Analyse du lien entre intermediation financiere et croissance economique

La mondialisation de l’économie a accéléré l’élargissement de l’espace d’intervention des agents économiques, à travers notamment les échanges commerciaux et financiers. D’un côté, la libéralisation des échanges commerciaux implique une suppression progressive des barrières douanières. De l’autre, la libéralisation financière s’est traduite par une libre circulation internationale des capitaux. Cette libéralisation financière repose sur la dérèglementation des prix et des taux d’intérêt, l’abolition des frontières entre activités et entre actifs financiers, et donc la suppression de toute restriction à la mobilité des capitaux. Dans les pays développés, cette libéralisation financière a contribué à la dynamique de la croissance économique. Le ratio crédit bancaire sur PIB est élevé dans ces pays, selon les chiffres de la Banque mondiale le crédit intérieur fourni par le secteur bancaire en pourcentage du PIB est pour les pays membres de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) de 205.4% en 2012, contre 50 % pour les pays Moyen Orient et Afrique du Nord (MOAN) , et 29,9% seulement pour les pays les moins avancés selon le classement de l’ONU.

INTERMEDIATION FINANCIERE ET CROISSANCE

La littérature théorique concernant le rôle du secteur financier sur la croissance économique est caractérisée par les auteurs comme Schumpeter (1911) et les keynésiens qui accordent plus d’importance à la finance et analysent un lien selon lequel le développement financier serait une conséquence de la croissance économique. Keynes (1936) recommande la baisse du taux d’intérêt pour favoriser l’investissement. Il met l’accent sur la différence entre activité d’intermédiation financière et activité de spéculation financière. L’intermédiation financière est censée supporter l’investissement.

D’autres auteurs comme Gerschenkron (1962) et Goldsmith (1968) soutiennent l’existence d’un effet positif de l’intermédiation financière sur la croissance économique. Gerschenkron (1962) affirme que la révolution industrielle n’est pas uniquement associée à la technologie mais également à la révolution financière qui a favorisé l’accroissement massif des investissements. Les auteurs précédents ont servis de prémisses à la théorie de Mac Kinnon (1973) et Shaw (1973), ils estiment que le développement financier est indispensable à la croissance économique. En outre ils soutiennent l’idée que si certains pays ont une faible croissance économique, ce serait à cause de leur faible niveau de développement financier. Ces deux auteurs dénoncent la répression financière préconisée par Keynes (1936) dans sa politique monétaire. Les nouvelles analyses de Mac Kinnon et Shaw (1973) convergent dans le sens où l’intermédiation financière a un impact positif sur la croissance.

LE FONDEMENT THEORIQUE DE L’INTERMEDIATION FINANCIERE

L’intermédiation financière existe dans un contexte d’économie d’endettement ou d’une économie qui applique la méthode de financement indirect. Les principaux travaux de base sur l’intermédiation financière sont ceux de Gurley et Shaw (1960) et Hicks (1974). Les deux (2) premiers auteurs ont fait la distinction entre le financement direct et le financement indirect, tandis que le deuxième auteur oppose économie de marché financier et économie d’endettement.

Le système financier

Le système financier est constitué par les intermédiaires financiers d’une part, et des marchés financiers d’autre part. La distinction entre ces deux composants du système financier a été mise en évidence par l’approche des auteurs suivants :

● L’approche de Gurley et de Shaw (1960): Le financement direct et le financement indirect .

Le financement direct est un mode financement par le marché mettant en présence deux (2) catégories d’agents économiques : les agents à besoin de financement (ou agents déficitaires) et les agents à capacité de financement (ou agents excédentaires). L’opération se manifeste par le transfert direct de liquidités des agents excédentaires vers les agents déficitaires, qui à leurs tours, s’endettent sous forme de valeurs mobilières.

Cette opération s’effectue sans intervention d’intermédiaires financiers. En effet, les agents à besoin de financement et les agents à capacité de financement établissent des relations directes dans le cadre de marchés financiers organisés. Les premiers émettent des titres primaires pour recevoir en contrepartie des ressources monétaires, tandis que les seconds acquièrent ces titres contre des liquidités monétaires.

Les agents à besoin de financement vendent leurs titres primaires (TP) pour obtenir des ressources monétaires (M) et les agents à capacité de financement acquièrent ces titres (TP) avec de la monnaie (M). Tel est le cas des prêts et des apports effectués par des actionnaires à leurs entreprises ou des crédits interentreprises. Les marchés permettent donc aux agents à besoin de financement de trouver des ressources en émettant des titres primaires et aux agents à capacité de financement de placer leurs excédents financiers. Ces opérations concernent essentiellement des agents non financiers.

Par contre, le financement indirect fait intervenir des institutions financières. Elles émettent des titres au bénéfice des agents excédentaires afin de collecter les ressources nécessaires au financement.

Dans ce processus les intermédiaires peuvent effectuer deux catégories d’opérations:
-ils peuvent acheter des actions et des titres de créance (titres primaires) émis par les agents à besoin de financement en utilisant des ressources obtenues par la vente de parts, d’actions et d’autres engagements (titres secondaires) aux agents à capacité de financement.
-ils peuvent accorder des crédits aux agents à besoin de financement en utilisant des dépôts à terme que leurs confient les agents à capacité de financement. L’engagement des intermédiaires financiers envers les prêteurs ultimes constituent des titres secondaires. Et l’engagement des emprunteurs ultimes qui sont bénéficiaires des prêts forment les titres primaires.

En définitive, la distinction entre finance directe et finance indirecte s’explique par l’intervention des intermédiaires financiers dans la finance indirecte, tandis que dans la finance directe les opérations ne concernent que des agents non financiers.

● L’approche de Hicks (1974) : L’économie de marché financier et l’économie d’endettement .

Selon Hicks (1974), l’économie de marché financier est caractérisée par le financement par l’appel direct à l’épargne. En effet, le service d’intermédiation s’avère très onéreux pour les agents déficitaires ce qui leur a amené à se tourner vers le marché financier. D’un autre côté, l’économie d’endettement est une économie dans laquelle prédomine le financement par crédit bancaire. Une économie d’endettement est caractérisée par la prédominance de la finance indirecte. Elle reconnait au système bancaire la responsabilité première du financement de l’économie. Donc, les agents à besoin de financement s’adressent principalement aux intermédiaires financiers. Lorsqu’il s’agit d’entreprises non financières, elles recourent peu aux marchés financiers pour satisfaire leurs besoins de financement parce que ces marchés ne sont pas suffisamment alimentés par l’épargne des ménages, ce qui n’est pas le cas des banques. De plus l’autofinancement de ces entreprises non financières est insuffisant pour couvrir leur besoin, elles sont obligées de se financer auprès des intermédiaires. L’essentiel du financement de ces entreprises par les banques se réalise sous forme de crédits. Le montant des crédits détermine celui des ressources que les banques doivent se procurer. Quant aux entreprises financières elles sont refinancées par la banque centrale et faiblement par le marché financier. Dans ce système, la banque centraleest obligée de résoudre les problèmes de liquidité. Donc, dans une économie d’endettement, les entreprises non financières sont fortement endettées envers les banques et les banques à leur tour recourent au refinancement de la banque centrale. Toutefois, ce système de financement engendre des contraintes qui pèsent sur la politique monétaire. La banque centrale n’est pas en mesure de contrôler le volume de refinancement, car elle est obligée de refinancer les crédits déjà accordés par le système bancaire. La banque centrale tente d’agir donc sur l’évolution monétaire issue des opérations de crédits bancaires soit en influençant le taux d’intérêt des crédits, soit en encadrant le crédit. Elle contrôle le taux d’intérêt des crédits par la hausse du taux directeur (taux d’intérêt du refinancement des banques auprès de la banque centrale) qui va se répercuter sur les taux de base des banques. Et d’un autre côté l’encadrement de crédit se manifeste par l’obligation des banques commerciales à constituer des réserves supplémentaires non rémunérées. Le montant de ces réserves représente une fraction du volume des crédits accordés aux résidents si ce volume dépasse la norme prescrite.

Dans une économie de marchés financiers, le financement de l’activité économique se fait par les marchés de capitaux. Le rôle de l’intermédiation bancaire diminue. Le marché des capitaux est un marché des fonds prêtables qui comporte le marché monétaire et le marché financier. Le marché monétaire est un marché de capitaux à court terme largement ouvert aux agents financiers et non financiers, tandis que le marché financier est un marché de capitaux à court terme. Les investissements des entreprises non financières sont financés par émission d’actions et d’obligations sur le marché financiers. Quant à leur besoin de liquidités de court terme, ces entreprises recourent au financement par la vente de titres négociables sur le marché monétaire. Les banques commerciales (entreprises financières) peuvent recourir au refinancement auprès de la banque centrale, cette dernière peut-être un prêteur de dernier ressort mais qui n’est pas contraint. En principe, dans une économie de marchés financiers, les institutions bancaires financent leur besoin de liquidité en recourant au marché monétaire.

Dans la plupart des pays développés prédomine le marché financier ; par contre pour les pays en développement c’est le mode de financement indirect c’est-à-dire par l’intermédiaire des banques qui prédomine. Il est possible que la structure du système financier s’oriente davantage vers les marchés au fur et à mesure que l’économie se développe.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I : INTERMEDIATION FINANCIERE ET CROISSANCE
Introduction à la première partie
Section I : LE FONDEMENT THEORIQUE DE L’INTERMEDIATION FINANCIERE
1. Le système financier
2. L’émergence de l’intermédiation financière
3. L’opération d’intermédiation financière
Section II : LIEN ENTRE INTERMEDIATION FINANCIERE ET CROISSANCE ECONOMIQUE
1. La libéralisation financière
2. L’importance de l’investissement selon l’école Keynésienne
3. Intermédiation financière et croissance endogène
Conclusion de la première partie
PARTIE II : ANALYSE DE LA SITUATION DE MADAGASCAR
Introduction à la deuxième partie
SECTION I : ETAT DES LIEUX DU SECTEUR BANCAIRE MALGACHE
1. Historique et évolution du secteur bancaire malgache
2. Les acteurs du secteur bancaire
3. Fonctionnement du secteur bancaire
SECTION II : ANALYSE DE LA CONTRIBUTION DU SECTEUR BANCAIRE A LA CROISSANCE ECONOMIQUE
1. Les points forts
2. Les points faibles
3. Les obstacles à la croissance
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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