Le terme d’écologie a été créé par l’allemand Haeckel en 1866 pour désigner « la science de l’habitat », c’est à dire l’étude des animaux dans leur milieu naturel. De nos jours, ce concept fondé au départ sur ses observations des animaux dans le milieu marin, a évolué vers une vision plus holistique et plus systémique. Ainsi, l’écologie désigne aujourd’hui l’étude des interactions, à la fois, entre les organismes vivants et le milieu, et des organismes vivants, entre eux, dans les conditions naturelles (Frontier & Pichod-Viale 1998). Cette définition souligne l’existence de relations entre les espèces considérées individuellement et leur environnement et de relations, plus complexes, entre espèces co-habitant dans un même espace naturel. Cette situation induit des connexions entre le monde biotique et le milieu abiotique, qui vont être hiérarchisées dans le temps et l’espace, et qui vont interagir au sein de systèmes complexes. L’analyse de ces systèmes écologiques va nécessiter l’étude de la répartition spatiale et de la variation d’abondance des organismes dans leurs habitats naturels et l’étude des relations qu’entretiennent les différentes espèces entre elles. L’influence des facteurs physiques de l’environnement sur la distribution et l’abondance des espèces et les relations trophiques entre les espèces sont particulièrement intéressantes à appréhender dans l’étude de la structure et du fonctionnement des écosystèmes. L’étude des relations entre les organismes et leur environnement peut être menée à des niveaux de perception différents mais complémentaires, depuis les communautés jusqu’aux individus. Les contraintes environnementales diffèrent au sein des habitats des espèces et il en résulte des modes de distribution, d’abondance et d’interactions, variables en fonction de l’échelle spatiale et temporelle d’observation, suggérant ainsi que différents principes prévalent à différentes échelles (Levin 1992, Fauchald 1999). Le principe d’organisation hiérarchique régit l’ensemble du monde vivant (biocénose), à toutes les échelles d’observations, depuis les macromolécules jusqu’aux écosystèmes (Barbault 2000).
Les écosystèmes aquatiques tels que les eaux douces, saumâtres et salées, les mers, les rivages de mers, les rivières, les étangs et les marais sont des systèmes complexes. Ils abritent de diverses espèces vivantes, végétales et animales, qui interagissent entre elles de façons variées en établissant des relations de cohabitation, de compétition, de prédation ou de parasitisme.
Zones d’étude
Notre étude a été réalisée au niveau du golfe d’Annaba et le Parc National d’El Kala (P.N.E.K), ce dernier est l’un des plus grands parcs d’Algérie, il abrite le complexe de zone humide le plus important du pays.
Présentation générale du Parc National d’El Kala
Le Parc National d’El Kala a été classé sur la liste du patrimoine national et réserve de biosphère par l’UNESCO en 1990. Il se situe à l’extrême nord-est de l’Algérie, il est bordé au nord par la mer Méditerranée, à l’est par la frontière tunisienne et à l’ouest par les plaines d’Annaba ; il a une superficie de 80 000 ha, qui est couverte à 57% de montagnes et de forêts, 31% de plaines et de collines et 12% de zones humides et de dunes. Le relief de la région se compose d’une série de dépressions, dont certaines sont occupées par les formations lacustres et palustres et des hautes collines aux formes variées : Des dômes, escarpements, alignements de crêtes généralement couverts par une végétation dense. La région est caractérisée par un réseau hydrologique important, elle abrite de nombreux lacs et un écosystème unique dans le bassin méditerranéen .
Caractéristiques climatiques
Le climat de la région est du type méditerranéen, avec alternance d’une saison pluvieuse et d’une saison sèche, due à l’action combinée de différents facteurs climatiques. D’une manière générale, le parc national d’El-kala est située dans le méditerranéen sub-humide, il est caractérisé par un hiver doux dont la température maximale pouvant atteindre 40°C. Les températures les plus basses sont naturellement enregistrées en altitude durant l’hiver, avec environ 5 à 6 mois de gelée blanche par an. Au niveau de la mer, la température descend très rarement à 0°C ; les mois les plus froids sont Janvier et Février, alors que Juillet et Août sont les plus chauds.
La pluviosité de la région est conditionnée par deux phénomènes météorologiques. Il s’agit des perturbations cycloniques d’origine atlantique de l’Ouest et du Nord-Ouest. En effet le bilan annuel de la pluviométrie de la région est de 91mm pour 115 jours de pluies. La nébulosité est un facteur quasiment permanent au printemps jusqu’au début de l’été. La mer joue un rôle de condensateur des masses d’air tropical, tandis que l’évaporation intense provoquée par l’ensoleillement des zones humides crée une humidité atmosphérique élevée.
Cette humidité se transforme notamment au début du printemps en brume qui couvre une partie de la plaine et qui permet, durant la saison sèche, le maintien de la végétation éprouvée par le déficit hydrique.
Ecosystème forestier
Les milieux forestiers de la région d’Annaba – El-Kala au sens large (y compris les pelouses et les terres agricoles) représentent 70 % du total. Ils peuvent être décomposés en pelouses et terres agricoles (27 %), en milieu de type matorral (25 %) et en milieu arborés (18,6 %). L’écosystème forestier du Parc National, couvre une superficie de 54000 hectares. Cette forêt est principalement composée de Chêne liège (43000 ha), Chêne zéen (2716 ha), Aulnaie (3000 ha), Peupliers et Ormes (621 ha), Pin maritime (5153 ha) et Pin d’Alep (20 ha). Les maquis sont répandus (10649 ha). Les peuplements artificiels sont représentés par le pin maritime (500 ha), l’acacia sp. (1000 ha) et les eucalyptus (8508 ha) .
Ecosystème marin et dunaire
Le littoral d’El Kala s’étend sur environ 50 Km entre le Cap Segleb (ou Cap Roux) et le Cap Rosa. Il est composé de formation corallienne abritant plusieurs espèces de poissons. Cette formation prend des proportions alarmantes en Algérie vue la pêche exhaustive du corail. Les autorités algériennes avaient en effet interdit de pêcher « l’or rouge » pendant dix ans pour lui laisser le temps de se régénérer.
Les fonds marins sont infiltrés par les courants d’eaux douces riches en nutriments provenant des lacs côtiers et qui au fil du temps, ont façonné un monde sous-marin d’une incomparable beauté où foisonne une vie aquatique qui singularise les rivages de la réserve d’El Kala. Le littoral est formé également de plages, de dunes, de falaises de grès et de grottes qui sont des lieux de nidification de nombreuses espèces d’oiseaux. La fixation des dunes littorales, d’une altitude variant entre 20 et 120 m, est tributaire d’une végétation abondante et diversifiée.
Ecosystème lacustre
Les milieux aquatiques terrestres représentent 7% de la superficie de la région d’Annaba et ElKala. Ce chiffre englobe les lacs, les marais, les lagunes, les scirpaies et les ripisylves. En effet trois grands lacs d’importance internationale, sont disposés en arc de cercle autour d’El Kala. Le lac Mellah (eau salé), réserve intégrale de 860 ha (lagune unique en Algérie), est en contact avec la méditerranée par un chenal, c’est un écosystème d’une richesse considérable, car il dispose en plus des apports aquatiques marines (poissons, crustacés), des sources de montagne ; le lac Tonga (eau saumâtre) et le lac Oubeïra (eau douce) sont des lacs poissonneux, plus ou moins profonds et d’une superficie respective d’environ 2600 ha et 2200 ha. Ces zones humides sont situées sur la voie de migration de dizaines de milliers d’oiseaux venant d’Europe et d’Asie soit pour hiverner, et certains pour se reproduire, soit pour faire une halte après l’épreuve de la traversée de la Méditerranée avant d’entamer la suivante, la traversée du Sahara. C’est en hiver en effet que la région d’El Kala prend son importance internationale de centre de biodiversité avec ses lacs considérés comme le plus important site d’hivernage ornithologique du bassin méditerranéen. Cet écosystème lacustre constitue le dernier sanctuaire pour la survie de certaines espèces rares et endémiques. A ce titre le lac Tonga et le lac Oubeïra ont été inscrit, en 1982 sur la liste Ramsar, En novembre 2002, deux autres sites ont fait l’objet d’inscription sur la liste ; la tourbière du lac noir et les aulnaies de Ain-Khiar, en l’occurrence. En 2004, c’est au tour de la lagune d’El Mellah et du Lac Bleu de figurer sur la liste.
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Table des matières
Introduction générale
Matériel & Méthodes
1. Zones d’étude
1.1. Présentation générale du Parc National d’El Kala
1.1.1. Caractéristiques climatiques
1.1.2. Ecosystème forestier
1.1.3. Ecosystème marin et dunaire
1.1.4. Ecosystème lacustre
1.1.5. La flore
1.1.6. La faune
1.1.6.1. Le groupe des Mammifères
1.1.6.2. Diversité aviaire de la région
1.2. Présentation générale d’Annaba
1.2.1. Climat
1.2.2. Les paramètres climatiques
2. Sites d’étude
2.1. Lac el Mellah (Site naturel)
2.1.1. Richesse ornithologique
2.1.2. Richesse ichtyologique
2.1.2.1. Les espèces sédentaires
2.1.2.2. Les espèces migrantes
2.2. Sidi Salem (Site urbain)
3. Modèle biologique
3.1. Oiseaux marins
3.1.1. Biologie des Laridés
3.1.1.1. Morphologie
3.1.1.2. Dispersion
3.1.1.3. Durée de l’immaturité
3.1.1.4. La mue
3.1.1.5. Le vol
3.1.1.6. La nage
3.1.1.7. Régime alimentaire
3.1.1.8. Nidification
3.1.2. Les Menaces
3.1.3. Protection
4. Espèces choisies
4.1. Goéland leucophée (Larus michahellis)
4.1.1. Description de l’espèce
4.1.2. Répartition géographique
4.1.3. Nidification
4.1.4. Comportement
4.1.5. Régime alimentaire
4.2. Goéland railleur (Chroicocephalus genei)
4.2.1. Description de l’espèce
4.2.2. Répartition géographique
4.2.3. Reproduction et dynamique de population
4.2.4 Comportement
4.2.5. Régime alimentaire
4.3. Goéland d’Audouin (Larus audouinii )
4.3.1. Description de l’espèce
4.3.2. Répartition géographique
4.3.3. Ecologie
4.3.4 Régime alimentaire
4.4. Mouette rieuse (Larus ridibundus)
4.4.1. Description de l’espèce
4.4.2. Répartition géographique
4.4.3. Nidification
4.4.4. Comportement
4.4.5. Régime alimentaire
4.5. Sterne caugek ( Sterna sandvicensis )
4.5.1. Description de l’espèce
4.5.2. Répartition géographique
4.5.3. Ecologie
4.5.4. Comportement
4.5.5. Régime alimentaire
4.6. Sterne pierre-garin(Sterna hirundo)
4.6.1. Description de l’espèce
4.6.2. Répartition géographique
4.6.3. Nidification
4.6.4. Comportement
4.6.5. Régime alimentaire
Chapitre 1 : Composition et dynamique des populations des Laridés
1. Introduction
2. Méthodologie du travail
2.1. Postes d’observation
2.1.1. Choix des postes d’observation
2.2. Dénombrement des oiseaux
2.3. Paramètres mesures
2.3.1. Richesse spécifique
2.3.2. Abondance
2.3.3. Indice de Shannon et Weaver (H’)
2.3.4. Equitabilité
2.3.5. Fréquence d’occurrence (Fi)
2.4. Analyses statistiques
3. Résultats
3.1. Analyse de la composition du peuplement des Laridés
3.2. Composition spécifique de chaque site
3.2.1. Lac el Mellah
3.2.2. Sidi Salem
3.3. Analyse de la variation mensuelle des paramètres de structure
3.3.1. Richesse du peuplement
3.3.2. Abondance du peuplement
3.3.3. Abondance des groupes d’espèces
3.3.4. Diversité de Shannon des peuplements mensuels
3.3.5. Equitabilité
3.3.6. Fréquence d’occurrence
3.4. Dynamique des peuplements de Laridés dans les régions d’étude
3.4.1. Mouette rieuse (Larus ridibundus)
3.4.2. Goéland leucophée (Larus michahellis)
3.4.3. Goéland brun (Larus fuscus)
3.4.4. Goéland railleur (Chroicocephalus genei)
3.4.5. Sterne caugek ( Sterna sandvicensis )
3.4.6. Mouette mélanoséphale (Ichthyaetus melanocephalus)
3.4.7. Sterne Pierre-garin (Sterna hirundo)
3.4.8. Goéland d’audoin (Larus audouinii )
4. Discussion
5. Conclusion
Chapitre 2 : Etude bactériologique des fientes des Laridés
1. Introduction
2. Matériel et méthodes
2.1. Sites d’étude
2.2. Modèle biologique
2.3. Méthodologie générale
2.3.1. Collecte des fientes
2.3.2. Préparation des souches
2.3.3. Culture des bactéries
2.3.4. Isolement des colonies pures (coloration de gram)
2.3.5. Identification biologique
2.3.5.1. Identification Par Galerie API 20E
2.3.5.2. Test de catalase
2.3.5.3. Test de coagulase
2.3.6. Réalisation d’un antibiogramme
3. Résultats
3.1. Identification des souches bactériennes
3.1.1. Caractères morphologiques et coloration de Gram
3.2. Résultats de l’identification biologique
3.2.1. Bactéries du milieu urbain
3.2.1.1. klebsiella oxytoca
3.2.1.2. Aeromonas hydrophila
3.2.1.3. Salmonella arizonae
3.2.1.4. Escherichia coli
3.2.2. Bactéries du milieu naturel
3.2.2.1. Flavimonas oryzihabitans
3.2.2.2. Staphylococcus saprophyticus
3.2.2.3. Ochrobactrum anthropi
3.2.2.4. Staphylococcus épidermidis
3.3. Résultats de l’antibiogramme
3.3.1. Bactéries du milieu urbain
3.2.1.1. Antibiogramme de klebsiella oxytoca
3.2.1.2. Antibiogramme de Aeromonas hydrophila
3.2.1.3. Antibiogramme de Salmonella arizonae
3.2.1.4. Antibiogramme d’Escherichia coli
3.3.2. Bactéries du milieu naturel
3.3.2.1. Antibiogramme de Flavimonas oryzihabitans
3.3.2.2. Antibiogramme de Staphylococcus saprophyticus
3.3.2.3. Antibiogramme d’Ochrobactrum anthropi
3.3.2.4. Antibiogramme de Staphylococcus épidermidis
4. Discussion
5. Conclusion
Chapitre 3 : Ecologie parasitaire des Laridés
1. Introduction
2. Matériel et méthodes
2.1. Modèle Hôte
2.2. Modèle parasite
2.2.1. Ectoparasites
2.2.1.1. Poux
2.2.1.2. Mites
2.2.1.3. Tiques
2.2.1.4. Puces
2.2.1.5. LesSangsues
2.2. Méthodologie générale
2.2.1. Echantillonnage
2.2.2. Collecte et quantification des ectoparasites
2.2.3. Indices Parasitaires
2.2.3.1. La prévalence (P)
2.2.3.2. L’abondance (A)
2.2.3.3. Intensité parasitaire (I)
2.3.4. Prélèvement sanguin
2.3.5. Préparation des frottis
2.3.6. Fixation et coloration
2.3.7. Numération et identification des cellules sanguines
2.3.8. Les éléments figurés du sang
2.3.8.1. Les globules rouges (Erythrocytes)
2.3.8.2. Les globules blancs (Leucocytes)
2.3.9. Analyses statistiques
3. Résultats 101
3.1. Le modèle hôte
3.2. Identification des parasites
3.3. Indices parasitaires
3.4. Proportion des différents groupes d’ectoparasites des Laridés
3.5. Dynamique des peuplements parasitaires
3.6. Typologie parasitaire
3.7. Impact des ectoparasites sur le nombre de globule rouge
3.8. Impact des ectoparasites sur l’immunité cellulaire des populations des Laridés
3.9. Corrélations entre le nombre de parasites et le nombre de leucocytes des populations de Laridés
4. Discussion
5. Conclusion
Conclusion générale
