Attitudes des enseignants envers l’intégration scolaire

Contexte suisse

Les statistiques relatives à l’application concrète de l’intégration scolaire des élèves à besoins spécifiques dans différents pays d’Europe montrent que la Suisse se plaçait comme un pays qui en intègre le moins. En effet, Sermier Dessemontet (2012) présente dans sa thèse un récapitulatif des résultats de l’European Agency for Special Needs and Inclusive Education (EADSNE) de 2007 indiquant le taux d’élèves placés en classe spéciale et en école spécialisée. Le graphique de Sermier Dessemontet (2012), ci-après, présente la Suisse comme détenant le taux le plus élevé d’élèves en classe spéciale ou en école spécialisée, c’est-à-dire des élèves qui ne sont pas intégrés en classe régulière. Malgré un constat plutôt pessimiste au cours de ces dernières années, l’EADSNE (2013) affirment que depuis 10 ans la Suisse a largement diminué le nombre d’élèves placés en classe spéciale.

Nous pouvons mettre brièvement en parallèle cette volonté d’intégrer les élèves à besoins spécifiques avec l’évolution historique de la notion de handicap. Ce concept vient du terme anglais « hand in cap » (main dans le chapeau). Durant le XVIème siècle, ce terme était utilisé dans le cadre d’un jeu d’échange venant de Grande-Bretagne. Il fut par la suite utilisé dans le cadre du sport hippique. En effet, on appelait une « course à handicap » lorsque les chevaux des concurrents avaient une contrainte, comme un poids supplémentaire, pour égaliser le niveau de la course (Guidetti & Tourrette, 2014). L’idée que les personnes handicapées étaient en désavantage a longtemps été perpétuée. Le problème se situant alors essentiellement au niveau individuel, l’approche du modèle biomédical a été suivi. De plus, les nombreux conflits survenus au niveau mondial (Première et Seconde Guerre mondiale) ont contribué à renforcer l’idée qu’il faut réadapter les corps des personnes handicapées. Le modèle biomédical étant centré sur la personne et ne résolvant pas les problèmes liés aux conséquences sociales du handicap, s’est alors avéré insuffisant (Jamet, 2003).

En 2001, avec une nouvelle définition de la Classification Internationale du Fonctionnement du handicap et de la Santé (CIF) adopté par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le handicap est perçu comme un dysfonctionnement dans l’interaction entre le sujet et l’environnement. De plus, le changement de titre de classification, nommé avant « Classification internationale des handicaps: déficiences, incapacités et désavantages » est à présent appelé « Classification Internationale du Fonctionnement du Handicap et de la Santé », témoigne d’un virement de point de vue concernant le handicap (Jamet, 2003). De ce fait, la vision des personnes en situation de handicap n’est plus uniquement centrée sur la personne en elle-même mais également comme un problème de société. Par conséquent, un lien évident entre la volonté d’intégrer les personnes en situation de handicap et la vision de la conception du handicap à travers le temps se dessine. Effectivement, les changements des perceptions ont amené à considérer que c’est à notre société de s’adapter à ces personnes, et non l’inverse. En bref, le parallélisme entre l’évolution historique du statut de personnes en situation de handicap et les différentes injonctions politiques relatives à l’intégration scolaire attestent que la société actuelle promeut l’équité. Elle tend à accorder les mêmes accès aux personnes en situation de handicap tant au niveau de son environnement qu’à son éducation (milieu scolaire). Tel que nous l’avons mentionné précédemment, la Suisse semble être davantage favorable envers l’intégration scolaire des élèves à besoins éducatifs spécifiques depuis quelques années. Notre recherche se basant dans le canton de Vaud, il semble opportun de se focaliser sur notre environnement politique relatif à l’intégration scolaire.

Contexte vaudois

Dans un premier temps, nous présenterons les différentes mesures instaurées concernant l’intégration scolaire au niveau national et cantonal. Ensuite, ces injonctions politiques permettront de comprendre les démarches stipulées quant à l’intégration scolaire pour les élèves à besoins spécifiques. Enfin, ces législations suisses et vaudoises confirmeront la volonté d’intégration scolaire de ces élèves. ll y a quelques temps, le canton de Vaud dressait un constat peu favorable envers l’intégration scolaire. Une étude menée par Bachmann Hunziker et Pulzer-Graf (2012) sur l’intégration scolaire vaudoise analysait des chiffres de l’Office fédérale de la statistique (OFS) concernant le pourcentage d’élèves en scolarité spécialisée. Ces données datant de l’année scolaire 2007- 2008 montraient des disparités entre les cantons. En effet, le canton de Vaud se distinguait par 5,8% d’élèves placés hors classe régulière. Même si ce pourcentage correspondait à la moyenne nationale (5,7%), la plupart des autres cantons étaient en dessous.

Concernant les années suivantes, il nous a été difficile de trouver d’autres chiffres. Néanmoins, les nouvelles directives concernant le relevé des données relatives aux mesures de pédagogie spécialisée soulignent l’attention particulière de la Suisse à l’égard de ce domaine. En effet, le manuel technique pour le relevé des données demande le recensement des élèves en école spécialisée selon le type de handicap (OFS, 2014). Ces nouvelles directives semblent démontrer l’intérêt croissant de la Suisse pour ces élèves. En outre, tout porte à croire que les statistiques vaudoises relatives au placement des élèves en école spécialisée signaleront une volonté progressant vers une école pour tous. Effectivement, plusieurs mesures favorisant l’intégration des élèves en situation de handicap ont été récemment mises en place au sein de l’enseignement. La terminologie couramment utilisée dans plusieurs cantons est celle d’« enfants ou de jeunes à besoins éducatifs particuliers » (CDIP, 2007a, Art.1. a.).

Cependant, la Constitution suisse ne stipule pas l’intégration scolaire des élèves à besoins éducatifs particuliers. Or, la Loi sur l’égalité des handicapés (LHand) en vigueur depuis 2004 prescrit l’intégration des personnes en situation de handicap dans notre société. L’article 20 de la LHand précise que cette démarche doit être appliquée au sein de tous les cantons. (« Ils encouragent l’intégration des enfants et adolescents handicapés dans l’école régulière par des formes de scolarisation adéquates pour autant que cela soit possible et serve le bien de l’enfant ou de l’adolescent handicapé »). Le Grand Conseil vaudois a de surcroît récemment adhéré à l’Accord intercantonal sur la collaboration dans le domaine de la pédagogie spécialisée. Cette mesure devrait favoriser les élèves à être intégrés dans des classes dites normales. La Conférence des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP) a mis en place cet accord stipulant que « les solutions intégratives sont préférées aux solutions séparatives (…) » (CDIP, 2007a, Art.2. b.).

Ainsi, la plupart des élèves à besoins éducatifs particuliers du canton de Vaud sont en voie d’avoir une scolarité en classe ordinaire. Suite à l’Accord intercantonal sur l’harmonisation de la scolarité obligatoire (CDIP, 2007b), le contexte scolaire vaudois a subi de récentes modifications quant à l’organisation de la scolarité obligatoire et aux perspectives à l’égard de l’intégration scolaire des élèves à besoins spécifiques. En effet, le Grand Conseil vaudois a adopté le 7 juin 2011 la nouvelle loi sur l’enseignement obligatoire (LEO). Cette dernière, entrée en vigueur le 1er août 2013, met en place un nouveau plan d’études et réorganise l’école obligatoire sur onze années (degrés primaire et secondaire réunis). Le degré primaire est composé de deux cycles. Le premier cycle primaire (cycle 1) regroupe les années 1P à 4P et le deuxième cycle primaire (cycle 2) inclue les années 5P à 8P. Enfin, le degré secondaire I (voie prégymnasiale ou voie générale) comprend les années 9 à 11P. En ce qui concerne l’intégration scolaire des élèves à besoins spécifiques, la LEO favorise une école pour tous au travers de la pédagogie différenciée (LEO, 2011, Art.98). En effet, tout comme la CDIP, elle privilégie des solutions intégratives et des mesures pédagogiques en termes d’accompagnements socio-éducatifs (LEO, 2011).

Enfin, la LEO prescrit également des lois concernant la pédagogie spécialisée (LEO, 2011, Art.100). Effectivement, « lorsque les appuis pédagogiques prévus à l’article 99 s’avèrent insuffisants pour prendre en compte ses besoins particuliers, l’élève est mis au bénéfice de mesures ordinaires ou renforcées d’enseignement spécialisé (…) » (LEO, 2011, Art.100). Par conséquent, les enseignants des classes ordinaires ont le droit à une aide à l’enseignant si l’enfant présente une maladie ou un handicap mental, psychique, physique, sensoriel ou instrumentale (LES, 1977). À ce moment-là, le Service de l’enseignement spécialisé et de l’appui à la formation (SESAF) peut intervenir. En effet, le SESAF (2002) « dispense des mesures d’aide à l’intégration pour les élèves relevant de l’enseignement spécialisé intégré dans l’école publique, en relation avec la DGEO » (para. 3) et « subventionne les institutions qui dispensent du soutien pédagogique spécialisé aux élèves en difficulté intégrés dans les classes régulières » (para. 4).

Dans cette situation, un inspecteur de l’Office de l’enseignement spécialisé (OES) décide de la prise en charge de l’élève en se basant sur un rapport pédagogique issu d’un rapport médical ou PPLS (psychologues, psychomotriciens et logopédistes en milieu scolaire). Si cette prise en charge est acceptée, des mesures dites « intégrées », telles que du soutien pédagogique spécialisé, du renfort pédagogique ou de l’aide à l’enseignant, sont mises à disposition dans les classes régulières (Bachman Hunziker & Pulzer-Graf, 2012). Pour conclure, les dispositions prises au travers de la LEO relatives à l’intégration scolaire d’élèves à besoins spécifiques prouvent que le canton de Vaud est en accord avec le contexte international auquel la Suisse s’est engagée. Par conséquent, les démarches mises oeuvres stipulées par ces injonctions politiques tendent vers le développement d’une école pour tous. Après avoir passé en revue le contexte historique et politique de l’intégration scolaire, il est nécessaire de définir ce concept. À cette occasion, nous expliciterons quelle vision nous avons de l’intégration scolaire.

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Table des matières

Remerciements
1Introduction
2 Cadre contextuel
2.1Contexte mondial et européen
2.2 Contexte suisse
2.3 Contexte vaudois
3 Cadre théorique
3.1Lintégration scolaire
3.2 Attitudes des enseignants envers l’intégration scolaire
3.3 Les troubles du spectre autistique TSA
3.3.1Caractéristiques des personnes ayant un TSA
3.3.2 Evolution de la terminologie des TSA
3.4Lintégration scolaire de ces élèves dans le canton de Vaud
4Méthode
4.1Question de recherche et hypothèses
4.2 Instrument de mesure
4.2.1Modifications et adaptations
4.2.2 Pré-test du questionnaire
4.3 Procédure déchantillonnage et de récolte de données
4.4Procédure de traitement des données
5Résultats
5.1Tendance générale des attitudes des enseignants
5.2 Questionnaire sociodémographique et socioprofessionnel
6Discussion
6.1Attitudes des enseignants : tendances générale et par dimension
6.2 Attitudes des enseignants : variables sociodémographiques et socioprofessionnelles
7Conclusion
7.1Synthèse de la recherche
7.2 Limites et forces de la recherche
8Bibliographie
9Annexes
Annexe 1: Instrument de mesure : ORI-TSA
Annexe 2 : Questionnaire Pré-test
Annexe 3 : Courriel aux enseignants
Annexe 4: Demande d’autorisation à la Direction
Annexe 5: Tableau récapitulatif des résultats ORI-TSA)

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