Diatock, Elana, Mangagoulack, Tendouck et Djilapaô.
Zonage de la Communauté rurale de Mangagoulack
La communauté rurale de Mangagoulack est divisible en deux ensembles relativement distincts du fait de leurs caractéristiques physiques et de leurs positions géographiques. Le premier ensemble qui fait référence à la partie Sud, est occupé par des cours d’eau permanents. Le Sud est pratiquement occupé par les eaux. En effet, le fleuve Casamance offre d’énormes bolongs à la communauté rurale. Cette même partie est peuplée de mangroves qui représentent des potentialités naturelles. Le deuxième ensemble renvoie à la partie habitée qui a fait l’objet d’un zonage basé sur le critère géographique. Ce critère a permis de distinguer trois (3) zones relativement homogènes.
Zone I : elle regroupe les villages de Tendouck, Boutégol et Mangagoulack. Historiquement le fondateur du village de Boutégol proviendrait du village de Tendouck et celui de Mangagoulack de Djimande. Ces villages appartiennent à l’ensemble Ediamath (Elana, Boutégol, Diatock, Mangagoulack, Tendouck, Kartiack, Djimande, Thiobon, Bessire, etc.). Le critère géographique a été le plus déterminant dans le regroupement de ces trois villages. Ils sont situés vers le Nord-ouest.
Zone II : les villages qui composent la zone II appartiennent à l’ensemble de Affiniam (Bouteum, Affiniam et Djilapaô). Les premiers habitants proviendraient du « Royaume du Bandial » plus précisément d’Essyl. C’est une zone caractérisée par une identité culturelle et linguistique. Le critère géographique, pour ce regroupement montre que ces villages sont localisés à l’Est de la CR.
Zone III : regroupant les villages de Diatock, Elana et Bodé, est une zone à spécificités culturelles très nettes. Le critère a été très intéressant à ce niveau. Les quartiers de Diatock sont très distants entre eux (2 à 4km). Une particularité géographique existe au niveau du village de Diatock. En effet à l’exception de l’unique presqu’île de la CR, c’est-à-dire Djilapaô, le village de Diatock est frontalier avec tous les autres villages restants de la CR.
Ressources humaines
Composition ethnique et religieuse
Les illustrations sur les différentes ethnies montrent une large dominance de l’ethnie Diola (96 %) parmi la population de la CR. Ils sont répartis dans tous les villages de la CR. Ils sont représentatifs, en ce sens qu’ils font partis des ethnies installées en Casamance depuis des siècles tout comme les Baïnouks, Manjacks et Mancagnes. Les Diolas sont suivis des Peulhs qui représentent 2 % de la population. Les Bambaras et les Sarakholés, les manding et les autres arrivent chacun avec 0,7 %. L’ethnie manding, population minoritaire s’est installée suite aux tentatives de domination et d’invasion dans le cadre de l’islamisation. D’autres, grâce à de l’activité commerciale très développée et aux multiples marigots qui bordent la communauté rurale et qui favorisent la pêche. De nombreux commerçants Lebous, Soussous et Sérères se sont établis dans plusieurs villages de la CR.
D’ailleurs, on ne peut évoquer la composition ethnique de la C R, à majorité écrasante Diola, sans nous attarder un instant, en guise de parenthèses, sur le cas particulier, spécifique du village de Bodé. Surnommé par certains « les Etats-Unis », en raison du cosmopolitisme harmonieux de sa population, le village de Bodé, fondé au début du XXe siècle par Ousmane Soumaré, sur des terres appartenant à Elana et avec la bénédiction et la protection du village de Diatock, selon des sources orales, est une véritable curiosité ethnique. En effet, en dehors de quelques familles appartenant à l’ethnie locale dominante, le village est devenu au fil des ans, le point de rencontre de groupes ethniques venus de l’intérieur du pays mais aussi de la sous-région. On rencontre à Bodé des Diolas, des Bainounck, des Mandingues, des Bambaras, des Soussous, des Peuls, des Laobés, des Lébous etc. Du fait de cette particularité, Bodé est le seul village du Blouf qui ne pratique pas l’initiation au bois sacré, appelée « Bukut ». Tous les Diolas de Bodé originaires d’autres villages vont pratiquer l’initiation dans le village de leurs ancêtres.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : CARACTERISTIQUES SOCIO ECONOMIQUES ET PROBLEMATIQUE DE LA GESTION FONCIERE
CHAPITRE I : Présentation générale et données socio-économiques
CHAPITRE II : Gestion foncière
DEUXIEME PARTIE : DIAGNOSTIC DES INFRASTRUCTURES DE LA CR
CHAPITRE I : Les équipements socio-économiques et les services administratifs
CHAPITRE II : Les aires de polarisations des équipements
TROISIEME PARTIE : IDENTIFICATION DES DIFFERENTS ACTEURS AU DEVELOPPEMENT ET LES PERSPECTIVES D’AMENAGEMENT
CHAPITRE I : Identification des principaux acteurs et leurs impacts
CHAPITRE II : Perspectives : l’aménagement au service du développement
CONCLUSION GENERALE
