Définitions de la croissance inclusive
Plusieurs approches de définition et de mesure de la croissance inclusive ont été adoptées par les différentes institutions internationales.
La croissance inclusive selon la Banque mondiale (OCDE, 07 mai 2014)
La Banque mondiale évoque la croissance inclusive pour désigner le rythme et le schéma de la croissance économique, concepts interdépendants et évalués simultanément. Selon l’approche de la Banque mondiale, une croissance économique forte est nécessaire pour réduire la pauvreté absolue. Néanmoins, pour que cette croissance soit durable, elle doit concerner un large éventail de secteurs et de vastes pans de la population active d’un pays. Cette définition implique l’existence d’un lien direct entre les déterminants microéconomiques et macroéconomiques de la croissance. De ce point de vue, la croissance inclusive met l’accent sur l’emploi productif, plutôt que sur l’emploi en soi ou la redistribution des revenus. La croissance de l’emploi résorbe le chômage et accroît les revenus, tandis que la croissance de la productivité peut augmenter le niveau de rémunération des salariés et des travailleurs indépendants. L’approche de la Banque mondiale adopte une perspective à long terme et se préoccupe de croissance durable, dans laquelle l’inclusivité désigne l’égalité des chances en matière d’accès aux marchés, aux ressources et à un environnement réglementaire neutre pour les entreprises et les individus.
La croissance inclusive selon la Banque asiatique de développement (OCDE, 07 mai 2014)
Il s’agit d’une « croissance qui non seulement crée de nouvelles possibilités économiques, mais qui assure aussi l’égalité d’accès à ces opportunités à tous les segments de la société, et notamment aux pauvres « (Ali et Hwa Son, 2007). Un épisode de croissance des revenus est considéré comme « inclusif » dès lors qu’il :
i) permet la participation et la contribution de tous les membres de la société, en mettant l’accent sur la capacité des pauvres et des catégories défavorisées à prendre part à la croissance (l’aspect « non discriminatoire » de la croissance), ce qui implique de porter l’attention sur le « processus « de croissance ;
ii) est associé à un recul des inégalités dans les dimensions non monétaires du bien-être qui sont particulièrement importantes pour promouvoir les opportunités économiques, y compris l’éducation, la santé, la nutrition et l’intégration sociale (l’aspect de la croissance inclusive qui réduit les désavantages), ce qui implique de s’intéresser plus particulièrement aux résultats de la croissance.
La croissance inclusive selon le PNUD (OCDE, 07 mai 2014)
Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a récemment rebaptisé son Centre international en faveur des pauvres à Brasília, Brésil, en Centre international de politiques pour la croissance inclusive (IPC-IG), dont les travaux s’inspirent du principe selon lequel des sociétés plus égalitaires obtiennent de meilleurs résultats en termes de développement. Du point de vue du PNUD, la croissance inclusive est considérée à la fois comme un résultat et comme un processus. D’une part, elle permet à chacun de participer au processus de croissance, en intervenant dans la prise de décisions et en étant acteur de la croissance. D’autre part, la croissance inclusive procure des avantages qui sont équitablement partagés. Elle implique donc une participation et une mise en commun des avantages.
La notion de croissance inclusive est au cœur de la Stratégie Europe 2020. Dans cette Stratégie, la croissance inclusive sous-entend « de favoriser l’autonomie des citoyens grâce à un taux d’emploi élevé, d’investir dans les compétences, de lutter contre la pauvreté, de moderniser les marchés du travail et les systèmes de formation et de protection sociale pour aider tout un chacun à anticiper et à gérer les changements, et de renforcer la cohésion sociale. Il est également crucial de veiller à ce que les fruits de la croissance économique profitent à toutes les régions de l’Union, y compris à ses régions ultrapériphériques, afin de renforcer la cohésion territoriale. Il faut garantir à tous un accès et des perspectives tout au long de la vie.
La croissance inclusive selon le FMI
La croissance inclusive prend en compte une croissance élevée et soutenue, diversifiée entre les secteurs et inclut une large partie de la population active du pays et offre des opportunités égales d’accès au marché et aux ressources (mai 2013). A l’encontre d’une conférence à Addis Abeba (13 à 16juillet 2015), le FMI élabore un plan pour payer les coûts de la réduction de la pauvreté dans le monde en interpellant tous les Etats à être les responsables principaux et après les secteurs privés ainsi que les organisations. non gouvernementales incluant les sociétés civiles.
En résumé, ces différentes définitions font toutes références à de nouvelles approches pour lutter contre les inégalités sociales, en particulier dans le monde en développement. Il s’agit notamment des inégalités de revenu et des actifs, à la fois financiers et humains, des inégalités pour l’accès à l’éducation, à la santé et aux opportunités économiques ainsi que pour tous les aspects de la vie. Au regard des différentes définitions de la croissance inclusive, on peut noter que la croissance inclusive est caractérisée par : (i) d’abord la croissance économique en est un préalable c’est-à-dire une condition nécessaire mais non suffisante pour une croissance inclusive ; (ii) ensuite elle est une croissance qui met l’accent sur l’emploi productif, une croissance qui crée de nouvelles possibilités économiques, une croissance qui garantit l’égalité d’accès à ces opportunités à tous les segments de la société, une croissance qui assure la protection sociale et le renforcement de la cohésion sociale et enfin c’est une croissance rattachée aux concepts de « croissance reposant sur une base large, une croissance partagée et une croissance pro-pauvre ». Pour mesurer la croissance inclusive, plusieurs méthodes doivent être mises en œuvre. Dans le paragraphe suivant, on essaye de montrer certaines mesures qui se pourraient être mieux utilisées que d’autres.
Mesure de la croissance inclusive
Chaque institution (BAD et FMI principalement) a sa propre manière de mesurer la croissance inclusive. Nous allons voir ci-dessous les différentes distinctions entre la méthode utilisée par l’ADB et celle adoptée par l’IMF mais il est à noter que ces institutions poursuivent la même méthodologie présentée par les auteurs ALI et SON (2007).
Méthode de l’ADB
On introduit dans cette étude l’idée portant sur l’analyse de l’opportunité offerte à la population. Cette dernière s’effectue par une analyse dans laquelle on présente l’amélioration des opportunités par une courbe appelée courbe d’opportunités. Ainsi, la fonction permettant de tracer cette courbe (courbe d’opportunités) s’appelle fonction d’opportunités sociales, similaire à la fonction du bien-être social. La croissance est définie comme inclusive surtout si elle permet d’accroitre la fonction d’opportunités sociales qui dépend de deux facteurs : l’un c’est l’opportunité moyenne à laquelle la population peut accéder (accessibilité de l’opportunité à la population), l’autre c’est la façon de partager ou de distribuer les opportunités entre des membres de la population. La croissance inclusive est atteinte en maximisant la fonction de l’opportunité sociale. Cette fonction donne plus de poids à chaque opportunité transférée aux pauvres c’est à dire que les riches choisissent d’accepter une part de pauvreté ce qui fait qu’une pauvreté est appelée inclusive. Ce poids implique une croissance de cette fonction et signifie qu’une croissance est en cours de son inclusion.
Supposons maintenant n personnes dans la population avec X1, X2, X3,…, Xn où X1 est la personne très pauvre et Xn la personne très riche. On peut définir la fonction de bien-être sociale telle que :
W=W(X1, X2, X3,…, Xn) (1)
C’est une fonction croissante de revenu Xi , i allant de 1 à n. Similaire à cette fonction de bien-être sociale on peut aussi définir la fonction d’opportunités sociales telle que :
O=O (Y1, Y2, Y3, …, Yn) (2)
Où Yi est l’opportunité au bénéfice de la i-ème personne dont le revenu est Xi. L’opportunité peut être définie en termes de services différents : accès au service de l’éducation et de santé, accès à l’opportunité de l’emploi sur le marché du travail, etc.
Yi peut prendre la valeur binaire 0 à 100.
Il peut prendre la valeur 0 si la i-ème personne est privée de certaine opportunité et 100 si la i-ème personne a un avantage sur celle-ci.
|
Table des matières
INTRODUCTION
I. Concept et mesure
I .1 Définitions de la croissance inclusive
1.1 La croissance inclusive selon la Banque mondiale (OCDE, 07 mai 2014)
1.2 La croissance inclusive selon la Banque asiatique de développement (OCDE, 07 mai 2014)
1.3 La croissance inclusive selon le PNUD (OCDE, 07 mai 2014)
1.4 La croissance inclusive selon le FMI
I.2.Mesure de la croissance inclusive
2.1. Méthode de l’ADB (Asian Development Bank)
2.2 Méthode de l’IMF (International Monetary Fund)
II. Madagascar sur la voie de croissance inclusive
II.1. Relation entre les documents stratégiques du gouvernement malagasy et la croissance inclusive
1.1. Aspect de la croissance inclusive dans le MAP
1.2. Du PND à la mise en œuvre de la croissance inclusive
II.2. Situation sociale a Madagascar : éducation, santé, infrastructure
2.1. Vue globale de la pauvreté
2.2. Éducation
2.3. Santé
2.4. Infrastructures
III. Recommandations pour promouvoir la croissance inclusive
III.1. Huit secteurs clés pouvant faire la différence
1.1. Emploi et opportunités
1.2. Education
1.3. Services financiers
1.4. Infrastructure
1.5. Santé
1.6. Lutte contre la corruption
1.7. Développement des actifs et l’entreprenariat
1.8. Impôts et redistribution
III.2 .Comment Influencer les différentes dimensions du bien-être
2.1. Stimuler la croissance inclusive : le rôle du secteur privé
2.1.1. Définir le secteur privé
2.1.2. Rôle du secteur privé
2.2. Stimuler la croissance inclusive: le rôle du secteur public
2.2.1. Définir le secteur public
2.2.2. Fonctions traditionnelles de l’Etat
2.2.3. Comment les autorités publics peuvent stimuler la croissance inclusive
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
