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Mesures de multiplicite de particules de pr´e-scission
Lors des collisions entre un ion et un atome, du fait de l’excitation coulombienne (ionisation directe) et de la r´eorganisation des orbitales ´electroniques, des lacunes sont cr´e´ees dans les couches profondes [45, 46]. Ces lacunes seront ´eventuellement combl´ees par des ´electrons venant de couches sup´erieures, ´emettant alors des rayonnements X dont les ´energies correspondent aux diff´erences des ´energies de liaison des ´electrons : EX = Ui − Uf (2.6) o`u EX est l’´energie du rayon X ´emis, Ui et Uf les ´energies de liaison de l’´electron dans son ´etat initial et final. Pour les couches ´electroniques internes, les ´energies des X va-rient approximativement comme Z2, rendant alors les ´energies de ces rayonnements ca-ract´eristiques du num´ero atomique des noyaux ´emetteurs. En consid´erant que les temps de vie du noyau ´emetteur et des lacunes sont donn´es par des exponentielles d´ecroissantes non corr´el´ees alors il peut ˆetre montr´e que la probabilit´e d’´emettre un rayon X caract´eristique est en lien avec les deux constantes de temps :
τnuc PX = Plac τnuc + τlac ω(E) (2.7) o`u PX est la probabilit´e que le noyau ´emette un X, Plac la probabilit´e pour qu’une lacune soit pr´esente, τnuc et τlac respectivement les temps de vie nucl´eaire et des lacunes et finalement ω(E) le rendement de fluorescence. Consid´erant qu’il y a plusieurs ´electrons sur chaque couche ´electronique, Plac peut ˆetre sup´erieure `a 1. Par exemple, la couche la plus interne, la couche K, a 2 ´electrons, donc pour un rayonnement de type Xk , Plac vaut au maximum 2.
La mesure du nombre d’X caract´eristiques r´esultant de la d´esexcitation des lacunes cr´e´ees lors de la collision fournit donc des informations ind´ependantes de tout mod`ele nucl´eaire sur la dur´ee de vie nucl´eaire. Il convient de noter que dans le cas plus g´en´eral, des X caract´eristiques peuvent ´egalement r´esulter de processus de conversion interne d’un γ ou de capture ´electronique, constituant une des principales limitations de cette technique.
La probabilit´e de cr´eer des lacunes dans le cort`ege ´electronique d’un noyau com-pos´e issu d’une r´eaction de fusion est g´en´eralement estim´ee `a partir du nombre d’X ca-ract´eristiques d´etect´es en co¨ıncidence avec un noyau diffus´e ´elastiquement `a grand angle. En effet, le param`etre d’impact mis en jeu dans n’importe quelle r´eaction nucl´eaire peut ˆetre consid´er´ comme ´equivalent `a l’´echelle atomique `a celui d’une diffusion ´elastique `a grand angle. Nous reviendrons sur cette question `a la section 3.3.
La largeur naturelle des raies X caract´eristiques d’un el´ement a et´ mesur´ee et tabul´ee (figure 2.5). Le temps de vie des lacunes tlac est tir´e de ces largeurs grˆace au principe d’incertitude de Heisenberg : τlac = ~ (2.8)
Dans le cas des noyaux super-lourds, le temps de vie de lacunes est inconnu, ainsi que nous le verrons `a la section 3.2.1.
L’observation d’X caract´eristiques d’un noyau compos´e et de ses descendants a et´ faite par Chemin et al. pour les r´eactions p+106Cd [48] et p+112Sn par R¨ohl et al. [49]. Le processus principal de cr´eation des lacunes pour ces r´eactions est l’ionisation directe par le projectile lors de la fusion. Ces exp´eriences ont mesur´ le temps de vie de noyaux compos´es form´es par des r´eactions amenant peu de moment angulaire au syst`eme.
La mesure d’X en co¨ıncidence avec un noyau compos´e form´e lors de fusion avec un projectile plus lourd a longtemps et´ vou´e `a l’´echec `a cause des importants moments an-gulaires mis en jeu et du fond γ inh´erent. La mesure de temps de fission pr´esente une difficult´e suppl´ementaire car, en plus des γ statistiques venant de la relaxation du mo-ment angulaire du noyau compos´e, une composante importante venant de la d´esexcitation des fragments de fission est pr´esente. En revanche, lorsque la technique de fluorescence est appliqu´ee `a la fission, ni la conversion interne, ni la capture ´electronique ne posent de probl`emes, ces m´ecanismes intervenant `a des temps bien sup´erieurs `a celui de la fission.
La technique de fluorescence X a et´ appliqu´ee `a la mesure de la composante longue de la fission de l’uranium dans la r´eaction profond´ement in´elastique 238U + 238U `a 7,5 MeV par nucl´eon menant `a des temps de fission du quasi-uranium plus grands que ou ´egaux `a 4×10−18s pour une ´energie d’excitation de 105 MeV et `a 8×10−18s pour une ´energie d’excitation de 40 MeV [50]. Derni`erement, Wilschut et al. ont tent´ de mesurer les temps de fission des noyaux form´es lors de r´eactions de transfert induites `a l’aide d’un faisceau de 20Ne `a 30 MeV par nucl´eon sur une cible de 232Th. Ils ont d´eduit un temps plus court que 3, 2 × 10−18s pour la fission de Z=92 `a 120 MeV d’´energie d’excitation et 1, 9 ± 1, 5 × 10−18s pour Z=93 `a une ´energie d’excitation de 145 MeV [51]. Dans tous les cas, la pr´esence d’un fond important a et´ la limitation principale `a la mesure des X en co¨ıncidence avec une r´eaction nucl´eaire.
Comparaison des m´ethodes
La figure 3.1 donne le num´ero atomique des produits de r´eaction d´etect´es dans le t´elescope de blocage en fonction de l’´energie `a mi-cible, c’est-`a-dire l’´energie lors de l’´emission du fragment en supposant que la r´eaction s’est produite `a mi-cible. 4 zones sont indiqu´ees sur la figure. Elles s´electionnent 4 groupes de fragments issus de diff´erents m´ecanismes de r´eaction. La s´election I est centr´ee sur Z=92 entre E=800 et E=1100 MeV. Le Z et l’´energie de ces ´ev`enements permettent de conclure qu’il s’agit de diffusion in´elastique du projectile. La statistique sur ces ´ev`enements est cependant trop faible pour permettre de d´eterminer les multiplicit´e de particules. La s´election II (27 ≤ Z ≤ 28, 9) est centr´ee sur le Z de la cible. Les faibles multiplicit´es de particules l´eg`eres et de fragments de masse interm´ediaire mP LC =3×10−3 et mIMF =4×10−4 sont compatibles avec la faible excitation du projectile et de la cible lors de la diffusion quasi-´elastique.
La nature des fragments observ´es dans les zones III et IV a et´ d´etermin´ee `a l’aide de la somme des Z des fragments d´etect´es et des multiplicit´es de particules l´eg`eres. La figure 3.2 montre la somme des Z (Ztot) des fragments lourds (Z > 15) d´etect´es dans INDRA et dans le t´elescope de blocage en fonction du Z d´etect´ dans le t´elescope de blocage (ZT 2) pour les multiplicit´es de particules lourdes (Z>15) m=2 et m=3. Le ZT 2 permet de d´ecouper la figure pour retrouver les s´elections III (35 ≤ Z ≤ 60) et IV (65 ≤ Z ≤ 85) d´efinies `a la figure 3.1. Pour les ´ev`enements de multiplicit´e 3 on observe une distribution d’´ev`enements ayant, en moyenne, Ztot = 122,1. Ces ´ev`enements peuvent ˆetre interpr´et´es comme des ´ev`enements pour lesquels un fragment de fission s´equentielle de l’uranium a et´ d´etect´ dans le t´elescope de blocage et le fragment partenaire ainsi que la cible de recul quasi-´elastique ont et´ d´etect´es dans INDRA. Il est important de noter que pour ces ´ev`enements de fission s´equentielle de l’uranium quasiment aucun des fragments d´etect´es n’a un ZT 2 sup´erieur `a 65. Pour les ´ev`enements de multiplicit´e 2 on observe, quelque soit le ZT 2, une distribution d’´ev`enements ayant un Ztot d’environ 120. Ztot de 120, pour une multiplicit´e de 2, indique la s´eparation binaire d’un syst`eme compos´e de la totalit´e des protons du projectile et de la cible. Les fragments proviennent donc soit d’un m´ecanisme de quasi-fission, soit d’un m´ecanisme de fusion suivie de fission d’un syst`eme de Z proche ou ´egal `a 120. Un deuxi`eme groupe de fragments est observable pour une multiplicit´e m=2, caract´eris´ par un Ztot moyen de 94,6, tr`es semblable au Z du projectile 92. La distribution en Z de ces fragments associ´ee `a une multiplicit´e m=2 est semblable `a celle des fragments avec une multiplicit´e m=3. Il est donc raisonnable de supposer que ces fragments proviennent d’´ev`enements de fission s´equentielle pour lesquels le recul ´elastique de la cible n’a pas et´ d´etect´.
Les fragments d´etect´es `a 20 avec ZT 2 ≤ 65 ont donc 2 origines, soit une fission s´equentielle d’un noyau d’uranium, soit une (quasi-)fission d’un syst`eme de Z=120. En revanche, une simple s´election de ZT 2 > 65 permet de supprimer la fission s´equentielle de l’uranium et de s´electionner des fragments de (quasi-)fission du syst`eme Z=120. La pr´ecision de la d´etermination des num´eros atomiques ne permet cependant pas de conclure que le syst`eme composite ayant ´emis les fragments a effectivement un Z=120. N´eanmoins, les faibles valeurs des multiplicit´es de particules l´eg`eres charg´ees et de fragments de masse interm´ediaire mP LC = 5,9×10−2 et mIMF =3,8×10−3, en co¨ıncidence avec les fragments pour 65 ≤ Z ≤ 85 indique que pour la quasi-totalit´e des ´ev`enements de (quasi-)fission aucune particule charg´ee autre que les fragments n’a et´ ´emise avant ou apr`es la fission. Malgr´e la r´esolution limit´ee et les erreurs sur la d´etermination du Z, il est donc tout `a fait justifi´e d’affirmer que les fragments observ´es pour un Z > 65 proviennent de la (quasi-)fission du syst`eme composite Z=120.
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Table des matières
1 Motivations
2 A propos des temps de fission
2.1 Rappel sur la desexcitation des noyaux lourds
2.2 Mesures de multiplicit´e de particules de pr´e-scission
2.3 Mesures par la technique d’ombre dans un monocristal
2.4 Mesures par m´ethode de fluorescence X
2.5 Comparaison des m´ethodes
3 Approche exp´erimentale
3.1 Choix du syst`eme et rappel sur le syst`eme 238U + Ni `a 6,6 MeV/A
3.1.1 Choix du syst`eme
3.1.2 Rappel sur le syst`eme 238U + Ni `a 6,6 MeV/A
3.2 Technique de fluorescence X appliqu´ee au syst`eme 238U + 64Ni
3.2.1 Energies caract´eristiques et temps de vie des lacunes
3.2.2 Elargissement des raies caract´eristiques r´esultant du temps de vie nucl´eaire ; ´ influence des processus mol´eculaires
3.2.3 Elargissement dˆu aux configurations ´electroniques
3.2.4 Elargissement par effet Doppler
3.2.5 Simulation de l’´elargissement total des raies
3.3 Cr´eation des lacunes en couches profondes
4 Dispositif exp´erimental
4.1 Les t´elescopes FLUOX
4.2 D´etecteurs germanium
4.3 VAMOS
4.4 Circuit ´electronique de d´ecision
5 Analyse des donn´ees
5.1 T´elescopes FLUOX
5.1.1 Etalonnage en ´energie des t´elescopes FLUOX
5.1.2 Identification en num´ero atomique (Z)
5.1.3 R´esolutions obtenues
5.2 D´etecteur germanium
5.2.1 Etalonnage en ´energie
5.2.2 Efficacit´e
5.3 Traitement des co¨ıncidences fortuites
5.3.1 Origine des co¨ıncidences fortuites
5.3.2 Exemples simples
5.3.3 Algorithme de d´econvolution
5.3.4 Spectres d’´ev´enements fortuits
5.4 Soustraction du fond
6 R´esultats exp´erimentaux
6.1 Identification des m´ecanismes de r´eactions
6.2 Spectres en ´energie des photons
6.2.1 Spectre en inclusif
6.2.2 Spectre en co¨ıncidence avec des fragments lourds
6.3 Erreurs et incertitudes sur les spectres
6.4 Etude de la r´egion des raies ´ XK caract´eristiques du Z=120
6.4.1 Evolution des pics `a 200 keV avec le Z d´etect´e
6.4.2 Recherche de l’origine des pics `a 200 keV
6.5 Multiplicit´e
6.6 Probabilit´e de cr´eation de lacunes K
6.7 Interpr´etation des r´esultats et discussion
7 Conclusions et perspectives
Bibliographie
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