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Les matériaux de la cellule
Le système complet
On note que les couches sont frittées séparément en raison de la température élevée requise pour densifier l’électrolyte (en effet, la température de 1400°C nécessaire pour le co-frittage de l’électrolyte avec le cermet induirait une démixtion de la structure pérovskite du LSM accompagnée d’une réactivité du strontium avec la zircone [11]). On note également qu’une température de frittage élevée mène à des particules plus grossières, ce qui est avantageux pour la conductivité, mais réduit la densité des lignes de contact s triples et mène à une diminution des performances électrochimiques [11, 99].
Parmi les procédés existants pour l’élaboration du cermet support, le coulage en bande est la voie la plus couramment utilisée [3, 11]. Une suspension apte au coulage est requise pour la production de la bande. Celle développée par le FZJ [11, 98] est détaillée ci-après. Le pourcentage massique des poudres d’oxyde de nickel et de zircone stabilisée avec 8% d’yttrium est respectivement de 56% et 44%. Les poudres sont mises en suspension dans un mélange de solvants. Un dispersant est rajouté pour détruire les agglomérats afin d’obtenir une distribution homogène des particules. D’autres additifs organiques, (liant, plastifiant…) sont ensuite ajoutés en proportions telles que la suspension possède les propriétés adéqu ates [100]. La porosité désirée dans l’électrode finale est assurée par l’ajout d’agents porogènes (tels que des polymères, de l’amidon de riz ou du graphite) [3, 11]. La suspension est ensuite coulée selon le procédé [101] illustré par la Fig. 8 et la bande de matière obtenue est séchée pour évaporer le solvant. La géométrie désirée est ensuite découpée ou poinçonnée. La microstructure finale obtenue après frittage dépend de la température de frittage mais également de la taille des grains de poudre utilisés, des additifs organiques et du protocole de coulage [98].
FIB-SEM : cette méthode, destructive, est basée sur des observations au microscope électronique à balayage réalisées sur des sections de l’échantillon découpées successivement par FIB (cf. Fig. 14) [150, 151]. La série d’images bidimensionnelles obtenue est ensuite assemblée pour former un volume 3D rectangulaire. La principale limitation de cette technique provient du champ de vue restreint [152]. En effet, un volume observé trop petit est susceptible de ne pas être représentatif de la structure hétérogène du milieu, et donc de mener à un résultat biaisé [ 153]. La taille du volume observé est considéré e suffisamment grande pour une propriété donnée, si la variation calculée sur ce paramètre, obtenue sur un nombre statistiquement représentatif de volume distincts de même taille, est faible. On parle alors de Volume Elémentaire Représentatif (VER) [15 3]. Le champ de vue généralement atteint sur les électrodes est de 10 × 10 × 10 µm3 (cf. Fig. 16), ce qui est insuffisant pour caractériser la microstructure grossière du support de l’électrode à hydrogène [154]. Le volume de l’électrode à oxygène étudié dans le cadre a été obtenu par cette technique.
Les modèles « macroscopiques » à l’échelle de la cellule et des interconnecteurs : plusieurs auteurs ont proposé des modèles relativement semblables à cette échelle de description, tous décrivant la cinétique électrochimique des deux électrodes au travers d’une simple équation de Butler-Volmer. Le transport dans les électrodes poreuses est généralement décrit au travers d’un processus diffusionnel combinant une diffusion de type moléculaire et Knudsen [165]. A titre d’exemple, Ni et al. [166] ont proposé un modèle isotherme prenant en compte le transport de masse dans les électrodes couplé aux réactions électrochimiques supposées se dérouler aux interfaces électrodes / électrolyte. Ce modèle a été ensuite implanté dans un code de mécanique des fluides [167]. Le modèle a été enrichi par une description thermique tenant compte de la conduction et des phénomènes convectifs. Notons que cette approche a ensuite été étendue à une modélisation 3D [ 168, 169]. Un modèle bidimensionnel a été également proposé en isotherme par Menon et al. [ 170]. Laurencin et al. [103] ont développé un mod èle 2D combinant le transport de masse, l’électrochimie et des échanges de chaleur par conduction, convection et rayonnement. Cet outil est celui utilisé dans le cadre de la thèse et sera détaillé au chapitre suivant. Notons qu’Udagawa, et al. [171, 172] ont élaboré un modèle unidimensionnel spécifiquement développé pour décrire le comportement dynamique de l’électrolyseur.
Les modèles « microscopiques » à l’échelle de l’électrode : à côté des modèles macroscopiques développé s à l’échelle cellule / interconnecteurs, quelques modèles focalisés sur les électrodes ont été proposés. Ces modèles visent à décrire finement le processus électrochimique dans la couche active. Ils intègrent l’ensemble des mécanismes tant sur les cinétiques élémentaires que sur les phénomènes de transport dans chacune des phases de l’électrode. De part leur nature, ces modèles sont fortement dépendants de la microstructure des électrodes. Grondin et al. [173] ont par exemple construit un modèle local centré sur la réponse de la cathode en Ni-YSZ. Ils ont montré que la cinétique électrochimique de cette électrode pourrait dépendre en plus du transfert de charge aux TPBs d’une étape d’adsorption des molécules d’eau sur le Ni. Le modèle macroscopique utilisé dans cette étude [103] a été également couplé à deux modèles locaux d’électrodes O2 et H2 développé au laboratoire [112, 147]. Les bases de ces modèles sont également exposées au chapitre suivant. Leur utilisation permet d’évaluer l’étendue de la zone réactionnelle dans l’électrode [128]. Par ailleurs, sur une électrode LSM-YSZ en polarisation anodique, la cinétique globale semble dépendre d’un transfert de charge suivie d’une désorption associative de l’oxygène [128].
Les modèles analytiques : la plupart sont issus du modèle de Hsueh et Evans [174-177] basé sur les principes fondamentaux de la statique. Ces modèles ont été appliqués par de nombreux auteurs [178-181] au calcul des contraintes résiduelles dans une cellule SOFC/SOEC après mise en forme. Malzbender a également utilisé ce type de modèle pour calculer les contraintes après réduction en température [ 182, 183]. Au laboratoire, ce type de modèle a été également mis en œuvre pour calculer les contraintes et courbures d’une cellule après les étapes de mise en forme, réduction et ré-oxydation du cermet [123]. Ces modèles ont en commun plusieurs limitations : (i) leur description unidimensionnelle limite l’observation de l’état de contrainte au centre de la cellule et (ii) les interactions de la cellule avec le reste du SRU ne sont pas considéré es, à moins de recourir à des approximations [ 180]. Il est à noter que le modèle de Hsueh et Evans est également utilisé dans ce mémoire.
Les modèles numériques à l’échelle de la cellule : la modélisation de la géométrie de la cellule permet de calculer la réponse mécanique de celle -ci due au champ de température en fonctionnement (déduit d’un modèle thermoélectrochimique) [178, 184]. G. Anandakumar et al. [185] ont comparé l’état de contrainte d’une cellule constituée d’une électrode à hydrogène dont les propriétés matérielles sont soi t identiques, soit variable sur son épaisseur, pour un chargement thermique uniforme ou linéaire. J. Laurencin et al. ont calculé l’impact du fluage du cermet en fonctionnement [186], l’effet de la ré-oxydation (partielle ou totale) du cermet [123, 187] ainsi que l’effet des champs de température pour une SOFC alimentée directement sous méthane [111, 112]. R. Clague et al. [178, 188] simulent un cycle complet du fonctionnement de la cellule. La viscoplasticité des matériaux est considérée et l’interaction mécanique du SRU est approximée en imposant la planéité de la cellule.
Les modèles numériques à l’échelle du SRU ou de l’empilement : les différentes couches de la cellule ne sont pas systématiquement considérées à cette échelle . Plusieurs auteurs réduisent ainsi la cellule à l’électrode support seule [77, 189-191]. La plupart des travaux ne prennent pas en compte les couches fonctionnelles des électrodes, en raison principalement d’un manque de données sur ces dernières. Les auteurs se restreignent généralement à représenter un SRU unique, voire un empilement de quelques-uns [138, 190], pour avoir des temps de calcul raisonnables. Par conséquent, il est nécessaire de formuler des hypothèses sur le déplacement des bords sup érieur et inférieur du domaine étudié. Les auteurs ont ainsi abondamment traité le cas des conditions à y imposer [144, 145, 182, 192-196]. La modélisation des interconnecteurs permet de rendre compte de l’effet de la pression d’assemblage sur le SRU [144, 145, 182, 190, 193, 194]. Les différentes solutions d’étanchéité ont été modélisées. Les joints compliants collés ont été étudiés par K.S. Weil [77], T. L. Jiang [189] et W. Jiang [191]. A. Nakajo [144, 145] et C.-K Lin [190] ont comparé l’effet des joints de compression et d’une vitrocéramique sur la fiabilité du SRU. Enfin, plusieurs conditions de contact [138, 144, 145, 190, 194] entre les composants du SRU ont été implémentées dans les modèles. Il est important de noter que l’ensemble de ces modèles ont été utilisés avec un mode de fonctionnement en mode SOFC. Aucune étude n’a pour l’instant traité le cas du mode d’électrolyse.
Analyse de l’endommagement : Une fois l’état de contrainte calculé, l’analyse en volume de la tenue des couches céramiques est généralement évaluée par l’approche probabiliste classique de Weibull [187]. Pour les couches minces de la cellule, il doit être noté que l’approche énergétique basée sur le calcul d’une propagation d’une fissure au travers du dépôt aboutit à des prévisions très proches de celles obtenues avec l’analyse de Weibull [112]. Le risque de délaminage peut être évalué en simulant les condi tions de propagation d’un défaut d’interface [112, 197]. Enfin, S. Murer et al. [198] et J. Laurencin et al. [187] ont proposé des méthodes pour étudier l’amorçage de la rupture aux singularités de la structure respectivement par une approche déterministe basé sur un critère de rupture généralisé [ 199] et par une approche purement probabiliste.
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Table des matières
Introduction générale
Chapitre I : Contexte et objectifs de l’étude
1 Présentation de la technologie EVHT : du principe à l’objet physique
2 Présentation du système EVHT étudié
3 Objectifs et champs d’investigation de l’étude
4 Conclusion : organisation du mémoire
Références bibliographiques
Chapitre II : Outils numériques : approche multi-échelle et multiphysique
1 Présentation des outils de l’analyse de la microstructure
2 Présentation des modèles thermoélectrochimiques
3 Présentation du modèle thermomécanique à l’échelle du SRU
4 Conclusion
5 Références bibliographiques
Chapitre III : Acquisitions expérimentales des données nécessaires aux modélisations
1 Analyse de la microstructure des électrodes dans leur état de référence
2 Mesure des propriétés du cermet en vieillissement stationnaire et en cyclage thermique
3 Conclusion
4 Références bibliographiques
Chapitre IV : Analyse de la réponse thermique et électrochimique de l’électrolyseur
1 Analyse du fonctionnement des électrodes
2 Analyse du fonctionnement en empilement
3 Conclusion
4 Références bibliographiques
Chapitre V : Analyse de la réponse mécanique et de la robustesse de l’électrolyseur
1 Paramètres du modèle et choix des études de sensibilité
2 Influence de l’environnement de la cellule sur sa réponse mécanique
3 Analyse de la robustesse mécanique de la cellule dans le SRU sur son cycle de vie
4 Synthèse des résultats et propositions pour réduire l’endommagement du SRU
5 Références bibliographiques
Conclusions générales & Perspectives
1 Conclusions générales
2 Perspectives
Annexe 1 : Algorithme de détection et de suppression de la phase intermédiaire artificielle lors de l’étape de segmentation
Annexe 2 : Propriétés du covariogramme géométrique et de la fonction de covariance
Annexe 3 : Description de la méthode d’homogénéisation du tenseur des rigidités en déformations homogènes
Annexe 4 : Confrontation entre les modèles thermomécaniques analytique et numérique. Estimation de l’erreur sur les gradients thermiques
Annexe 5 : Détermination analytique de la contrainte et de la courbure dans un multicouche élastique soumis à une variation de température
Annexe 6 : Modélisation analytique de l’essai de fluage en flexion 4 points
Annexe 7 : Paramètres utilisés pour le modèle thermomécanique
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