Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’automédication consiste pour une personne à choisir et utiliser un médicament pour traiter une affection ou un système bénin [1]. Ce mode de se soigner soi-même est très pratique dans le monde, et varie selon le pays en Europe [2]. Les effets secondaires des médicaments sont une des causes d’hospitalisation et provoquent la mort de milliers de personnes [3]. 80 % des français, adultes, déclarent avoir utilisé des médicaments sans avoir recours à une consultation chez le médecin [4], une étude auprès du grand public intitulée « Baromètre sur le libre accès en 2013 » réalisée pour l’association de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable montre que les patients-consommateurs adhèrent à la pratique de l’automédication ; 70% des individus interrogés ont déjà acheté en 2013 au moins une fois des médicaments sans ordonnance et 74% d’entre eux ne s’adressent pas au médecin pour soigner des pathologies bénignes, 81% des répondants déclarent réutiliser les médicaments dont ils disposent [5]. Le baromètre quantitatif réalisé à la même année par l’institut de sondage Ifop auprès de 1003 personnes intitulé « Les français et le système de santé » indique que 54% des personnes interrogées ont déclaré avoir déjà acheté des médicaments sans avoir consulté un professionnel de santé .
AUTOMEDICATION
Definitions
L’automédication est le fait qu’une personne consiste à se soigner soi-même, définie par la prise de décision de la personne par rapport à la thérapeutique et concerne à la fois les médicaments et les comportements [2,16]. Ce comportement peut se faire pour un traitement préventif ou curatif selon les consommateurs [12]. L’automédication a été définie lors d’un Conseil National de l’Ordre des Médecins en Février 2004, comme plus simplement l’utilisation des médicaments à l’initiative des patients et sans avis médical [17]. Selon l’Organisation mondiale pour la santé (OMS), “l’automédication responsable consiste pour les individus à soigner leurs maladies grâce à des médicaments autorisés, sûrs et efficaces dans les conditions d’utilisation indiquées” [1]. D’après le rapport de Coulomb en 2007, l’automédication est liée à la dispensation officinale. Elle est « le fait pour un patient d’avoir recours à un ou plusieurs médicament(s) de prescription médicale facultative dispensé(s) dans une pharmacie et non effectivement prescrit(s) par un médecin » [4]. L’Académie de médecine introduit une distinction selon l’initiative. Elle définit l’automédication comme « l’utilisation, hors prescription médicale, par des personnes pour elles-mêmes ou pour leurs proches et de leur propre initiative, de médicaments considérés comme tels et ayant reçu l’AMM, avec la possibilité d’assistance et de conseils de la part des pharmaciens » [17]. Thérèse Lecomte, Directeur de recherche au centre de recherche, d’étude et de documentation en économie de la santé (CREDES), donne la définition suivante : « l’automédication consiste à faire devant la perception d’un trouble de santé, un autodiagnostic et à se traiter sans avis médical .
Epidémiologie
L’automédication est très pratique en Europe ou en Afrique, y compris à Madagascar. Sa fréquence est plus importante dans les pays en voie de développement, par exemple 63% en Burkina Faso [8]. En Allemagne, la prévalence de l’automédication est de 25,5% [19]. Elle est de 32,2% en Irlande du Nord ; 78% en France en 2010 [20]. Elle s’élève à 81,1% en Egypte [21], 93% au Togo [22]. A l’Université de Lubumbashi, sur 515 étudiants résidant au Campus de la Kassapa, l’automédication présente une prévalence de 99% [23]. A Madagascar, selon l’Institut National de la Statistique (INSTAT), sa prévalence nationale était de 72,4% en 2005[20]. En 2011, elle a été de 72,5% dans les ménages au niveau de la Commune Urbaine d’Antananarivo (CUA) .
Avantages
Selon le Conseil de l’ordre des médecins, l’automédication se définit comme, hors prescription médicale des médicaments. Elle est conseillée quand il s’agit de traiter sur une durée très courte une pathologie légère, mais « pas d’utilisation prolongée sans avis médical » [17]. L’automédication permet un accès direct et rapide de la population à son traitement [16,24]. Ceci va contribuer à la responsabilisation de chaque citoyen et constitue un geste d’attention envers soi-même. C’est un avantage dans le sens où le patient sera guéri. Cette guérison est quand même conditionnée par une utilisation à bon escient de l’automédication en s’informant sur les propriétés du médicament utilisé [25]. Le principe de l’automédication a des avantages sur la dette publique en ralentissant le déficit de la sécurité sociale ; elle concerne les médicaments non prescrits et par conséquent non remboursés. L’automédication permet aussi de faire des économies sur le budget santé, car cela évite d’avancer les frais pour une consultation médicale. De plus, elle contribue au désencombrement des services de soins, pour s’occuper des cas vraiment prioritaires .
Risques
En général, on peut trouver trois risques de l’automédication :
● L’utilisation d’un médicament inadapté ou contre-indiqué pour une maladie en question.
● L’utilisation d’un mauvais dosage
● Retard de la prise en charge médicale de la maladie .
Voici les risques selon Pouillard :
Risques liés au patient
● Erreur d’indication : par exemple une allergie traitée par le patient comme un rhume, une toux grasse traitée comme une toux sèche.
● Non-respect de contre-indications : les contre-indications peuvent être liées à l’état pathologique (vasoconstricteur en cas d’hypertension…) ou physiologique (AINS pendant la grossesse).
● Allergie : les allergies sont possibles avec tout type de molécules et peuvent être croisées.
Risques liés au médicament
● Effets indésirables : les produits d’automédication exposent à un risque d’effets indésirables, y compris à posologie usuelle.
Parmi les plus fréquents : effets gastro-intestinaux (anti-inflammatoires, expectorants type Fluimucil, Bronchokod…), somnolence, vertiges (opiacés comme la codéine, antihistaminiques, etc…), nausées (opiacés, vasoconstricteurs…), effets anti cholinergiques type sècheresse des muqueuses, constipations, palpitations (antihistaminiques, vasoconstricteurs)… Bien que rares, certains sont potentiellement graves. La pseudoéphédrine, qu’on trouve notamment dans Actifed Rhume, Humex rhume, est un vasoconstricteur utilisé dans le rhume qui expose à des complications cardiovasculaires et neurologiques graves.
● Interactions : l’association de médicaments d’automédication entre eux ou à un traitement de fond expose à un risque d’incompatibilité par potentialisation des effets indésirables ou variation d’activité.
● Interférences sur tests antidopage : certains traitements peuvent positiver un test antidopage chez les sportifs, comme la prise de médicaments contenant de la pseudoéphédrine.
Risques liés à la prise
● Posologies : les surdosages sont potentiellement graves, en particulier chez les personnes âgées, les insuffisants rénaux.
● Durée de traitement : elle doit impérativement être courte et non répétée, au risque de masquer les signes d’une pathologie sous-jacente ou de conduire à une dépendance.
● Mésusage : notamment les détournements à des fins récréatives : dextrometorphane, codéine, etc… le plus souvent associés à l’alcool.
Risques liés à la pathologie
● Retard de diagnostic : l’automédication peut masquer partiellement les symptômes et retarder le diagnostic d’une pathologie sous-jacente. Selon Le Donne K, trois types de risque se présentent : mésusage, surdosage et interactions médicamenteuses. Réutiliser un médicament prescrit sans l’avis d’un professionnel de santé est une pratique dangereuse pour la santé. Il en est de même pour un médicament utilisé en dehors du cadre pour lequel il a été recommandé [28]. D’après Becquart, l’automédication ne soigne que les symptômes. Le diagnostic d’une éventuelle pathologie reste en conséquence fortement limité aux connaissances du consommateur. Cette pratique comporte de nombreux risques : erreur de diagnostic, méconnaissance du terrain médical du patient, non respect des doses efficaces, des interactions médicamenteuses, des restrictions d’usage et des effets secondaires [29]. Le recours à l’automédication reste coûteux étant donné le non remboursement des médicaments. L’automédication risque aussi de déduire les revenus des médecins suite à une diminution des consultations .
Les médicaments « OTC »
Le terme OTC qui signifie en anglais « Over The Counter », désigne tous les médicaments en libre accès pour le patient [31]. Ce sont des médicaments non inscrits sur une liste, qui peuvent être délivrés par le pharmacien. Ils ne nécessitent pas une ordonnance, mais peuvent à la fois être prescrits sur consultation médicale, désigné comme médicament de prescription médicale facultative (PMF) .
Ces médicaments en libre accès doivent remplir les conditions suivantes :
● Ils ne doivent pas être inscrits sur les listes I ou II, donc ils peuvent être utilisés sans l’intervention ou la surveillance du médecin.
● Les indications thérapeutiques, la durée du traitement et les informations figurant dans la notice permettent leur utilisation, avec le conseil particulier du pharmacien d’officine.
● Le contenu du conditionnement en poids, en volume ou en nombre d’unité de prise est adapté à la posologie et à la durée de traitement recommandée dans la notice.
● L’AMM ou la décision d’enregistrement ne comporte pas d’interaction ou de restriction en matière de publicité auprès du public en raison d’un risque possible pour la santé publique.
Ces médicaments OTC permettent aux gens de se soigner seul pour des pathologies sans gravité, en évitant ainsi le passage devant le médecin et la prescription des produits remboursables. Ceux désignés sous le terme de médicaments « semiéthiques » sont hors liste et remboursables sur prescription médicale. Ceux appelés « médicaments d’automédications » sont les médicaments de prescription médicale facultative et non remboursable.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I. AUTOMEDICATION
I.1. Définitions
I.2. Epidémiologie
I.3. Avantages
I.4. Risques
I.5. Les médicaments « OTC »
II. MAUX ORL DE L’HIVER ET SON ARSENAL THERAPEUTIQUE
II.1. Rappels anatomiques
II.1.1. Les narines et les fosses nasales
II.1.2. Les sinus
II.1.3. Le pharynx et le larynx
II.1.3.1. Le pharynx
II.1.3.2. Le larynx
II.1.4.. La trachée et les bronches
II.2. Maux de l’hiver
II.2.1. Le rhume
II.2.1.1. Définition
II.2.1.2. Symptômes
II.2.1.3. Traitement
II.2.1.3.1. Nez bouché
II.2.1.3.2. Ecoulement nasal clair
II.2.2. L’état grippal
II.2.2.1. Définition et symptômes
II.2.2.2. Traitement
II.2.3. La toux
II.2.3.1. Définition
II.2.3.2. Différents types de toux
II.2.3.3. Traitement
II.2.4. Maux de gorge
II.2.4.1. Définition
II.2.4.2. Etiologie
II.2.4.3. Traitement
DEUXIEME PARTIE : METHODE ET RESULTATS
I. METHODE
I.1. Cadre d’étude
I.1.1. Commune urbaine d’Antananarivo
I.1.2. Commune rurale d’Antananarivo
I.2. Type d’étude
I.3. Période d’étude
I.4. Durée de l’étude
I.5. Population d’étude
I.5.1. Unité d’échantillonnage
I.5.2. Unité déclarante
I.5.3. Unité d’analyse
1.6. Mode d’échantillonnage
1.7. Variables étudiés
1.8. Recueil des données
1.9. Mode d’analyse des données
1.10. Considération éthique
1.11. Limite de l’étude
II. RESULTATS
II.1. Prévalence de l’automédication
II.2. Profils sociodémographiques des sujets selon l’automédication
II.2.1. Genre
II.2.2. Tranche d’âge
II.2.3. Niveau d’étude
II.2.4. Catégorie socioprofessionnelle
II.3. Caractéristiques de l’automédication
II.3.1. Médicament demandé
II.3.2. Sources d’information du choix de traitement
II.3.3. Connaissance du médicament
II.3.3.1. Indication
II.3.3.2. Composition
II.3.3.3. Posologie
II.3.3.4. Contre-indication
II.3.3.5. Effet indésirable
II.3.3.6. Interaction médicamenteuse
II.3.4. Analyse des risques liés à la consommation du médicament demandé
II.3.4.1. Médicament demandé et non adapté par rapport aux symptômes du patient
II.3.4.2. Médicament demandé et risqué pour le patient
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
I. Prévalence de l’automédication
II. Profils des patients ayant pratiqué l’automédication
II.1. Age
II.2. Genre
II.3. Niveau d’étude
II.4. Profession
II.5. Source d’information du choix de traitement
III. Caractéristiques de l’automédication
III.1. Médicament demandé
III.2. Consommation inadaptée
III.3. Consommation risquée
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
