Initialement construite sur un petit plateau dunaire assez constant, Nouakchott s’est depuis étendue au-delà de ce plateau et notamment sur le domaine littoral et entre autres des dépressions lagunaires de la sebkha dont les terrains inondables sont impropres à la construction. La plaine littorale de la ville de Nouakchott, large de 4 à 5 km, à une altitude générale nettement inférieure au niveau moyen de la mer (OULD EL MOUSTAFA, 2000). L’emprise de Nouakchott sur un environnement difficile se traduit par des confrontations à des risques naturels divers :
₋ Le surpâturage et la péjoration des conditions climatiques ont entraîné l’amoindrissement du couvert végétal qui fixait auparavant les dunes.
₋ Les risques d’inondations lors de pluies importantes provoquent une brusque remontée de la nappe d’eau subaffleurante;
₋ Risque d’inondation marine de l’Aftout es-Sahéli et de plusieurs quartiers de la ville, suite à la rupture du cordon littoral et du fait qu’une grande partie de ces zones se trouve à un niveau topographique inférieur à celui de la mer (ONU, 2005). Ces risques potentiels directs ou indirects sont exacerbés par l’extraction de sable ou de coquillages destinés à la construction, par la dégradation de la végétation et par des aménagements portuaires mal conçus .
Pareillement, les résultats des simulations numériques préliminaires réalisés par le Pôle de Recherche pour l’Organisation et la Diffusion de l’Information Géographique (PRODIG) montrent que si aucune mesure de protection n’est engagée, la région serait soumise à un risque d’ensablement du chenal d’exploitation du port de Nouakchott par contournement des ouvrages existants. Ce contournement entraînera un colmatage dommageable pour les activités du port (TREBOSSEN, 2002). Une telle sédimentation mettrait fin au fonctionnement de l’aménagement portuaire. Se présenterait également un risque d’érosion de la plage située au sud du port suite à l’arrêt total du transit sédimentaire. Cette érosion s’est déjà traduite par la destruction des dunes littorales qui protégeaient naturellement la ville de Nouakchott (COUREL et al. 1998).
Plusieurs brèches dues à l’érosion naturelle et aux effets anthropiques sont ainsi présentes sur le littoral nouakchottois, dont 18 ont été identifiées et répertoriées par le gouvernement mauritanien et ses partenaires, dont la GIZ, coopération technique allemande en Mauritanie (IRC). Le colmatage de ces brèches dont certaines sont bien visibles entre le marché aux poissons et le port plus au sud est important pour la sécurisation de la ville contre les effets d’une élévation du niveau de la mer due à l’augmentation des températures prévues au cours de ce siècle. Dans ce contexte, mon stage de fin d’étude de quatre mois à la GIZ , au projet de Comanagement des ressources Marines Côtières et Terrestres, ou CorMCT, avait pour objectif d’étudier les possibilités de colmatage de deux brèches du cordon dunaires de la ville de Nouakchott et les moyens de leur stabilisation mécanique et biologique permettant une bonne fixation des sites restaurés.
PRESENTAION DE LA ZONE D’ETUDE ET CADRE DU PROJET
GENERALITES
Zone du projet
La zone d’étude est située dans le nord-ouest de la Mauritanie, entre l’océan Atlantique à l’ouest et le désert à l’est. Elle est délimitée par les coordonnées géographiques suivantes : 15,83° à 16,05° W et 17,17° à 17,93° N (figure 1). La ville de Nouakchott capitale de la Mauritanie depuis 1957, est située entre l’océan Atlantique à l’ouest et le désert à l’est. Elle est entourée par plusieurs cordons dunaires successifs allongés nord-est / sud-ouest avec des altitudes peuvent atteindre une vingtaine de mètres. Ces cordons dunaires sont très mobiles. Cette capitale s’est construite, en arrière d’un cordon dunaire littoral, sur une dépression de type sebkha ou chott. Elle est caractérisée par des altitudes proches du zéro marin, voire localement inférieures au niveau de la mer .
La zone de projet se situe au Nord du Port Autonome de Nouakchott dit Port de l’Amitié (PANPA). Le projet de colmatage concerne l’ensemble des brèches des dunes situées le long du littoral entre le port de l’Amitié et l’Hôtel Golf soit sur environ 15 km (figure 2). Sur le plan administratif les communes directement concernées sont celles de Tevragh – zeina, Sebkha et El Mina. Le littoral au droit de la ville de Nouakchott concerné par l’étude se décompose en trois zones. Il s’agit des zones suivantes :
₋ Zone 1 : De l’Hôtel du Golf jusqu’au Marché des Poissons : Ce premier secteur se caractérise par un faible équilibre du littoral du notamment à la disparition du couvert végétal qui protège le cordon dunaire contre l’érosion éolienne. Cette zone abrite des installations telles que l’Hôtel-Golf, Tergit vacances, l’hôtel Sabah et le marché de poissons.
₋ Zone 2 : Entre le Marché de Poisson et le Wharf : Ce second secteur désigne une vaste zone de fragilisation du cordon littoral. On retrouve dans cette zone plusieurs domaines clôturés implantés entre l’hôtel Ahmedy et le Wharf et de nouvelles unités industrielles telle que l’usine de farine en cours de construction au niveau de la brèche 4.
₋ Zone 3 : Entre Wharf et le Port de l’Amitié : Le troisième secteur part du Wharf et finit au Port de l’Amitié. Ce secteur désigne également la zone industrielle et portuaire de Nouakchott, zone à risques et à pollutions diverses.
Les villes côtières en Mauritanie et notamment la ville de Nouakchott se trouvent dans une situation géographique particulière. Les manquements et les erreurs dans les plans d’urbanisation, le comportement de la population et le changement climatique font également peser trois types de menaces sur la ville de Nouakchott :
₋ la submersion par l’eau de mer
₋ l’ensablement
₋ les inondations .
La surexploitation des pâturages péri-urbains et l’extension constante de la ville sont à l’origine d’une dégradation de la végétation fixatrice des dunes, provoquant un ensablement croissant de la ville par la ceinture dunaire continentale orientale. Cette menace est renforcée par la tendance générale de désertification due au climat. Bâtie sur une dépression étendue (sebkha) située en deçà du niveau de la mer, Nouakchott est fortement menacée par la rupture du cordon dunaire, qui pourrait conduire à la submersion de grande partie de la ville par l’eau de mer. Les facteurs qui favorisent l’ensablement contribuent également à l’érosion de la ceinture marine de dunes, érosion amplifiée par l’action humaine (carrières illégales de sable, augmentation de la circulation des véhicules tout terrain sur la plage). Le phénomène de changement climatique qui entraine une élévation du niveau de la mer renforce aussi le risque de submersion : un tiers du périmètre urbain est directement menacé. En fin, la construction de la jetée du port a accru l’ensablement d’un côté de la jetée (côté amont), tandis que l’autre (côté aval) est soumis à des phénomènes d’érosion massive qui favorisent également les incursions marines. L’augmentation des précipitations suite au changement climatique et la montée de la nappe phréatique contribuent à augmenter le risque d’inondations, déjà favorisé par une urbanisation non maitrisée. L’arrivée massive de populations suite à l’exode rural des années 1970 a entrainé la multiplication des constructions en zones inondables. Par ailleurs, aucun système d’évacuation des eaux usées n’a été construit, alors que les volumes d’eau utilisés ne cessent d’augmenter, notamment depuis la mise en place en 2010 d’un approvisionnement à partir du fleuve Sénégal .
Contexte
L’adaptation aux changements climatiques constitue aujourd’hui un défi majeur pour l’Afrique en général, et la Mauritanie en particulier. La situation climatique actuelle est surtout marquée par des perturbations météorologiques qui se manifestent dans le monde entier, par l’occurrence et la fréquence des phénomènes extrêmes, d’importantes capacités d’adaptation. La ville de Nouakchott capitale de la Mauritanie, se situe à la croisée du désert et du littoral atlantique et sous la triple menace de la submersion marine par l’ouest, de l’avancée des dunes de sable par le nord et l’est, de l’inondation par les eaux de pluies dans les zones déprimées topographiquement. Ces risques sont exacerbés par le fait que cette ville dont une grande partie se trouve sous le niveau de la mer a enregistré une extension spatiale rapide, incontrôlée et anarchique, dépassant toutes les prévisions de croissance. Cette vulnérabilité demande à Nouakchott d’être en capacité d’anticiper ces risques pour mettre en œuvre des mesures d’adaptations qui évitent, ou atténuent des catastrophes affectant les biens et les personnes, et l’éducation constitue un moyen essentiel pour faire face à ces défis nouveaux. Les besoins de protection de l’environnement se posent à tous les niveaux avec acuité. Devant la menace que fait peser ce phénomène sur la qualité de vie des êtres vivants, des mesures énergiques sont à prendre pour parer au pire. L’appropriation de connaissances, de capacités et d’attitudes est nécessaire à la prise de conscience des enjeux environnementaux. Les experts s’accordent pour dire que l’éducation peut et doit constituer le vecteur pouvant contribuer aux changements de la protection humaine de l’environnement. Le rapport Brundtland, pour sa part, établie clairement l’évidence du rôle que peut jouer l’éducation pour arriver à ce changement d’attitude et de comportement indispensable pour corriger les dérives environnementales. Ainsi la GIZ à travers le Projet Continuation de la Protection de la Ville d Nouakchott conte les Conséquences du Changement Climatique met en œuvre des activités d’éducation environnementale et climatique autour du cordon dunaire, des incursions marines et des inondations pluviales en zone urbaine, pour contribuer à l’émergence d’une prise de conscience chez le jeunes écoliers sur ces problématiques. Le Ministère de l’Environnement et de du Développement Durable à travers les projets ACCC (FEM/PNUD) et ACCVC (GIZ) a colmaté trois brèches sur le littoral de Nouakchott. Plusieurs techniques de colmatage de brèches et de stabilisation mécanique et biologique du cordon dunaire du littoral ont été testées dans ce secteur et ont donné de bons résultats comme en témoigne l’état du cordon dunaire. .Ce travail bénéficie du soutien de la coopération technique allemande qui appui Le gouvernement mauritanien par un partenariat solide avec le ministère de l’environnement et du développement durable à travers le programme de co-gestion des ressources marines, côtiers et terrestres. Le gouvernement a entrepris de renforcer le cordon dunaire et de colmater certaines brèches par des apports de matériaux appropriés et par une fixation mécanique et biologique des sites restaurés. Le gouvernement entend également prendre, en plus de mesures techniques, une batterie de mesures visant l’adaptation de la zone côtière à l’aléa changement climatique. En effet, pour que l’élévation du niveau de la mer affecte la zone côtière est très élevée. Une des priorités du gouvernement est donc de mettre en place des mesures permettant aux villes et aux écosystèmes côtiers de s’adapter au changement climatique .L’action entreprise par la GIZ depuis quelques années s’inscrit dans ce cadre le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD) a été sollicité par le gouvernement mauritanien afin de renforcer son rôle dans le développement de mesures d’urgences et préventives pour la lutte contre les inondations et l’adaptation au changement climatique à Nouakchott. En réponse à cette demande, les échanges et partenariats engagés entre le MEDD et divers acteurs de la gestion urbaine, dont la Communauté Urbaine de Nouakchott (CUN), ont fait ressortir une volonté partagée d’engager une démarche de concertation entre les acteurs de la commune, en vue d’identifier des actions pilotes à mettre en œuvre dans le cadre de l’adaptation au changement climatique.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I. PRESENTAION DE LA ZONE D’ETUDE ET CADRE DU PROJET
I. GENERALITE
1.1 zone du projet
1.2 contexte
1.3 le projet co-management des ressources marines, cotieres et terrestres
II. Cadre géographique et géologique du littoral mauritanien
2.1 cadre geographique
2.1.1 le climat
2.1.2 precipitations
2.1.3 temperatures
2.2 cadre geologique
2.2.1 contexte geologique
2.2.1.1 Dorsale Rgueibat
2.2.1.2 le bassin de taoudeni
2.2.1.3 le bassin de tindouf
2.2.1.4 la chaine des mauritanides
2.2.1.5 le bassin sedimentaire cotier atlantique
2.2.2 geomorphologie de nouakchott
CHAPITRE II : COLMATAGE DE LA GRANDE BRECHE (BRECHE N°10) DU LITTORAL DE NOUAKCHOTT
II. Etat du site d’etude
III. Materiels et techniques de colmatage
CHAPITRE III. MISE EN OEVRE DU COLMATAGE
3.1 Les etapes d’ouvrage et de suivi
3.2 La fixation mecanique
3.3L’impact environnemental des travaux
CONCLUSION
Table de matières
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
