TENTATIVES DE RECUPERATION ET DE VALORISATION DES SOLS SALES

Effets de la salinité

Effets sur le sol

Brady et Nyle (1996) ont prouvé que les sols salin sont de mauvaises propriétés physiques (grande dispersion des colloïdes organiques et des minéraux, mauvaise perméabilité et faible aération). D’après Allison (1964), tant que la solution du sol contient des quantités importantes de sels solubles, le sol demeure imperméable et son pH est inférieur à 8,5. C’est le cas des sols sodiques qui contiennent des quantités excessives d’ion sodium échangeable.
Cette teneur élevée en Na +cause le gonflement des particules d’argile et la dispersion du matériel colloïdal du sol, ce qui peut affecter la perméabilité intrinsèque du sol et causer la diminution de son aération (Bohn et al ., 1979; Szabolcs, 1979; Rhoades, 1989). D’autres auteurs (Sumner, 1993; Brady et Weil, 2002; Essington, 2004) ont montré que dans les sols salés, les transformations chimiques peuvent avoir des répercussions notables sur des propriétés physiques. En effet, l’accumulation de sels dans le sol déplace l’équilibre chimique entre la fraction solide et la fraction liquide du sol. Les propriétés chimiques sont donc bouleversées qualitativement et quantitativement.
Les sols salés sont également caractérisés par une faible fertilité généralement liée à la présence de sels solubles en particulier les sels de sodium (Szabolcs, 1979). Des études ont montré qu’au-delà de 75 Mm, la régénération des plantes est compromise, du fait de la baisse de la production du sol et donc de sa fertilité (Amzallag, 1994).
L’étude de l’interaction entre la salinité et la fertilité sur la croissance, la composition minérale et le métabolisme de l’azote de la moutarde indienne a montré que la salinité diminue la fertilité du sol (Garg etal ., 1993). Ils ont aussi noté qu’avec l’augmentationde salinité, il y a une augmentation de la concentration de Na + échangeable et une baisse des concentrations de N P K.

Effets sur la végétation

Des teneurs très élevées en sels dans le sol induisent un stress salin qui peut affecter divers processus physiologiques et biochimiques chez la plante. Les effets de la salinité se manifestent par une baisse du taux de croissance (Rohanipoor et al ., 2013) et du rendement de la plante (Bybordi, 2010; Belfakih etal ., 2013). Des lésions foliaires (Senaratna et al , 2000), une défoliation partielle ou complète des plantes (Ashraf, 2004; Achraf et Foolad, 2005) et une réduction de la surface foliaire (Rohanipur et al ., 2013) sont également notées. A cela s’ajoutent une baisse de la conductance stomatique (Musyimi et al ., 2007), du taux de transpiration (Musyimi et al ., 2007), de l’induction à la sénescence cellulaire (Santos et Caldeira, 1999) et la capacité de photosynthèse nette (Ashraf, 2001 ; Romero-Aranda etal ., 2001).
Dans des conditions de stress salin, une corrélation positive entre le taux de photosynthèse et le rendement a été observée dans différentes cultures telles que Gossypium hirsutum (Pettigrew et Meredith, 1994) et Asparagus officinalis (Faville etal ., 1999). Chez les feuilles de haricot, de coton et d’atriplex, l’épaisseur de l’épiderme, du mésophylle et la longueur des cellules palissadiques augmentent (Longstreth et Nobel, 1979) de même que la densité des stomates chez les feuilles de tomate (Romero-Aranda et al , 2001). L’augmentation de lasalinité entraîne également une réduction de la teneur en chlorophylle en raison de la suppression des enzymes spécifiques qui sont responsables de la synthèse des pigments photosynthétiques (Murkute etal ., 2006). Ainsi, à travers le monde, les pertes annuelles derevenus en produits agricoles dues à la salinisation ont été estimées à 11,4 milliards de dollarsaméricain en terres irriguées et 1,2 milliards de dollars en zones non irriguées (Ghassemi et coll, 1995).

TENTATIVES DE RECUPERATION ET DE VALORISATION DES SOLS SALES

L’agriculture est l’un des secteurs clés du développement économique et social dans de nombreux pays notamment le Sénégal. Elle est fortement touchée par le phénomène de salinisation. Sa forte dépendance à la pluviométrie rend aléatoires les productions enregistrées. Face à cette situation, plusieurs actions ont été conduites au Sénégal et partout ailleurs dans le monde sur la problématique de la restauration et de la valorisation des sols salés.

Méthodes mécaniques

La gravité de la situation fait qu’au Sénégal les premières tentatives de récupération des sols salés ont démarré vers les années 1965 (Beye, 1972;Beye et al ., 1975; Sadio, 1985 et 1986) avec l’installation d’ aménagements hydro-agricoles au niveau des bassins du Sine et du Saloum. Ces actions mécaniques de lutte contre la salinisation des terres ont consisté à la construction de barrages et de diguettes anti-sel, de digues transversales de régulation et de drains (Photo 1).

Autres méthodes de récupération

En dehors des méthodes mécaniques et biologiques, d’autres méthodes de récupération sont également utilisées pour lutter contre la salinisation des sols salés. Parmi celles-ci, les méthodes chimiques et organiques sont les plus rependues.

Amendements organiques

Récemment, divers suppléments organiques tels que les revêtements de sol, les engrais et composés organiques ont été étudiés pour leur efficacité dans la récupération des sols salés. Il a été montré que l’application de la matière organique peut accélérer le lessivage du NaCl, diminuer le pourcentage de sodium échangeable et laconductivité électrique et augmenter la capacité de rétention d’eau et la stabilité des agrégats (El-Shakweer et al ., 1998). L’utilisation de la matière organique améliore la qualité des sols salins et neutralise les effets négatifs du sel. Les microorganismes bénéficient de la disponibilité de substrat et peuvent ainsi mieux faire face à la forte salinité. L’application du fumier de vache ou de pailleen décomposition, a augmenté de façon significative la productivité duriz, du blé, de l’orge et du sorgho cultivés dans des sols salins (Swarup, 1985; Gaffar etal. , 1992; Aich etal. , 1997). En revanche, l’ajout de fumier d’étable réduit le taux d’absorption du sodium (Gaffar et al ., 1992). Tejada et Gonzalez (2005) ont montré que l’augmentation de la teneur en matière organique des sols salins accroît leur stabilité structurelle et leur densité et par conséquent, leur biomasse microbienne. L’incorporation de paille de rizet d’ excréments de porc augmentent de façon significative les activités de l’uréase et de la phosphataseainsi que le taux de respiration du sol (Liang et al ., 2003). Ces traitements biologiques favorisent également l’apparition d’une végétation spontanée qui protège le sol et contribue à sa correction. Cependant, l’utilisation excessive d’engrais organiques devrait être évitée, en particulier, dans les zones inondées pendant de longues périodes afin de réduire le risque d’effets toxiques intermédiaires qui s’accumulent à partir de la décomposition anaérobiedu fumier organique (Liang et al ., 2003).
L’utilisation des résidus comme correctif des sols salins est une pratique économe et respectueuse de l’environnement.

Amendements chimiques

Au Sénégal, Les méthodes chimiques ont concerné l’utilisation du phosphogypse ou le chaulage. Le phosphogypse a été utilisé durant trois années (1970-1973) pour le dessalement des terres du Delta du fleuve Sénégal, sur la cuvette de Boundoum Ouest (Mutsaars et Van Der Velden, 1973). Le phosphogypse permet le remplacement des ions sodium par le calcium dans le complexe du sol. Il s’ensuit une libérationde ces ions sodium qui seront évacués lors du lessivage des sols. Cependant, cette pratique nécessite de gros moyens techniques et reste onéreuse du fait des importantes quantités de phosphogypse nécessaires. En effet, il faut 1 à 4 tonnes de phosphogypse pour traiter 1 ha de sol (Mutsaars et Van Der Velden, 1973). Selon Ndiaye (1999), l’apport de gypse et de phosphogypse doit cependant se faire avec discernement en fonction du type de sol, de ses propriétés physiques et chimiques. Il faudrait notamment tenir compte de la teneur en aluminium échangeable pour les sols acides ou du taux de sodium échangeable dont le seuil pour un effet néfaste sur la structure du sol est de10% à 15% (Richards, 1954). II apparait également que le phosphogypse contient des métauxlourds à faible concentration. II s’agit surtout duplomb (Pb), du cadmium (Cd) et du chrome(Cr). Or, ces métaux peuvent être toxiques pour les plantes, même à faible concentration (Ndiaye, 1999).

JATROPHA CURCAS L

Origine et répartition

Jatropha curcas L. est une plante qui a une origine controversée (Figure 2)puisque certains auteurs la situent dans les régions sèches du Brésil (Caatigao, Etat de Ceara) alors que pour d’autres, ce serait plutôt l’Amérique centrale ou le Mexique (Aponte, 1978). Son aire de distribution se situe principalement dans les zonesarides et semi arides (Makkar et al ., 1997, Openshaw, 2000). Ainsi Rijssenbeek et al . (2007) situent son aire de culture entre les latitudes 30° Nord et 35° Sud.

Importance socio-économique

Jatropha curcas est une plante oléagineuse qui présente de nombreux attributs, des usages multiples et un potentiel considérable. Traditionnellement, dans les campagnes, les différentes parties de Jatropha curcas sont utilisées comme médicament (Achten et al. ,2010;Divakaraet al. , 2010). Les fruits (2 ou 3 graines qu’ils contiennent) ont des propriétés contraceptives. Le latex arrête les saignements. Il possède également des propriétés antiseptiques et est utilisé contre les infections. Il est aussi utilisé en usage externe pour les maladies cutanées (eczéma), le rhumatisme, les ulcères et les plaies. Les feuilles sont utilisées pour traiter le paludisme. Le jus des feuilles a une couleur rouge et colore les tissus d’une couleur noire indélébile. Il est utilisé en application externe pour traiter les hémorroïdes. L’écorce contient 37% de tanins qui donnent une couleur bleu obscur (le latex contient également 10% de tanins) qui est utilisée pour la coloration des tissus, les filets de pêche,les lignes. Elle est aussi utilisée pour soignerdes maladies de la peau et pour calmer les douleursrhumatismales. L’écorce contient aussi un saponoside stéroïdique. Les racines sont un antidote contre les morsures de serpents. De par sa graine, elle produit une huile appelée huile de Jatropha avec des acides gras similaires de ceux des huiles comestibles (Gübitz, 1999) et dont le rendement dépend du procédé d’extraction. Pour l’extraction de l’huile de Jatropha , les méthodes ou procedés mécaniques et chimiques ont été identifiés. (Aderibigbe et al., 1997; Forson et al., 2004). De par ses caractéristiques proches de celles des combustiblesfossiles (Takeda, 1982), l’huile de Jatropa peut être utilisée comme carburant dans les moteursdiesels. Elle est déjà utilisée en Afrique comme combustible dans les moteurs d’essais au Mali, en Tanzanie et au Ghana (Monane, 2007).
En plus de son utilisation comme biocarburant, cette huile est utilisée à d’autres fins telles que la fabrication du vernis. L’huile sert également à la fabrication de savon et intervient dans la cosmétique et la médecine traditionnelle. Au Burkina Faso, les amandes de Jatropha curcas sont utilisées localement pour la fabrication de savons, le tannage des cuirs et des peaux (Ouédraogo, 2000)..
Des études menées partout dans le monde ont démontré que J. curcas pourrait contribuer considérablement à l’amélioration des conditions devie des populations rurales dans les paysles moins avancés de notre planète (Jongschaap et al ., 2007; Achten et al ., 2008; Openshaw, 2008).

Importance écologique et agricole

Jatropha curcas est une plante qui pousse sur des sols marginaux et résiste à la sécheresse (Spaan et al ., 2004). Il peut être planté dans des espaces non travaillés et contribué ainsi à enrayer la désertification. La culture se fait mêmedans le désert, du fait de sa résistance à la chaleur. Aujourd’hui des programmes de développement de la culture y sont installés. En effet, il est prévu qu’en 2015 environ 12,5 millions d’hectares devront être plantés avec J. curcas dans les régions tropicales d’Asie, d’Afrique et d’Amérique (GEXSI, 2008). Jatropha n’entre pas en concurrence avec la production alimentaire et il peut facilement être cultivé dans des sols marginaux qui exigent peu d’intrants industriels (Sunder, 2006). En outre, il a été montréque cette espècea la capacité decontrôlerl’érosion des sols et de contribuer à la restructuration et à la régénération des sols dégradés (Heller, 1996). En effet, sa racine pivot puise en profondeur des minéraux et les ramène à lasurface. Les racines latérales, proches de la surface, fixent le sol (le Jatropha est utilisé par exemple pour stabiliser des diguettes antiérosives). Les feuilles tombent en saison sèche(pour réduire l’évaporation) et viennent enrichir le sol en matière organique. Jatropha crucas est une espèce dont les plantes sont succulentes, c’est à dire qu’elles contiennentbeaucoup d’eau. De ce fait, lors d’un feu de brousse, une partie de la plante peut être brulée mais elle reste résistante face au feu. Bien plantée, une haie de Jatropha curcas peut donc servir de pare feu. En outre, étant donné ses propriétés répulsives, cette plante n’est pas consommée par les animaux qui en fuient même le contact; c’est la raison pour laquelle elleest couramment utilisée pour la protection des cultures vivrières. Extrait de l’huile de Jatropha, les esters de phénols sont des produits efficaces dans la lutte contre certains insectes et mollusques nuisibles pour l’agriculture. Les tourteaux, sous-produit de l’extraction de l’huile,sont utilisés comme engrais organique grâce à sa teneur élevée en azote (Van der Vossen et Mkamilo, 2007). Au Mali, il est utilisé à raison de 5 t ha -1 dans des essais de maïs où une augmentatin de 45% du rendement a été notée (Ouédraogo, 2000). Au Nephtal, l’application de 10 t ha -1 de biomasse fraîche de feuilles et de tiges de Jatropha comme engrais vert à des cultures de riz a entraîné une augmentation de rendement de 11% par rapport au témoin (Sherchan etal ., 1989). Il est important de signaler que Jatropha curcas L. est une plante hôte du virus de manioc. Il est alors déconseillé de l’utiliser comme haie dans les champs de manioc(Ouédraogo, 2000 ; van der Vossen etMkamilo, 2007).

Effet de la salinité sur la germination des grainesin vitro

L’étude a été réalisée sur les graines de la provenance Nioro au niveau du laboratoire des semences de l’institut de recherches forestières de Dehradun (Inde). Les graines ont été trempées dans une solution de chlorure mercurique à 1% pendant 2 minutes puis rincées soigneusement à l’eau distillée. Six doses de sel ont constituées les traitements : 0 g/l, 2 g/l, 4 g/l, 8 g/l, 16 g/l et 35 g/l. Le traitement avec 0 g/l a servi de témoin. Ces traitements ont été préparés par dissolution de quantitéscalculéesséparément de NaCl dans de l’eau distillée. Pour chaque traitement, 20 graines ont été semées sur dupapier filtre whatman n°1 contenu dans une boite de Petri de 14 cm de diamètre et incubéesdans un germoir à 30 °C. Les graines étaient arrosées tous les jours avec 5 ml de solution pour chaque traitement. Un dispositif en randomisation totale a été utilisé et chaque traitement a été répété quatre fois. Le papier filtre était changé tous les 48 heures afin d’éviter l’accumulation de sel. L’émergence du radical / de la plumule des graines a été prise comme un indice de germination. La germination a été A B 32 suivie quotidiennement jusqu’au 18 iemjours. Le taux d’hydratation et les indices degermination des graines ont été évalués.

Production de Biomasse

La biomasse sèche des feuilles, des tiges et des racines ainsi que le ratio biomasse racinaire- biomasse totale aérienne ont été évaluées pour chaque traitement. La biomasse sèche est obtenue après séchage à l’étuve à une température de 70 °c pendant 48 heures.

Analyse des Données

Pour appréhender l’existence de différence significative ou pas entre les deux provenances en ce qui concerne les traits morphologiques des graines et les traits de croissance des jeunes plants, toutes les données ont été d’abord testées pour la normalité et l’homogénéité des variances à l’aide du test de Levene. Ensuite le test t de student a été utilisé pour les données suivant une distribution normale et le test U de Mann Whitney dans le cas contraire. De même, les données de germination, de croissance et de biomasse sous stress salin ont été soumises à des analyses de variance. Toutes les analyses ont été effectuées avec le logiciel SPSS 16.0.

RESULTATS

Morphologie des graines

Le test student – effectué sur les données relatives à la longueur, la largeur et l’épaisseur des graines des deux provenances révèle des différenceshautement significatives entre les deux provenances concernant la longueur et la largeur des graines (Tableau 1). Cependant, ce test ne révèle pas de différences significatives pour lavariable épaisseur des graines.

Paramètre de germination

Les pourcentages cumulés de germination des grainesdes deux provenances sont présentés dans la Figure 3. Les courbes montrent que la cinétique de germination varie distinctement entre les deux provenances. Les courbes sont caractérisées par la présence de trois phases.
Une phase de latence qui dure 3 jours au cours desquels aucune germination n’est observée.
Une phase exponentielle de 3 jours caractérisée par un taux de germination très important.
Enfinune phase de plateau durant laquelle la germination est très faible voire même nulle.

DISCUSSION

Effet des traits morphologiques des graines sur leur germination et la vigueur des jeunes plants

Les graines des provenances de Jatropha curcas ont une différence de morphologie selon les origines. Les résultats obtenus montrent que la provenance Kaffrine se différencie de celle de Nioro par divers traits morphologiques. Elle est caractérisée par une longueur (18,82 ± 0,78 mm), une largeur (11,41 ± 0,42 mm), les poids de 100 graines (71,50±1,22 g), de la coque (14,50±0,41 g) et de l’amande (22,75±0,50 g) plusimportants que ceuxde Nioro dont les valeurs respectives sont 18,44 ± 0,95 mm, 11,28 ± 0,46 mm, 58,15±1,03 g, 13,87±0,25 g et 16,12±0,75 g. Par contre, l’épaisseur n’a pas permis de distinguer ces deux provenances. Des résultats semblables ont été obtenus par Ghosh et Singh (2011) sur des provenances de Jatropha curcas issues de six zones à travers l’Inde. Ces auteurs ont indiqué que les graines des provenances se trouvant dans les zones humides à subhumides ont des longueurs (18,15 mm), des largeurs (11,26 mm) et des poids de 100 g (73,7 g) supérieurs à celles des provenances des zones semi arides. Cette différence semble être liée aux facteurs climatiques telles que la pluviométrie mais également aux facteurs édaphiques. D’ailleurs, Ginwal et al .
(2005) associent la différence des traits morphologiques de la provenance Chhindwara de Jatropha curcas par rapport à neuf autres provenances, à une faiblepluviométrie annuelle, des températures modérées et des sols profonds de son origine comparée aux autres origines.
La taille et le poids des graines de Jatropha curcas ont un effet sur le taux de germination et la moyenne journalière de germination. En effet, laprovenance Kaffrine, caractérisée par des graines lourdes et de grande taille, a un taux de germination (90%) et une moyenne journalière de germination (4,5%) significativement plus importants que ceux de Nioro (54,5% et 2,72%). Malgré cette différence, les deux provenances ont des courbes de germination cumulative de même allure avec une phase de latence de trois jours. L’effet de la taille et du poids des graines a été révélé par plusieurs auteurs. Un effet significatif de la taille des graines sur le taux de germination final de trois espèces (Cleome viscosa L., Digera muricata Forsk. et Ipomoea sindica Stapf.) a été signalé par aziz et Shaukat (2010). Selon ces auteurs, les graines de grande taille avaient des taux de germination significativement plusimportants que celles de moyenne ou petite taille. Des résultats similaires ont été trouvés chezAndrepogon gerandii(Aiken et Springuer, 1995), Acacia nilotica (Shaukat et al ., 1999), des provenances indiennes de Jatropha curcas (Ghosh et Singh, 2011) et chez Alangium lamarckii (Ahirwar, 2012) où les taux de germination des graines de grande, moyenne et petite taille étaient respectivement 76%, 74% et 59%. Cependant un effet inverse a été noté chez d’autres espèces telles que Medicago sativaet Eradium brachycarpum ( Stamp, 1990) et chez Acacia fistula L., Cassia hybrida L., Acacia holos ericea L. et Acacia Concinna (Swaminatha et Srimathi, 1994) où le taux de germination était meilleur chez les graines de petite taille.
La taille et le poids des graines constituent également un facteur important sur la croissance des jeunes plants. La Hauteur moyenne (48,09 ± 5,52cm), le diamètre au collet moyen (17,56 ± 1,56 mm) et le nombre moyen de feuilles par plant(19,27 ± 2,14) de la provenance Kaffrine sont significativement plus importants que ceux de Nioro avec des valeurs respectives de 44,36 ± 4,94 cm, 14,18 ± 1,93 mm et 17,61 ± 2,87. C es résultats corroborent ceux obtenus par Aziz et al ., (2010) sur Cleome viscosaL., Digera muricata Forsk. et Ipomoea sindica Stapf, Ghosh et Singh (2011) sur des provenances indiennesde Jatropha curcas L. et Amin et Brinis (2013) sur le blé (Triticum durum Desf.).
L’effet de la taille et du poids des graines sur lagermination et la croissance de jeunes plants pourrait être attribué à plusieurs causes parmi lesquelles une teneur plus importante en carbohydrate et en d’autres nutriments dans les graines lourdes et de grande taille (Lusk, 1995).

Effet de la salinité sur la germination des graines

La quantité d’eau absorbée par les graines de Jatropha curcas diminue considérablement avec l’intensité du stress salin. A partir de 8 g/l, laréduction de la quantité d’eau absorbée devient très significative par rapport au témoin. Les résultats obtenus par Mujeeb-ur-Rahman et al ., (2008) sur les graines de quatre cultivars de blé (Triticum aestivum L.) imbibées pendant 24 heures à différents traitements salins révèlent uneréduction significative de l’absorption d’eau des graines quelque soit le cultivar considéré. Cette réduction de l’absorption d’eau par les graines observée pourrait être expliquée par une diminution du potentiel osmotique du milieu suite à l’augmentation de la salinité. En plus d’inhiber l’hydratation des graines, le sel retarde ou inhibe également leur germination, phase qui nécessite un minimum d’eau pour se déclencher. Bien qu’il ne reproduit pas intégralement le comportement des plantes au champ, le taux de germination, en condition de stress salin, donne toujours une tendance plus ou moins précise du comportement des espèces étudiées (Ben Naceur et al .,2001). Les résultats obtenus dans cette étude montrent que les graines de la provenance Nioro sont capables de germer en présence de sel dans la solution d’irrigation. Les graines peuvent germer jusqu’à des concentrations de 16 g/l. La courbe de la cinétique de germination montre que le pourcentage maximum de germination est obtenu au bout de 6 jours. Ceci explique les faibles valeurs de moyenne journalière de germination. En effet, le pourcentage de germinationdevient de plus en plus faible quand la concentration de la solution d’irrigation s’accroît. A partir de 8 g/l, la réduction par rapport au témoin du pourcentage de germination est très significative et atteint 38,58 %. La germination des graines est complètement inhibée à 35 g/l.
Dans une étude similaire, Reda Tazi etal . (2001) ont signalé chez l’arganier (Arganiaspinosa L.) une différence significative de la germination entre le témoin et les amandes semées à des concentrations de 7 et 9 g/l de sel. Selon Berrichiet al . (2010), la germination des graines de Jojoba (Simmonnsia chinensis (Link) schneider) est négativement affectée à partir des concentrations 3 g/l. Ces résultats rappellent aussi ceux obtenus in situ chez Hordeum vulgare and Atriplex halimus dont la germination est affectée par le stress salin respectivement à partir de 10 g/l (Sibi et Fakiri, 2000; Ben Naceur et al .,2001) et 13 g/l (Belkhodja et al ., 2004; Choukr-Allah etal ., 1997). Selon Taffouo etal . (2009), le taux de germination des grains de deux légumineuses (Glycine max et Phaseolus vulgaris) était affecté à partir de 3 g/l de NaCl avec des seuils critiques à 9 et12 g/l respectivement.
L’inhibition et le retard de germination pourraient être attribués aux effets individuels ou combinés de plusieurs facteurs. Il s’agit de la réduction de l’hydratation des graines suite à une augmentation de la pression osmotique externe et l’accumulation des ions toxiques (Na + et Cl-) dans l’embryon (Groome etal ., 1991). Cela conduit à l’altération des processus métaboliques de la germination par diminution de l’activité de certains enzymes tels que les polyphénols oxydases, les amylases (Slama et al ., 1992 ; Khemiri et al ., 2004) et les peroxydases (Araida etal ., 1999). Le faible pouvoir germinatif dépend également de diversautres facteurs biologiques tels que l’âge des semences. Ceci a clairement été élucidé par (Samba et al ., 2007 ; Santoso et al ., 2012) chez Jatropha curcas en milieu non salé.
Les corrélations entre les concentrations de NaCl et le taux d’hydratation des graines, le pourcentage de germination et la moyenne journalière de germination sont très élevées. Cela confirme ainsi l’effet dépressif du stress salin sur ces paramètres. Ces résultats sont enaccord avec ceux obtenus sur d’autres espèces telles que Argania spinosa L.(Reda Tazi et al ., 2001),
Acacia cyanophylla Lind. (Hatimi, 1999), le blé (Driouich et Rachidai,1996; Ben Naceur et al ., 2001) et l’orge (Sibi et Fakiri, 2000).

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela clepfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE 1. SYNTHESE DES CONNAISSANCES 
INTRODUCTION
I.1.1 Origine
I.1.1.1 Facteurs naturels
I.1.1.2 Facteurs anthropiques
I.1.2 Répartition
I.1.3 Effets de la salinité
I.1.3.1 Effets sur le sol
I.1.3.2 Effets sur la végétation
I.2 TENTATIVES DE RECUPERATION ET DE VALORISATION DES SOLS SALES
I.2.1 Méthodes mécaniques
I.2.2 Méthodes biologiques
I.2.3 Autres méthodes de récupération
I.2.3.1 Amendements organiques
I.2.3.2 Amendements chimiques
I.3 JATROPHA CURCAS L
I.3.1 Origine et répartition
I.3.2 Description botanique
I.3.3 Importance socio-économique
I.1 Importance écologique et agricole
REFERENCES
CHAPITRE 2. TRAITS MORPHOLOGIQUES DES GRAINES ET EFFETS DE LA SALINITE SUR LA GERMINATION ET LA CROISSANCE DE JATROPHA CURCAS L. EN MILIEUX CONTROLES
INTRODUCTION
II.1 MATERIEL ET METHODES
II.1.1 Traits morphologiques des graines et vigueurdes jeunes plants
II.1.2 Effet de la salinité sur la germination des graines in vitro
II.1.3 Effet de la salinité sur la croissance et la production de biomasse
II.1.3.1 Dispositif expérimental
II.1.3.2 Paramètres dendrométriques
II.1.3.3 Production de Biomasse
II.1.3.4 Analyse des Données
II.2 RESULTATS
II.2.1 Morphologie des graines
II.2.2 Paramètre de germination
II.2.3 croissance des jeunes plants
II.2.4 Effet de la salinité sur la germination des graines
II.2.4.1 Taux d’hydratation des graines
II.2.4.2 Cinétique de germination
II.2.4.3 Pourcentage et moyenne journalière de germination
II.2.4.4 Corrélation entre Concentration de NaCl etles paramètres suivis
II.2.5 Effet de la salinité sur la croissance
II.2.5.1 Croissance en hauteur
II.2.5.2 Croissance en diamètre
II.2.5.3 Croissance foliaire
II.2.2 Nombre de Feuilles
II.2.6 Effet de la salinité sur la production de Biomasse
II.3 DISCUSSION
II.3.1 Variation des traits morphologiques des graines et effet sur la vigueur des jeunes plants
II.3.2 Effet de la salinité sur la germination des graines
II.1 Effet de la salinité sur la croissance et la production de biomasse
CONCLUSIONS
REFERENCES
CHAPITRE 3. ETAT HYDRIQUE DE JEUNES PLANTS DE JATROPHA CURCAS L. SUR SOL SULFATE ACIDE SALE (TANNES ) DE LA VALLEE DU SINE SALOUM
INTRODUCTION
III.1 MATERIEL ET METHODES
III.1.1 Sites d’étude
III.1.2 Matériel végétal
III.1.3 Potentiel hydrique foliaire
III.1.4 Teneur relative en eau
III.1.5 Traits fonctionnels foliaires
III.1.6 Analyse des Données
III.2 RESULTATS
III.2.1 Taux de survie des jeunes plants
III.2.2 Potentiel hydrique foliaire
III.2.3 Delta et Gain de potentiel
III.2.4 Teneur relative en eau
III.2.5 Surface spécifique et teneur en matière sèche foliaire
III.3 DISCUSSION
CONCLUSIONS
REFERENCES
CHAPITRE 4. DISCUSSION ET CONCLUSION GENERALES
DISCUSSION GENERALE
CONCLUSION GENERALE 
REFERENCES
LES PUBLICATIONS TIREES DE LA THESE

Lire le rapport complet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *