Antibiotiques et antibiorésistances

Depuis leur découverte au début du XXème siècle, les antibiotiques prennent une place prépondérante dans la délivrance de médicaments au sein des officines françaises. En effet, les enquêtes sur la consommation totale en France des antibiotiques maintiennent que c’est en officine qu’ils sont le plus délivrés.[1] Ce qui fait du pharmacien d’officine un acteur de premier ordre pour pouvoir juger de leur bon usage par le patient, de l’observance du traitement ainsi que des interactions médicamenteuses ou des allergies. L’augmentation de la consommation d’antibiotiques est une préoccupation mondiale. En effet, des situations d’impasses thérapeutiques sont rapportées devant l’augmentation de bactéries multi résistantes et l’absence de disponibilité de nouveaux antibiotiques sur le marché. La diminution de la consommation d’antibiotiques devient une des armes clé pour diminuer la pression de sélection sur les bactéries. Grâce aux campagnes de sensibilisation sur la consommation des antibiotiques (« les antibiotiques c’est pas automatique ») et aux nouveaux tests de diagnostic rapide permettant de différencier les pathologies virales des pathologies bactériennes, a été observée une diminution de 16% de la consommation antibiotique entre 2000 et 2009. Cependant ce n’est pas suffisant car depuis 2009, la consommation est repartie à la hausse.

Antibiotiques et antibiorésistances

Principales familles d’antibiotiques

Le mot antibiotique vient du grec anti qui signifie contre et bios qui signifie la vie. On peut ainsi traduire celui-ci comme contre la vie.[2] Un antibiotique se définit comme étant : « Un composé chimique, élaboré par un microorganisme ou produit par hémi-synthèse ou par synthèse, dont l’activité thérapeutique se manifeste à très faible dose d’une manière spécifique, par l’inhibition de certains processus vitaux à l’égard des micro-organismes sensibles.» [2] Ainsi, deux types d’antibiotiques peuvent être différenciés en fonction de leur mode de production :
• Les antibiotiques naturels qui sont produits par des bactéries ou des champignons que l’on cultive.
• Les antibiotiques synthétiques (les plus récents) qui sont des analogues ou des dérivés d’antibiotiques naturels.

Ainsi, les antibiotiques pourront être classés selon leur nature chimique. Cependant la façon de produire un antibiotique n’est pas le seul axe de la classification. En effet, Jacques Berthet dans son dictionnaire de biologie écrit : « Substance ayant la capacité de tuer les bactéries (effet bactéricide) ou d’inhiber leur multiplication (effet bactériostatique) »[3]. Ces notions sont utiles pour soigner en fonction de la gravité de l’infection. Pour les infections sévères, on optera pour la qualité bactéricide de l’antibiotique ; en revanche, pour les infections de gravité modérée, les antibiotiques bactériostatiques pourront être prescrits. Le mécanisme d’action des antibiotiques va permettre de mieux comprendre leur spectre d’activité. C’est une caractéristique qualitative, qui se traduit par une action spécifique à l’échelle moléculaire sur une cible spécifique de la bactérie. Ces mécanismes d’action sont variés et permettent de distinguer les différentes classes d’antibiotiques.

Les antibiotiques vont agir sur la bactérie à deux lieux différents, soit sur la paroi bactérienne, soit sur des cibles cytoplasmiques.

Une première classe d’antibiotique rassemble ceux dont l’action a pour but d’inhiber la synthèse du peptidoglycane. C’est le cas par exemple des béta-lactamines (pénicillines, céphalosporines, monobactames et carbapénèmes), des glycopeptides et de la fosfomycine. Les bétalactamines vont se fixer aux PLP (Protéines liant la pénicilline) qui sont des enzymes (transpeptidases) de la membrane cytoplasmique impliquées dans la phase terminale de l’assemblage du peptidoglycane. Suite à la liaison aux PLP, il y aura inhibition de la transpeptidation et activation des autolysines, qui conduira à la mort de la bactérie.

Une deuxième classe d’antibiotiques comporte ceux dont l’action est d’inhiber la synthèse protéique. C’est le cas des aminosides, des macrolides, des lincosamides, des streptogramines, des tétracyclines, des phénicolés, de l’acide fusidique et des oxazolidinones.

D’autres antibiotiques agiront en inhibant la synthèse des acides nucléiques, comme les quinolones et les rifamycines. Certains antibiotiques subiront une réaction d’oxydo-réduction au sein des bactéries. Le produit endommagera l’ADN de ces bactéries comme les nitro-imidazolés et les nitrofuranes.

Les sulfamides seront des inhibiteurs de la synthèse des folates qui sont indispensables à la synthèse des acides nucléiques. Enfin, les polypeptides agiront en inhibant la synthèse ou en désorganisant la membrane de la paroi bactérienne.

Principaux mécanismes de résistances aux antibiotiques

Il existe un grand nombre de définitions pour l’expression « résistance bactérienne aux antibiotiques», basées sur différents critères (génétiques, biochimiques, microbiologiques et cliniques) et qui ne se recoupent pas forcément. Les définitions les plus fréquemment employées se fondent sur les critères microbiologiques (résistance in vitro) et sur les critères cliniques (résistance in vivo). Selon la définition clinique, une souche est qualifiée de résistante lorsqu’elle survit à la thérapie antibiotique mise en place. En outre, il est important de signaler, qu’in vivo, la capacité de résistance ou de sensibilité de la souche à la thérapie antimicrobienne mise en place sera dépendante de différents paramètres, tels que la localisation de l’infection, la posologie, le mode d’administration de l’antibiotique, et l’état du système immunitaire de l’individu traité.[5] Sur le plan microbiologique, un micro-organisme est résistant lorsque la CMI est supérieure aux concentrations critiques définies par cet antibiotique, qui sont des concentrations qui tiennent compte des caractéristiques pharmacocinétiques et pharmacodynamiques de l’antibiotique. En cas de résistance à un antibiotique, il existe une probabilité d’échec thérapeutique quels que soient les traitements et la dose d’antibiotique. On parle de résistance croisée quand une bactérie est résistante à deux antibiotiques ou plus d’une même famille ou d’un même sous-groupe par le même mécanisme de résistance. Une bactérie multi-résistante est une bactérie qui a accumulé des résistances naturelles et acquises qui ne la rendent sensible qu’à un petit nombre d’antibiotiques .

La résistance naturelle

La résistance naturelle d’une bactérie aux antibiotiques est liée à des caractéristiques génétiques et phénotypiques constitutionnelles. Cette résistance est stable avec une transmission verticale. Elle est connue et donc on connait les antibiotiques qui seront efficaces ou non. Elle contribue à définir le spectre clinique d’un antibiotique. Par exemple, les bacilles à Gram négatif sont naturellement résistants aux antibiotiques hydrophobes ou ayant une masse moléculaire élevée comme la pénicilline G car l’antibiotique ne franchit pas la membrane externe de la paroi. Les mycobactéries sont résistantes aux antibiotiques qui n’ont pas la capacité de traverser leur paroi riche en lipides. Klebsiella spp. produit naturellement une bêta-lactamase qui est une enzyme présente dans l’espace périplasmatique de la bactérie et conduit à la destruction de l’antibiotique , avant qu’il ne puisse atteindre sa cible bactérienne. Les bactéries anaérobies sont naturellement résistantes aux aminosides car le passage des aminosides à travers la membrane cytoplasmique nécessite un système de transport actif absent chez elles.

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Table des matières

INTRODUCTION
A. Rappels bibliographiques
1. Antibiotiques et antibiorésistances
1.1. Principales familles d’antibiotiques
1.2. Principaux mécanismes de résistances aux antibiotiques
1.2.1. La résistance naturelle
1.2.2. La résistance acquise
1.3. Les bactéries multirésistantes
1.4. Epidémiologie de la résistance bactérienne
1.4.1. Epidémiologie de la résistance de Staphylococcus aureus
1.4.2. Epidémiologie de la résistance de Streptococcus pneumoniae
1.4.3. Epidémiologie de la résistance d’Eschericia coli
1.5. Stratégie de lutte contre la résistance des bactéries face aux antibiotiques
2. Etat des lieux de la consommation d’antibiotique dans le secteur ambulatoire
2.1. Consommation d’antibiotiques au niveau mondial
2.1.1. Consommation d’antibiotiques en Europe
2.2. Consommation d’antibiotiques en France
B. Travail personnel : Analyse de prescriptions d’antibiotiques par voie orale dans une pharmacie d’officine
1. Mise en place de l’étude
2. Résultats
2.1. Familles d’antibiotiques prescrites pendant l’étude
2.1.1. Les pénicillines
2.1.2. Les céphalosporines
2.1.3. La fosfomycines (sel de trométamol)
2.1.4. Les macrolides
2.1.5. L’association macrolide et nitro-imidazolé
2.1.6. Les streptogramines
2.1.7. Les tétracyclines
2.1.8. L’acide fusidique
2.1.9. Les fluoroquinolones
2.1.10.Le cotrimoxazole
2.1.11.Les nitro-imidazolés
2.2. Consommation d’antibiotiques selon le sexe des patients
2.3. Consommation d’antibiotiques selon l’âge des patients
2.3.1. De 0 à 2 ans
2.3.2. De 3 à 15 ans
2.3.3. De 16 à 30 ans
2.3.4. De 31 à 45 ans
2.3.5. De 46 à 65 ans
2.3.6. 66 ans et plus
2.4. Prescription globale des antibiotiques selon le prescripteur
2.4.1. Prescription d’antibiotiques en fonction de la spécialité du prescripteur
2.4.2. Prescription d’antibiotiques en fonction de l’âge et du sexe des prescripteurs
2.5. Familles d’antibiotiques prescrites sur un an à la Nouvelle Pharmacie de Longpaon
3. Discussion
C. Rôles du pharmacien d’officine dans la lutte contre la résistance bactérienne
1. Précautions lors de la délivrance d’antibiotiques
2. Conseils associés en fonction de l’antibiotique prescrit
2.1. Les pénicillines
2.2. Les céphalosporines
2.3. Les macrolides
2.4. Les streptogramines
2.5. L’acide fusique
2.6. La fosfomycine trométamol
2.7. Les tétracyclines
2.8. Le cotrimoxazole
2.9. Les quinolones
2.10. Le métronidazole
Conclusion

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