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En Europe
En France
Chez les jeunes collégiens
De plus, les adolescents sont particulièrement sensibles à l’alcool pour deux raisons : premièrement leur corps, en plein développement, ne produit pas en quantité suffisante l’enzyme responsable de l’élimination de l’alcool, et deuxièmement leur corpulence étant moindre, le taux d’alcool dans le sang augmente bien plus vite que dans celui d’un adulte (1).
Cependant, il existe également des facteurs individuels ou environnementaux qui favorisent, voire prédisposent les adolescents à un usage problématique de l’alcool :
• Facteurs psychologiques :
Il existe plusieurs facteurs psychologiques susceptibles d’entrainer un mésusage, voir une addiction, comme :
– Certains traits de personnalité tels que la faible estime de soi, la timidité ou encore la recherche de sensations fortes ;
– De nombreux troubles psychiatriques comme les troubles anxieux, le TDAH (trouble déficit de l’attention/hyperactivité), les troubles bipolaires, les troubles du sommeil, les troubles des conduites alimentaires (anorexie et boulimie), les troubles psychosomatiques (tels que les migraines, les céphalées ou la spasmophilie), ou encore les personnalités antisociale et borderline (1) ;
– Des évènements de vie négatifs, tel qu’un deuil, une maltraitance, un abus sexuel ou une absence de domicile fixe.
• Facteurs génétiques :
Une part non négligeable du risque de développer une dépendance serait attribuable à des facteurs génétiques parmi lesquels de nombreux gènes candidats ont été identifiés (27). Des études familiales et d’adoption (35), ont ainsi montré que les facteurs génétiques augmenteraient de 40 à 60 % le risque de développer une dépendance.
D’autres travaux ont montré qu’une exposition à l’alcool in utero ou une expérimentation précoce, augmenterait considérablement le risque de devenir dépendant (7). Ainsi, une initiation à l’alcool vers 11-12 ans, multiplierait ce risque par 4 ou 5, par rapport à une initiation vers 18 ans (7). Un développement pubertaire précoce pourrait également être un facteur de risque d’alcoolo-dépendance (7).
• Facteurs familiaux :
L’influence parentale sur la consommation des jeunes semble agir de deux manières (36) :
– une influence directe : le comportement des parents en tant que consommateurs et les normes véhiculées au sein de la famille en matière d’alcool, ont un impact direct sur l’attitude des adolescents face à cette substance (10). Ainsi, le risque pour un enfant de développer à l’adolescence un abus ou une dépendance est proportionnel à l’importance des conduites d’alcoolisation de ses parents et à la précocité de son exposition à ces conduites (37) : les enfants de consommateurs excessifs d’alcool ont deux fois plus de risque d’être eux-mêmes des consommateurs réguliers (38).
– une influence indirecte : si l’adolescent perçoit un manque de proximité avec ses parents, il peut être tenté d’aller chercher des compensations dans un groupe de pairs déviant. Ainsi, plus le climat familial est défavorable (mauvaises entente, manque d’implication des parents dans la vie de leur enfant ou au contraire parents réprimandant chaque comportement d’autonomie de leurs enfants) plus l’influence des pairs sur le comportement des adolescents est déterminant (1).
La situation familiale apparaît également fortement associée à la consommation d’alcool : les jeunes dont les parents ne vivent pas ensemble (famille monoparentale ou recomposée) ou qui séjournent hors de leur foyer (internat…), déclarent davantage d’ivresses répétées et s’avèrent plus souvent consommateurs réguliers que les autres (14). Il est probable que l’absence de l’un ou des deux parents entraîne une augmentation des opportunités de consommer (14).
• Le sexe :
Dans notre pays, la consommation d’alcool reste un comportement très masculin, et ce quel que soit l’âge (39). D’une part les garçons y voient une marque de virilité, et d’autre part l’abus d’alcool chez les femmes reste socialement très mal accepté (39).
De plus, les parents d’adolescents sont souvent plus regardant et plus sévères sur les sorties de leurs filles, qui restent ainsi davantage confinées au domicile familial que les garçons (39). Elles anticipent également plus souvent que les garçons les conséquences désagréables liées à la consommation d’alcool (39).
• Cercle amical :
Les pairs ont une influence considérable sur la consommation des adolescents (40) (41). Leur présence sécurise et encourage le jeune à adopter les mêmes modes de consommations qu’eux. Ainsi, les adolescents dont les amis consomment de l’alcool présentent des niveaux de consommation plus élevés que les autres (24). Plus les adolescents sont jeunes (10-12 ans), et plus ils sont influençables par la consommation de leurs pairs (42).
L’enquête HBSC a montré une corrélation entre la fréquence des soirées entre amis et l’usage régulier chez les adolescents de 15 ans (14).
• Parcours scolaires :
Quel que soit leur âge, les adolescents qui ont un parcours scolaire perturbé (redoublement, filière professionnelle, décrochage scolaire, déscolarisation) ont des niveaux plus élevés d’usage problématique d’alcool (16). Les jeunes en apprentissage et ceux sortis du système scolaire sont ainsi plus nombreux que les jeunes scolarisés à déclarer boire régulièrement de l’alcool ou connaître des API répétées (16).
• Conditions socioéconomiques :
Les adolescents issus de milieux favorisés ont des niveaux d’expérimentation et de consommation d’alcool plus élevés. Ceci peut s’expliquer notamment par la plus grande probabilité de trouver de l’alcool dans ces foyers (43), ou par l’argent de poche perçu directement par l’adolescent (14), lui permettant de se procurer des boissons alcoolisées.
Cependant, les jeunes des milieux favorisés présenteraient moins de difficultés psychologiques concomitantes, ce qui leur permettrait de mieux maitriser leurs consommations. Au contraire, les jeunes de milieux défavorisés (faibles revenus ou profession peu qualifiée des parents) présenteraient plus de risque de développer des troubles émotionnels et comportementaux et seraient donc plus vulnérables (36). Ces jeunes présenteraient donc un risque plus élevé de consommation régulière d’alcool et d’API (44).
• Facteur géographique :
Les adolescents vivant dans une commune rurale (moins de 2 000 habitants) ont des niveaux d’usage régulier d’alcool plus élevés que les jeunes vivant dans des agglomérations de grande taille (>200 000 habitants) (16).
• Facteurs culturels :
De toutes les substances psychoactives, l’alcool est celle qui tient une place privilégiée dans notre société : elle est partie intégrante de notre culture, de nos traditions, et de notre patrimoine (35). L’alcool est fortement intégré aux relations sociales (repas en famille ou entre amis, célébrations en tous genres, etc.).
La religion joue également un rôle dans les comportements de consommation : on retrouve des symboles religieux dans le vin chez les catholiques et chez les orthodoxes, alors que chez les musulmans l’alcool est interdit (45).
• Publicité et marketing : la jeunesse, un marché pour les alcooliers
Les industriels de l’alcool développent des stratégies marketing et des actions publicitaires à destination des jeunes pour les inciter à consommer leur produit (46).
Plusieurs études ont montré un lien significatif entre l’exposition des jeunes à cette publicité et les comportements d’API, l’initiation à l’alcool et l’augmentation de la consommation (46).
Un exemple poignant est l’apparition ces dernières années de nouveaux produits visant spécifiquement les adolescents : les « premix » ou « alcopops ». Ce sont des alcools souvent fort, mélangés à des sodas sucrés ou à des sirops colorés, qui semblent conçus spécifiquement pour les adolescents de 12 à 17 ans (47). Il est vrai que tout est pensé pour plaire à cette population, de leur composition au packaging.
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Table des matières
NTRODUCTION
I. GENERALITES
A. DEFINITIONS
1. Adolescence et adolescent
2. L’alcool, une substance psychoactive
B. CLASSIFICATION DES CONDUITES D’ALCOOLISATION
1. Les différentes catégories d’usage d’alcool
a. Le non-usage
b. L’usage simple
c. Le mésusage
2. L’intoxication alcoolique aigue, un comportement d’alcoolisation
3. Les recommandations de l’OMS
II. ADOLESCENT ET ALCOOL
A. ÉTAT DES LIEUX DE LA CONSOMMATION D’ALCOOL DES ADOLESCENTS : SYNTHESE DES ENQUETES EPIDEMIOLOGIQUES
1. En Europe
2. En France
a. Chez les jeunes collégiens
b. A la fin de l’adolescence : les données de l’enquête ESCAPAD 2014
3. En Haute Normandie
B. SPECIFICITE DES ADOLESCENTS VIS-A-VIS DE L’ALCOOL
1. Les différents modes de consommation des adolescents
2. Bénéfices et risques de l’alcool selon les adolescents
3. Conséquences d’une consommation excessive d’alcool à l’adolescence
a. Conséquences à court terme
b. Conséquences à moyen terme
c. Conséquences à long terme
4. Les facteurs de vulnérabilités
III. LA PREVENTION
A. GENERALITES
1. Le développement des compétences psychosociales
2. Les stratégies de prévention validées
3. Intérêt de la recherche en matière de prévention
B. LES PRINCIPAUX ACTEURS DE LA PREVENTION ET LEURS MISSIONS
1. Les parents
2. Le milieu scolaire
3. L’État : une politique de l’alcool
a. Réglementation des commerces et de la consommation d’alcool des mineurs en France
b. Réglementation de la publicité et du marketing
c. La sécurité routière
d. Service de prévention et d’aide à distance
4. Le médecin généraliste
a. Le repérage précoce et l’intervention brève (RPIB)
b. Les spécificités de la consultation de l’adolescent
5. Réseau de soin et aides aux acteurs
IV. OBJECTIF
V. MATERIEL ET METHODE
A. LA POPULATION CIBLE
B. LE QUESTIONNAIRE
VI. RESULTATS
A. CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION ETUDIEE
B. LA CONSULTATION DE L’ADOLESCENT EN MEDECINE GENERALE
C. LE MEDECIN GENERALISTE EN PRATIQUE
D. LE POINT DE VUE DU MEDECIN GENERALISTE
VII. DISCUSSION
A. LIMITES DE L’ETUDE
B. PRINCIPAUX RESULTATS
1. Consultation de l’adolescent
2. Prévention du risque alcool chez les adolescents
3. Le repérage précoce et l’intervention brève chez les adolescents
4. Consommation « normale » et problème de santé publique
C. PERSPECTIVES
VIII. CONCLUSION
IX. ANNEXES
X. BIBLIOGRAPHIE
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