Aphasie et troubles de la communication

APHASIE ET TROUBLES DE LA COMMUNICATION

L’aphasie

Le terme « aphasie » est défini par le Petit Larousse 2014 (Jeuge-Maynart, 2014) comme « une affection neurologique caractérisée par une perturbation de l’expression ou de la compréhension du langage parlé et écrit ». Plus spécifiquement, l’aphasie est une perturbation brutale du langage qui masque certaines compétences inhérentes de la personne, et qui peut constituer une barrière à la communication sociale (parler et écouter) (Kagan et Simmons-Mackie, 2013). Son apparition brutale peut changer, chez la personne concernée, la représentation qu’elle a d’elle-même (Simmons-Mackie et Elman, 2011). Une intervention directe sur le langage ou sur la communication fonctionnelle, de manière individuelle ou en groupe, peuvent permettre aux personnes aphasiques d’améliorer leurs compétences langagières et communicatives (Dickey et al., 2010). Audrey Holland affirme « aphasics persons communicate better than they speak » (Darrigrand et al., 2011). La communication offre ainsi un aspect fonctionnel, lorsque le langage est difficilement récupérable.

La communication

Conceptions et modèles de la communication (Winkin, 2001) 

Communiquer, en son sens le plus ancien, correspondrait à partager, ou à « faire commerce » dans l’idée où l’on veille à l’équilibre des échanges. Plusieurs modèles de la communication ont été décrits depuis les années 1900. Les premiers modèles déterminants sont ceux de Norbert Wiener (1948) et celui de Claude Shannon et Warren Weaver (1949) qui parlent de conception télégraphique. La communication correspond à la transmission d’un message simple d’un individu à un autre. Les termes « communication », « information » et « transmission » sont donc confondus. La communication est ce qui permet à un individu d’extérioriser ses pensées de manière verbale (orale ou écrite). Elle est mesurable (on parle de « bonne » ou « mauvaise » communication), et constitue une suite de séquences de type émetteur → récepteur (stimulus → réponse) qui s’inversent et se multiplient à la suite les uns des autres. Puis une conception dite « orchestrale » de la communication est décrite et se démarque des précédentes perceptions. Gregory Bateson, en 1951, affirme dans un livre appelé Communication : The Social Matrix of Psychiatry :

« La communication ne se rapporte pas seulement à la transmission de messages verbaux, explicites et intentionnels ; telle qu’utilisée dans notre acception, la communication inclurait l’ensemble des processus par lesquels les sujets s’influencent mutuellement. […] Toute action et tout évènement offrent des aspects communicatifs, dès qu’ils sont perçus par un être humain » (1951/1988 : 6).

Cette conception bien plus large aborde l’importance du non-verbal (contexte du message) opposé au verbal (contenu pur du message). G. Bateson oppose la communication analogique, qui porte sur les relations, et la communication digitale, qui porte sur le contenu. Ces deux aspects complémentaires fonctionnent ensemble lors de l’émission d’un message. Birdwhistell, en 1974, ajoute que la communication n’est pas uniquement le fruit d’une relation « ici-et-maintenant ». La théorie de la communication se détourne de celle de la transmission décrite vingt ans auparavant.

La communication est ainsi une activité sociale permanente, s’opérant de manière verbale ou non verbale, qui rassemble des codes et des règles qui rendent prévisibles les interactions entre les membres d’une même culture.

La communication paraverbale

Le matériel paraverbal, comme le dit J.C. Chabanne (1999), serait « ce que seul un enregistrement au magnétophone pourrait enregistrer, mais que l’écrit ne retient pas ». Ainsi, elle correspondrait à la prosodie, le débit de parole, les pauses dans le discours, les caractéristiques de la voix (hauteur, timbre, intensité), les particularités de prononciation. Chacune de ces particularités du discours possède un rôle important pour interpréter des propos ou préciser une affirmation.

La communication non verbale

La communication est caractérisée par la multicanalité ; elle s’exprime de manière verbale, paraverbale et non-verbale, l’importance de cette dernière étant parfois oubliée. La gestualité liée à l’énoncé possède plusieurs fonctions (Cosnier, 1996) :
– La gestualité déictique ou désignante, qui représente le pointage accompagnant un énoncé.
– La gestualité illustrative qui mime l’action.
– Les gestes quasi-linguistiques qui correspondent aux gestes conventionnalisés selon les cultures, comme le « ras-le-bol » français.

La gestualité participe également au copilotage interactionnel, ou « fonction coordinatrice », qui permet au locuteur de s’assurer de la bonne réception de l’énoncé et d’estimer le degré de compréhension et d’interprétation du message par l’allocutaire. Cette fonction s’exprime principalement par le hochement de tête et la mobilité des regards. Les deux aspects principaux de la fonction coordinatrice sont l’alternance des tours et la maintenance des tours. L’alternance des tours est une nécessité physiologique (on ne peut pas écouter et parler en même temps). Par des indices verbaux, vocaux et kinésiques, le parleur propose une alternance, tandis que l’écouteur peut demander la parole par des gestes non verbaux (détournement du regard, changement de posture, mouvements de tête, inspirations préparatoires à la parole, gestes de la main…).

La maintenance des tours est une règle du discours démontrant que le droit à la parole est déterminé socialement. Elle permet au locuteur de garder tant qu’il le désire son temps de parole pour exposer ses idées et partager son point de vue. Il s’informe par les 4 questions auxquelles l’allocutaire répond de manière non-verbale : Est-ce qu’on m’entend ? – Est-ce qu’on m’écoute ? – Est-ce qu’on me comprend ? – Qu’est-ce qu’on en pense ? Enfin, les aspects non-verbaux (sourire, mimiques, contact oculaire, inclinaison, mouvements du corps, hochement de tête) participent à l’expression positive ou négative de l’engagement des interlocuteurs ; on parle de convergence et de divergence communicatives (Cosnier, 1996). M. Patterson (1983) parle de processus de contrôle social, qui sont les processus sociaux utilisés qui influencent le comportement de l’autre (dominance, persuasion, renforcement d’un propos, gestion des impressions sur l’interlocuteur). Ceux-ci fournissent de l’information, régulent l’interaction et expriment l’intimité des locuteurs, et s’expriment par des comportements essentiellement non verbaux : le regard, l’expression faciale, le toucher, les hochements de tête, la position du  corps, les indices paralinguistiques (interruption dans le discours, amplitude de la voix…), les gestes, la distance. Les trois aspects de la communication, verbale, paraverbale et non-verbale, peuvent être affectés, ce qui peut rendre difficile les échanges et l’intégration sociale.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE THEORIQUE
1. APHASIE ET TROUBLES DE LA COMMUNICATION
1.1. L’aphasie
1.2. La communication
1.2.1. Conceptions et modèles de la communication (Winkin, 2001)
1.2.2. La communication paraverbale
1.2.3. La communication non verbale
1.3. Les troubles de la communication chez la personne aphasique
1.3.1. Les troubles de la communication
1.3.2. Une conséquence des troubles de la communication : l’exclusion sociale
1.3.3. La rééducation de la communication
1.3.3.1. Les approches existantes
1.3.3.1.1. Le travail autour des personnes aphasiques
1.3.3.1.2. Le travail avec des personnes aphasiques
1.3.3.2. Les facteurs internes impactant la participation des patients
2. EDUCATION THERAPEUTIQUE DU PATIENT
2.1. Qu’est-ce que l’éducation thérapeutique ?
2.1.1. Définition
2.1.2. Fondements de l’éducation thérapeutique
2.2. Principes de mise en place d’un programme d’éducation thérapeutique
2.2.1. Le diagnostic éducatif
2.2.2. Définir un programme personnalisé d’éducation thérapeutique
2.2.3. Mettre en œuvre les séances d’ETP
2.2.4. Evaluer les compétences acquises et le déroulement du programme
2.3. L’éducation thérapeutique appliquée à l’aphasie
PROBLEMATIQUE DE L’ETUDE
HYPOTHESES
METHODE
1. POPULATION
1.1. Critères d’inclusion et d’exclusion
1.2. Recrutement de la population
2. PRESENTATION DES PATIENTS
2.1. Patient 1 – Madame L
2.2. Patient 2 – Madame C
2.3. Patient 3 – Monsieur L
3. PRESENTATION GENERALE DE L’ETUDE
3.1. Les étapes de l’étude
3.2. Les compétences visées
4. PRESENTATION DU PROTOCOLE
4.1. L’entretien initial
4.2. Les ateliers
4.3. L’évaluation
RESULTATS DE L’ETUDE
1. REMARQUES
2. PRESENTATION QUANTITATIVE DES RESULTATS
2.1. Compétences d’autosoins
2.1.1. Questionnaire de connaissances théoriques
2.1.2. Apports théoriques
2.2. Compétences psycho-sociales
2.2.1. Questionnaire psycho-social
2.2.2. Apports psycho-sociaux
2.3. Compétences d’adaptation
2.3.1. Questions sur la fréquence de l’utilisation de stratégies non-verbales ou compensatoires
2.3.2. Apports pratiques
2.4. Echelle de Communication Verbale de Bordeaux
2.5. Questionnaire de qualité de vie
3. PRESENTATION QUALITATIVE DES RESULTATS
3.1. Réalisation des objectifs
3.2. Questionnaire de satisfaction
DISCUSSION
1. ANALYSE DES RESULTATS ET VALIDATION DES HYPOTHESES
1.1. Hypothèse opérationnelle 1 : les compétences d’autosoins, d’adaptation et psycho-sociales
1.2. Hypothèse opérationnelle 2 : la communication
1.3. Hypothèse opérationnelle 3 : la qualité de vie
1.4. Hypothèse opérationnelle 4 : la réponse aux besoins
2. VALIDATION DE L’HYPOTHESE GENERALE
3. MISES EN LIEN AVEC LES RECHERCHES ANTERIEURES
3.1. Notions de base
3.2. Constitution du groupe
3.3. Généralisation des acquis
4. LIMITES ET PERSPECTIVES
4.1. Limites de la recherche
4.1.1. Population
4.1.2. Protocole
4.1.3. Evaluation
4.2. Perspectives
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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