L’épidémie COVID-19 et la mise en œuvre de mesures barrières

L’épidémie COVID-19 et la mise en œuvre de mesures barrières 

En décembre 2019 survint un premier cas de pneumopathie d’origine inconnue dans la commune chinoise de Wuhan (1). Très rapidement les cas se multiplièrent à l’échelle de la région, du pays puis du monde entier. L’agent causal responsable de cette pandémie émergente semblait être issu d’un réservoir animal sans qu’on ait pu formellement le démontrer (2). Il appartient à la famille des coronavirus comme les virus qui ont été impliqués dans le SRAS et le MERS au début des années 2000. La maladie provoquée (COVID-19) se caractérisait par des symptômes variés chez l’homme : le plus souvent par de la fièvre, de la toux, une dyspnée et de la fatigue. Des myalgies, des symptômes ORL (rhinite, odynophagie), des céphalées, des perturbations/disparitions du goût et de l’odorat, des troubles digestifs ou des confusions chez le sujet âgé ont également été décrits (3–7). La gravité de la maladie réside principalement dans son atteinte pulmonaire qui peut être létale (8). En date du 07 octobre 2022, on a dénombré plus de 617 millions de cas confirmés et plus de 6 500 000 décès à travers le monde (9).

L’absence de thérapie spécifique efficace, la gravité de la maladie ainsi que sa grande contagiosité furent à l’origine de la mise en place progressive de confinements généralisés dans toute l’Europe dès mars 2020. Les études épidémiologiques orientaient alors vers plusieurs modes de transmission : par projection de gouttelettes, par contact direct ou indirect, par l’air (10–12). La transmission par les urines, les selles ou les vomissements n’a pas été documentée (13).

En avril 2020 et en l’absence de vaccin efficace, les autorités publiques et sanitaires françaises éditèrent des recommandations à destination de la population, dans le but de limiter la transmission du SARSCoV-2 (14). Ces recommandations ont incité au respect de comportements protecteurs dits « gestes barrières » ou « mesures barrières », et ont fait la promotion de l’«isolement » et de la « distanciation sociale » (15,16). Ces nouveaux comportements étaient à appliquer au quotidien, particulièrement en période de circulation active du virus et en cas de densité élevée de population (17–19). Ils sont devenus absolument indispensables en cas de symptômes ou d’infection avérée, en association à un isolement social et professionnel total.

Les mesures barrières ont été majoritairement bien acceptées et appliquées par la population (20), même s’il a existé des fluctuations selon les catégories socio professionnelles et le niveau d’éducation (21–23). De manière générale, l’adoption de nouveaux comportements est dépendante de nombreux facteurs, comme la perception du risque sanitaire, la faisabilité ou la compréhension des mesures (24– 27). Identifier ces facteurs -qui relèvent du champ des sciences sociales, psychologiques et comportementales- est indispensable pour une communication préventive en santé de qualité (28,29).

L’étude ComCor 

L’étude ComCor est une étude de grande ampleur conçue par l’Institut Pasteur (IP) en partenariat avec la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM), l’institut IPSOS et Santé Publique France (SPF). L’objectif de cette étude (débutée le 01 octobre 2020) était d’identifier les facteurs sociodémographiques, les lieux fréquentés et les comportements associés à un risque augmenté d’infection par le SARS-CoV-2 en France (30–32). Cette enquête a permis de décrire dans un premier volet les lieux et les circonstances de contamination, et d’analyser secondairement via une étude castémoins les facteurs associés à cette contamination. Sur la période du 1er octobre 2020 au 19 avril 2021, 161 685 personnes contaminées par le SARS-CoV-2 ont été incluses. Elles étaient contactées initialement par la CNAM dans le cadre du Contact Tracing, puis invitées par mail à remplir un autoquestionnaire en ligne. Les témoins étaient des personnes non malades, issus d’un panel représentatif de la population française. Ils ont été recrutés par l’entreprise de sondage IPSOS, après un appariement sur l’âge, le sexe, le lieu de résidence et la période de contamination.

L’apparition secondaire du variant Delta en mai / juin 2021 et son impact sur les conditions de contamination ainsi que le déploiement national de la campagne de vaccination et son efficacité contre le variant Delta ont ensuite fait l’objet d’études complémentaires (33). L’étude ComCor a permis de montrer que presque 50% des personnes contaminées connaissaient le lieu et la personne qui les avaient infectées. Les sources de contamination rapportées le plus fréquemment étaient les suivantes : un membre de la famille au sein du foyer (42%), une personne de la famille élargie ne vivant pas dans leur foyer (21%), le milieu professionnel (15%), amis (11%) (34,35). Au sein du foyer, les sources de contamination rapportées étaient : le conjoint (55% à 64% des cas selon la période étudiée) ou les enfants (24% à 33% des cas selon la période étudiée). Les repas, de manière générale, étaient les situations les plus propices aux contaminations.

Ces résultats, concordant avec les résultats d’autres études, pointent le fait que le mode de contamination le plus fréquent est la contamination au sein du foyer (36). Notre intérêt s’est donc naturellement porté sur les foyers. Nous avons décidé d’étudier le comportement des personnes infectées vis-à-vis de leur entourage, une fois le diagnostic posé. En effet, il nous semblait intéressant de pouvoir rendre compte des modalités de mise en œuvre des recommandations sanitaires « en vie réelle » dans les suites d’un contact avec la cellule de Tracing.

Travail préparatoire : justification de l’étude 

Dans un but exploratoire, de manière parallèle à la recherche bibliographique, une lecture attentive des données libres de ComCor sur les circonstances de contamination a été réalisée au cours du printemps 2021. 600 réponses (selon leur ordre d’apparition) à la question « Pour nous aider d’avantage, merci de nous décrire succinctement (en quelques mots) les circonstances de cette contamination » ont été extraites du fichier de verbatims de ComCor (daté du 16/04/2021). Les verbatims recueillisproviennent des questionnaires des cas index et des proches vivant sous le même toit qui ont été invités à répondre au questionnaire par les cas. Il n’y a pas eu d’élément nouveau retrouvé après la lecture de 600 réponses.

Conclure à des résultats probants a été difficile. Ces données libres illustrent et corroborent les résultats des analyses quantitatives puisque la majorité des contaminations, dont l’origine est connue, a lieu au sein du foyer. Les participants ont ainsi souvent nommé la personne qui les avaient contaminés quand ils la connaissaient ; le conjoint étant le plus fréquemment cité quand il s’agissait d’une contamination intra domiciliaire. « C’est mon mari, il avait les symptômes du covid » « C’est ma fille, on vit ensemble » « Contamination par nos enfants » « Contamination par un collègue de travail » « J’ai été contaminée par mon mari, qui lui-même a été contaminé par un plombier »

Au sein du foyer, le fait de vivre sous le même toit a beaucoup été évoqué. « Vie commune » « Mon épouse et moi vivons ensemble » « Vie familiale habituellement » « Vie quotidienne côteà-côte » « Proximité du foyer familial »

Plusieurs participants ont souhaité préciser la chronologie des évènements entre le supposé contact, la contamination, les symptômes et les résultats du test. « Mon épouse travaille en EPHAD, elle a eu les premiers symptômes le dimanche 8/11/2020 et moi le jeudi 12/11/2020 » « Etudiante infirmière en 2eme année, elle a été réquisitionnée dans un ehpad avec beaucoup de cas covid, du 30/10 au 6/11, ses symptômes sont apparus début semaine suivante. Testée négative dans un 1er temps le 9/11 et testée positive le 16/11 ainsi que mon mari »

Le lieu de la contamination prétendu a beaucoup été cité également, qu’il s’agisse d’un milieu professionnel (en précisant lorsqu’il s’agissait d’un établissement de santé), d’un établissement scolaire ou lieu de garde, d’un rassemblement ou déplacement privé ou autre (sport, soirée, enterrement, lieux publics, commerces, vacances) : « Elle est infirmière. Il y avait un cluster à son travail » « Contamination à son bureau » « Elle travaille à l’hôpital en secteur COVID »

« Contamination via le lycée » « Bébé en contact avec puéricultrice testée positive au covid à la crèche » « Visite chez des amis » « Foyer dans son équipe de rugby » « Elle était à l’enterrement de sa grand-mère et c’est là qu’elle l’a contracté » « Voyage au Portugal de ma conjointe et les enfants» « Contamination de mon père au supermarché »

Les réponses les plus dignes d’intérêt ont été celles qui ont spécifié la nature du contact avec le cas index et l’application ou non des mesures barrières. « Lors d’un repas personne qui nous a contaminé » « La seule et unique fois où mon mari n’a pas mis le masque il a discuté avec une personne qui est venue sur son chantier, la personne en question nous a contacté pour nous faire part de son test covid positif » « C’est mon mari, on dort dans le même lit ! » « Le port du masque et la distanciation étaient respectés sauf au cours des repas au restaurant » « Quelques jours avant d’avoir ses symptômes, mon père se promenait parfois sans masque à la maison et a cuisiné mon repas une fois » « Chambres séparées mais repas pris en commun. Port du masque sans doute tardif dans la sphère familiale. Mise en isolement de notre fils »

Peu d’études ont été réalisées ce jour dans le but de décrire l’isolement des cas vis-à-vis des membres de leur foyer et les facteurs associés à la mise en place ou non de cet isolement. Parmi les études déjà réalisées, il semblerait que la mise en place d’un plan d’isolement personnalisé et l’éducation du patient aux mesures barrières seraient des moyens efficaces pour faire respecter ces mesures d’isolement à la maison .

METHODE 

Design

Une étude observationnelle descriptive et analytique a été menée sous la forme d’une enquête par questionnaire administré par téléphone, auprès d’un échantillon de participants identifié dans la base de données de l’étude ComCor.

Les différents axes de l’étude étaient les suivants :
● Étude épidémiologique analytique comparative sur la contamination secondaire des membres du foyer et les facteurs associés à cette contamination
● Étude épidémiologique descriptive des modalités de mise en œuvre des gestes barrières et de l’isolement à domicile des patients infectés par le SARS-CoV-2 à l’extérieur du foyer familial
● Étude épidémiologique analytique comparative sur les facteurs associés à la mise en place d’un isolement à domicile
● Analyse de contenu des réponses ouvertes au sujet des freins à l’application des mesures barrières dans le foyer.

Le protocole de l’étude a fait l’objet d’une soumission au comité de protection des personnes (CPP) sous la forme d’un amendement au protocole initial de l’étude ComCor. Le CPP a donné un avis favorable le 20/09/2021 permettant le démarrage de l’enquête le 29/09/2021 après accord et signature de la convention par l’Institut Pasteur et l’Université de Nantes.

Participants

Pour être inclus, les participants devaient répondre aux critères suivants : avoir répondu à l’étude ComCor (vérification systématique de l’âge, du sexe et du département de résidence avant de commencer le questionnaire), avoir été testés positifs à la COVID-19 par test PCR ou test antigénique, avoir partagé leur domicile avec au moins une autre personne pendant les 14 jours suivant leur contamination, ne pas avoir été contaminés initialement par un membre de leur foyer, et être majeurs. Ils étaient exclus si l’ensemble des membres du foyer étaient contaminés dans les 24h après leur test positif (contamination commune hautement probable), et/ou si l’ensemble des membres du foyer avait un antécédent d’infection à la COVID-19 dans les 2 mois précédant l’infection (39) – délai minimal nécessaire pour parler de réinfection.

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Table des matières

INTRODUCTION
L’épidémie COVID-19 et la mise en œuvre de mesures barrières
L’étude ComCor
Travail préparatoire : justification de l’étude
Objectifs
METHODE
Design
Participants
Recrutement
Variables étudiées
Déroulement de l’étude
Circulation et conservation des données
Analyse statistique
Analyse de contenu
RESULTATS
Diagramme de flux
Participants
Taux d’attaque secondaire
Description des mesures d’isolement mises en place
Facteurs associés à la contamination secondaire
Facteurs associés à la mise en place d’un isolement à domicile
Freins à l’application des mesures barrières
DISCUSSION
Résultats principaux
Comparaison avec la littérature
Forces et limites de l’étude
Analyse thématique menée sur les verbatims
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
1) Résultats et analyses supplémentaires
2) Questionnaire Intradom
3) Note d’information aux cas participant à l’étude ComCor
4) Fiche de traçabilité des appels
5) Participation individuelle

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