La cité universitaire d’Ankatso (CU) et ses dispositions
En juin 1960, un accord de coopération a été signé. L’article 8 de cet accord stipule la création de l’Université sous le nom Fondation Charles de Gaulle. De 1972 à 1975, elle est devenue l’Université de Madagascar. A la fin des années 1975, d’autres universités ont été créées dans les autres provinces, d’où le changement de l’Université de Madagascar en Université d’Antananarivo. Cette dénomination est restée jusqu’à nos jours, malgré plusieurs critiques qui se font entendre par rapport à cette appellation. La CU Ankatso-I a été créée en 1960 et était composée de 576 chambres en bloc dur, munies d’une douche, d’une cuisine à l’intérieur de chaque membre. De 1960 à 1972, les étudiants étaient blanchis et avaient à leur disposition une lingerie, un personnel qui a été à leur service et l’administration leur proposait un service de restauration contre un achat de ticket, mais à partir de 1990, ce sont des aliments qui ont été distribués. Actuellement, tous ces services ont été supprimés de la prestation de l’université. La distribution des bourses demeure encore de nos jours et les étudiants bénéficient gratuitement de l’eau et de l’électricité. Face à l’augmentation de la demande de logement et à l’accroissement du nombre des étudiants, le gouvernement a créé une autre cité située à proximité de la CU Ankatso I, appelée la CU Ankatso II. Cette dernière à son tour a été créée après un accord signé entre le gouvernement malgache et le gouvernement en 1978. Elle était constituée de soixante huit blocs préfabriqués. Elle constitue aujourd’hui les 68 blocs préfabriqués et les autres blocs avisant. Actuellement, deux grands bâtiments ont été érigés par l’actuel gouvernement de transition vu le nombre croissant des étudiants n’ayant pas de logement ; ces bâtiments pourront accueillir plus de 600 étudiants. La CU Ankatso I a une superficie de 5 ha ; elle se trouve à 1km de l’Université d’Antananarivo et se trouve dans le Fokontany d’Ambohipo, dans le 2ème Arrondissement. Lors de sa création, la CU Ankatso I était constituée de 576 chambres en bloc dur ; devant le manque de logement, des étudiants s’y sont en effet adonnés à des séries de constructions sous forme de modifications des infrastructures existant dans la majorité des cas pour se doter de logements à leur propre gré, il y a même des anciennes toilettes qui sont transformées en chambres. Le SICU a modifié l’ancien restaurant (réfectoire) en chambres ; il est composé actuellement de 104 chambres. D’autres logements ont été créés successivement face à l’évolution de la demande de logements. La cité universitaire d’Ankatso actuelle connaît une surpopulation. La CU Ankatso I compte environ 1200 étudiants qui sont légalement et officiellement déclarés auprès du SICU. Ce chiffre n’est pas certain affirme les responsables car il existe des clandestins ; et que les étudiants ne déclarent pas les personnes qu’ils hébergent alors que certains étudiants logent des membres de leurs familles. Tout étudiant doit se soumettre aux principes et obligations qui régissent la cité. Tout étudiant contrevenant aux principes et obligations de la cité est susceptible de sanction pouvant aller jusqu’à l’expulsion de la chambre. Les sanctions peuvent être pédagogique judiciaires et administratives Concernant la gestion de la cité, les étudiants inscrits régulièrement peuvent bénéficier des œuvres universitaires (logement) et doivent faire une demande lors de la préinscription. Les demandes de logement et l’Attribution sont gérées par le Centre Régional des Œuvres Universitaires (CROUA), chapeauté par les Ministères de l’Education Nationale et de la Recherche Scientifique. Le SICU (Service de Coordination des Intendances des Cités Universitaires), sous la direction du CROU-A, s’occupe de l’intendance et de l’administration de la cité, comme la préparation et le traitement des dossiers de logement, la perception des loyers, le contrôle de l’électricité et de l’eau, la répartition des matériels administratifs, le gardiennage, le nettoyage des alentours de la cité, etc. Dernièrement, l’administration universitaire s’est chargée du régime du paiement des loyers afin d’établir un équilibre entre les nombres des bénéficiaires (c’est-à-dire les étudiants inscrits ayant fait leur demande de logement) et les services par le SICU. Une décision qui vise surtout à mettre fin à la gabegie et au trafic des logements universitaires. Désormais, les critères d’acquisition de logement ont été modifiés. La priorité étant donnée aux étudiants handicapés ou orphelins, les non – étudiants peuvent déjà s’attendre à l’expulsion après plusieurs années d’occupation. Un délai est accordé aux occupants de ces cités pour régulariser leurs situations ou quitter les lieux s’ils ne sont plus inscrits à l’Université. La situation des parents sera également prise en compte. Dans la même foulée, les locataires qui sont uniquement des étudiants ne peuvent pas habiter avec d’autres personnes qui ne sont pas étudiants et ce, même un membre de leur famille. Ces nouvelles dispositions découlent d’une réunion des dirigeants du CROUA avec deux représentants des étudiants venant des 22 Régions qui ont signé le protocole. Cette assemblée forme la division Intervention qui sera chargée du suivi et contrôle, ainsi que de l’application de cette nouvelle décision. A propos des nouvelles demandes de logement, les dossiers déjà déposés auparavant seront privilégiés. En d’autres termes, les étudiants voulant acquérir un logement doivent être inscrits en tant que membre d’une association de leur natif d’origine afin de se conformer au quota de logement par chambre et par région.
La précarisation est-elle une cause du non-engagement ?
Selon différents sociologues, les jeunes sont les premiers touchés par la précarité, ce qui expliquerait leur méfiance vis-à-vis des hommes politiques et de l’importance du droit de vote. La première cause de cette précarité est le chômage chez les jeunes. On trouve dans la tradition sociologique, deux idées centrales à propos de l’expérience vécue du chômage. Lazarsfeld (Les chômeurs de Marienthal, 1982) 14 avait déjà tracé les perspectives de ces deux idées qui sont : « Le chômage est un `stigmate’ qui marque de manière indélébile l’ensemble de l’expérience vécue des individus qui le connaissent : il y a un effet irréparable et durable de l’expérience du chômage même pour ceux qui retrouvent les chemins de l’emploi ». « Le chômage est envisagé comme un pan d’une situation forcément dichotomique opposant les chômeurs aux non chômeurs, non seulement du point de vue de leurs intérêts respectifs sur le marché du travail mais aussi du point de vue de leurs attitudes sociales et politiques ». D’après notre enquête (Cf. Annexe, Tableau 3), 38 étudiants de nos interrogés affirment ne pas exercer une activité rémunérée, ils représentent plus de la moitié de la population d’échantillon. Cela est donc significatif. Les jeunes ne font qu’accuser les tensions sociales et politiques entretenus par le chômage. Ils seraient plus traversés que leurs aînés par un conflit entre les valeurs et les idéaux et entre la reconnaissance de la nécessité de mener des réformes. Les jeunes sont de plus en plus protestataires et se font entendre dès qu’une réforme touche au système éducatif, aux formations ou à l’emploi. Cependant, selon une étude sur le taux de chômage à Madagascar, celui-ci est de 2,8% dans toute l’Île, il est particulièrement élevé à Antananarivo. Ce phénomène se justifie par le fait que le chômage est un phénomène essentiellement urbain et se rencontre surtout dans la Capitale.15 Selon encore une étude sur Madagascar en matière d’emploi, notre pays se situe en deuxième place dans l’Océan Indien. Si l’on se réfère aux chiffres (donnés par l’INSTAT pour Madagascar), la situation des Malgaches serait de loin plus enviable que celle des habitants des autres pays de la zone. On peut ainsi faire tout dire aux chiffres mais on est vite rattrapé par la réalité où le vécu de la population est loin d’être mirobolant. Dans sa conclusion, les auteurs ont pu remarquer que « l’ampleur du chômage de masse à Madagascar et plus encore sa durée dans le temps a « banalisé » l’expérience sociale que la perte d’emploi constitue ». Dans ces études, les auteurs trouvent de « nombreuses continuités entre attitude politique des actifs et des chômeurs ». Pour eux : « il n’y a pas de liaison très forte entre le vécu du chômage et des comportements d’action collective comme faire grève ou manifester ». En conclusion, notre hypothèse de départ laissant penser que la précarité et en particulier le chômage sont des éléments déterminants du non engagement à la politique et de la non-participation électorale, semble selon cette étude totalement fausse. On peut constater en conclusion que la précarité n’a qu’un faible impact sur le désengagement, mais néanmoins cet impact n’est pas nul.
Politisation et désaffection pour la politique
Parmi les étudiants interviewés, beaucoup manifestent le plus d’intérêt pour la politique. En effet, d’après le sondage, les étudiants de notre échantillon sont 85% à déclarer s’intéresser « beaucoup » à la politique ; 11,67% « moyennement et 3,33% « pas du tout » (Cf. Annexe, Tableau 7). Ces derniers précisent qu’avant, ils s’intéressaient quand même mais malgré la durée « interminable » de la crise actuelle, ils se désintéressent complètement de la politique. Ce qui nous semble significatif malgré leur réponse. De plus, les étudiants sont davantage prêts à participer à une manifestation : 58,33 % soit 35 étudiants, contre 41,67% soit 25 étudiants (Cf. Annexe, Tableau 10). Les étudiants semblent de plus en plus politisés et plus de la moitié d’entre eux sont prêts à s’engager. Rappelons que bien plus de la moyenne des jeunes interrogés (61,66%) pensent que le vote peut améliorer les choses ; 26,67% déclarent vouloir voter mais non inscrits sur la liste électorale, néanmoins ces derniers semblent indécis dans leur choix de vote (Cf. Annexe, Tableau 8). Ce qui fait que le taux de participation de la jeunesse est très élevé. Ce qui prouve que la jeunesse malgache n’est pas encore une jeunesse pourrie mais une jeunesse cultivée avide de changement. Relativement à l’implication à la politique, pour un étudiant en Gestion, les jeunes « ne sont pas trop impliqués. Ça dépend ! Ça dépend de l’âge, du niveau d’études. On voit que plus ils sont âgés, plus ils s’impliquent. Moi c’est ce que je vois. Je vois que quand on est jeune, aux environs de 17 à 18 ans on n’a pas trop cette envie de la politique, on reste un peu à l’écart, on préfère s’occuper d’autres préoccupations en fait. Lorsqu’on a plus du genre 21, 22 ou 23 ans on commence un peu plus à s’y intéresser et prendre parti et être membre d’un parti politique ». Mais selon Pierre Bréchon (2002)18, les jeunes sont « moins politisés, mais plus protestataires ». La fréquence des discussions politiques d’un jeune (18/29 ans) avec ses amis est en recul. En effet, ils étaient 13 % des 18/29 ans qui ont déclaré parler souvent de politique avec leurs amis, alors qu’en 1999 ils n’étaient plus que 8 %. Durant la même période, le nombre de jeunes ne parlant jamais de politique avec ses amis a augmenté de 10 %, passant de 34 % en 1981 à 45 en 1999. Cela n’est pourtant pas une valeur sûre, Miora, jeune étudiante en Histoire répond « Non, vaut mieux pas trop, en général, je ne suis pas trop d’accord avec les autres gens ; donc c’est plutôt un sujet de conflit qu’un sujet de discussion » quand on lui demande si elle parle de politique avec ses amis. On observe ainsi un effet d’âge très clair de l’implication à la politique qui diminue quand l’âge augmente. Toutefois, les opinions divergent pour certains étudiants. Dans le sondage que nous avons réalisé sur 60 étudiants, nous avons demandé s’ils pensent « que les hommes politiques tiennent leur promesse », et s’ils pensent que « les hommes politiques cherchent à améliorer la situation sociale ». Parmi les réponses, 37 étudiants pensent que les hommes politiques ne tiennent « pas du tout » leurs promesses (61,67%) ; 8 pensent « un peu » (13,33%) ; 11 répondent « moyennement » (18,33%) et enfin 4 répondent « assez » (6,67%). On peut remarquer qu’aucun sondé n’aura répondu « beaucoup » à cette question (Cf. Annexe, Tableau 11). Parmi les réponses à la question demandant si les hommes politiques cherchent à améliorer la situation sociale, 33 répondent pas du tout (55%) ; 7 répondent « un peu » (11,67%) ; 9 répondent « moyennement » (15%) ; 3 répondent « assez » (5%) ; remarquons ici que aucun des étudiants n’a répondu « beaucoup » et 8 estiment que c’est le cas seulement pour certains hommes politiques (13,33%) (Cf. Annexe, Tableau 12). On peut donc estimer que la désaffection des hommes politiques par les étudiants est quand même assez importante. En effet, ils sont bien plus que la moyenne (61,67%) à penser qu’ils ne tiennent pas leurs promesses ; et ils sont au-dessous de la moyenne (45%) à estimer que les hommes politiques cherchent vraiment à améliorer la situation sociale (« un peu », « moyennement », « assez » et « beaucoup »). Ce qui fait que les étudiants ont une confiance plus que réduite vis-à-vis des hommes politiques.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
Objet d’étude
Problématique
Objectifs
Hypothèses
Méthodologie
PREMIERE PARTIE : Approche théorique
CHAPITRE 1 : Jeunesse et vie sociale
1.1.- La jeunesse selon Pierre Bourdieu
1.2.- La critique des divisions entre les âges
1.3.- Les enjeux liés à la scolarisation
1.4.- L’analyse stratégique et l’ordre local de FRIEDBERG
1.5. La politique
CHAPITRE 2 : Etat des lieux
2.1.- Historique
2.3.- La cité Universitaire d’Ankatso et ses dispositions
DEUXIEME PARTIE : Jeunesse universitaire et rapports à la politique
CHAPITRE 3 : Démocratie et citoyenneté au sein de la précarité dans les cités universitaires
3.1.- La précarisation
3.2.- Les jeunes dans la crise de la représentation
3. 3.- Politisation et désaffection pour la politique
CHAPITRE 4 : Phénomènes de ralliement et motivations réelles
4.1.- Les jeunes et leur affinité politique
4.2.- Les jeunes et leur mouvement politique
4.3. Les étudiants dans les partis politiques
4.4.- Les étudiants dans les associations étudiantes
4.5. Les difficultés rencontrées
CHAPITRE 5 : Positionnement à l’égard des velléités politiques
5.1.- Qu’est-ce qu’une culture politique ?
5.2.- Le rejet massif de la classe politique
5.3.- Les partis politiques et les jeunes
5.4.- La notion de stratégie politique
TROISIEME PARTIE : Prospectives pour une jeunesse citoyenne
CHAPITRE 6 : Une autre vision des relations des jeunes avec la politique
6.1.- Une jeunesse responsable
6.2.- Prérogatives de la politique
6.3.- Dysfonction des intermédiaires démocratiques
6.4.- Les partis politiques
6.5.- Velléité des hommes politiques et des dirigeants
CHAPITRE 7 : Futurs citoyens
7.1.-Développer la notion de « démocratie » avec les péripéties socioéconomiques
7.2.- La démocratie de proximité
7.3.- La participation politique
7.4.- Reconsidérer la démocratie par rapport à l’ancestralité
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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