A cause de leur abondance, leur diversité et leur disponibilité, les plantes sont très utilisées par l’homme depuis les temps les plus lointains. Il les exploite principalement à des fins alimentaires et aussi thérapeutiques (plantes médicinale), socioculturelles, etc. Il les utilise aussi pour la construction, le textile, … (http://www.nasbinals.fr/component/content/article/55/217-lethe-daubrac).
Beaucoup de plantes comestibles surtout les plantes oléagineuses, contiennent une grande proportion de corps gras. Différentes raisons poussent l’homme à utiliser les matières grasses car elles touchent plusieurs domaines. A titre d’exemples :
❖ la consommation de graisses d’origine végétale ou animale permet de combattre le froid pendant l’hiver ou dans les régions froides ;
❖ en cas d’intoxication alimentaire, l’huile de ricin est utilisée pour faire vomir le patient concerné ;
❖ des extraits végétaux à base d’acide gras chaulmoogrique sont utilisés pour le traitement de la lèpre ;
❖ la composition des vases antiques en porcelaine et des peintures des grottes est à base de corps gras.
A notre époque, l’utilisation des matières grasses, surtout celles des plantes oléagineuses ne cesse de se développer. Ainsi, la FAO (2014) a mentionné que la production mondiale d’huiles végétales a fortement augmenté entre 1961-1963 et 2001-2003. Elles sont exploitées par exemple dans :
➤ l’alimentation : du point de vue de la santé, il est recommandé que la consommation des graisses totale d’un adulte devrait être de 15-35% de l’AET (Apport énergétique total) (FAO, 2014),
➤ le secteur industriel : savonnerie, cosmétique, pharmacie, parfumerie, industrie des peintures, des lubrifiants, des vernis et des biocarburants.
Madagascar est bien connu mondialement pour sa richesse naturelle et surtout pour sa diversité floristique. Ceci indique un vaste intérêt scientifique dans plusieurs domaines, mais aussi une forte potentialité pour le développement du pays. En effet, les principes actifs extraits de ces plantes sont très utiles pour la population locale et pourraient être exploités dans le secteur industriel. Plusieurs disciplines telles que la botanique, la chimie, la biochimie, la pharmacologie la microbiologie, etc. sont impliquées dans les études de ces principes actifs.
SYNTHÈSE BIBLIOGRAPHIQUE
Le genre Crotalaria appartient à la famille des Fabaceae, sous-famille des Papilionoideae. Il comprend environ 600 espèces réparties dans les régions tropicales du monde. En Afrique et à Madagascar, il est représenté par 500 espèces dont environ 34 sont endémiques de notre île (LABAT, 1996 ; DU PUY et al., 2002). Malgré cette grande diversité, les études chimiques effectuées dans le monde n’intéressent que quelques espèces. Ainsi, l’objectif de cette synthèse bibliographique est de récapituler les données sur les Crotalaria, ainsi que les lipides d’origine végétale.
GENERALITES SUR Crotalaria
Utilisations en médicine traditionnelle
Certaines d’entre ces plantes sont d’excellents remèdes pour quelques maladies. Ainsi,
➤ les feuilles de C. pallida sont utilisées en tant que vermifuge (BOLDRIN et al. 2013) et dans le traitement des problèmes urinaires et de l’arthrose (http://www.oswaldasia.org/species/c/cropa/cropa_en.html) ;
➤ en Inde, C. juncea est utilisé pour le traitement de l’anémie, de l’impétigo, de la ménorragie et du psoriasis (CHOUHAN, 2011) ;
➤ C. retusa sert à traiter la fièvre et les vers (UMERIE et al., 2010) ;
➤ DU PUY et al. (2002) ont mentionné dans leur ouvrage que le bain de vapeur de C. aculeata est utilisé pour traiter la fièvre du paludisme et C. berteroana permet de traiter les tumeurs bénignes et la gale.
Autres utilisations
(POLHILL, 1982 ; BROWN, 1987 ; BRIDGE, 1987 ; SAMBA et al., 1999 ; L’ETANG, 2012 ; SUBRAMANIAM and PANDEY, 2013) Le genre Crotalaria est très utilisé dans le secteur agricole :
➨ il sert de plante de couverture et d’engrais vert ;
➨ il possède une activité antiérosive et permet la restauration rapide de la fertilité du sol ;
➨ il est capable de produire l’azote organique comme toutes les Légumineuses ;
➨ il exerce aussi une activité nématorégulatrice pour les nématodes phytoparasitaires,…
Par ailleurs, C. juncea est utilisé pour le cordage et comme papier cigarette à cause de la haute qualité de sa fibre. Certains représentants de Crotalaria sont aussi utilisés dans l’alimentation du bétail.
Nature chimique des principes actifs
De nombreuses familles chimiques de composés sont présentes dans la partie aérienne de la plante (tiges, feuilles et fleurs). Parmi elles, la famille des alcaloïdes pyrrolizidine (AP) (79%) et celle des flavonoïdes (12%) sont les plus représentées (L’ETANG, 2012). Ainsi, POLHILL (1982) a mentionné dans son ouvrage que presque 50 AP ont été isolés à partir des graines d’environ 45 espèces de Crotalaria. Les autres composés sont des acides gras, des polyamines, des terpénoïdes, des acides aminés non protéiques, des glycosides, des tanins, des stéroïdes, des saponines, des uréides, des amines, des lectines, des acides aminés et d’autres alcaloïdes.
Propriété toxiques
D’après la littérature, la majorité des espèces de Crotalaria héberge des AP qui provoquent une intoxication chez les animaux ou les humains. Ces toxines entraînent des lésions aigues et chroniques du foie, une hypertension artérielle pulmonaire chez les animaux et peut être mortelle. Un programme international de l’OMS sur la sécurité des substances chimiques a mentionné que « chez l’homme, l’intoxication aiguë aux AP se manifeste généralement par une maladie veino-occlusive aiguë », tandis que l’intoxication chronique provoque une mégalocytose chez les animaux de laboratoire. La DL50 de la monocrotaline, un AP ubiquitaire du genre, est estimée à 175 mg/kg (FAO-OMS Codex alimentarius, 2011).
Propriété antimicrobienne
Certaines Crotalaria ont des propriétés antibactériennes et antifongiques. Il s’agit par exemple de : C. madurensis (BHAKSHU et al., 2008), C. capensis (DZOYEM et al., 2014), C. burhia (MANSOOR et al., 2011 ; SANDEEP et al., 2010), C. juncea (CHOUHAN and SUSHIL 2010), C. pallida (PELEGRINI et al., 2009), C. trichotoma (RAVIKUMAR and RAJKUMAR, 2013).
Autres propriétés
Des études récentes ont montré quelques activités biologiques importantes des crotalaires. Par exemple :
➤ L’extrait éthanolique de C. juncea a une activité anti-hypercholestérolémique chez le rat (KUMAR et al., 2014) ;
➤ C. globosa (DEEPHA, 2014), C. burhia (MANSOOR et al., 2011) et C. sessiflora (TAESOO et al., 2007) présentent une activité antioxydante ;
➤ C. pallida a une activité mutagénique (BOLDRIN et al., 2013).
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
I. SYNTHÈSE BIBLIOGRAPHIQUE
I.1 GENERALITE SUR Crotalaria
I.1.1 Utilisations en médicine traditionnelle
I.1.2 Autres utilisations
I.1.3 Nature chimique des principes actifs
I.1.4 Propriété toxiques
I.1.5 Propriété antimicrobienne
I.1.6 Autres propriétés
I.2 GENERALITES SUR LES LIPIDES
I.2.1 Classification des lipides
I.2.2 Acides gras
I.1.1.1 Nomenclature des acides gras
I.2.3 Rôles et intérêts des lipides
II. MATERIELS ET METHODES
II.1 MATERIELS
II.1.1 La plante
II.1.1.1 Description botanique de Crotalaria trichotoma
II.1.1.2 Systématique de la plante
II.1.1.3 Répartition géographique de l’espèce
II.1.1.4 Préparation du matériel d’étude
II.1.1.4.1 Date et lieu de récolte
II.1.1.4.2 Échantillonnage
II.1.1.4.3 Préparation et conservation du matériel végétal
II.1.2 Les produits chimiques
II.1.3 Les souris
II.1.4 Les microorganismes
II.1.4.1 Les souches
II.1.4.2 Le milieu de culture
II.1.4.3 Les disques utilisés pour le test d’antibiogramme
II.2 METHODES
II.2.1 Méthodes d’étude de l’huile
II.2.1.1 Etude physico-chimique
II.2.1.1.1 Méthode d’extraction de l’huile
a) Principe
b) Mode opératoire
c) Mode de calcul de la teneur en huile
II.2.1.1.2 Méthodes de caractérisation de l’huile
a) Etude des caractères organoleptiques
b) Détermination de la teneur en eau et en matières volatiles
b1) Principe
b2) Mode opératoire
b3) Mode de calcul de la teneur en eau et en matières volatiles
c) Détermination de la densité
c1) Principe
c2) Mode opératoire
c3) Mode de calcul
d) Détermination de l’indice de réfraction
d1) Principe
d2) Mode opératoire
d3) Mode de calcul
e) Détermination de l’indice d’acide et l’acidité
e1) Principe
e2) Mode opératoire
e3) Mode de calcul
f) Détermination de l’indice d’iode
f1) Principe
f2) Mode opératoire
f3) Mode de calcul
g) Détermination de l’indice de saponification
g1) Principe
g2) Mode opératoire
g3) Mode de calcul
h) Détermination de l’indice d’ester
i) Détermination de l’indice de peroxyde
i1) Principe
i2) Mode opératoire
i3) Mode de calcul
II.2.1.2 Analyse quantitative et qualitative de l’huile
II.2.1.2.1 Détermination de la teneur en matières insaponifiables
a) Principe
b) Mode opératoire
c) Mode de calcul
II.2.1.2.2 Détermination de la teneur en acide gras totaux
a) Principe
b) Mode opératoire
c) Mode de calcul
II.2.1.2.3 Identification des acides gras
a) Principe
a) Mode opératoire
b) Analyse du tracé chromatographique
II.2.1.3 Etude de la toxicité de l’huile
II.2.1.3.1 Test sur souris
II.2.1.3.2 Test sur les microorganismes
a) Principe
b) Mode opératoire
b1) Techniques de stérilisation
b2) Détermination de l’activité antimicrobienne
II.2.2 Méthodes d’étude de la fraction non lipidique des graines de Crotalaria trichotoma
II.2.2.1 Méthodes d’étude chimique
II.2.2.1.1 Réactions de détection des familles chimiques
a) Détection des saponosides
b) Détection des tanins et polyphénols
b1) Test à la gélatine
b2) Test à la gélatine salée
b3) Test au chlorure ferrique
c) Détection des iridoïdes
d) Détection des désoxyoses : Test de KELLER-KILIANI
e) Détection des anthraquinones : Test de BORNTRAGER
f) Détection des flavonoïdes : Test de WILLSTÄTTER
g) Détection des leucoanthocyanes : Test de BATE-SMITH
h) Détection des stéroïdes et triterpènes
h1) Test de LIEBERMANN – BURCHARD
h2) Test de SALKOWSKI
i) Détection des alcaloïdes
i1) Test de MAYER
i2) Test de WAGNER
i3) Test de DRAGENDORFF
II.2.2.1.2 Extraction des principes toxiques
a) Extraction aqueuse à froid
b) Extraction hydroéthanolique 75% à froid
c) Extraction aqueuse à chaud
II.2.2.1.3 Méthode de concentration
II.2.2.1.4 Calcul du rendement
II.2.2.2 Méthodes d’étude biologique des principes toxiques des graines
II.2.2.2.1 Etude de la toxicité des graines et de la fraction non lipidique
a) Test de toxicité aiguë
b) Méthode de détermination de la dose létale 50% (DL50) (24 h)
III. RESULTATS
III.1 CARACTERISTIQUES DE L’HUILE
III.1.1Etude physico-chimique
III.1.1.1 Echantillonnage
III.1.1.2 Teneur en huile
III.1.1.3 Caractères organoleptiques
III.1.1.4 Teneur en eau et en matières volatiles
III.1.1.5 Densité relative
III.1.1.6 L’indice de réfraction
III.1.1.7 Indice d’acide
III.1.1.8 Indice d’iode
III.1.1.9 Indice de saponification
III.1.1.10Indice d’ester
III.1.1.11Indice de peroxyde
III.1.1.12Récapitulation des caractéristiques physico-chimiques de l’huile de Crotalaria trichotoma
III.1.2Analyse quantitative et qualitative de l’huile de Crotalaria trichotoma
III.1.2.1 Teneur en matières insaponifiables
III.1.2.2 Teneur en acide gras totaux
III.1.2.3 Identification des acides gras
III.1.3 Toxicité de l’huile
III.1.3.1 Sur souris (gavage)
III.1.3.2 Sur les microorganismes
III.2 RESULTATS DE L’ETUDE DE LA FRACTION NON LIPIDIQUE DES GRAINES DE CROTALARIA TRICHOTOMA
III.2.1Etude chimique
III.2.1.1 Détection des familles chimiques
III.2.1.2 Extraction des principes toxiques
III.2.2Test de toxicité aiguë des extraits
DISCUSSION
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
