La luxation sous-talienne se définit par la perte permanente des rapports entre les surfaces articulaires des articulations talo-calcanéenne et talonaviculaire, le talus gardant ses rapports avec la mortaise tibio-fibulaire. Le terme luxation sous-talienne prête à confusion puisqu’il renvoie uniquement à l’articulation subtalaire. Il devrait être remplacé par l’expression « luxation talo-naviculo-calcanéenne » qui rend mieux compte des diverses articulations disloquées dans le cadre de cette pathologie. Cette définition exclut donc les luxations accompagnant une fractureséparation du talus ou du calcanéus ainsi que les énucléations du talus qui comportent en plus une luxation tibio-talienne. Elle rentre dans le cadre des luxations peritaliennes à côté des énucléations du talus. Les premiers cas décrits dans la littérature sont attribués à Dufaurest et Judey en 181141 ,42. Broca, en 1853, décrit les trois formes de luxations : médiale, latérale et postérieure. C’est à Malgaigne42 en 1856 que revient la description de la forme antérieure. L’étude expérimentale du mécanisme de luxation par Baumgartner et Huguier en 1907 a permis de donner une classification anatomopathologique15. Allieu24, dans sa thèse en 1967, proposait un modèle expérimental du mécanisme des luxations sous-taliennes médiales et justifiait, par la même occasion, le terme de luxation talo-naviculo-calcanéenne. Marotte30 en 1979 précisait, à son tour, celui des formes latérales. Il s’agit d’une lésion rare, souvent méconnue. Elle représente 1% de toutes les luxations pour Leitner26,27,28 et 15% des traumatismes du talus pour Pennal .
La luxation sous-talienne médiale est, de loin, la plus fréquente. Elle représente 85% de toutes les luxations sous-taliennes. Le but de cette étude multicentrique est de rapporter l’expérience de quatre centres chirurgicaux (l’Hôpital Régional de Thiès, l’Hôpital Général de Grand-Yoff, l’Hôpital Principal de Dakar, l’Hôpital Aristide Le Dantec) sur cette pathologie traumatique de la cheville réputée rare en :
● précisant la fréquence des LST ;
● décrivant les formes anatomo-cliniques rencontrées;
● et en évaluant les résultats thérapeutiques au triple plan subjectif, fonctionnel et anatomique.
RAPPELS ANATOMIQUES
ANATOMIE DESCRIPTIVE DU TALUS
C’est l’os le plus élevé du pied. Il est libre d’insertion musculaire. Il s’articule avec l’os naviculaire en avant, avec le tibia et la fibula en haut, et avec le calcanéus en bas. Il est allongé transversalement et est constitué d’une tête, d’un col et d’un corps. L’axe de la tête et du col fait avec l’axe du corps :
– un angle d’inclinaison, ouvert en bas de 120°
– un angle de déclinaison, ouvert médialement de 150°
On lui décrit six faces :
● Face supérieure :
Elle est divisée en deux parties :
· les 3/4 postérieurs : C’est la partie articulaire qui correspond à la trochlée. Elle a une forme de poulie, plus large en avant qu’en arrière, fortement convexe d’avant en arrière et concave transversalement.
· le 1/4 antérieur : C’est la partie non articulaire qui correspond au col. Il est criblé de trous vasculaires et présente une crête rugueuse unique du côté médial et double du côté latéral. Sur cette crête s’insère en avant la capsule de l’articulation talo-naviculaire et, en arrière, celle de l’articulation talo-crurale.
● Face inférieure :
Elle comprend :
La surface articulaire postérieure : elle est de forme ovalaire, et son axe est oblique en avant et en dehors. Elle est concave selon son axe. Elle s’articule avec le thalamus.
La surface articulaire antérieure : elle correspond à la face plantaire de la tête du talus. Son axe est oblique en avant et en dehors.
Le sillon talaire : il constitue le plafond du sinus du tarse et est oblique en avant et en dehors. Il est situé sur la face inférieure du col. Dans ce sillon, s’insère le ligament talo-calcanéen interosseux.
● Face postérieure :
Elle est étroite et présente :
– Le sillon du muscle LFH,
– Un tubercule médial où s’insère le ligament tibiotalaire postérieur,
– Un tubercule latéral où s’insèrent les ligament talo-fibulaire postérieur et talo-calcanéen postérieur. Ce tubercule peut parfois présenter un os surnuméraire : l’os trigone .
● Face antérieure :
Elle correspond à la tête du talus : c’est une surface articulaire sphéroïde. Elle s’articule avec l’os naviculaire en avant, et avec le calcanéus en plantaire.
● Face latérale :
Elle est occupée par la surface malléolaire latérale du talus.
● Face médiale :
Elle est occupée à sa partie supérieure par la surface malléolaire médiale du talus.
L’ARTICULATION SOUS-TALIENNE (SUBTALAIRE)
LES SURFACES ARTICULAIRES
Elles comprennent la face supérieure du calcanéus et la face inférieure du talus.
➤ La face supérieure du calcanéus : elle
comprend deux surfaces articulaires séparées par le sillon calcanéen :
– La surface articulaire talaire antérieure ;
– La surface articulaire talaire postérieure (ou thalamus).
➤ La face inférieure du talus : elle comprend également deux surfaces articulaires séparées par le sillon talaire.
➤ Le sinus du tarse :
– Il sépare ces deux articulations antérieure et postérieure.
– Le plafond est situé au niveau du talus et le plancher au niveau du calcanéus.
– Il est oblique en avant et en dehors.
– Il donne insertion au ligament talo-calcanéen interosseux.
LES MOYENS D’UNION
➤ La capsule :
– C’est un manchon fibreux qui s’insère au pourtour des surfaces articulaires et dont la face profonde est tapissée par la synoviale.
– Elle se fixe sur le rebord du cartilage articulaire.
➤ La synoviale :
– Elle forme un petit cul de sac synovial.
➤ Les ligaments (fig. 8) :
• Le ligament talo-calcanéen interosseux (ligament en haie) :
– Il est situé dans le sinus du tarse.
– Il est vertical, très épais et constitué de deux plans :
– Plan antérieur : il s’insère sur le calcanéus, en arrière de la surface articulaire antéro-médiale, et sur le talus, en arrière du champ postéro-inférieur de la tête.
– Plan postérieur : il s’attache sur le calcanéus et le talus, juste en avant des surfaces du compartiment postérieur.
• Le ligament talo-calcanéen latéral :
– Il est parallèle au ligament calcanéo-fibulaire et est en dessous de lui.
• Le ligament talo-calcanéen postérieur ;
• Le ligament talo-calcanéen médial.
L’ARTICULATION TALO-CALCANEO-NAVICULAIRE
C’est une articulation de type sphéroïde qui correspond à la partie médiale de l’articulation de Chopart .
LES SURFACES ARTICULAIRES
➤ la tête du talus :
C’est une surface articulaire sphéroïde qui regarde en bas, en avant et en dedans. Elle est subdivisée en 3 surfaces articulaires par deux crêtes mousses :
– en avant: la surface naviculaire. Elle est en rapport avec la face postérieure de l’os naviculaire ;
– sur la face plantaire, d’avant en arrière :
● la surface calcanéenne antérieure ;
● la surface calcanéenne moyenne.
➤ la face postérieure de l’os naviculaire ;
➤ les surfaces articulaires talaires antérieure et moyenne du calcanéus ;
➤ La face supérieure du ligament calcanéo-naviculaire plantaire (ligament glénoïdien).
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Table des matières
Introduction
1. Rappels anatomiques
1.1. Anatomie descriptive du talus
1.2. Les articulations du talus
1.2.1. L’articulation talo-crurale
1.2.2. L’articulation sous-talienne
1.2.3. L’articulation talo-calcanéo-naviculaire
1.3. Vascularisation du talus
2. Biomécanique
2.1. Statique articulaire
2.1.1. Stabilité
2.1.2. Contraintes
2.2. Dynamique articulaire
2.2.1. Au niveau de la talo-crurale
2.2.2. Au niveau de la sous-talienne et de la médio-tarsienne
3. Les luxations sous-taliennes traumatiques récentes
3.1. Anatomo-pathologie
3.1.1. Les lésions et le mécanisme
3.1.2. Les lésions associées
3.2. Classification
3.2.1. Les luxations sous-taliennes médiales
3.2.2. Les luxations sous-taliennes latérales
3.2.3. Les autres luxations sous-taliennes
3.3. Diagnostic
Conclusion
