Situé dans la Province d’Antananarivo, Région du Vakinankaratra, District d’Ambatolampy, Commune de Tsiafajavona Ankaratra, le bassin versant de l’Ankeniheny s’étend sur les flancs orientaux du massif de l’Ankaratra entre les latitudes 19°19 et 19°24 sud et les longitudes 47°13 et 47°22 Est. Distant de 77 Km de la capitale, il est traversé par la Route d’Intérêt Provincial (RIP) allant d’Ambatolampy à Faratsiho du PK9 au PK26 . C’est pour des raisons d’ordre pratique que nous avons choisi de limiter notre zone d’étude au bassin versant de la rivière Ankeniheny, un des affluents du fleuve Onive, du fait qu’on y rencontre les plus hauts sommets de l’Ankaratra, la plupart des formes de relief caractéristiques de la région et la majorité des vestiges forestiers et historiques. La zone d’étude est limitée à l’Est par une ligne passant par la colline d’Andalantsoavaly, le point d’exutoire du bassin alluvial d’Ankeniheny et le hameau de Bemasoandro, au Nord par la ligne de partage des eaux entre l’Ambodinangavo et l’Ankeniheny, à l’Ouest par la ligne de crête principale de l’Ankaratra et au Sud par la ligne de partage des eaux entre l’Ankeniheny et la rivière Andranomaria.
A L’ORIGINE, UNE DUALITE STRUCTURALE
De la fin du tertiaire au quaternaire récent, le volcanisme a participé à la mise en place du massif de l’Ankaratra. Celui-ci recouvre le substratum constitué de migmatites et de gneiss (groupe d’Ambatolampy).
Une dualité géologique
La zone d’étude est située sur le versant nord-est du massif de l’Ankaratra. Deux grands groupes de roches existent dans ce secteur : les roches cristallines du socle précambrien et les roches volcaniques .
les roches du socle
Selon Bésairie H (1957), ce substrat cristallin, métamorphique, appartient au groupe d’Ambatolampy formé de micaschistes, de gneiss à graphite et de migmatite. Selon Hottin G (1966), il correspond à un niveau stratigraphique dont la puissance totale est estimée à 2000 m et qui montre l’association d’un ensemble de roches à faciès ectinitiques à dominance schisteuse (gneiss surmicacés à biotite, sillimanite et grenat) et de formations quartziques hyperalumineuses carbonées (bancs à graphite) et calciques, ces dernières étant localisées à la base. Ces roches affleurent rarement en surface à cause de la forte épaisseur des altérites et des épanchements de laves qui souvent les recouvrent.
les roches volcaniques
Les laves de l’Ankaratra peuvent se décomposer en deux grands groupes : le groupe des laves trachytoïdes dans lequel rentrent toutes les roches de la série acide, le groupe des laves basaltoïdes dans lequel on peut inclure les roches de la série basique ancienne et celle de la série moyenne des ankaratrites. Bésairie H (1973) distingue quatre phases principales dans le volcanisme de l’Ankaratra.
Phase I : trachytique avec phonolites (série acide)
Phase II : andésites et basaltes (série basique ancienne)
Phase III : ankaratrites (série basique moyenne).
Phase IV : basaltes néphéliniques ou basanites avec volcans parfaitement conservés (série basique récente) .
Les produits émis, durant la phase I, sont surtout caractérisés par des trachytes disposés en dômes. Durant les phases II et III, on a d’épaisses couches de matériaux tendres (tufs, scories) mélangés à des projections basaltiques ; entre ces couches, s’intercalent des coulées minces de roches compactes, résistantes à l’érosion, surtout en altitude car peu altérées, et constituées surtout de basaltes (phase II) et d’ankaratrites (phase III). En général, les matériaux d’émission sont peu apparents car particulièrement affectés par l’altération ou disparaissant sous la couverture végétale. Dans la zone d’étude, les trachytes de la phase I apparaissent en dômes plus ou moins altérés. En suivant la route de la station, on voit les premiers affleurements à Andalantsoavaly au PK10. Au nord-ouest de la plaine alluviale d’Ankeniheny, le dôme trachytique de Lavatehezana s’altère en belle bauxite blanche. Plus en altitude, on peut remarquer le dôme d’Anosiarivo et celui d’Ambohimirandrana. A Andalantsoavaly, on peut noter la présence de la zone de contact entre le socle et le trachyte altérés sur le flanc sud du dôme trachytique.
Les basaltes de la phase II couvrent la grande majorité de la zone étudiée. Dans les zones de basse altitude, à moins de 2000m, les basaltes sont fortement altérés et forment la plupart des terrasses sommitales des interfluves. On peut citer en exemple les terrasses d’Amby, d’Ambatomena, de Sarobaratra. A ces altitudes, la surface de la terrasse basaltique est fortement feralitisée et subit localement une induration avec présence de concrétions et ou de cuirasse ferrallitiques, comme c’est le cas à Ambatomena, Amby, Nosiarivo. Lorsque la surface sommitale est trop étroite, permettant un ruissellement intense, la ferrallitisation n’a pas eu le temps de s’installer et l’altération reste alors très limitée. C’est le cas de la coulée basaltique d’Anivorano qui présente à son sommet un bel affleurement de basalte très peu altéré. Par contre, les versants de la colline sont ferrallitisés et sur une terrasse à mipente, on peut même noter la formation d’une cuirasse ferrallititque.
Sur les fortes pentes des versants des hautes vallées, les affleurements des coulées de basaltes, intactes du fait des hautes altitudes ne dépassent jamais une épaisseur de 10 à 15m ( Mottet G, 1974). Les ankaratrites apparaissent aux sommets du massif et couvrent une grande partie des zones de plus de 2 000 m d’altitude : Tsiafajavona, Mahafompona. Des alluvions récentes, noires et fertiles recouvrant une couche de conglomérat de base constituée de galets roulés, l’ensemble provenant de l’érosion des roches volcaniques, occupent les zones des dépressions.
Une dualité géomorphologique
A cette dualité géologique se superpose une dualité géomorphologique. En effet, du point de vue géomorphologique, on distingue, d’Est en Ouest, la surface d’érosion mésotertiaire du socle, légèrement inclinée vers l’Ouest et le massif volcanique.
La surface d’érosion mésotertiaire
Bourgeat F (1972) distingue trois niveaux d’érosion à la latitude de Antananarivo dont l’altitude varie en fonction des zones :
– la surface supérieure ou S1 (1 650 m à Ankazobe) encore désignée sous le nom de niveau des « Tampoketsa »;
– la surface intermédiaire ou S2 (1350-1450 m) mésotertiaire ;
– des niveaux locaux d’aplanissement ou S3 .
Dans la région d’Ambatolampy, les affleurements du socle constituent un des témoins de la surface intermédiaire. Cette surface commence au plateau d’Antsampandrano, à l’est d’Ambatolampy ; elle forme un relief disséqué en longs interfluves dont les sommets plongent sensiblement vers l’ouest en sens inverse du drainage actuel de l’Onivé. A partir d’Ambatolampy, elle commence à disparaître sous la couverture volcanique de l’Ankaratra.
Plus à l’ouest, cette surface intermédiaire affleure ça et là au milieu des coulées basaltiques : par exemple, le quartzite de la colline de Tsangambatonintaolo, à partir du PK 6 sur la route de la Station Forestière, à 1 657 m d’altitude, ou, de part et d’autre de la vallée d’Antanimietry, à1650 m d’altitude, ou encore plus haut et plus à l’ouest au col de Mahafompona à 2200 m d’altitude. Cette augmentation de l’altitude des affleurements du socle confirmerait selon Bourgeat que le socle ait subi un bombement important dont la zone axiale se situerait dans cette région de l’Ankaratra et limite la valeur des critères altimétriques dans la reconnaissance des différentes surfaces.
Le massif volcanique
« C’est le massif le plus important et le plus varié de tous les massifs volcaniques de Madagascar. Ce dernier s’allonge du nord au sud, sur une centaine de kilomètres entre Arivonimamo et Antsirabe » (Bésairie H, 1957). Les éruptions ont débuté à la fin du Tertiaire pour cesser au Quaternaire récent. C’est donc un massif jeune formé de matériaux volcaniques empilés sur le socle métamorphique précambrien. Les produits d’émission volcanique ont formé un massif qui culmine à plus de 2000 mètres (2643 m à Tsiafajavona, 2416 m à Ambohimirandrana, 2543 m à Mahafompona). Le massif plonge en pente raide vers l’Est jusqu’à Anivorano. D’Anivorano à Ambatolampy, les projections basaltiques forment des collines d’altitude subégale.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : LE CADRE PHYSIQUE, SUPPORT FAVORABLE A LA DYNAMIQUE DES PAYSAGES
CHAPITRE I : A L’ORIGINE, UNE DUALITE STRUCTURALE
CHAPITRE II : UN CADRE BIOCLIMATIQUE PARTICULIER
DEUXIEME PARTIE : LES FACTEURS A L’ORIGINE DE LA DIVERSITE DES PAYSAGES DANS LE BASSIN VERSANT DE L’ANKENIHENY
CHAPITRE I : EVOLUTION DES ZONES DE DEPRESSIONS EN ZONES D’ACCUMULATION
CHAPITRE II : EVOLUTION DU MASSIF VOLCANIQUE EN UNE VASTE ZONE D’ABLATION
TROISIEME PARTIE : LA PLACE DE L’HOMME DANS LA TRANSFORMATION DES PAYSAGES LOCAUX
CHAPITRE I : DES ZONES DE VEGETATION NATURELLE AU MILIEU D’UN TERRITOIRE RURALE DENSEMENT PEUPLE
CHAPITRE II : L’ORGANISATION DU TERRITOIRE DEPUS L’EPOQUE CLANIQUE
CHAPITRE III : UN ENVIRONNEMENT NATUREL EN PERPETUELLE EVOLUTION
CONCLUSION GENERALE
