Dans une économie d’endettement, le crédit est le principal outil de création de monnaie. C’est un acte par lequel une institution financière met à la disposition de ses clients une somme d’argent moyennant le paiement d’un taux d’intérêt pour une période bien déterminée.
En effet le crédit joue un rôle déterminant dans la croissance économique : l’évolution des prêts et l’utilisation de ceux-ci dans des secteurs rentables aura donc un impact positif sur le développement économique à travers l’augmentation des investissements, de la production et de la consommation. Par ailleurs lorsqu’il y a croissance économique, certain institution financière ont tendance à augmenter le volume de crédit du fait que les conditions macro économique sont favorables.
Définition et impact du rationnement du crédit
La notion de crédit est très utilisée dans le langage économique et financier. Plusieurs auteurs ont donné leur avis par rapport à une définition formelle du terme.
Définition du rationnement du crédit
Pour BESTER et HELMUT, le rationnement du crédit se décrit par le fait que « lorsque certains emprunteurs obtiennent des prêt tandis que d’autres n’en obtiennent pas, même s’ils sont prêts à payer le taux d’intérêt que les préteurs demandent, même plus élevé et de fournir plus de bien en garantie car la demande du crédit est inférieure à l’offre et l’ajustement se fait par l’offre et non par les prix » .
Pour STIGLITZ et WEISS, il y a rationnement du crédit lorsque l’emprunteur est disposé à accepter les conditions de prêt établies par le préteur même si celui-ci disposant de ressources suffisant et que le prêt lui est tout fois refusé. En bref, le rationnement du crédit est pour une banque le fait de limiter ou contrôler l’émission de prêt envers un emprunteur potentiel aux conditions demandées (quantités et prix ou taux d’intérêt) .
Les formes de rationnement du crédit
Nous allons montrer comment une banque peut rationner son crédit à travers les quatre cas de figure suivant :
– Type 1 : le rationnement de type 1 repose sur le fait que la banque accorde un prêt pour un montant inférieur à celui qui a été demandé. Cette définition repose sur l’hypothèse qu’il existe une relation positive entre montant emprunté et les difficultés de remboursement.
– Type 2 : Dans une situation de type 2, les banques refusent de s’engager envers certains emprunteurs alors qu’ils présentent les même caractéristiques que ceux qui obtiennent le crédit. De plus, ces emprunteurs sont prêts à payer un taux d’intérêt plus élevé et à apporter des collatéraux c’est-à-dire des garanties plus importantes. La plus part des modèles analytique s’attachent à expliquer ce phénomène. C’est notamment le cas des modèles de STIGLITZ et WEISS (1981) et de WILLIAMSON (1987). Le rationnement de type 2 est qualifié de pur rationnement. Dans ce cas la demande est supérieure à l’offre et, contrairement aux modèles néoclassique, l’ajustement se fait par les quantités et non par les prix car le taux d’intérêt influence la probabilité de défaut de l’emprunteur.
– Type 3 : le troisième type de rationnement correspond à un refus de prêter au taux d’intérêt désiré par l’emprunteur. Ce type de rationnement découle de la différence d’anticipation des probabilités de réussite du projet entre l’emprunteur et la banque, celle ci étant plus pessimiste, et désirant appliquer une prime de risque plus élevée que celle souhaitée par l’emprunteur.
– Type 4 : le dernier type de rationnement est appelé dans le vocabulaire anglo-saxon «redlining» correspond au rationnement le plus communément observé dans la réalité. Par ailleurs, dans un sens large, l’équilibre de rationnement fait appel à l’analyse du rationnement du crédit lorsque le taux d’intérêt est à son niveau de long terme. L’analyse de STIGLIZT et WEISS montre qu’il n’y a pas de discrimination par les prix sur le marché du crédit à cause de l’asymétrie de l’information. L’argument est que le taux d’intérêt fait fuir les emprunteurs les plus surs (bais de sélection adverse) ; ensuite, un taux d’intérêt élevé incite les emprunteurs à entreprendre des projets plus risqués.
Approche théorique de rationnement de crédit
Théoriquement, nous trouvons plusieurs mesures de rationnement car l’offre et la demande de crédit ne sont pas des données observables alors on va citer quelques-unes:
Mesure proposée par JAFFEE et MODIGLIANI
Jaffé et Modigliani 1969 s’intéressaient au degré de rationnement, c’est-à-dire à la part de la demande rationnée au sein de la demande totale. Ils supposent que les demandeurs de crédit sont divisés en deux catégories. Les clients sans risques ne sont pas rationnés et empruntent au taux de base bancaire. Les emprunteurs risqués, quant à eux, obtiennent des crédit à des conditions moins avantageuses puisque les taux sont majorés d’une prime de risque.
Mesure proposée par Artus et Muet (1986)
Afin de tester s’il existe un phénomène de rationnement du crédit au sein d’une économie, Artus et Muet (1986) cherchent à déterminer si les investissements réalisés s’expliquent par la demande d’investissement ou s’ils sont contraints par l’offre de crédit. Sans rationnement du crédit, les investissements réalisés sont égaux à la demande d’investissement qui dépend du taux de croissance du PIB de l’année précédente. En revanche lorsque le crédit est rationné, tous les investissements prévus ne sont pas réalisé.
Le minimum entre demande d’investissement et crédit offerts par les banques (CRED) qui détermine le montant d’investissement réalisé (INV). Artus et Muet proposent de mesurer ce phénomène par une fonction à élasticité de substitution constante (CES) homogène de degré .
Mesure proposé par Cole
Cole (1998) test l’impact des relations préexistantes entre une banque et un emprunteur potentiel sur les informations privées facilitant l’octroi de crédit c’est-à -dire permettant de ne pas être rationné. Il applique pour cela un modèle économétrique de variable qualitative pour étudier l’évènement binaire crédit accordé et crédit refusé.
Ces relation comprennent la gestion des compte courant, de compte d’épargne l’octroi de crédit par le passé ainsi que les ventes de services financiers (gestion de trésorerie). Il conclut que ses relations banque-emprunteur génèrent de l’information privée qui facilite l’obtention en réduisant l’asymétrie d’information.
Mesure proposée par Berger et Udell
Berger et Udell (1992-1995-2002) ont appliqué une approche basée sur l’étude des prêt commerciaux, des taux et de leur rigidité. Cette mesure considère plutôt un aspect de rationnement par les prix plus que par les quantités. Les mesure de rationnement suivant considère uniquement un rationnement par les quantité, ce qui est plus adapté. En effet, les banques fixent bien souvent le taux d’intérêt leur permettant un profit optimal. Le taux d’intérêt n’est ainsi plus une variable permettant d’ajuster l’offre et la demande, plutôt que d’augmenter le coût de crédit. Les banque ne répondent pas à la demande d’où un rationnement quantitatif du crédit.
Les mécanismes du rationnement du crédit
Dans une partie nous nous intéressons à la négociation entre une banque et une entreprise, portant sur l’octroi d’un crédit et sur le taux auquel auquel il est éventuellement accordé. Chaque banque est supposée avoir un comportement actif et n’accorder de crédits qu’aux entreprises susceptibles de rembourser, à un taux qu’elle fixe unilatéralement, tout en sachant qu’il existe des limites à se taux d’intérêt et qu’elle ne peut dépasser sous peine de voir l’entreprise cliente renoncer à sa demande de crédit. Par ailleurs la banque n’accorde des crédits que si ces derniers lui rapportent plus qu’un placement alternatif (sur le marché monétaire ou sur le marché financier) et surtout si le coût des fonds nécessaire à la banque pour financier ce prêt et inférieur au rendement qu’elle espérait en obtenir.
La négociation du taux d’intérêt :
Après une étude, la banque connait les caractéristiques des projets de tous ses clients potentiels (ayant déposé un dossier à la banque considérée). La banque est donc en mesure de discriminer entre ses différents clients, alors en fixant ces taux la banque doit prendre en considération quatre éléments :
– Les caractéristiques du projet, telles que de les anticiper conformément à une la loi de probabilité qui suit le rendement aléatoire.
– La probabilité de défaut de l’entreprise en supposant qu’une entreprise est mise en faillite lorsqu’elle ne peut rembourser l’intégralité du capital et les intérêts de l’emprunteur contacté. Si l’entreprise fait faillite, la banque recouvrera quand même une certaine fraction de sa créance.
– La possibilité que l’entreprise peut avoir à ce financé ailleurs, par émission d’action par exemple, soit le taux auquel l’entreprise peut emprunter ailleurs qu’à sa banque. Si le taux proposé par la banque est supérieur à ce taux, l’entreprise ne demandera finalement pas de crédit à sa banque. Le fait que si le rendement net moyen du projet est inférieur au taux proposé, l’entreprise ne demandera pas non plus de crédit, et retirera on dossier .
La détermination des crédits accordés
La banque classe un ensemble des projets par rentabilité décroissante qui fait entendre le taux de rendement espéré. La banque servira tous les projets jusqu’au moment où le revenu tiré du projet est inférieur au coût de son financement.
Deux cas sont envisageables, le premier est celui où la banque sert tous les projets qui lui sont adressés, ceux-ci a lieu :
– Si le rendement du projet est supérieur au taux du marché monétaire et si les réserves excédentaires de la banque quant elle accorde tous les crédits restent positives.
– Si les réserves excédentaires de la banque quand elle accord tous les crédits restent positives, ou si le rendement du projet est supérieur au taux du marché plus le taux de pénalité.
Le deuxième cas est évidement la situation inverse les crédits ne sont pas accordés. Les conclusions provisoires à tirer de ce modèle de distribution des crédits sont les suivantes :
– Il se peut que des projets rentables pour les entreprises ne soient pas financés, dans ce cas il existe un rationnement quantitatifs de crédit(ne s’exercent pas par les taux d’intérêts débiteur).
– Une entreprise rationnée peut toujours proposer de payer un taux d’intérêts plus élevé, elle ne se verra quand même pas attribuer de crédit, lorsque l’offre de crédit est donnée, alors que, si cette offre était plus grande, elle en obtiendrait peut être un (type2) du rationnement à la Stiglitz et Weiss 1981.
– A la marge: il est possible qu’un projet soit financé par une banque, alors qu’un autre, en tout point semblable, ne l’est pas (par la même banque), du fait du coût croissant de l’endettement bancaire.
– Une entreprise peut obtenir d’une banque un crédit pour un projet, alors autre entreprise ayant déposé exactement le même dossier auprès d’une notre banque se verra refuser ce crédit (type 1 du rationnement à la Stiglitz et Weiss 1981).
En effet, selon le nombre et la qualité des projets déposés auprès d’une banque, et selon la structure du bilan de la banque, un projet peut être, ou ne peut être servi. La notion de fonction d’offre de crédit n’a plus de sens de ce modèle, l’offre de crédit dépend en effet de manière essentielle de la demande de crédit. La banque n’offre du crédit qu’aux entreprises qui le demandent. Il n’est donc pas possible de construire une fonction d’offre de crédit indépendant de la fonction de la demande.
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Table des matières
Introduction générale
Chapitre 1 : Rationnement du crédit : Approche théorique
Introduction
Section 1 : Définition et impact de rationnement du crédit
Section 2 : Les différents modèles explicatifs de rationnement du crédit
Conclusion
Chapitre 2 : Le crédit immobilier
Introduction
Section 1 : Généralités sur le crédit
Section 2 : Le financement de la demande (crédit immobilier aux particuliers) et le marché de l‘immobilier en Algérie
Conclusion
Chapitre 3 : Cas pratique
Section 1 : Historique de la CNEP-BANQUE
Section 2 : Analyse des activités commerciales de la CNEP banque et de mécanisme de rationnement
Conclusion générale
