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Les aérogels de silice
Les gels minéraux ont fait l’objet de nombreuses études depuis le développement récent des procédés sol-gel [34]. Ils sont tous obtenus par des réactions en phase liquide à partir d’un précurseur ionique ou covalent (le plus souvent un oxyde métallique). La gélification est gouvernée en général par deux réactions principales : l’hydrolyse et la polycondensation [5,35]. Les aérogels de silice sont issus du séchage de gels de silice obtenus par cette voie. Ils sont considérés comme les aérogels inorganiques de référence. De très nombreuses études ont été menées à ce jour sur leur élaboration et sur l’optimisation de leurs propriétés. Ils sont déjà utilisés dans de nombreuses niches applicatives (super-isolation thermique ou capture de particules dans le domaine aérospatial par exemple). On est aujourd’hui au stade préindustriel de leur production [36,37].
Synthèse
L’élaboration des gels inorganiques est donc réalisée à partir de précurseurs qui ont pour but d’amener le métal (ici le silicium). Les premières préparations des gels de silice furent réalisées en phase aqueuse à partir de cations métalliques, tels que ceux des silicates de sodium (Na2SiO3), qui se condensent entre eux en présence d’acide chlorhydrique HCl [7]. Ce mode d’élaboration nécessite cependant de nombreuses étapes d’échange de solvant avant le séchage supercritique. Elles furent donc rapidement abandonnées au profit de synthèses impliquant des précurseurs de type alkoxyde (organométallique) en milieu alcoolique.
Les monomères organométalliques les plus utilisés pour parvenir aux gels de silice sont les alkoxysilanes de formule brute Si(OR)4, où R est un groupement alkyle [3]. Les deux plus utilisés sont le TMOS (tétraméthoxysilane) et le TEOS (tétraéthoxysilane). La chaîne carbonée utilisée contient rarement plus de deux carbones car au-delà, les problèmes d’encombrements stériques ralentissent notablement les cinétiques d’hydrolyse et de condensation. De plus, en raison du dégagement de méthanol (toxique) lors de la condensation, le TMOS est de moins en moins utilisé. Le solvant employé est généralement un alcool parent de l’alcoxyde métallique afin d’éviter les réactions de transestérification qui se manifestent par une substitution des groupements alcoolates de l’alcoxyde par les groupements alcoolates du solvant. L’eau est utilisée en tant que réactif, elle réagit sur le précurseur afin de l’hydrolyser et de former ainsi une espèce intermédiaire susceptible de polycondenser et donc de former le réseau. L’emploi d’un catalyseur est obligatoire pour permettre la gélification. Sa nature et la quantité introduite ont un impact direct sur l’agrégation du réseau et donc sur la texture finale des aérogels. Pour les gels de silice, il convient de distinguer deux mécanismes catalytiques différents, l’un en milieu acide et l’autre en milieu basique. Le mécanisme réactionnel donné ci-dessous avec le TEOS est représentatif d’une catalyse acide. Il se compose classiquement de deux étapes.
Les aérogels organiques
Les premiers systèmes organiques furent obtenus par séchage supercritique sous propane de gels de nitrocellulose dès 1932 [7]. Dans les années 1990, les aérogels organiques pyrolysables ont suscité un important regain d’intérêt (notamment les matériaux phénoliques). On les considère désormais comme des précurseurs de nouvelles formes de carbones nanostructurés (usuellement appelés aérogels de carbone). Plus récemment, des formulations organiques basées sur la chimie des polyuréthanes ont été développées et sont envisagées pour des applications comme l’isolation thermique.
Les aérogels à base de résorcinol – formaldéhyde
Ce sont les aérogels organiques les plus courants. Ils furent initialement développés par Pekala [44-47]. Ils seront notés aérogels RF dans la suite de ce document. Ils sont également les principaux précurseurs utilisés pour l’obtention des aérogels de carbone. Dans cette partie, le principe de la synthèse chimique sol-gel du réseau et les principales propriétés structurales de ces aérogels sont décrites.
9 Synthèses chimiques
Les gels sont obtenus par polycondensation en milieu aqueux du résorcinol (1,3 -dihydroxybenzène) en présence de formaldéhyde. Le résorcinol est une molécule difonctionnelle dont les positions réactives (plus forte densité électronique) se situent sur les carbones 2, 4 et 6 du noyau aromatique. Le formaldéhyde est un carbonyle (caractère électrophile du carbone central) qui permet de relier deux noyaux aromatiques entre eux par des ponts méthylènes ou diméthylène-éther. La réaction du résorcinol avec le formaldéhyde s’effectue classiquement [44,45] avec un rapport molaire 1:2 (1 mole de résorcinol pour 2 moles de formaldéhyde) en présence de carbonate de sodium (Na2CO3 ) utilisé comme catalyseur basique. Un schéma réactionnel permettant la synthèse du réseau organique est donné en figure I-7.
Le protocole mis en place par Pekala pour cette synthèse consiste à mélanger le précurseur (résorcinol), le réactif (formaldéhyde) et le catalyseur (Na2 CO3) dans le solvant (eau ou acétone) et à placer la solution obtenue dans une étuve, généralement à des températures voisines de 50 °C afin de permettre la réaction. Le temps de gélification ainsi que la structure finale de l’aérogel préparé sont très largement dépendants des différents paramètres chimiques de cette synthèse:
– Taux de catalyseur (rapport molaire résorcinol/Na2CO3) qui peut varier de 10 à 500 (souvent noté R/C dans la littérature, R pour résorcinol et C pour catalyseur).
– Rapport molaire Précurseur/ Réactif, en général fixé à 2.
– pH (fixé par la quantité de catalyseur car Na2CO3 est une base faible en solution aqueuse).
– Nature du solvant (eau ou acétone).
Un échange de solvant est nécessaire lorsque la synthèse s’effectue en phase aqueuse car l’eau n’est pas soluble dans le CO2 supercritique. Il est généralement réalisé avec un alcool (typiquement de l’isopropanol) suivi de nombreux lavages afin d’éliminer les traces d’eau qui peuvent perturber l’extraction.
La cellulose et l’acétate de cellulose
Introduction
Les polymères cellulosiques sont les précurseurs chimiques envisagés pour la synthèse de matériaux nanostructurés dans le cadre de cette thèse. Ils sont donc à la base du procédé de nanostructuration étudié. Ces composés ont une structure et des propriétés physico-chimiques spécifiques. L’objectif de ce paragraphe est de présenter et de résumer l’essentiel des connaissances sur ce type de précurseurs ainsi que leurs propriétés (notamment structurales et thermiques). La première partie de ce paragraphe est consacrée à une présentation générale et technique de la cellulose. La seconde partie est dédiée à la description du dérivé cellulosique synthétique utilisé dans le cadre des travaux de cette thèse: l’acétate de cellulose.
La cellulose
Généralités
La cellulose est le polymère d’origine naturelle le plus abondant sur terre. Cette macromolécule est produite essentiellement par le processus biochimique de photosynthèse. Sa production annuelle est estimée entre 1011 et 1012 tonnes [63]. Les molécules de cellulose sont présentes dans toutes les espèces végétales sous la forme de fibrilles avec des proportions très variables. Le bois (résineux ou feuillus) contient entre 40 et 50 % en masse sèche de cellulose alors que les fibres de coton entre 85 et 95 % [64]. Les fibrilles cellulosiques assurent le soutien et la protection des parois cellulaires des végétaux. Ce polysaccharide est également biosynthétisé selon un processus différent par une bactérie: acetobacter xylinum [63]. On trouve aussi de la cellulose sous une forme très cristalline dans certaines algues comme la valonia ventricosa [63].
Dans la plupart des végétaux, les fibres cellulosiques sont combinées avec d’autres substances chimiques naturelles telles que la lignine et l’hémicellulose. Des procédés d’extraction chimique sont nécessaires afin d’isoler la cellulose avant de pouvoir l’utiliser. Le plus connu est le procédé Kraft [64] (représentant 90 % des extractions actuelles) qui utilise une solution de sulfate de soude pour isoler et produire une pâte chimique à base de cellulose. L’autre grand procédé utilise une solution à base de sulfite (SO 3-) [64]. Le bois est la principale source de cellulose avec 86 % de la pâte chimique produite. 95 % de la production mondiale de pâte chimique de cellulose (environ 108 t/an) est utilisée pour la fabrication de papiers et cartons. Les 5 % restants (environ 6.106 t/an) sont mis en œuvre par l’industrie chimique pour la fabrication des dérivés et des celluloses régénérées (viscose, rayonne).
Structure
9 Structure chimique
Le nom cellulose indique qu’il s’agit d’un sucre « ose » issu de cellules. La cellulose a été isolée pour la première fois en 1838 par le français Anselme Payen qui lui donna également son nom [65]. Ce n’est que 50 ans plus tard, grâce aux travaux de Weillstater et Zechmeister que sa formule chimique fut établie [66]. La composition élémentaire massique des macromolécules de cellulose est de 49,4 % en oxygène, 44,4 % en carbone et de 6,2 % en hydrogène [64].
La cellulose est un homopolymère linéaire constitué d’un assemblage de molécules de glucose – unité appelée D-glucopyranose (ou anhydroglucose)- réunies par des liaisons glucosidiques dites β−1,4.
Les macromolécules de cellulose sont constituées de trois parties fondamentales (Figure I-9) décrites ci-dessous:
– Une fonction chimique réductrice en fin de chaîne (fonction aldéhyde). Ce groupement est facilement oxydable (en acide carboxylique), ce qui justifie le pouvoir réducteur de la cellulose sur la liqueur de Fehling. Ce caractère est d’autant plus marqué que les chaînes de cellulose sont courtes, car il y a par conséquent un plus grand nombre de bouts de chaîne.
– Une unité non réductrice est située en fin de chaîne, avec des fonctions hydroxyles.
– La chaîne centrale est linéaire, elle est constituée d’unités d’anhydroglucose (motif élémentaire du polymère) qui sont dans la conformation chaise, la plus stable énergétiquement, avec les groupements hydroxyles en position équatoriale.
La masse molaire de la chaîne de cellulose varie beaucoup (entre 1,5.104 et 2,5.106 g.mol-1) en fonction de l’origine du végétal et du traitement d’extraction utilisé. Elle est caractérisée par le degré de polymérisation, noté DP. Celui-ci exprime le nombre de monomère présent dans la chaîne de cellulose. La masse molaire du motif élémentaire de la cellulose (anhydroglucose) est de 162,1 g.mol-1. La cellulose issue de sources végétales est constituée d’un mélange de macromolécules avec différentes longueurs de chaîne (polymoléculaire). Cette distribution en masse du polymère (Figure I-10) est en général unimodale ou bimodale pour la cellulose [66].
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Table des matières
Sommaire
Introduction générale
I- Etat de l’art
I-1 Les aérogels
1.1 Introduction
1.2 Synthèse sol-gel et séchage supercritique
1.3 Les aérogels de silice
1.4 Les aérogels organiques
I-2 La cellulose et l’acétate de cellulose
2.1 Introduction
2.2 La cellulose
2.3 L’acétate de cellulose
I-3 Vers des matériaux nanostructurés à base de cellulose
3.1 Définitions et nomenclature des gels
3.2 Gels physiques
3.3 Gels chimiques et réticulation
I-4 Carbonisation
4.1 Généralités sur la carbonisation par pyrolyse
4.2 Les aérogels de carbone
4.3 Les matériaux carbonés ex-cellulose
II- Synthèse chimique et séchage de gels nanostructurés organiques à base d’acétate de cellulose
II-1 Introduction
II-2 Description du système
2.1 Composition chimique du système
2.2 Réactions chimiques
III-3 Etude de la gélification
3.1 Conditions de l’étude
3.2 Résultats expérimentaux
3.3 Discussions
3.4 Conclusions sur la gélification
III-4 Séchage par extraction supercritique
4.1 Introduction
4.2 Résultats expérimentaux
4.3 Conclusions sur le séchage des gels chimiques d’acétate de cellulose
III- Caractérisations des aérogels organiques
III-1 Introduction
III-2 Analyses chimiques
2.1 Proportion du catalyseur piégé dans l’aérogel
2.2 Comparaison des compositions mesurées et calculées
III-3 Propriétés structurales
3.1 Etude du réseau solide
3.2 Etude du réseau poreux
3.3 Conclusions structurales
III-4 Propriétés thermiques et hydriques
4.1 Conductivité thermique d’un aérogel monolithique
4.2 Conductivité thermique d’un lit granulaire d’aérogel
4.3 Adsorption d’eau en atmosphère contrôlée
| 4.3 Conclusions IV- Etude de la carbonisation et des carbones élaborés: Evaluations en tant que matériaux d’électrodes IV-1 Introduction IV-2 Etude de la carbonisation |
2.1 Analyses thermiques
2.2 Protocole expérimental de pyrolyse
2.3 Influence du profil de pyrolyse sur les pertes de masse
2.4 Influence du taux de réticulation
2.5 Analyses élémentaires des carbones élaborés
IV-3 Caractérisations structurales
3.1 Etude du réseau solide
3.2 Etude du réseau poreux
IV-4 Caractérisations électrochimiques
4.1 Evaluation des carbones élaborés pour piles primaires Li/SOCl2
| 4.2 Evaluation des carbones élaborés pour piles à combustible de type PEM V- Conclusions et perspectives V-1 Conclusions générales V-2 Perspectives Annexes A-1 Séchage par extraction supercritique A-2 Méthodes expérimentales de caractérisation structurale des matériaux A-3 Evaluation expérimentale de la constante de flambement (kf) A-4 Caractérisation thermique des matériaux |
| A-5 Communication pour le 7th European Symposium on Electrochemical Engineering |
| Références bibliographiques |
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